Un regard d’aujourd’hui sur les 250 ans de la chapelle Notre-Dame-de-Bon-Secours
La chapelle Notre-Dame-de-Bonsecours, dans le Vieux-Montréal, célèbre 250 ans d’histoire. Comment honorer ce legs de Marguerite Bourgeoys en 2024? Le directeur du Site historique Marguerite-Bourgeoys, Jean-François Royal, et son équipe ont eu l’idée de demander à 14 artistes en art contemporain de différentes disciplines de créer chacun une œuvre inspirée de ce lieu qui a eu plusieurs vies. J’ai été complètement emballé par le résultat intitulé l’expo deux cinq zéro, 1 chapelle, 15 artistes.
Je me suis présenté au 400, rue Saint-Paul, mardi, veille du vernissage. Comme j’avais quelques minutes d’avance sur mon rendez-vous, j’ai profité du fait que Benoît Marineau, titulaire de l’orgue Casavant (opus 401), répétait dans la chapelle pour me laisser emporter par la beauté et la sérénité du lieu. Au plafond, il y a la fresque de Meloche, les verrières de Beaulieu qui illuminent nos yeux, les portraits de Maisonneuve et Bourgeoys d’Ozias Leduc, les autels de Rochon, et, suspendus dans le vide, des navires-ex-voto, en hommage aux marins.
Sans m’y attendre, ces images me sont revenues en pièces détachées, comme en écho, en parcourant l’exposition. Je dois dire que j’ai eu la chance d’avoir Jean-François Royal comme guide. De sa belle voix grave, il a attiré mon attention sur les particularités de chaque œuvre.
Le directeur du Site historique Marguerite-Bourgeoys n’en revient pas de l’engagement des artistes qu’il a approchés. Tous ont dit oui, et tous ont pris au sérieux la commande de s’inspirer de l’œuvre de Marguerite Bourgeoys, une femme morte depuis bientôt 325 ans.
La première proposition est située à l’entrée du musée. Il s’agit de trois pièces en fonte du sculpteur Claude Millette, dont l’une est constituée de sept blocs représentant les sept voyages de Marguerite Bourgeoys.
Quand on s’engouffre dans la première salle, on est pris d’une véritable émotion devant la toile de Marc Gosselin qui évoque de manière si délicate les différentes incarnations de la chapelle au fil des ans.
Tout cela sous un ciel de feuilles d’argan que l’équipe du musée a découpé dans du papier blanc. On ne peut pas ne pas avoir une pensée pour Claude Lafortune, qui a exposé là avant de mourir.
On dirait que le maître du papier a aussi guidé l’artiste Karine Demers. Ses répliques de vitraux en forme d’ogives sont faites d’images saintes découpées, serties de grains de chapelet dorés.
Il faut laisser notre regard se perdre dans les œuvres pour en découvrir toutes les subtilités. Dans sa sculpture murale, Christian Michaud, un Lévisien installé à Saint-Jean-Port-Joli, illustre de manière dramatique le lien si fort entre les marins et la chapelle.
Le Montréalais Ari Bayuaji a mis à contribution les habitants de sa région d’origine pour défaire les gros câbles de bateaux abandonnés dans les mers indonésiennes et en faire des fils à tisser. Cela donne une œuvre textile renversante qui relie la chapelle des marins aux défis écologiques d’aujourd’hui.
On a même invité un artiste du neuvième art à contribuer à cette célébration. Le bédéiste Romain Blais a réussi à mettre une bonne partie de l’histoire de la chapelle Notre-Dame-de-Bon-Secours dans son dessin, avec Marguerite à la vigie.
Dans un genre plus classique, le graphiste-illustrateur Marc Lépine propose entre autres sa représentation de L’ange à la trompette de Philippe Laperle, sculpture qui trône au sommet de la chapelle.
Je vous ai présenté sept des œuvres exposées. Je vous laisse découvrir l’autre moitié lors d’une visite que vous ne regretterez pas.
Et pourquoi le titre de l’expo fait-il référence à 15 artistes? Parce que la 15e est en processus de création. C’est le public qui a la tâche de la réaliser en ajoutant son petit ruban de couleur au treillis installé à l’entrée du musée. Chaque couleur correspond à une émotion ressentie lors de la visite du lieu et de l’exposition. À vous de choisir la vôtre!
Mentionnons, en terminant, que pour cette exposition, un cachet a été attribué à chaque artiste, et que l’œuvre soit en bronze ou en papier, tous ont décidé d’en faire don au musée, qui les revendra éventuellement lors d’un événement au profit de l’institution.
Si vous achetez le catalogue de l’exposition, le premier de l’histoire du musée, vous courrez la chance de gagner une version d’une autre couleur de l’œuvre proposée par l’illustratrice Myriam Van Neste.