Initié en 1894, le Carnaval de Québec a su évoluer et se renouveler au fil des années. Voici 35 images qui vous feront vivre son histoire, d'hier à aujourd'hui.
Initié en 1894 par des gens d’affaires de la région, le Carnaval de Québec offrait une foule d’activités hivernales (glissade, raquette, curling, hockey, concours de souque à la corde, course en canot de glace, etc.), en plus du populaire défilé et de l’incontournable attaque du fort de glace.
Interrompu par la Première Guerre mondiale (1914-1918), puis la Grande Dépression et la Seconde Guerre mondiale, le carnaval tel qu’on le connait aujourd’hui ne sera relancé qu’en 1954 par des entrepreneurs et des bénévoles de la région. C’est d’ailleurs cette année-là qu’apparait le fameux Bonhomme Carnaval, des mains du tailleur Alfred Tétrault.
Le 21 janvier 1948, pour la toute première fois, un drapeau, le fleurdelisé, flotte au-dessus de la tour de l’Assemblée nationale (l’Assemblée législative de son nom de l’époque). Vers 15h, à l’intérieur de l’enceinte, fier de la surprise qu’il réserve aux membres du parlement qui n’ont pas encore vu l’étendard, le Premier Ministre Maurice Duplessis prononce un discours avec la fougue qu’on lui connaissait, dans lequel il explique ce que ce drapeau représente. «Un drapeau c’est un emblème (…) C’est l’illustration du désir de vivre et de survivre. Un drapeau c’est une preuve que nous ne sommes pas en curatelle ni en tutelle. Un drapeau c’est dire que nous sommes quelqu’un, que nous descendons de quelqu’un, que nous voulons vivre notre vie, dans le respect des droits de chacun, le respect intégral de nos prérogatives, de nos droits et de nos libertés. C’est ça un drapeau! »
Duplessis répondait clairement ainsi à la grogne qui régnait autour de l’Union Jack qui flottait au-dessus du parlement et des institutions de la province, symbole de l’assujettissement de la province à la couronne d’Angleterre.
Bien que Duplessis se soit ainsi approprié l’idée d’un drapeau pour le Québec, ce n’est pas à lui qu’on doit l’initiative, mais plutôt au député indépendant René Chaloult, qui militait depuis longtemps pour doter la province de son drapeau. Son projet initial était composé d’une croix blanche sur fond azur, mais les fleurs de lys étaient disposées de biais au quatre coins pointant vers le centre du drapeau. Le député Chaloult devait d’ailleurs présenter une motion pour l’adoption du drapeau, le 21 janvier. Duplessis lui a coupé l’herbe sous le pied en faisant l’annonce de son installation.
Peu enthousiaste au départ, Maurice Duplessis avait fini par se rallier au projet, mais l’a fait modifier en demandant que les fleurs de lys soient positionnées à la verticale, bien droites. Devant son coup de théâtre, le député Chaloult a fait bonne figure.
Autre contribution à ce drapeau dont quelques versions avaient été proposées ou promues au cours de décennies précédentes, celle du curé de Saint-Jude, Elphège Filiatrault, qui dans une tentative de lancer un drapeau pour représenter la nouvelle nation en terre d’Amérique, avait proposé une version en fond bleu azur. Son drapeau n’a pas fait de consensus au-delà de la paroisse, mais le bleu qu’il avait choisi est celui qui sera finalement utilisé.
L’annonce très théâtrale du drapeau en chambre a valu un triomphe à Maurice Duplessis, tous les partis d’opposition et les grandes institutions ont unanimement applaudi l’instauration du fleurdelisé, qui a fait consensus.
En complément, ce documentaire sur le drapeau du Québec diffusé en 1960:
En ce jour anniversaire du 21 janvier 2023, divers rassemblements sont prévus dans plusieurs régions du Québec pour souligner l’anniversaire du drapeau québécois et la Société Saint-Jean Baptiste invite les Québécois à afficher des drapeaux à leur balcon ou fenêtre pour marquer l’événement.
Les «tapis» d’automne ont encore tout leur charme dans la région de Québec, même si les arbres ne brillent plus de couleurs chaudes. À pied ou à vélo, on en profite!
Le site impressionne toujours depuis la route 138, à l’est de Québec. La majesté de la chute elle-même, qui n’en finit pas de déverser ses mètres cubes d’eau du haut de ses 83 mètres, y est pour beaucoup. Pour l’admirer de plus près, on emprunte dès l’entrée principale un tout nouveau «sentier» de bois, nommé «promenade de la chute» et qui mène quasiment à son pied, côté ouest.
Une passerelle permet aussi de filer vers l’est du bassin jusqu’au pied de l’escalier panoramique, comptant 487 marches. Les plus valeureux le prennent en montée, les autres en descente… À moins que vous n’empruntiez le téléphérique, qui donne une vue tout aussi spectaculaire sur la chute.
À l’approche du sommet, le minéral cède la place au végétal. La terrasse du superbe Manoir Montmorency est désormais déserte, mais pas la promenade de la Falaise, très fréquentée, à moins que vous soyez venus dès l’ouverture, le matin.
Le sentier de bois qui colle à la paroi, où des vinaigriers sont encore rouges, vous rapproche au plus près de la chute, surtout au belvédère de la Baronne, légèrement en contrebas. Quelques volées de marches ramènent à l’entrée du pont suspendu enjambant la rivière Montmorency. Au-dessus des premiers bouillons de la chute, le plan d’eau semble étonnamment calme. Dessous, c’est la cavalcade des «moutons blancs». Gare au vertige! La vue magique s’étend alors sur l’île d’Orléans, au relief bombé.
On peut marcher ensuite dans un boisé jusqu’à l’entrée de Boischatel et poursuivre par le pont de la Faille, qui domine la «faille de Boischatel», laquelle fait 43 kilomètres de long. On atteint les vestiges de la Redoute (camp retranché de l’armée britannique en 1759) et la Maison Wolfe. Certains pique-niquent encore sur une vaste esplanade verdoyante bordée par un verger, avant de redescendre par l’escalier monumental.
On peut aussi faire demi-tour jusqu’au pont suspendu et aller explorer le sentier des Résurgences (2,5 km aller-retour), qui court vers le nord en longeant la rivière. Il monte et descend en forêt, se rapproche de rapides ou, au contraire, d’eaux bien calmes qu’on entraperçoit dans des trouées forestières. Après une pause au soleil sur les pierres du rivage, on reprend la marche jusqu’à la fin du sentier, près d’une passerelle donnant vue sur un barrage, avant de faire demi-tour.
En face du parc de la Chute-Montmorency, le pont de l’île d’Orléans vous ouvre les portes d’un beau terrain de jeux pour le vélo et la marche. De gros travaux préparatoires à l’érection d’un nouveau pont sont en cours à l’entrée de l’île. Il faut donc s’attendre à quelque attente, surtout les week-ends. Ensuite, c’est le paradis bucolique!
Les adeptes de vélo de route connaissent bien la route qui fait le tour de l’île, qui est longue de 34 kilomètres, avec six jolis villages à traverser et des panoramas superbes sur la ville de Québec et la chute Montmorency côté ouest, le fleuve, le cap Tourmente et la Côte-de-Beaupré, vers l’est.
À vélo, on peut aussi raccourcir son circuit ou le détailler sur plusieurs jours. La partie ouest se fait bien par le chemin Royal, de Saint-Pierre à Sainte-Pétronille, avec retour par la rue Prévost, qui traverse l’île. Même chose, côté est, en partant de Sainte-Famille vers la pointe d’Argentenay, puis Saint-François et Saint-Jean, avec retour par la route du Mitan. Cette très jolie route (fermée à la circulation routière en hiver) fait passer d’une rive à l’autre en grimpant sur les hauteurs de l’île dans un décor de champs à perte de vue, avec quelques boisés touffus. Ces deux parcours sont aussi surprenants dans un sens que dans l’autre, car on change constamment de perspectives.
À pied, les «ressources» sont plus limitées sur l’île d’Orléans, surtout quand la pointe d’Argentenay est fermée, comme c’est le cas en automne. Voici quelques-unes de mes promenades préférées :
Du quai de Sainte-Pétronille à la promenade Horacio Walker: pour la vue sur le fleuve, le Vieux-Québec et la chute Montmorency.
Le Sentier d’un flâneur (2,5 km), qui débute à L’Espace Félix-Leclerc, à Saint-Pierre, et descend vers la batture.
La tour d’observation pour voir le mont Sainte-Anne et le cap Tourmente, sur le territoire de Saint-François. Un court sentier longeant le chemin Royal mène au secteur de l’église du village.
Du quai de Saint-François, on peut marcher longtemps sur la grève en direction est.
À l’arrière de l’église de Saint-Jean, empruntez la rue de l’Église jusqu’au bout, en bordure de fleuve, ou marchez sur la grève à marée basse.
Baladez-vous dans le parc des Ancêtres, à Sainte-Famille, qui donne sur la Côte-de-Beaupré, et visitez la Maison de nos Aïeux, centre d’histoire et de généalogie.
Du parc maritime de Saint-Laurent, où les vestiges du chantier naval sont nombreux, on peut se promener en forêt sur les chemins alentour.
Ailleurs dans la région de Québec
Parc national de la Jacques-Cartier
Le parc national de la Jacques-Cartier, au nord de la ville de Québec, dévoile des charmes nouveaux quand ses forêts s’éclaircissent à la tombée des feuilles. Il y en a pour tous les goûts en matière de sentiers pédestres, du plus facile, comme la boucle de la Tourbière (2,9 km) ou L’aperçu (2,2 km), aux plus difficiles, comme Le perdreau (boucle de 5,4 km), passant par une érablière et des sous-bois encore verdoyants. L’éperon vous fait monter sur L’épaule, avec les méandres de la rivière à vos pieds, en une boucle de 5,4 km. Même chose pour le sentier Les loups (plus difficile, mais si gratifiant pour la vue), avec deux belvédères pour un parcours total de 11 kilomètres.
Pour finir en beauté, vous pourriez opter pour le sentier Scotora, dans le secteur de la Vallée, qui n’est pas le plus connu du parc. Son éloignement par rapport à l’entrée (au kilomètre 30) est à la mesure de sa longueur: 16 kilomètres aller-retour, avec un dénivelé de 405 mètres, qui transporte d’un haut plateau au sommet du mont Andante, avec une vue embrassant toute la section nord de la vallée de la Jacques-Cartier.
Vallée Bras-du-Nord
Dans la Vallée Bras-du-Nord (région de Portneuf), plusieurs sentiers valent aussi la balade en cette fin d’automne, quand les paysages se dégagent de la forêt en route vers l’hiver. L’un d’eux permet, en 13 kilomètres aller-retour, de se rendre au pied de la chute Delaney en longeant la rivière, puis de grimper au-dessus d’une falaise, avec deux beaux points de vue sur la vallée.
La boucle de la Hauteur, plus facile, procure néanmoins bien du plaisir sur 7,2 km, avec une ascension plutôt gentille aux abords d’un ruisseau bordé de grands cèdres et qui conduit à un panorama sur le cap des Sept-Côtes et la rivière en contrebas.
Bon à savoir
Chasse: Où que vous alliez marcher au Québec, en-dehors des parcs nationaux, pensez à vérifier que vous ne traversez pas un territoire où la chasse est permise en novembre. Portez si possible un habit fluo et un sifflet pour vous faire entendre au besoin.
Activités naturalistes au Pavillon du Saint-Laurent. À Baie-Saint-Paul, dans Charlevoix, les guides-naturalistes de l’organisme Guêpe poursuivent jusqu’au début décembre leurs activités d’interprétation «Dimanches nature», gratuites.
Il y a 40 ans, le 14 septembre 1982, la princesse Grace de Monaco, née Grace Kelly, était victime d’un accident de voiture à l’âge de 52 ans. Icône de style et de beauté, l’actrice oscarisée avait tourné pour les grands réalisateurs, dont Alfred Hitchcock et John Ford. Après son passage à Montréal pour l’Expo 1967, la princesse revient au Québec en 1969 en tant qu’invitée d’honneur du Carnaval de Québec suite à l’invitation de son amie d’enfance, Mary Lamontagne, épouse du maire de Québec. En voici quelques photos souvenir.
1- Grace Kelly au Carnaval de Québec, 1969
2- Grace Kelly au Carnaval de Québec, 1969
3- Grace Kelly au Carnaval de Québec, 1969
4- Grace Kelly au Carnaval de Québec, 1969
5- Grace Kelly au Carnaval de Québec, 1969
6- Grace Kelly au Carnaval de Québec, 1969
7- Grace Kelly au Carnaval de Québec, 1969
8- Grace Kelly au Carnaval de Québec, 1969
9- Grace Kelly au Carnaval de Québec, 1969
10- Grace Kelly, le maire de Québec Gilles Lamontagne et son épouse Mary Lamontagne
11- Grace Kelly au Carnaval de Québec, 1969
12- Grace Kelly au Carnaval de Québec, 1969
13- Grace Kelly au Carnaval de Québec, 1969
14- Grace Kelly, le maire de Québec Gilles Lamontagne et son épouse Mary Lamontagne
15- Grace Kelly, le maire de Québec Gilles Lamontagne et son épouse Mary Lamontagne
16- Grace Kelly au Carnaval de Québec, 1969
17- Grace Kelly au Carnaval de Québec, 1969
18- Grace Kelly au Carnaval de Québec, 1969
19- Grace Kelly au Carnaval de Québec, 1969
20- Grace Kelly au Carnaval de Québec, 1969
21- Grace Kelly danse au Château Frontenac pendant le carnaval de Québec de 1969
Depuis le 22 septembre 2021, le gouvernement du Québec a complètement réformé les règles de protection sur les renseignements personnels. Dans les médias, cette réforme – la Loi 25 – est passée sous silence alors qu’il s’agit d’une avancée majeure. Mais attention: aussi avant-gardiste soit-elle, cette nouvelle loi restera caduque si le gouvernement néglige son application.
D’inspiration européenne, cette nouvelle «Loi modernisant des dispositions législatives en matière de protection des renseignements personnels» – anciennement «projet de loi 64», désormais surnommée Loi 25 – est désormais LE modèle pour l’Amérique du Nord au grand complet.
Les entreprises, les organisations à but non lucratif (OBNL) et les agences de l’État devront désormais composer avec des règles sévères en matière de consentement et d’échanges de données visant à protéger la vie privée de la population. Et les manquements seront soumis à des amendes pouvant s’élever à 2% du chiffre d’affaires mondial des contrevenants.
Une mise en application à surveiller
La Loi 25 élargit considérablement les pouvoirs de la Commission d’accès à l’information (CAI), notamment ses pouvoirs punitifs et d’enquête, mais le gouvernement devra lui en donner les moyens.
Si cette petite structure de 73 employés n’embauche pas plus de personnel et ne lui dégage pas les moyens pour exercer ses pouvoirs d’enquête, ce nouvel organe extrajudiciaire sera incapable de jouer le rôle central que le gouvernement veut lui confier.
Il faudra donc surveiller la mise en application de la Loi 25 pour que le nouveau chien de garde de la vie privée des Québécois ait le pouvoir de mordre au lieu de simplement japper comme un vulgaire caniche.
Des pratiques à revoir
Si la presse a si peu parlé de cette avancée majeure, c’est parce que la nouvelle loi n’entrera en vigueur qu’à compter de septembre 2022, avec des contraintes graduées pour 2023 et 2024. Mais ne vous y trompez pas: c’est le branle-bas dans tous les conseils d’administration et les cabinets. En fait, ce sont toutes les entreprises nord-américaines qui accumulent des données de Québécois qui surveillent ce qui se prépare au Québec, car elles devront s’y conformer.
En 2016, l’Union européenne avait provoqué un choc similaire avec son Règlement général sur la protection des données (RGPD) – dont s’est inspiré Québec. En fait, si de plus en plus de sites web d’entreprises nord-américaines nous proposent d’accepter ou de refuser leurs témoins de connexions (les fameux «cookies»), nous pouvons dire merci au RGPD.
Les nouvelles dispositions québécoises auront un effet similaire. Les assureurs, notamment, sont à revoir les règles d’assurance responsabilité pour les organisations, qui seront forcées de s’ajuster.
Le Québec à l’avant-garde
Il y a 40 ans, le Québec s’était donné des lois très avant-gardistes sur la protection des renseignements personnels, qui créaient certaines obligations pour l’État et les entreprises. C’était l’époque des télécopieurs! Depuis, ces lois étaient devenues caduques faute d’avoir évolué avec le développement des technologies de l’information, d’Internet, du web et des réseaux sociaux.
Les Québécois peuvent se féliciter que le gouvernement Legault ait osé pousser le bouchon aussi loin, prenant ainsi une avance considérable sur Ottawa, Washington, et toutes les autres capitales provinciales et d’États, auxquelles il donne le «la». Compte tenu de la timidité de ce gouvernement pour agir sur d’autres grands enjeux d’intérêt général, comme l’environnement, les soins à domicile ou le logement abordable, on peut même s’étonner qu’il aille aussi loin dans ce dossier.
Nouvelle loi, nouveaux droits
En plus de créer de nouvelles obligations aux organisations, les 164 articles de la nouvelle loi formulent de nouveaux droits, comme le droit à la désindexation et le droit à la portabilité.
Ainsi, un citoyen pourra demander à une organisation de cesser de diffuser des renseignements personnels ou de désindexer tout hyperlien donnant accès à certains renseignements s’ils lui portent préjudice ou sont de nature illégale.
Le droit à la portabilité, lui, obligera les organisations à communiquer aux personnes qui en font la demande les renseignements personnels recueillis de manière qu’ils soient réutilisables. En pratique, cela vous permettra de retirer vos informations d’un réseau social (ou de toute organisation) pour les transmettre ailleurs.
La nouvelle loi crée aussi des règles de consentement autrement plus sérieuses que celles qui prévalent actuellement, alors que les utilisateurs du web doivent «consentir» à de vastes politiques illisibles. Les organisations devront présenter un formulaire écrit en langage clair. Tout utilisateur devra expressément consentir à l’usage de ses données, et en particulier pour un usage non prévu au consentement initial. Quant à la collecte de données sur des mineurs, les parents ou le titulaire de l’autorité parentale devront obligatoirement y consentir de manière explicite.
Sur la question du profilage, les organisations qui recueillent des renseignements permettant de vous identifier ou de vous localiser devront vous en informer. Ces technologies ne pourront être activées par défaut: c’est vous qui devrez le faire.
Le législateur a également prévu le coup quant à l’intelligence artificielle. Si c’est une machine qui décide de votre cas, vous devrez en avoir été avisé au moment de la décision. Et vous devrez avoir la possibilité d’en appeler auprès d’un membre du personnel.
Nouvelle loi, nouvelles contraintes
Cette loi crée aussi une série de contraintes sur la possession et le stockage de renseignements personnels. Les organisations devront détruire ceux-ci lorsqu’ils ne seront plus utiles aux fins pour lesquelles ils ont été recueillis. Elles pourront les conserver à la seule condition de les anonymiser à des fins sérieuses et légitimes ou d’intérêt public.
La nonchalance sera fortement réprimée. Les organisations devront obligatoirement désigner un responsable des renseignements personnels (la loi prévoit que cette responsabilité incombera à la présidence du conseil d’administration par défaut). Ce responsable devra évaluer le niveau de protection des renseignements personnels selon un protocole établi pour chaque fusion ou acquisition, chaque refonte des systèmes informatiques et chaque projet de prestation de service en ligne.
Dès septembre prochain, les organisations devront aviser la CAI et les personnes concernées de tout «incident de confidentialité» (cyberattaque, cyberfraude, rançonnage ou simple perte ou vol d’un appareil). Leur «registre des incidents de confidentialité», désormais obligatoire, sera mis à la disposition de la CAI sur demande. Les entreprises devront même répondre de la gestion des serveurs de fournisseurs situés en dehors du Québec.
Des pouvoirs conséquents et nécessaires
Après 40 ans à régenter l’accès aux documents de l’État, la Commission d’accès à l’information prend donc un coup de jeune pour devenir un réel organe extrajudiciaire chargé de pouvoirs punitifs, d’ordonnance et d’enquête. Elle pourra imposer des amendes salées aux organisations et intenter des poursuites pénales. En cas de préjudice sérieux, elle aura le pouvoir de commander que les personnes concernées soient avisées, que des mesures soient prises, et d’imposer que les renseignements soient remis à leur propriétaire ou détruits.
Cette réforme, aussi importante soit-elle en matière de protection de vie privée, prend une dimension additionnelle dans le contexte de la réforme informationnelle qui se dessine au sein du ministère de la Santé et des Services sociaux – projet de loi 19 sur les renseignements de santé et de services sociaux.
Depuis 50 ans, ce ministère accumule des quantités hallucinantes d’informations de première main sur les soins prodigués aux Québécois, mais ces données n’ont jamais été utilisées efficacement du fait qu’elles sont verrouillées au plan légal – en fait, c’est même l’un des principaux problèmes du système de santé québécois. Or, la crise sanitaire des deux dernières années a révélé au gouvernement toute la valeur de cette masse d’information. Si les gestionnaires ont été en mesure de prévoir avec exactitude le nombre de lits nécessaires chaque semaine ou d’obtenir le portrait exact des taux de vaccination des étudiants par établissement, c’est grâce aux pouvoirs obtenus à travers les décrets spéciaux. Ce déverrouillage du vieux cadre légal de protection des données a ainsi permis des croisements de données inusités et difficilement réalisables auparavant, sortant la filière de soins de l’ère des télécopieurs pour l’amener au 21e siècle.
C’est pourquoi le ministre de la Santé et des Services sociaux a déposé ce projet de loi 19 dès décembre 2021, plusieurs mois avant d’annoncer ses projets de réforme du ministère. Or, cette nouvelle manière de gérer les renseignements de santé et de services sociaux ne serait pas possible sans la Loi 25, qui encadrera les nouvelles pratiques.
Il faut donc se réjouir que ce gouvernement ait procédé dans le bon ordre au lieu de mettre la charrue devant les bœufs, comme il le fait trop souvent.