La chronique Culture avec Claude Deschênes

Auteur(e)
Photo: Martine Doucet

Claude Deschênes

Claude Deschênes collabore à Avenues.ca depuis 2016. Journaliste depuis 1976, il a fait la majeure partie de sa carrière (1980-2013) à l’emploi de la Société Radio-Canada, où il a couvert la scène culturelle pour le Téléjournal et le Réseau de l’information (RDI). De 2014 à 2020, il a été le correspondant de l’émission Télématin de la chaîne de télévision publique française France 2.On lui doit également le livre Tous pour un Quartier des spectacles publié en 2018 aux Éditions La Presse.

Magnifique plongée dans notre fleuve Saint-Laurent au musée Pointe-à-Callière

Après l’exposition Égypte. Trois mille ans sur le Nil, le musée Pointe-à-Callière nous propose d’embarquer dans une nouvelle expédition sur un autre grand fleuve, le nôtre, le majestueux Saint-Laurent, plusieurs fois millénaire lui aussi.



Quelle bonne idée de la part de notre musée d’histoire et d’archéologie montréalais de nous raconter cette histoire, fabuleuse à plus d’un titre!

Reproduction de la figure de proue du navire à voiles Lady Edmonton. Photo: Claude Deschênes

Il y a d’abord l’évidence: l’ampleur du Saint-Laurent. Troisième fleuve en importance en Amérique du Nord, il draine plus de 25% des réserves mondiales d’eau douce. Il s’étire sur 3 260 km, à partir du lac Supérieur, en Ontario, jusqu’au détroit de Cabot, au nord de la Nouvelle-Écosse. Vingt-trois millions de personnes vivent dans son bassin versant.

Le fleuve Saint-Laurent s’étire sur 3 260 km. Photo: Claude Deschênes

C’est donc dire que chacun de nous a son rapport avec le fleuve. Moi, je me fais une fierté de penser que je viens d’une ville bâtie sur le bord de l’un de ses plus importants affluents, la rivière des Outaouais.

Des affluents au Saint-Laurent, on en compte 244. Alors, que vous soyez de Toronto, Beauharnois, Trois-Rivières, Québec, Matane, Sainte-Flavie, Gaspé ou des Îles-de-la-Madeleine, vous risquez de trouver un intérêt dans ce tour du propriétaire que nous propose Pointe-à-Callière. Je dis propriétaire, parce que cette richesse, elle est collective.

Le fleuve Saint-Laurent selon le photographe Patrick Coutu. Photo: Claude Deschênes

Les concepteurs de l’exposition se sont manifestement emballés devant la diversité des angles possibles.

Les Autochtones ont su utiliser le fleuve pour s’alimenter et se transporter. Photo: Claude Deschênes

Il y a bien sûr l’histoire. Comment les Autochtones ont su utiliser les richesses sous-marines du Magtogoek (le chemin qui marche) pour s’alimenter, et ses flots, pour se transporter.

Comment cette voie d’eau a permis aux explorateurs européens de s’engouffrer profondément dans le Nouveau Monde, et à quel point le fleuve a souvent servi de champ de bataille.

Le Pélican, bâtiment de guerre utilisé par Pierre Le Moyne d’Iberville. Maquette de Frédéric Back, Collection Musée de la civilisation. Don de la Société Radio-Canada. Photo: Claude Deschênes

On nous rappelle que, par deux fois, la Conquête a échoué, l’amiral Phips ne réussissant jamais à mettre le pied à terre à Beauport et à la Pointe-Lévy.

Lors de la Deuxième Guerre mondiale, les sous-marins allemands ont pénétré dans les eaux du Saint-Laurent, sans plus de succès.

Lors de la Deuxième Guerre mondiale, les sous-marins allemands ont pénétré dans les eaux du Saint-Laurent, sans succès. Photo: Claude Deschênes

Le fleuve a aussi été un fabuleux moteur de développement économique. Il est fascinant de voir l’évolution du transport maritime, des goélettes aux vraquiers, du canal de Lachine à la Voie maritime, avec des écluses toujours plus imposantes pour contourner les indomptables rapides de Lachine.

Le fleuve a aussi été un fabuleux moteur de développement économique. Photo: Claude Deschênes

L’exposition fait également une place importante à l’utilisation du fleuve pour la plaisance. Des maquettes nous rappellent la grande diversité de navires qui ont vogué sur ses eaux bleues: les fameux bateaux blancs de la Canada Steamship Lines, les goélettes, baptisées «voitures d’eau» par les Charlevoisiens, les bateaux à aube, et ceux à vapeur.

Maquette du Tadoussac, Gérard Deschênes 1989 Collection Musée maritime du Québec. Photo: Claude Deschênes

C’est la première fois que je vois une représentation de L’Accomodation, le premier bateau à vapeur du Canada, lancé par John Molson en 1809.

Maquette de L’Accomodation, bateau à vapeur lancé par John Molson en 1809. Photo: Claude Deschênes

On n’oublie pas non plus tous ces bâtiments qui ont sombré dans le Saint-Laurent, un des cours d’eau les plus difficiles à naviguer au monde.

Le Saint-Laurent est un des cours d’eau les plus difficiles à naviguer au monde. Photo: Claude Deschênes

Il y a d’impressionnants vestiges à voir, notamment ceux du Empress of Ireland, dont on a rescapé une partie du piano à queue.

Il y a d’impressionnants vestiges à voir, notamment ceux du Empress of Ireland. Photo: Claude Deschênes

Tout ça appartient au passé, mais il y a aussi dans cette exposition plusieurs éléments qui concernent le fleuve d’aujourd’hui. Combien de fois traversez-vous le Saint-Laurent dans votre semaine? On parle donc des ponts qui l’enjambent, du tunnel qui le traverse, des traversiers qui prennent le relais quand il devient trop large.

Combien de fois traversez-vous le Saint-Laurent dans votre semaine? Photo: Claude Deschênes

La chef Colombe Saint-Pierre, porte-parole du collectif Mange ton Saint-Laurent, nous offre pour sa part un vibrant plaidoyer en faveur de la mise en valeur des produits de la pêche québécoise, qu’on ne consomme pas suffisamment à son avis.

Le tour d’horizon ne serait pas complet sans un tableau sur les menaces qui pèsent sur la biodiversité du fleuve. La moule zébrée est très photogénique, mais bien menaçante.

La moule zébrée est très photogénique, mais bien menaçante. Photo: Claude Deschênes

L’exposition se termine sur une vidéo de sept minutes créée par le studio montréalais Silent Partners. Cette version onirique du fleuve, émaillée de données scientifiques, sur une musique de Flore Laurentienne (musicien de Sainte-Anne-des-Monts, en Gaspésie), nous permet de quitter cette traversée sur une note plus consciente, mais apaisée.

L’exposition se termine sur une vidéo de sept minutes créée par le studio montréalais Silent Partners. Photo: Claude Deschênes

L’exposition Fleuve Saint-Laurent, échos des rivages est présentée à la Maison-des-Marins du musée Pointe-à-Callière jusqu’au 3 mars 2024.