La chronique Culture avec Claude Deschênes

Auteur(e)
Photo: Martine Doucet

Claude Deschênes

Claude Deschênes collabore à Avenues.ca depuis 2016. Journaliste depuis 1976, il a fait la majeure partie de sa carrière (1980-2013) à l’emploi de la Société Radio-Canada, où il a couvert la scène culturelle pour le Téléjournal et le Réseau de l’information (RDI). De 2014 à 2020, il a été le correspondant de l’émission Télématin de la chaîne de télévision publique française France 2.On lui doit également le livre Tous pour un Quartier des spectacles publié en 2018 aux Éditions La Presse.

Rendez-vous avec le cinéma québécois… chez vous!

Les Rendez-vous du cinéma québécois ont 39 ans et, pour la première fois de l’histoire de cet événement, vous pouvez voir l’essentiel de la programmation de chez vous.



À l’achat d’un passeport virtuel de 35$, vous pourrez choisir parmi les 300 films offerts sur la plateforme. Jusqu’au 8 mai, c’est une occasion en or de rattraper des films d’ici que vous avez manqués dans la dernière année et de voir quelques productions en exclusivité.

Commençons par deux primeurs, qui ont en commun de nous révéler de nouveaux talents.

Première vague

Première vague est un long métrage de fiction s’inspirant de la première vague de COVID-19 au Québec.

Réalisé à quatre mains (Max Dufaud, Rémi Fréchette, Reda Lahmoui et Kevin T. Landry), le film nous montre des personnages qui doivent s’inventer une nouvelle vie à partir du moment où le gouvernement annonce son premier grand confinement.

La psychose d’attraper le virus, le drame de ne pas pouvoir visiter un parent au CHSLD, les morts en cascade, le chamboulement de la vie sociale et professionnelle; c’est la première fois au Québec qu’on aborde cette réalité sur grand écran.

Les différentes histoires se chevauchent, entrecoupées d’extraits de conférences de presse (surréalistes!) du premier ministre François Legault et d’images splendides d’un Montréal à l’arrêt.

Ce retour dans le tunnel de la première vague est très émouvant, car il nous fait réaliser à quel point cette pandémie a hypothéqué nos vies.

Ce projet initié par Jarrett Mann de Kino Montréal, organisme dont la devise est «Faites bien avec rien, faites mieux avec peu, faites-le maintenant», est un exploit. L’écriture, le tournage, le montage et la production ont été faits en moins d’un an. Cela nous amène à être indulgents par rapport à la direction d’acteurs, le maillon faible de cette proposition.

Small Talk

Le spectre de la pandémie plane aussi sur le film Small Talk.

Désireuse de son sortir de son confinement, Malika surfe sur le site de rencontre Tinder. Le garçon qu’elle doit rencontrer – masquée – dans un parc ne se pointe pas. À la place, il y a Nemo, un étudiant en cinéma avec qui elle entreprend la conversation. C’est à cet échange entre deux personnes qui ne se connaissent pas qu’on assiste pendant 80 minutes. Ça va des questions banales pour faire connaissance, comme d’où vient ce prénom inusité et c’est quoi ton film préféré, à des sujets plus profonds comme la perception que les autres ont de nous, la vie en couple, le rôle qu’on joue sur terre, la mort.

Le discours de ces deux représentants de la génération Y est truffé d’expressions anglaises qui pourraient être exaspérantes si ce n’était du jeu des comédiens. Jeane Landry-Proulx et François Louis Laurin sont fabuleux, criants de vérité. Ils parviennent à soutenir notre attention tout du long, servant à merveille un scénario qui se dévoile comme des poupées russes.

Derrière cette réussite, un nom à retenir. Jérémie Picard agit comme scénariste et réalisateur avec une précision et une finesse qui m’ont rappelé celles d’Éric Rohmer.

Les Rose

Parmi les films à rattraper, il y en a plusieurs dont je vous ai parlé au fil des derniers mois. Je ne saurais trop vous recommander de nouveau Les Rose de Félix Rose, fils de Paul Rose, un des personnages marquants de la crise d’Octobre en 1970.

Ce documentaire, qui tranche avec l’Histoire officielle, propose une version à échelle humaine, bienveillante à l’égard du clan Rose. Une voix qu’il nous tardait d’entendre.

Lafortune en papier

Autre documentaire qu’il faut absolument voir: Lafortun

e en papier de Tanya Lapointe, portrait chaleureux d’un homme bon, doublé d’un génie de la sculpture en papier. Ce film crée du réconfort partout où il passe. Invitez-le chez vous, vous ne le regretterez pas.

Pour relire la chronique que j’avais écrite sur ce documentaire, c’est ici.

Une femme, ma mère

On a beaucoup parlé du film Les dames en bleu à la suite du décès de Michel Louvain. Son réalisateur, Claude Demers, a sorti cette année un documentaire qui n’a pas eu autant de couverture, mais qui mérite néanmoins votre attention.

Dans Une femme, ma mère, Claude Demers met tout son talent de réalisateur à reconstruire au cinéma l’histoire d’une belle inconnue, la dame en fuite que fut sa mère. L’histoire poignante d’une femme qui a abandonné son enfant.

Des documentaires sur la vieillesse

L’année qui vient de passer a amené le sujet de la vieillesse à l’avant-plan. Les Rendez-vous du cinéma québécois permettent de poursuivre la conversation en prolongeant la carrière de CHSLD de François Delisle et de CHSLD, mon amour de Danic Champoux, deux films qui nous montrent à quoi ressemble la vie en résidence, pour le meilleur et pour le pire.

La série web L’industrie de la vieillesse fait de son côté une radioscopie sans complaisance de tous les services qui se monnayent quand on atteint le troisième âge. Un constat qui bouscule.

14 jours 12 nuits

Aussitôt à l’affiche, aussitôt retirés… En fiction, plusieurs films ont subi les contrecoups du yoyo gouvernemental dans les salles de cinéma. C’est le cas de 14 jours 12 nuits, qui n’a pas eu la carrière méritée. Si vous l’avez raté, c’est un must, pour Anne Dorval, et pour les images somptueuses du Vietnam.

Mafia inc.

Même chose pour Mafia inc. qui aurait dû être un plus imposant blockbuster, car ce film de Podz avec Marc-André Grondin, c’est du gros calibre.

Les nôtres

Je vous conseille aussi Les nôtres, un genre de film dont le canevas se détricote lentement, nous amenant de surprise en surprise. Idéal pour un visionnement à la maison.

Concours musical international de Montréal

Désolé, il faut que je vous parle encore de la pandémie.

L’an dernier, alors que le Québec était en plein cœur de la première vague de COVID-19, le Concours musical international de Montréal (CMIM) se voyait obliger de reporter sa 19e édition.

Ne se déclarant pas vaincu, le concours de Montréal, devenu au fil des ans un des passages obligés pour les aspirants-solistes du monde entier, a décidé de remettre cette édition consacrée au piano à l’année 2021, et d’en faire une version web. Eh bien, nous y voilà! Depuis le 26 avril, cette édition reportée est en cours. Les récitals de la demi-finale, donnés par 26 participants venant de 11 pays, ont été diffusés cette semaine. Vous pouvez rattraper gratuitement chacune des 26 prestations sur la plateforme du CMIM en cliquant sur le nom de chaque musicien participant apparaissant sur cette page.

Chaque concurrent a enregistré sa participation (autour de 30 minutes) dans le pays où il se trouve. Les captations, d’une grande qualité technique, peuvent être visionnées en tout temps, jusqu’en avril 2022. Le site est bien fait. Des notes biographiques nous informent du parcours des participants, et le répertoire qu’ils ont choisi d’interpréter nous est communiqué. C’est impressionnant de voir ces très jeunes musiciens déjà virtuoses défendre leurs choix avec énergie et concentration.

Le jury international qui les évalue est composé cette année de sommités comme les pianistes Hélène Mercier, Charles Richard-Hamelin, Marie Kodama et Rena Shereshevskaya.

Durant la semaine qui vient, ce jury choisira les finalistes qui se mesureront dans des récitals d’une heure diffusés en direct (et en différé) sur le site du CMIM dans la semaine du 10 au 13 mai. Le nom du lauréat sera connu le 14 mai. Vous pouvez participer au palmarès en choisissant votre candidat au titre du prix du public.

À l’issue du Concours musical international de Montréal, plus de 235 000$ auront été remis aux concurrents.