SAMS.tv: un sésame pour permettre aux aînés d’accéder à la musique et à la culture
Depuis deux ans, il a beaucoup été question du sort des personnes âgées dans les RPA, les CHSLD, et de ceux vivant à domicile. On le sait, la pandémie a exacerbé la solitude de cette partie importante de la population. Cette semaine, je veux vous parler de SAMS.tv, une initiative formidable pour mettre de la joie, de la vie, de la musique dans l’existence des aînés, où qu’ils habitent. Cette plateforme de contenu musical a été pensée précisément pour cette clientèle.
La SAMS (Société pour les arts en milieu de santé) est un organisme de bienfaisance regroupant des musiciens professionnels qui se consacre, depuis 2009, à l’amélioration de la vie des personnes plus vulnérables en offrant une accessibilité aux arts et aux bienfaits de la musique.
Depuis sa création, la SAMS a offert 7 500 concerts dans plus de 300 établissements du Québec: hôpitaux, CHSLD, résidences, centres de réadaptation, instituts en santé mentale.
Lorsque les mesures sanitaires ont empêché les musiciens d’accéder à ces milieux de vie, l’organisme a commencé à offrir des prestations en virtuel. Depuis le début du mois de février, l’offre s’est bonifiée en s’inspirant du modèle Netflix, à la différence que le service est gratuit et qu’il assure une juste rémunération aux artistes.
En s’abonnant à SAMS.tv, les utilisateurs ont accès à une banque de 24 spectacles qu’ils peuvent visionner au moment de leur choix. Les concerts ont un format court, 20 à 30 minutes, et une approche adaptée à la clientèle visée. Il y en a pour tous les goûts: chanson francophone, musique classique, jazz, musique du monde. Des exemples? Francis Colpron, des Boréades, propose un concert en trio alliant musique de la Renaissance et folklore québécois, le chanteur et guitariste Carlos Placeres et le pianiste Yoel Diaz convoquent la chaleur et le soleil avec un programme de musique cubaine, l’ensemble Trifonne met du fun dans la place avec son répertoire de chansons joyeuses.
Les captations sont faites à deux ou trois caméras, avec un soin particulier apporté au son. Les capsules sont enregistrées dans les locaux de Sérénité Sonore de la harpiste Annabelle Renzo.
Jusqu’au 17 mars, SAMS.tv offre aussi des concerts en direct les mardis, mercredis et jeudis à 14h. Dans ce cas, les prestations sont un peu plus longues et permettent une interaction directe entre les artistes, qui jouent depuis leur domicile, et le public.
La SAMS a apporté beaucoup de soin à rendre la plateforme facile d’usage. Le mode d’inscription et la navigation sont simples. Pour faciliter encore davantage la tâche, plusieurs établissements s’occupent de la gestion de la plateforme en réunissant leurs résidents dans une salle commune pour le visionnement de ces spectacles. Le concert de Noël a été vu par plus de 20 000 personnes à travers le Québec.
Selon Florence Troncy, directrice au développement, des partenariats et de la philanthropie de la SAMS, les réactions obtenues auprès des usagers de ce service témoignent du bienfait que cette formule musicale peut apporter à la santé mentale des personnes âgées ou vulnérables. Cette offre musicale est rendue possible grâce à des commanditaires, des subventions et la générosité des donateurs.
Hommage à Rita Letendre à la galerie Simon Blais
En novembre dernier, la peintre québécoise Rita Letendre nous a quittés, 20 jours après avoir eu 93 ans. La galerie Simon Blais, qui la représente depuis 1996, lui rend un bel hommage jusqu’au 26 mars.
Les œuvres choisies par Simon Blais nous permettent de survoler plus de 50 ans de carrière: des œuvres en caséine (une substance extraite du lait) des années 1960 à ses tableaux enflammés du début des années 2000, en passant par ses extraordinaires flèches multicolores qui ont fait sa renommée.
Le galeriste accroche même une des dernières œuvres réalisées par Rita Letendre alors que l’artiste ne voyait pratiquement plus. Simon Blais se plaît à nous faire remarquer la ressemblance avec le travail du peintre catalan Antoni Tàpies (1923-2012), un contemporain de Mme Letendre.
La dernière salle nous réserve la plus grande surprise de cette exposition. On y expose des maquettes inédites des fameuses flèches. Avant de se lancer dans le grand format, l’artiste a testé son concept sur de petites surfaces, mais on retrouve déjà sur ces acryliques en carton la même fougue et la même précision. C’est Jacques Letendre, le fils unique de la peintre, qui a trouvé ces pépites. Leur entreposage pendant des années n’a aucunement entamé l’énergie qu’elles dégagent.
Rita Letendre n’est plus, mais son legs la garde bien vivante.
D’ailleurs, si vous habitez l’Estrie, vous pouvez aussi vous abreuver à l’art tonique de cette battante. Le Musée des beaux-arts de Sherbrooke accueille jusqu’au 10 avril l’exposition Ligne de force, qui nous plonge dans l’univers très singulier de cette femme d’origine abénaquise qui a su s’imposer dans un univers largement dominé par les hommes.
Après Sherbrooke, cette exposition, produite par le Musée du Bas-Saint-Laurent, terminera sa tournée du Québec au Centre d’exposition Léo-Ayotte de Shawinigan du 2 juin au 23 octobre.
Céleste, le spectacle Bonjour-Hi du Cirque Éloize à l’hôtel Reine Elizabeth
Mercredi soir, j’ai assisté à la première d’un spectacle pensé de longue date et longtemps repoussé à cause de la pandémie. Céleste est le fruit d’un partenariat entre des acteurs qui ont à cœur le désir de ramener des gens, de la vie, de la culture au centre-ville de Montréal malmené par la pandémie. Les efforts faits en ce sens par le Cirque Éloize, l’hôtel Fairmont Le Reine Elizabeth, le groupe Ivanhoé Cambridge et Tourisme Montréal sont tout à fait louables.
Est-ce parce que je ne suis pas le public cible pour cette forme de spectacle de type cabaret, toujours est-il que je n’ai pas accédé aux hauteurs célestes promises.
Le spectacle est mené par un des acrobates de la troupe (très fort à la roue Cyr). À l’animation, le colosse à barbe, vêtu de différentes robes affriolantes, harangue le public dans un style Mado Lamothe/Rita Baga. Notre MC parle le Bonjour-Hi, un bilinguisme typiquement canadien composé de 75% d’anglais et de 25% de français. Rajoutez à ça un discours ésotérique de pacotille (chakras, méditation, astrologie, tarot), et me voilà bien vite largué.
À la défense du meneur de jeu, disons qu’il ne doit pas être facile de faire lever un parterre de soir de première composé de spectateurs masqués qui n’avaient même pas le droit, à cause des mesures sanitaires encore en place, de prendre un verre pour se mettre dans l’atmosphère coquine et un brin trash imaginée pour ce spectacle.
Qui dit Cirque Éloize dit numéros de cirque. Pendant l’heure et demie que dure Céleste, on verra défiler un duo féminin au mât chinois, un couple en patins à roulettes, un trio de break dancers et leur beat box, des numéros en solo d’équilibre sur cannes, de jonglerie avec une motte d’argile, de cerceaux hula hoop, d’unicycle et de roue Cyr. Les acrobates, qui doivent composer avec l’exiguïté de la piste, sont tous bons, mais mon Dieu que leurs costumes ne sont pas beaux…
La musique occupe une grande place dans le spectacle. Les numéros sont agrémentés de chansons interprétées par la chanteuse Coral Egan, accompagnée d’un musicien qui, seul derrière ses claviers, fait des miracles. Le répertoire très éclectique est majoritairement en anglais, ça adonne bien, car Coral Egan est plus à l’aise dans cette langue.
Somme toute, Céleste a tous les attributs du spectacle d’hôtel, pensé pour les touristes. Souhaitons que nos visiteurs de Montréal soient plus réceptifs que moi.