En-dehors des parcs nationaux du Québec ou du Canada, on doit une bonne part de la pratique du plein air dans notre province aux entreprises québécoises spécialisées en tourisme de nature et d’aventure qui nous proposent une kyrielle d’activités guidées à faire sur quatre saisons: du kayak au ski de fond, de la via ferrata au ski hors-piste, du rafting à la raquette. Quoi de mieux qu’un congrès annuel comme celui qu’ont tenu la semaine dernière Aventure Écotourisme Québec (AEQ) et l’Association des parcs régionaux du Québec (PaRQ) pour prendre le pouls d’un secteur du plein air vital pour notre bien-être physique et mental? En prime, on vous invite au tout nouveau Festival Objectif Aventure, début décembre à Montréal.
Pour la 25e édition de son congrès annuel, qui a battu un record de participants (260 inscrits), le directeur général d’AEQ et PaRQ, Pierre Gaudreault, constatait d’emblée que le réseau d’entreprises membres d’Aventure Écotourisme Québec était «en plein développement», tandis que celui des parcs régionaux (qui pullulent à l’échelle du territoire provincial) avait «le vent dans les voiles».
Pour les régions, ce segment du tourisme est vital économiquement. Michel Dion, directeur général de Tourisme Charlevoix (région où se tenait le congrès), ne l’a pas démenti, estimant que Charlevoix est entre autres «un terrain fertile pour le tourisme de nature et d’aventure».
AEQ regroupe 233 entreprises de tourisme d’aventure accréditées Qualité-Sécurité, un sceau que vous devriez toujours rechercher. Une soixantaine de membres sont associés, partenaires ou fournisseurs des autres. PaRQ a pour sa part 66 parcs régionaux parmi ses membres, plus 4 membres associés.
Un monde en mutation, des défis pour le secteur du plein air
Les défis des changements climatiques et ceux de la protection de la nature ont agité les esprits durant le congrès.
François Duclos, conseiller chez Conservation de la nature Canada, relevait que le tourisme était un bon vecteur de conservation. Passer du temps en nature, expliquait-il, aiguise la conscience que nous devons mieux faire pour préserver notre environnement. En ce sens, tout amateur de plein air est une cible de choix, selon lui, quand vient le temps de chercher des appuis à la protection de la nature.
Reste qu’on est loin de pouvoir atteindre l’objectif de 30% d’aires protégées au Québec comme ailleurs dans le monde d’ici 2030. «Le Québec fait mieux que le reste du Canada, estimait-il, avec 17% de son territoire en aires protégées, contre 14% ailleurs au Canada, et la province est en phase avec une centaine de pays qui ont atteint les 17%. Si on parle d’aires marines protégées, ajoutait-il, on est seulement à 8% à l’échelle planétaire…»
Marie-Ève Bédard, sous-ministre adjointe au ministère du Tourisme, a pour sa part soufflé le chaud et le froid sur l’assistance. Estimant d’un côté que «les entreprises québécoises d’aventure et de nature sont en avance pour protéger le produit d’appel qu’est la nature», elle relevait par ailleurs que seulement 30% des Québécois sont prêts à adapter leur mode de vie pour diminuer leur empreinte écologique et 10% seulement à accepter de compenser les émissions de gaz à effet de serre liés à leurs déplacements. Elle a invité à cet égard les participants à faire de l’éducation auprès de leurs clients pour rendre le tourisme «plus responsable et durable».
Fonds plein air 1% en progrès
Pour faire sa part, Québec Aventure Plein air, qui regroupe AEQ et PaRQ, a créé en 2020 le Fonds plein air 1% pour la planète. Vingt-huit membres des deux organismes contribuent déjà à ce fonds à raison d’un pour cent de leur chiffre d’affaires. Chaque fois que vous réservez un séjour ou participez à une activité de l’une de ces 28 entreprises, vous contribuez vous-mêmes à ce fonds dont les sommes recueillies (400 000$ depuis 2020) sont remises année après année à des organismes québécois œuvrant à la protection de la nature. Parmi les bénéficiaires, on trouve la Fondation Rivières, Éco-corridors laurentiens, Les Pages Vertes, le Groupe de recherche et d’éducation sur les mammifères marins (GREMM) et la Société pour la nature et les parcs du Canada, section Québec (SNAP Québec).
Nul doute que le nombre d’entreprises d’AEQ et de parcs régionaux participant à ce fonds grossira dans les années à venir. Richard Remy, bien connu comme fondateur de Karavaniers, a en effet été recruté comme consultant pour ce programme.
Parcs régionaux: de la croissance aux grands chantiers
«On peut dire mission accomplie: notre réseau tapisse tout le Québec; nous avons un impact indéniable sur la santé des visiteurs et un impact économique incroyable en région», constatait Stéphane Michaud, président de PaRQ.
Un récent rapport commandé à Raymond Chabot Grant Thornton révèle en effet que les activités des parcs régionaux du Québec ont généré en 2022 des retombées de 91,5 millions de dollars, avec 1342 emplois et des revenus de l’ordre de 19,3 millions de dollars pour les caisses des gouvernements canadien et québécois.
Ces parcs ont reçu quelque 6,8 millions de visites-personnes l’an passé. Les dépenses touristiques des clients sont estimées à 601 millions de dollars.
Ils participent en outre grandement au tourisme de proximité, leur clientèle étant à 27% de la région et à 23% de la localité elle-même. Les visiteurs d’ailleurs au Québec représentent 44% de l’ensemble alors que la clientèle internationale n’en constitue que 5%.
Le réseau des parcs régionaux se bonifie en outre année après année. Les derniers à l’avoir intégré sont le parc de la Rivière-du-Moulin (Côte-Nord) et celui des Grands-Rivières du lac Saint-Jean.
En plus de se doter d’une nouvelle image de marque et de poursuivre ses procédures d’accréditation de parcs en «qualité et sécurité», PaRQ a entrepris plusieurs chantiers d’importance: le lancement d’un projet subventionné d’accessibilité dans les parcs régionaux avec l’organisme Kéroul (PAET); le soutien aux projets d’activités et d’infrastructures pouvant bénéficier du programme gouvernemental de développement de l’offre touristique des parcs régionaux (DOTPR), qui en est à son troisième appel d’offres; la poursuite d’un partenariat avec les Pages Vertes pour élaborer des plans concrets de développement durable.
Réseau plein air Québec: «on y va»
Voici un organisme provincial qui n’a que deux ans d’existence, mais qui gagne à être connu. Il regroupe en effet 11 fédérations dont les membres sont 855 organisations, dont Vélo Québec, Rando Québec, Canot Kayak Québec, Eau Vive Québec, Cheval Québec.
Réseau plein air Québec (RPAQ) aide notamment à la création et à la mise à jour de guides de pratique sécuritaire d’activités de plein air par ces fédérations, à leur travail de géoréférencement de sites et sentiers. Elle œuvre aussi à la création future d’un programme national pour l’encadrement des activités de plein air au Québec.
Son site web On y va est pour vous, amateurs de plein air. Comme celui d’AEQ, ce site permet de découvrir des centaines d’activités de plein air à faire au Québec en toutes saisons, d’accéder rapidement aux sites des fédérations membres et de devenir un «pleinairiste averti», conscient des risques associés à une activité et qui sait comment «faire partie de la solution» en matière de sécurité.
En janvier prochain, précisait sa directrice générale Annick Saint-Denis, RPAQ lancera une nouvelle campagne grand public sur «la courtoisie en plein air», un très bon sujet, à mon avis, ou comment respecter l’autre à une croisée de pistes de ski de fond ou de vélo, dans un refuge ou un camping, avec ou sans chien…
Pleins feux sur les coops de plein air
Le modèle de coopérative n’a jamais été aussi populaire dans l’industrie du plein air. Le congrès lui a consacré une présentation très courue d’Andrée Pelletier, coordonnatrice à la Coopérative de développement régional du Québec. Quelque 200 coopératives en tourisme et loisirs existent au Québec. Plus d’une centaine sont des coopératives de solidarité, 35 de consommateurs, 35 de travailleurs et 23 de producteurs. Ces entreprises collectives jouent un rôle important dans l’offre touristique en région et dans l’imposant écosystème national de l’économie sociale (coopératives, organismes à but non lucratif [OBNL], mutuelles).
Si vous vous intéressez à ce modèle, vous regarderez peut-être d’un autre œil (en les visitant pour faire de la raquette, du ski, du vélo ou du camping) des sites comme ceux de la Vallée Bras-du-Nord (région de Québec), le Parc Aventures Cap Jaseux ou Voile Mercator (Saguenay–Lac-Saint-Jean), la Coopérative de plein-air RAC (Gaspésie), le réseau des auberges du collectif Saintlo ou la coop d’escalade Riki Bloc à Rimouski (Bas-Saint-Laurent).
Prix Excellence plein air 2023
Lors du congrès AEQ-PaRQ, tenu au Manoir Richelieu, à La Malbaie, les prix suivants d’Excellence plein air ont été remis.
Le président d’AEQ, Jean-Michel Hébert, en a profité pour célébrer «le savoir-faire des entreprises de tourisme d’aventure du Québec et leur engagement envers la qualité et la sécurité, qui sont de précieux atouts pour notre industrie touristique». De son côté, Stéphane Michaud, président de l’Association des parcs régionaux du Québec, a estimé que «ces prix mettent en lumière le travail remarquable des gestionnaires de parcs régionaux du Québec et leur engagement envers l’excellence».
- Prix «Produit et service de qualité»: Camps Odyssée
- Prix «Bonnes pratiques de développement durable»: Kenauk Nature
- Prix «Développement et innovation»: Sentier des cimes
- Prix «Rayonnement régional»: Parc régional Kiamika
- Prix «Bonnes pratiques de gestion des bénévoles»: Parc des Sommets
- Prix «Bonnes pratiques de gestion des RH»: Aventure Rose-des-Vents
- Prix «Partenaire»: Tourisme durable Québec
- Prix honorifique Sylvie-Marois: Lorie Ouellet, professeure-chercheure en intervention plein air à l’Université du Québec à Chicoutimi (UQAC)
À l’affiche bientôt à Montréal: le Festival Objectif Aventure
Terres d’Aventure lance cette année ce festival dédié à l’aventure sur grand écran. Tenu du 1er au 3 décembre prochain au cinéma du Musée des Beaux-Arts de Montréal, il est présidé par l’aventurière-cinéaste Caroline Côté. On pourra d’ailleurs y voir le film qu’elle consacre à sa dernière expédition au pôle Sud, en skis, en solitaire et en autonomie, avec un record du monde de 33 jours, 2 heures, 53 minutes.
Le programme relevé et éclectique inclut 16 films, plus des films Wapikoni en début de séances. En voici quelques-uns.
Périple à vélo de 8000 km dans le documentaire environnemental Un monde sous vide; escalade en aveugle dans Climbing Blind; aventure père-fille dans les montagnes du Mercantour dans Naïs au pays des loups; routes de l’exil dans L’Aventure; plongée dans le kayak free-style dans Wild Water; amitiés bouddhistes dans l’Himalaya indien dans Zanskar, les promesses de l’hiver; expédition au nord du 51e parallèle dans Uapishka; aventure en compagnie de chiens de traîneau rescapés dans Musher, l’appel de l’Alaska ou au cœur de la brousse africaine avec un photographe animalier dans Félins, noir sur blanc.
On peut se procurer un «pass intégral» de 95$ pour visionner tous les films. Sinon, les billets sont à 10$ la séance; 25$ pour la soirée d’ouverture et diffusion du film Njord, à Svalbard Tale de Caroline Côté.