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Sorties plein air dans la région de Québec

Les «tapis» d’automne ont encore tout leur charme dans la région de Québec, même si les arbres ne brillent plus de couleurs chaudes. À pied ou à vélo, on en profite!

Au parc de la Chute-Montmorency

Le site impressionne toujours depuis la route 138, à l’est de Québec. La majesté de la chute elle-même, qui n’en finit pas de déverser ses mètres cubes d’eau du haut de ses 83 mètres, y est pour beaucoup. Pour l’admirer de plus près, on emprunte dès l’entrée principale un tout nouveau «sentier» de bois, nommé «promenade de la chute» et qui mène quasiment à son pied, côté ouest.

Une passerelle permet aussi de filer vers l’est du bassin jusqu’au pied de l’escalier panoramique, comptant 487 marches. Les plus valeureux le prennent en montée, les autres en descente… À moins que vous n’empruntiez le téléphérique, qui donne une vue tout aussi spectaculaire sur la chute.

À l’approche du sommet, le minéral cède la place au végétal. La terrasse du superbe Manoir Montmorency est désormais déserte, mais pas la promenade de la Falaise, très fréquentée, à moins que vous soyez venus dès l’ouverture, le matin.

Le sentier de bois qui colle à la paroi, où des vinaigriers sont encore rouges, vous rapproche au plus près de la chute, surtout au belvédère de la Baronne, légèrement en contrebas. Quelques volées de marches ramènent à l’entrée du pont suspendu enjambant la rivière Montmorency. Au-dessus des premiers bouillons de la chute, le plan d’eau semble étonnamment calme. Dessous, c’est la cavalcade des «moutons blancs». Gare au vertige! La vue magique s’étend alors sur l’île d’Orléans, au relief bombé.

On peut marcher ensuite dans un boisé jusqu’à l’entrée de Boischatel et poursuivre par le pont de la Faille, qui domine la «faille de Boischatel», laquelle fait 43 kilomètres de long. On atteint les vestiges de la Redoute (camp retranché de l’armée britannique en 1759) et la Maison Wolfe. Certains pique-niquent encore sur une vaste esplanade verdoyante bordée par un verger, avant de redescendre par l’escalier monumental.

On peut aussi faire demi-tour jusqu’au pont suspendu et aller explorer le sentier des Résurgences (2,5 km aller-retour), qui court vers le nord en longeant la rivière. Il monte et descend en forêt, se rapproche de rapides ou, au contraire, d’eaux bien calmes qu’on entraperçoit dans des trouées forestières. Après une pause au soleil sur les pierres du rivage, on reprend la marche jusqu’à la fin du sentier, près d’une passerelle donnant vue sur un barrage, avant de faire demi-tour.  

Divers sentiers vous permettent d'observer la majesté de la chute qui n’en finit pas de déverser ses mètres cubes d’eau du haut de ses 83 mètres. Photo: Facebook Parc de la Chute-Montmorency

Sur l’île d’Orléans 

En face du parc de la Chute-Montmorency, le pont de l’île d’Orléans vous ouvre les portes d’un beau terrain de jeux pour le vélo et la marche. De gros travaux préparatoires à l’érection d’un nouveau pont sont en cours à l’entrée de l’île. Il faut donc s’attendre à quelque attente, surtout les week-ends. Ensuite, c’est le paradis bucolique!

Les adeptes de vélo de route connaissent bien la route qui fait le tour de l’île, qui est longue de 34 kilomètres, avec six jolis villages à traverser et des panoramas superbes sur la ville de Québec et la chute Montmorency côté ouest, le fleuve, le cap Tourmente et la Côte-de-Beaupré, vers l’est.

À vélo, on peut aussi raccourcir son circuit ou le détailler sur plusieurs jours. La partie ouest se fait bien par le chemin Royal, de Saint-Pierre à Sainte-Pétronille, avec retour par la rue Prévost, qui traverse l’île. Même chose, côté est, en partant de Sainte-Famille vers la pointe d’Argentenay, puis Saint-François et Saint-Jean, avec retour par la route du Mitan. Cette très jolie route (fermée à la circulation routière en hiver) fait passer d’une rive à l’autre en grimpant sur les hauteurs de l’île dans un décor de champs à perte de vue, avec quelques boisés touffus. Ces deux parcours sont aussi surprenants dans un sens que dans l’autre, car on change constamment de perspectives.

À pied, les «ressources» sont plus limitées sur l’île d’Orléans, surtout quand la pointe d’Argentenay est fermée, comme c’est le cas en automne. Voici quelques-unes de mes promenades préférées :

  • Du quai de Sainte-Pétronille à la promenade Horacio Walker: pour la vue sur le fleuve, le Vieux-Québec et la chute Montmorency.
  • Le Sentier d’un flâneur (2,5 km), qui débute à L’Espace Félix-Leclerc, à Saint-Pierre, et descend vers la batture.
  • La tour d’observation pour voir le mont Sainte-Anne et le cap Tourmente, sur le territoire de Saint-François. Un court sentier longeant le chemin Royal mène au secteur de l’église du village.
  • Du quai de Saint-François, on peut marcher longtemps sur la grève en direction est.
  • À l’arrière de l’église de Saint-Jean, empruntez la rue de l’Église jusqu’au bout, en bordure de fleuve, ou marchez sur la grève à marée basse.
  • Baladez-vous dans le parc des Ancêtres, à Sainte-Famille, qui donne sur la Côte-de-Beaupré, et visitez la Maison de nos Aïeux, centre d’histoire et de généalogie.
  • Du parc maritime de Saint-Laurent, où les vestiges du chantier naval sont nombreux, on peut se promener en forêt sur les chemins alentour.
Le pont de l’île d’Orléans vous ouvre les portes d’un beau terrain de jeux pour le vélo et la marche. Photo: Facebook Tourisme île d'Orléans

Ailleurs dans la région de Québec 

Parc national de la Jacques-Cartier

Le parc national de la Jacques-Cartier, au nord de la ville de Québec, dévoile des charmes nouveaux quand ses forêts s’éclaircissent à la tombée des feuilles. Il y en a pour tous les goûts en matière de sentiers pédestres, du plus facile, comme la boucle de la Tourbière (2,9 km) ou L’aperçu (2,2 km), aux plus difficiles, comme Le perdreau (boucle de 5,4 km), passant par une érablière et des sous-bois encore verdoyants. L’éperon vous fait monter sur L’épaule, avec les méandres de la rivière à vos pieds, en une boucle de 5,4 km. Même chose pour le sentier Les loups (plus difficile, mais si gratifiant pour la vue), avec deux belvédères pour un parcours total de 11 kilomètres.

Pour finir en beauté, vous pourriez opter pour le sentier Scotora, dans le secteur de la Vallée, qui n’est pas le plus connu du parc. Son éloignement par rapport à l’entrée (au kilomètre 30) est à la mesure de sa longueur: 16 kilomètres aller-retour, avec un dénivelé de 405 mètres, qui transporte d’un haut plateau au sommet du mont Andante, avec une vue embrassant toute la section nord de la vallée de la Jacques-Cartier.

Le parc national de la Jacques-Cartier, au nord de la ville de Québec, dévoile des charmes nouveaux quand ses forêts s’éclaircissent à la tombée des feuilles. © SEPAQ Photo : Daphnée Rouleau | JAC - Parc national de la Jacques-Cartier

Vallée Bras-du-Nord

Dans la Vallée Bras-du-Nord (région de Portneuf), plusieurs sentiers valent aussi la balade en cette fin d’automne, quand les paysages se dégagent de la forêt en route vers l’hiver. L’un d’eux permet, en 13 kilomètres aller-retour, de se rendre au pied de la chute Delaney en longeant la rivière, puis de grimper au-dessus d’une falaise, avec deux beaux points de vue sur la vallée.

La boucle de la Hauteur, plus facile, procure néanmoins bien du plaisir sur 7,2 km, avec une ascension plutôt gentille aux abords d’un ruisseau bordé de grands cèdres et qui conduit à un panorama sur le cap des Sept-Côtes et la rivière en contrebas.

Dans la Vallée Bras-du-Nord, plusieurs sentiers valent la balade en cette fin d’automne. Photo: Facebook Vallée Bras-du-Nord

Bon à savoir

  • Chasse: Où que vous alliez marcher au Québec, en-dehors des parcs nationaux, pensez à vérifier que vous ne traversez pas un territoire où la chasse est permise en novembre. Portez si possible un habit fluo et un sifflet pour vous faire entendre au besoin.
  • Ornithologie: Jusqu’à la mi-novembre environ, les oies blanches envahissent le secteur du réservoir de la centrale hydroélectrique Hemming sur la rivière Saint-François, près de Drummondville, dans la région Centre-du-Québec. Rendez-vous à la plage publique pour les observer tôt le matin ou juste avant le coucher du soleil.
  • Activités naturalistes au Pavillon du Saint-Laurent. À Baie-Saint-Paul, dans Charlevoix, les guides-naturalistes de l’organisme Guêpe poursuivent jusqu’au début décembre leurs activités d’interprétation «Dimanches nature», gratuites.

5 destinations pour profiter des dernières couleurs de l’automne

Les coloris de l’automne commencent à se voir davantage sous nos pieds - en randonnée pédestre ou à vélo - que dans les arbres. Quelques sites, notamment dans la grande région de Montréal, permettent de s’en donner plein la vue!

À grimper sur une éminence des Laurentides le week-end dernier, je fus un peu déçue: quelques touches de jaune-orange et beaucoup d’arbres dénudés déjà. De retour en forêt, mon esprit était plus satisfait par la profusion de feuilles à terre, toutes plus colorées les unes que les autres, en différentes teintes de vert, brun, oranger, rouge. Le temps est tout de même venu d’accepter l’inéluctable de la nature en route vers l’hiver et d’en profiter pour faire les bons choix de sorties: des forêts normalement touffues qui cachent des paysages que la chute des feuilles découvre; d’autres, avec plus de résineux que de feuillus qui ne changent pas trop à l’automne; des sommets qui dégagent encore pour quelque temps une belle vue sur la canopée colorée.

La carte interactive de Bonjour Québec sur les couleurs automnales, mise à jour tous les sept jours, peut vous orienter vers quelques sites de choix, notamment à Laval, dans les Basses-Laurentides et la Montérégie. J’y ai «pioché» quelques suggestions pour vous inviter à continuer à aller «jouer dehors» dans les prochains jours et semaines.

Laval

À se promener ou à s’entraîner dans les parcs de Montréal, on ne dirait pas que la saison des couleurs est si avancée ailleurs. C’est aussi le cas au Centre de la nature de Laval, parc urbain, certes, aménagé sur le site d’une ancienne carrière et, en partie, sur un dépotoir, mais qui est devenue une vraie oasis de verdure à vocation familiale, avec cinq kilomètres de sentiers de marche.

Sa «forêt urbaine» abrite plus de 10 000 arbres et arbustes sur trois hectares de terrain, dont une érablière à caryer composée d’érables à sucre, chênes rouges, cerisiers tardifs et tilleuls. Imaginez le tableau ces temps-ci!

Ses douze jardins sont aussi renommés et encore très beaux, notamment le jardin alpin, où un mélèze de Sibérie magnifiquement doré en automne trône au centre. Si l’envie d’un peu plus de chaleur vous prend, visitez la serre tropicale!

Les douze jardins du Centre de la nature de Laval sont encore très beaux. Photo: Facebook Centre de la nature de Laval

Oka

Collé sur le lac des Deux Montagnes et adossé à une colline, dans les Basses-Laurentides, le parc national d’Oka a 11 kilomètres de rives, des sentiers pédestres et des pistes cyclables qui valent le détour ces temps-ci.

Du poste d’accueil de La Grande Baie, la boucle de L’érablière, sentier facile de 1,3 km, s’impose en cette saison, tout comme celle de La Grande Baie (4 km), qui est le quartier général des oiseaux migrateurs à cause de milieux humides où marais et érablière argentée se côtoient.

À pied ou à vélo, montez aussi sur le sentier du Calvaire (4,4 km aller-retour), qui s’achève sur un point de vue panoramique d’exception, où trois chapelles font la vigie depuis 1742.

Pour un supplément d’effort, sur 11,8 km, le sentier La Sauvagine vous transporte sur les berges du lac des Deux Montagnes avec une chênaie à traverser, puis au lac de la Sauvagine, en passant par la rivière aux Serpents et un panorama hors pair sur une érablière argentée.

À bicyclette, on roule aussi sur La Vagabonde, un corridor de plus de 40 kilomètres qui relie le parc aux municipalités environnantes. Il traverse le parc sur une distance de 10 kilomètres. À partir de ce corridor, les adeptes de bicyclette utilisent une piste asphaltée pour se rendre au bord du lac. Quant aux amateurs de vélo de montagne expérimentés, ils empruntent plutôt le sentier du Sommet, sur 6,7 km.

Le parc national d’Oka a 11 kilomètres de rives, des sentiers pédestres et des pistes cyclables qui valent le détour ces temps-ci. © SEPAQ Crédit Photo : Paul Dussault | OKA - Parc national d'Oka

Rigaud

Les Sentiers de L’escapade sont balisés sur 27 kilomètres et en accès gratuit. Aménagés en forêt mature, ils ceinturent la colline de Rigaud et garantissent les plus belles couleurs au pays des cabanes à sucre et des érables centenaires.

Neuf parcours sont proposés, dont La clé des bois (2,9 km), qui grimpe gentiment par paliers dans une superbe érablière à caryer cordiforme, tandis que la boucle du Haut-Lieu (13,5 km, nettement plus difficile) transite par une variété de boisés, dont une cédrière.

Au Point de vue (au sommet de la colline), pas étonnant qu’on plonge son regard au loin sur des boisés à l’est, des champs à l’ouest et la silhouette des monts Adirondacks à l’horizon. Plus près de nous, chênes rouges et pins blancs se partagent notre regard.

Attention: certains sentiers sont partagés avec des cavaliers.

À Rigaud, les Sentiers de L’escapade sont balisés sur 27 kilomètres et en accès gratuit. Photo: Facebook Sentiers de L'escapade

Mont Saint-Hilaire

J’ai toujours aimé me balader en octobre dans la Réserve naturelle Gault, territoire appartenant à l’Université McGill au mont Saint-Hilaire, l’une des collines montérégiennes. Ses 25 kilomètres de sentiers jouxtent la Réserve de la biosphère du mont Saint-Hilaire. Dans ce «laboratoire vivant», on découvre les plus grands vestiges des forêts anciennes de la vallée du Saint-Laurent. Celle-ci abrite des érables âgés de plus de 400 ans et on peut la parcourir tout autour du lac Hertel. Nous sommes encore ici dans le domaine de l’érablière à caryer, avec l’érable à sucre et le hêtre à grandes feuilles pour espèces dominantes, tous deux parés de mille feux en automne.

Curieusement peu perturbé par l’activité humaine, le mont Saint-Hilaire est un vrai bijou en raison de ce vieil écosystème et d’une flore particulièrement riche et diversifiée incluant de nombreuses espèces rares et menacées.

Au court sentier du lac Hertel se greffent sept autres parcours, dont plusieurs en boucle. Pour les meilleurs points de vue sur la canopée, empruntez Burned Hill (1,2 km), le Pain de sucre (2,7 km), Dieppe (3,8 km) et Rocky (4,7 km).

Peu perturbé par l’activité humaine, le mont Saint-Hilaire est un vrai bijou en raison de ce vieil écosystème et d’une flore particulièrement riche et diversifiée incluant de nombreuses espèces rares et menacées. Photo: Facebook Réserve naturelle Gault, Mont St-Hilaire, Université McGill

Route des champs

En Montérégie, «la Route des champs» relie Chambly à Granby, en passant par Richelieu et jusqu’à Saint-Paul-d’Abbotsford. Cette piste cyclable de 40 kilomètres de long, pratiquement en ligne droite, offre une façon originale de baigner dans la nature généreuse de la région.

L’itinéraire champêtre offre un spectacle rural bien agréable en automne, au beau milieu des champs, des boisés, mais aussi des vignobles et vergers.

La piste est asphaltée sur plus de 90% du parcours, le reste étant en poussière de roche. Une carte permet d’identifier les trois stationnements d’entrée de la piste à Chambly, Rougemont et Saint-Césaire, la présence des services, comme des haltes avec tables à pique-nique, toilettes et points d’eau. Plusieurs établissements hôteliers sont certifiés «Bienvenue cyclistes!» aux alentours, pour ceux qui voudraient prendre leur temps.

S’élever pour marcher dans les couleurs de l’automne

La flambée des couleurs a largement débuté dans la province. Pour découvrir la canopée de la forêt québécoise dans sa plus belle palette de coloris, rien de tel que de prendre de la hauteur. Rendez-vous à la cime des arbres dans les Laurentides et sur les hautes roches du parc national des Monts-Valin, au Saguenay–Lac-Saint-Jean!

À défaut de voler ou d’avoir un drone, il n’est pas toujours facile de voir la canopée quand elle s’embrase en automne. Il faut grimper sur un sommet effilé des Adirondacks ou des Laurentides pour «dominer», le temps d’une photo, les couleurs des arbres poussant dans les vallées; s’agripper à une via ferrata comme celles des Palissades dans Charlevoix ou du parc de la Chute-Montmorency dans la région de Québec; faire du deltaplane au Mont-Sainte-Anne ou au mont Saint-Pierre en Gaspésie... Une autre solution est de marcher au-dessus des arbres. J’ai récemment expérimenté la chose sur deux longues passerelles de bois dans les Laurentides et au SaguenayLac-Saint-Jean. 

Sur le Sentier des cimes

La forêt laurentienne est une pure merveille en automne et l’ouverture cet été du Sentier des cimes Laurentides, à Saint-FaustinLac-Carré, nous donne une très belle occasion d’en profiter à moindre effort.

Je connaissais bien le site de l’ancienne pisciculture de Saint-Faustin, avec ses bâtiments patrimoniaux en pierre. J’avais plusieurs fois marché dans la forêt voisine, participé à des ateliers de Gourmet sauvage sur la cueillette de champignons et plantes comestibles ou fait du vélo sur le P’tit Train du Nord, dont le circuit se trouve à proximité.

L'Ancienne pisciculture des Laurentides. Photo: Facebook Sentier des cimes Laurentides

Les nouveaux aménagements réalisés sur ce site par l’entreprise allemande EAK Sentiers des cimes en partenariat avec la MRC des Laurentides (qui en demeure propriétaire) auraient pu me déplaire étant donné mon amour de la nature la plus sauvage possible, mais il n’en fut rien. Même la faible longueur de ce sentier sur passerelle de bois (2,6 kilomètres aller-retour) n’a pas entamé mon plaisir!

Premier du genre en Amérique du Nord, ce Sentier des cimes est un «modèle» éprouvé puisque l’entreprise allemande en a déjà 12 en Europe. Le nouvel aménagement, construit après cinq ans de gestation, se compose d’une longue passerelle de bois (560 mètres). Elle commence à l’étage du bâtiment patrimonial principal et mène, tout près, à une première tour d’observation (à 25 mètres) dans laquelle on peut monter à pied via des escaliers, puis à une seconde beaucoup plus imposante, à l’autre bout de la longue passerelle.

Montée sur des piliers de bois avec renforts en acier, la passerelle est entièrement réalisée en sapin Douglas de l’Ouest canadien non traité et a été préparée par sections dans une entreprise de Saint-Jean-Port-Joli. Le résultat est spectaculaire.

La passerelle de bois. Photo: Sentier des cimes Laurentides

Perché à 25 mètres du sol, le «sentier» surplombe une magnifique forêt mixte, de résineux et de feuillus, et est agrémenté de nombreux panneaux d’interprétation, tous plus intéressants les uns que les autres. On progresse sur cette passerelle avec lenteur, en prenant le temps de lire les panneaux et d’admirer le «paysage» à hauteur d’yeux ou en dessous: cimes des arbres, sous-bois, arbustes, qui sont du plus bel effet en cette saison.

L’imposante tour d’observation se profile aussi à l’horizon. Ce presque cylindre de bois et d’acier (plutôt nonagone) qu’on voit grossir en avançant dévoile son design épuré et élégant, qui laisse passer la lumière du ciel de toutes parts. L’un de ses éléments les plus remarquables est qu’il n’y a ni ascenseur ni escalier pour atteindre son sommet, 40 mètres plus haut, soit l’équivalent de 12 étages.

L'imposante tour d'observation. Photo: Sentier des cimes Laurentides

Au départ, la passerelle vire en fait à droite, amorçant une montée très légère (de 6%) qui demeurera constante jusqu’en haut. Elle grimpe ainsi très gentiment en faisant onze fois le tour de ce drôle d’édifice, pour un total de 720 mètres. Même sans avoir grand effort à fournir, chacun prend son temps, car il y a beaucoup à voir: d’abord la forêt environnante, si colorée, au-dessus de laquelle on s’élève tout en changeant constamment de perspective; puis la structure de la tour elle-même, qui surprend: vide à l’intérieur, permettant de voir la nature de l’autre côté; enfin, vu du dessous, le grand «toit» circulaire en filet, sorte de trampoline aérien, où petits et grands semblent se délier les jambes et le cœur!

Quand on atteint enfin le sommet, à force de petits pas, on est époustouflé! Apparaissent les douces ondulations typiques de la vieille chaîne de montagnes des Laurentides, le mont Tremblant, la montagne d’Argent, le mont Blanc, mais aussi la montagne Noire, le mont Kaikoop et leurs différents peuplements forestiers qui colorent à merveille le tableau. Plus près, on aperçoit aussi le lac et l’ancien barrage de la pisciculture.

Le clou de la visite est le filet géant, bien tendu au centre de la tour. On peut s’asseoir au bord, s’y coucher tête en bas ou tourné vers le ciel ou encore jouer les acrobates pour se délier un peu plus les jambes… à condition de ne pas avoir le vertige! Le retour apporte son lot de surprises, en descente circulaire vers la passerelle, puis sur celle-ci, avec de nouvelles perspectives sur le paysage.

Le clou de la visite est le filet géant, bien tendu au centre de la tour. Photo: Anne Pélouas

«Esthétique, solidité, sécurité, accessibilité» furent les maîtres mots de la construction de ce site original qui prévoit accueillir 300 à 400 000 personnes par an, sur quatre saisons. Tout est fait, il est vrai, pour l’accessibilité des lieux aux personnes à mobilité réduite, y compris celles en fauteuil roulant, aux parents avec enfants en poussette, aux personnes âgées, grâce à la pente légère de la passerelle, après utilisation de l’ascenseur de départ (dans la première tour).

L’idée initiale, en 2017, était de donner un nouveau souffle à ce site historique des Laurentides. De fait, le bâtiment principal est plus vivant que jamais avec café-resto au rez-de-chaussée, service d’accueil et boutique à l’étage. Les jardins et bassins d’eau de la pisciculture ont également connu une belle cure de rajeunissement et la terrasse est très courue. Gourmet sauvage y a conservé sa place, avec une magnifique boutique moderne à deux pas de la piste cyclable. C’est sans compter la forêt et ses sentiers ombragés qui n’ont pas changé de vocation pour la promenade à ras du sol. 

Bon à savoir

  • Carte famille et carte annuelle disponibles
  • Entrée gratuite pour accompagnateur de personnes à mobilité réduite

Au sommet du Pic-de-la-Tête-de-Chien

Le parc national des Monts-Valin, dans la région du Saguenay–Lac-Saint-Jean, est réputé pour ses sentiers pédestres, mais pour moi, c’était jusqu’à présent l’un de mes préférés pour le ski de fond et la raquette en hiver. Cet été, j’ai changé d’avis, en allant découvrir le sentier du Pic-de-la-Tête-de-Chien, dont la partie sommitale était fermée depuis longtemps. Elle venait tout juste d’être rendue de nouveau accessible grâce à un investissement d’importance en escaliers et passerelles de bois et je n’ai pas été déçue du résultat.

Le sommet du sentier du Pic-de-la-Tête-de-Chien est de nouveau accessible depuis cet été, après avoir été fermé longtemps. Photo: Anne Pélouas

Le sentier vedette du parc (8,5 kilomètres aller-retour) est classé difficile bien qu’on puisse le parcourir en moins de trois heures. Il s’amorce en forêt, près du centre de découverte et de services, dans un festival de couleurs digne des vallées québécoises. Sur le plat jusqu’au lac des Pères, il est agrémenté de modules éducatifs pour découvrir la faune et la flore du parc.

L’ascension commence ensuite progressivement avec un premier beau point de vue sur le lac. On s’élève ainsi sur un sentier étroit et garni de roches à flanc de montagne, avec quelques autres éclaircies panoramiques, mais le meilleur est à venir.

Photo: Parc national des Monts-Valin

Une volée de marches en bois mène à une grande dalle rocheuse d’où la grande vue se dévoile sur une succession de sommets et la vallée de la rivière Valin en contrebas. Entre les deux, la canopée est toute colorée en automne, du vert au rouge selon les étages et peuplements forestiers. On mesure en l’observant de haut le chemin parcouru à pied avant de reprendre la marche sur un splendide trottoir de bois qui monte et descend, avec quelques marches, en suivant le relief du sommet, aux alentours de 575 mètres d’altitude. Ce choix de construction en bois permet de protéger la nature environnante dans un secteur fragile et d’empêcher tout un chacun de marcher hors sentier sans se rendre compte des dégâts qu’il peut causer.

Photo: Parc national des Monts-Valin

L’apothéose vient au belvédère où, par temps clair, on peut voir jusqu’au fjord du Saguenay. Tables de pique-nique et abri (pour se protéger de la pluie ou du soleil) ont été installés sur place. L’heure de la pause et de la contemplation est arrivée!

On peut ensuite poursuivre en montée en direction du pic du Grand-Corbeau et du pic de la Hutte ou redescendre par le même sentier en profitant de nouveau d’un panorama plongeant sur la belle forêt, avant de s’y enfoncer en descente quasi constante. Le sentier est parfois glissant et l’usage des bâtons de marche est hautement recommandé.

La Gaspésie aux couleurs du début de l’automne

Septembre est un mois de rêve pour la randonnée en Gaspésie, loin de la foule et dans la beauté des paysages qui virent tranquillement vers les couleurs automnales. Du parc national de la Gaspésie à la baie des Chaleurs, suivez mes bottes et mes bâtons de marche!

Direction mont Jacques-Cartier

Rien de tel qu’un parcours en bord de mer pour apprécier caps et montagnes plongeant dans le fleuve Saint-Laurent. En août dernier, j’avais choisi de me rendre au pied du mont Jacques-Cartier non par la route du parc national de la Gaspésie, mais par celle (route 132) qui longe le fleuve de Sainte-Anne-des-Monts au mont Saint-Pierre, avant de m’enfoncer dans la forêt via la réserve faunique des Chic-Chocs.

Je n’ai pas regretté mon choix, ni à l’aller ni au retour. Rien de tel pour égayer les sens qu’un contraste majeur entre une bonne heure à rouler au ras de l’eau (en admirant les roches luisantes à marée basse, avec des caps pour décor), puis une vingtaine de kilomètres en forêt dans la poussière d’un chemin de gravelle (pour atteindre le poste d’accueil du mont Jacques-Cartier), suivi d’une randonnée magnifique sur les hauteurs de cette montagne, assortie d’une vue sur le fleuve et de la «rencontre» avec quelques caribous.

Rencontre avec les caribous

Le parc national de la Gaspésie fourmille de magnifiques sentiers pédestres accessibles tout l’automne, mais certains, comme celui du mont Albert, du mont Jacques-Cartier et du mont Xalibu, ferment le 10 octobre, pour limiter les perturbations sur les derniers refuges du caribou de la Gaspésie, son animal-emblème devenu espèce menacée.

Le mont Jacques-Cartier est un habitat essentiel pour le caribou de la Gaspésie, dont la population diminue d’année en année. S’il est encore l’un des sites de la région les plus propices à son observation, des règles s’appliquent pour une telle «escapade en milieu protégé». La marche y est donc plus encadrée qu’ailleurs dans le parc. L’accès aux sentiers (ouverts du 1er juillet au 10 octobre) n’est possible que de 10 h à 16 h, sans départ passé 12 h, et la marche hors des sentiers est interdite.

Le mont Jacques-Cartier est un habitat essentiel pour le caribou de la Gaspésie, dont la population diminue d’année en année. Photo: Facebook Parc national de la Gaspésie

De l’accueil du mont Jacques-Cartier, près du camping, il faut aussi emprunter une navette pour rejoindre le point de départ du sentier, classé difficile par la Sépaq notamment en raison de sa longueur (8,2 km aller-retour), de son dénivelé (465 m) et du terrain très rocailleux sur lequel on marche durant quatre à cinq heures. Mieux vaut se munir de bâtons et s’arrêter pour regarder le paysage!

Mon souvenir du sentier d’accès au mont Jacques-Cartier n’était pas des meilleurs: du gros caillou sur un long et assez large chemin forestier sans grand intérêt avant d’atteindre le superbe sommet. Voici pourquoi il est bon de revenir sur ses traces et parfois de changer d’avis!

Cette fois-ci, j’ai découvert que ce même chemin s’était passablement refermé sur lui-même, offrant un parcours ombragé malgré une montée très soutenue. Suis-je plus habituée aux roches parsemant un sentier?

J’ai trouvé la première section de 2,3 km qui mène à une intersection pour le lac à René très agréable, notamment à cause de la présence de panneaux d’interprétation et de grands passages sur des dalles de pierre, le tout en forêt. On a peine à croire qu’autrefois les habitants de la région empruntaient ce chemin le dimanche à bord de vieilles guimbardes!

Passée la limite des arbres, une longue volée de marches en bois protégeant une pente raide vous attend. C’est le prix à payer pour atteindre enfin le plateau du mont Jacques-Cartier, porte-étendard granitique des vieux monts McGerrigle, nés d’une bulle de magma, et royaume de la toundra alpine.

À 1270 m, le mont Jacques-Cartier est le deuxième plus haut sommet du Québec après le mont D’Iberville. Le sol est ici un gigantesque champ de pierres entre lesquelles poussent quelques plantes naines. En cette magnifique journée ensoleillée, on imagine mal la réputation des lieux pour les vents violents et le froid intense qu’affectionnent semble-t-il les caribous. Ils sont une vingtaine encore à s’épivarder entre les vallées supérieures verdoyantes, agrémentées de quelques arbres, et le sommet pierreux.

À 1270 m, le mont Jacques-Cartier est le deuxième plus haut sommet du Québec après le mont D’Iberville. Photo: Anne Pélouas

L'abri Éole est un belvédère parfait pour observer les environs à 360 degrés. À la jumelle, nous serons plusieurs à découvrir en compagnie d’une garde-parc naturaliste cinq caribous en balade sur la crête du mont voisin, celui de la Passe.

L'abri Éole est un belvédère parfait pour observer les environs à 360 degrés. Photo: Anne Pélouas

Sur le chemin du retour, la courte boucle du Caribou (1 km) descend à la limite des arbres, puis remonte en surplomb d’une vallée peu profonde. C’est là que j’aurai la chance de voir d’assez près une femelle caribou et son jeune faon, bien occupés à se nourrir.

Voir la baie des Chaleurs du haut du parc régional du mont Saint-Joseph

De la Haute-Gaspésie à la baie des Chaleurs, la route 299 traverse en 145 km le parc national de la Gaspésie, puis la réserve faunique de la Rivière-Cascapédia. Du fleuve au golfe du Saint-Laurent, on transite par une immense forêt, mais on ne quittera presque plus ensuite la vue sur l’eau.

En filant à l’ouest vers Maria, puis Carleton-sur-Mer, une longue barrière montagneuse barre l’horizon à 5 km du littoral. Cette partie orientale de la chaîne des Appalaches culmine à 555 m, au sommet du mont Saint-Joseph. C’est là qu’est installé le pavillon d’accueil du parc régional du mont Saint-Joseph, jouxtant une chapelle historique. Le terrain de jeu offert alentour aux amateurs de plein air, sur les flancs du mont Saint-Joseph comme en direction du mont Carleton, puis de l’arrière-pays de Maria, est impressionnant.

Pas étonnant que le parc régional soit devenu en quelques années un pôle majeur d’activités de plein air dans la région de la Baie-des-Chaleurs. Il compte 35 km de sentiers pédestres et 25 km de pistes de vélo de montagne (ouverts jusqu’au 1er novembre), ainsi qu’une paroi d’escalade, sans compter les activités d’hiver (fatbike, ski de fond et raquette).

Du belvédère du sommet, on a sans conteste l’un des plus beaux panoramas sur la baie des Chaleurs, notamment le barachois de Carleton-sur-Mer. En randonnée, le couvert forestier des flancs de la montagne offrira néanmoins de nombreuses échappées visuelles.

Du belvédère du sommet, on a sans conteste l’un des plus beaux panoramas sur la baie des Chaleurs, notamment le barachois de Carleton-sur-Mer. Photo: Anne Pélouas

Parmi les sentiers vedettes, il y a la boucle de l’Éperlan, de niveau intermédiaire. On la «boucle» en une heure environ pour 3 km. Le sentier débute sur le chemin à Bouchard (stationnement P1), au nord-est de Carleton-sur-Mer. Il longe ensuite un ruisseau et grimpe au belvédère de la chute Les Saults.

Au retour sur vos pas, la suite du sentier emprunte d’abord un pont et redescend vers le stationnement. On peut aussi poursuivre sur le sentier Les Rescapés, côté ouest, pour un plus long circuit avec retour par Le Taguine, qui offre deux autres belvédères.

Un autre sentier de courte durée (1,8 km) est accessible par le P2, sur la route de la Montagne (en montée) ou carrément au sommet du parc (P3), presque toujours en descente. Le parcours linéaire nommé Le Cap ferré, tout en forêt, procure lui aussi quelques superbes points de vue sur la baie des Chaleurs.

Le belvédère du sentier Le Cap ferré offre un beau panorama. Photo: Anne Pélouas

La boucle du mont Carleton est, elle, classée difficile. Elle court sur 13 km, en forêt, avec de bonnes montées, des escaliers et des belvédères. Comptez cinq à six heures de marche au départ de Maria (P6) par le sentier Grand Sault, puis celui du mont Carleton. Passé son sommet, la descente mène au sentier Coupe de Roche, puis au Trécarré, au Chikanki, avant de rejoindre le Grand Sault.

Pour un séjour prolongé, optez pour le glamping au sommet. Le parc régional a bâti quatre géodômes à flanc de montagne pour dormir sous les étoiles. Y ayant passé une nuit, je suis à même de vous dire qu’ils sont particulièrement bien aménagés et équipés, avec grande fenestration et terrasse dominant le barachois de Carleton-sur-Mer.

Le parc régional a bâti quatre géodômes à flanc de montagne pour dormir sous les étoiles. Photo: Facebook Parc régional du Mont-Saint-Joseph

Bon à savoir

Un bus pour le mont Jacques-Cartier

Dans le parc national de la Gaspésie, on peut encore profiter durant les weekends et jusqu’au 10 octobre, sur réservation, d’un bus qui part à 9h du Centre de découverte et de services du parc pour se rendre au pied du mont Jacques-Cartier. Avec retour à 16h. Cout: 9,25$; gratuit pour les enfants accompagnés. Pour tous, ensuite, une navette payante (8$ pour les adultes) est obligatoire pour se rendre au départ du sentier. Départs réguliers entre 10h et 12h; retours entre 14h15 et 16h.

Journée des parcs nationaux du Québec

Le 10 septembre est la journée des parcs nationaux du Québec. Ce jour-là, l’accès est gratuit pour tous, mais mieux vaut réserver son droit d’accès en ligne avant de se déplacer. Dans chaque parc, une programmation spéciale a été préparée: rencontres avec des garde-parcs naturalistes, ateliers sur la faune et la flore, rallyes, contes et légendes, activités à saveur historique.

Traversée des 3 Vallées: une longue randonnée d’exception

De la fin de juin à la fin de septembre, on peut effectuer en six jours le circuit pédestre balisé de la Traversée des 3 Vallées en haute montagne savoyarde, avec coucher en refuges d’altitude. 

«Ce n’est pas la Savoie qui a été rattachée à la France, mais la France qui a été rattachée à la Savoie» (en 1860), répètent souvent les Savoyards. Dans les Alpes, ce département est en tout cas reconnu pour son art de vivre (notamment gourmand) et sa nature singulière dans les montagnes alpines. Quoi de mieux pour le découvrir que de prendre son sac à dos (sans excès de stock), ses bottes et ses bâtons de marche pour partir à l’aventure sur la Traversée des 3 Vallées, partie du Grand Tour de la Tarentaise (GTT)?

Le Grand Tour de la Tarentaise

La vallée de la Tarentaise est un «pays» à part en Savoie, situé entre le Beaufortain, la vallée de la Maurienne et l’Italie. Elle s’inscrit dans un écrin de montagnes, avec le glacier de la Galise (3276 mètres) et La Grande Casse, imposant point culminant à 3855 mètres, pour porte-étendards.

Dans ce décor grandiose, Le Grand Tour de la Tarentaise est une longue randonnée de 27 jours en montagne, qui transite en partie par le parc national de la Vanoise et dans les cinq réserves naturelles nationales qui le jouxtent. On peut bien sûr accomplir des étapes plus courtes, à la journée ou sur quelques jours seulement, comme je l’ai fait en traversant à pied «les trois vallées» de Courchevel, de Méribel et de Belleville dans un environnement toujours somptueux.

Le parcours nécessite une bonne condition physique et surtout de l’endurance, vu la longueur des étapes et les conditions météo parfois changeantes, comme souvent en haute montagne.

Jour 1: à la porte du GTT et du parc de la Vanoise

Au-dessus de Pralognan, dans le vallon de Chavière, le Pont de la Pêche constitue notre point de départ, avec moins d’une heure de montée pour atteindre le refuge du Roc de la Pêche où l’on passe la nuit, entouré de montagnes et face à une vallée surmontée d’un glacier. Ce refuge est la porte d’entrée du GTT et du parc national de la Vanoise, que nous traverserons ou longerons plusieurs fois en six jours.

Photo: Anne Pélouas

Jour 2: un premier col et le Petit Mont Blanc 

Au matin, nous entamons une montée continue à flanc de montagne jusqu’au col du Mône, avalant déjà plus 600 mètres de dénivelé!

Au royaume de la caillasse (caillou) agrémentée de jolies fleurs, nous nous hissons jusqu’au col d’où la vue embrasse en contrebas le torrent du Doron de Chavière et toute la vallée vers Pralognan.

Photo: Anne Pélouas

Un léger détour nous amène au sommet du Petit Mont Blanc, tout en gypse crayeux. Comme on approche, le vent se met de la partie. À 2677 mètres, à l’heure du lunch, on comprend pourquoi certains randonneurs s’abritent dans de grands trous dont le gardien du refuge suivant nous dira qu’il s’agit d’entonnoirs de dissolution de la roche saline.

Photo: Anne Pélouas

La vue s’étend vers les glaciers des Nants, la vallée et la ville de Pralognan, des cirques et des arêtes, la Grande Casse surtout, et toute la partie ouest que nous allons dévaler en après-midi. L’aller-retour de cette portion de notre randonnée peut parfaitement constituer une magnifique journée dans les montagnes.

Photo: Anne Pélouas

Une longue descente de l’autre côté du col du Mône nous mène pour notre part au petit col des Saulces, puis dans les alpages jusqu’au lac Blanc et au chalet de la Grande Val, avant une remontée jusqu’au refuge du Grand Plan d’où nous pourrons visualiser toute notre traversée de l’après-midi, et plus encore!

Photo: Anne Pélouas

Jour 3: du Népal à la marmotte Zoé

Cerné de montagnes, le petit refuge du Grand Plan a un gardien et un assistant népalais plus que charmants, en plus d’un panorama hors pair sur l’Aiguille du Râteau et le Roc de la Pêche, en arrière-plan de deux collines verdoyantes.

La journée débute par une gentille montée vers le lac Merlet inférieur, au-dessus duquel est perché le refuge des Lacs Merlet, dans le parc national de la Vanoise. Sans sac, nous allons voir le lac Merlet supérieur, au cœur d’un cirque rocheux, à 2450 mètres d’altitude. Ces deux «lacs froids» sont le domaine des salmonidés introduits par l’homme: truite arc-en-ciel dans l’inférieur, «omble du Canada» dans le supérieur.

Photo: Anne Pélouas

Le sentier grimpe ensuite tranquillement vers le sud au milieu de pelouses fleuries, puis en lacets pendant plus d’une heure, accompagné de bonnes bourrasques, avant d’atteindre le col de Chanrouge. Le panorama minéral offre entre autres des roches rouges au pied de l’aiguille des Corneillets.

Photo: Anne Pélouas

Une longue descente nous attend encore vers un torrent qu’on aperçoit, minuscule, tout comme le refuge du Saut, encore plus en contrebas, vers lequel nous nous dirigeons. En progressant vers le bas, nous profiterons encore d’une vue vertigineuse sur le torrent. Puis un parcours entre des rhododendrons fleuris aboutit au refuge du Saut (avec sa marmotte résidente Zoé). Le refuge nous offre un autre cadre de choix, au confluent de deux torrents, entre le Plan des Génisses et Grosse Tête.

Photo: Anne Pélouas

Jour 4: en passant par Val Thorens 

Notre rando du jour prévoit 16,7 km de marche, un dénivelé positif de 780 mètres et un négatif de 870… pour atteindre le refuge du Lac du Lou.

Après une descente légère sur un chemin rocailleux jusqu’au chalet de la Plagne, en bordure du torrent des Allures et au pied de l’Aiguille du Fruit, la montée en lacets au col du Vallon en une heure environ est bucolique à souhait, tout comme la pause au joli lac du Borgne.

La suite est moins agréable, le sentier empruntant une piste de ski alpin qui n’en finit pas de monter sur plusieurs centaines de mètres jusqu’au col de la Chambre (2786 m). Le décor du haut de la station de ski de Val Thorens, déserte, est assez surréaliste. Reste pour nous une longue descente vers le lac du Montaulever, puis le village de Val Thorens, lui aussi quasi désert. Entre les départs des télésièges, notre sentier se fraie un chemin à travers une piste de ski pour s’éloigner de la civilisation et retrouver, 4 km plus loin, un refuge providentiel où nous attendent repas savoyard et repos bien mérité.

Photo: Anne Pélouas

Jour 5: entre Tarentaise et Maurienne

Du refuge du Lac du Lou, une montée de 635 m en direction du collet Blanc conclut la digestion du copieux petit-déjeuner. En récompense, un magnifique panorama s’ouvre  sur la vallée de la Maurienne.

Une longue descente nous attend ensuite dans des pelouses alpines, surtout après le lac de la Montagnette et le chalet du Fruit Commun. De croupes en plateaux herbeux, la descente se poursuit en lacets dans une végétation de plus en plus dense. Notre destination apparaît au loin, mais il faudra encore un certain effort pour atteindre le hameau des Cariots, puis le refuge de Gittamelon… avec 14 km au compteur, 630 m de dénivelé en montées et 990 m en descente.

Photo: Anne Pélouas

Jour 6: vive les guides et à bas le mauvais temps

Pour cette étape au départ du refuge de Gittamelon jusqu’au Plan Lombardie, comme pour la précédente, nous étions accompagnées d’un guide de la vallée des Belleville, ce qui s’est avéré une bénédiction, compte tenu du mauvais temps qui empêchait de bien repérer la signalisation.

À moins d’être un pro de la randonnée avec carte et boussole, je recommande de faire cette étape longue de 18 km, dotée de plusieurs cols et de plus de 1500 m de dénivelé positif et négatif, avec un guide. C’est le type de journée qui démontre l’importance d’avoir un bon équipement pour la haute montagne.

Notre mise en jambes gentille – sous un beau ciel bleu – dans la vallée des Encombres, puis en montée continue dans les prairies du vallon de Varlossière en direction du col du Châtelard (2382 m) allait virer au vinaigre…

Photo: Anne Pélouas

Sous le col, le ciel vire pour sa part au gris puis au noir, avec pluie et vent. On sort les imperméables et vestes Gore-Tex, la tuque et les gants; on emballe les sacs à dos, et on continue. La température a drastiquement baissé et nous franchirons péniblement le col cerné par la brume. En contrebas, nous trouverons à nous abriter dans une cabane de berger, histoire de nous réchauffer un peu et d’avaler notre lunch.

Photo: Anne Pélouas

Par chance, le ciel se dégagera ensuite pour nous offrir quelques rayons de soleil durant la descente de 10 km. Nous sommes trempés de la tête aux pieds, mais la marche est un bon remède contre le froid.

Photo: Anne Pélouas

En fin de parcours, un petit chemin nous mènera du hameau de La Sauce au refuge Plan Lombardie, où le gardien Emmanuel allumera son poêle à bois pour que nous puissions sécher nos bottes et nos vêtements mouillés, avant d’aller nous préparer quelques plats typiques. Nous dormirons ensuite sur nos deux oreilles, bien au chaud… pour bien clore ce périple montagnard itinérant.

Bons plans 

  • Procurez-vous avant de partir le très complet topoguide Le Grand Tour de Tarentaise, publié par les éditions Glénat, et réservez vos refuges à l’avance, surtout en juillet et août.
  • Pour faire appel à un guide ou accompagnateur en montagne, consultez le site de la Compagnie de la Vanoise. Plusieurs bureaux de guides de la Tarentaise existent aussi dans les différents villages de la vallée. Renseignez-vous dans leurs offices de tourisme, comme celui de Moûtiers ou celui des Menuires.
  • Faites un arrêt, au retour, à la Coopérative laitière de Moûtiers pour repartir avec un fromage de montagne, comme le Beaufort, ou utiliser son libre-service extérieur en dehors des horaires réguliers. Profitez-en pour faire la tournée des œuvres de street art qui parsèment les murs et les rues de la petite ville. Ou participez au Festival du Street Art de Moûtiers, du 5 au 11 septembre prochain.
  • Chaque année, une marche de transhumance est organisée à la fin de juin au départ de Moûtiers pour accompagner les bergers montant chèvres et vaches dans les alpages où ils passeront l’été. Le cortège est coloré et le parcours de 2 heures 30 environ se termine par une fête champêtre au chalet-restaurant Chez Pépé Nicolas, sur les hauteurs de Moûtiers.
Marche de transhumance en Savoie. Photo: Anne Pélouas