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La marche afghane, ou comment mieux marcher en respirant mieux

La marche afghane est une «technique» qui gagne en popularité. Elle s’adresse autant aux grands sportifs qu’aux marcheurs débutants. Découvrez les ressorts de ce que certains appellent le «yoga de la marche», avec la respiration pour «mantra».

Il y a trente-six façons de marcher: lentement, rapidement, en milieu urbain, en forêt, en montagne ou dans le désert; en courte sortie-promenade ou en longue randonnée… Mais il y a une constante chez tous les types de marcheurs: vouloir s’aérer l’esprit tout en améliorant son endurance et en diminuant son stress, ou les deux à la fois. Voilà qui n’est pas toujours facile à faire, mais la marche afghane peut vous y aider et, la bonne nouvelle, c’est que ça s’apprend!

Le concept de base est la synchronisation de la respiration avec les pas, que le marcheur saute à pieds joints sur un sentier de montagne ou avance en méditant sur un chemin style «de Compostelle». L’idée est d’adopter différents rythmes de respiration associés aux pas que l’on fait, avec l’ambition de «marcher plus longtemps en étant moins fatigué».

Le Français Édouard G. Stiegler a popularisé ce type de marche après avoir observé la façon dont marchaient des nomades afghans dans les années 1980. Grand marcheur, adepte de la respiration rythmique, il écrit dans son livre Régénération par la marche afghane avoir été impressionné par la façon dont les nomades caravaniers cheminaient aux côtés de leur dromadaire «à pas réguliers, larges et rapides, avec une ardeur que rien ne semblait devoir fléchir. Absorbés en eux-mêmes, résolus comme leurs bêtes surchargées de ballots énormes, j’appris par un passant qui parlait leur langue qu’ils venaient du sud, un voyage de 700 km, d’une seule traite, à part les bivouacs nocturnes. Ils offraient le spectacle de grands voyageurs poussiéreux, mais non celui de gens fatigués».

Un art de vivre en marchant

Patrick Auger, guide-propriétaire de l’entreprise de plein air Kilomètre, est un adepte de la marche afghane depuis plusieurs années. Guide de randonnée, il donne aussi régulièrement, comme plusieurs autres au Québec, dont l’association Marche afghane Québec, des ateliers virtuels ou en forêt pour partager son savoir.

Pour Patrick, la marche afghane est moins une technique qu’un «art de vivre au quotidien», basé sur le principe de la respiration au rythme des pas. Reste qu’il faut d’abord apprendre à respirer par le nez (inspirer et expirer), ce qui n’est pas si facile pour tout le monde, surtout pendant l’effort.

Première étape: «marcher fièrement en redressant sa posture et respirer par le nez permettent d’amplifier les bienfaits physiques et mentaux de la marche», assure Patrick. «La marche rythmée et la respiration synchronisée aux pas ont un effet sur la circulation de l’énergie dans le corps, l’augmentation de la capacité respiratoire et le bien-être en général.» On vit dans le moment présent, en pleine conscience respiratoire.

Au départ, Patrick suggère de veiller à sa posture (corps bien aligné et en équilibre, avec les muscles abdominaux profonds activés) et de bien utiliser ses pieds (l’outil principal du marcheur) en les déroulant du talon jusqu’au gros orteil (qui sert à la propulsion), tout en adoptant une foulée confortable (qui dépend de la longueur de vos jambes).

Vient ensuite la respiration «totale» qui doit mettre tout le corps en action pour amplifier l’oxygénation supérieure, des abdominaux à la cage thoracique et même au cerveau.

Photo: Arek Adeoye, Unsplash

Rythmes de base

Le pas-respiration de base sur terrain plat consiste à inspirer sur trois pas, retenir son souffle sur un pas, expirer sur trois pas et retenir son souffle avec les poumons vides sur un, avant de recommencer. N’importe quel type de marcheur, rapide ou lent, peut pratiquer cette séquence. Même chose pour les montées ou marches plus intenses, où le rythme est plutôt d’inspirer sur deux ou trois pas et d’expirer sur deux ou trois pas, sans pause. En version au contraire méditative, le rythme d’inspiration peut augmenter jusqu’à six pas et l’expiration sur sept à huit pas.

Exercices d’oxygénation

Pour mieux oxygéner son corps, on peut pratiquer durant 20 à 30 minutes des exercices spécifiques en respirant sur des rythmes de deux à huit pas par inspiration et expiration, sans pause ou avec pause respiratoire sur un pas.

Cohérence cardiaque

Cette méthode de pratique diffère de la précédente par la cadence et les rythmes adoptés. L’idée est de trouver un calme intérieur en marchant tranquillement, à la cadence d’au moins 60 pas par minute, selon des rythmes variant de quatre à cinq pas par inspiration et expiration, entrecoupés ou non de pauses respiratoires.

Amplification pulmonaire

À ceux qui souhaitent améliorer leur capacité pulmonaire (et ainsi être plus performant physiquement), on suggère de pratiquer un entraînement par intervalles sur terrain plat sur dix respirations. Le rythme d’inspirations et d’expirations varie de trois à huit pas par respiration, suivi de huit à trois inspirations et expirations. «Il faut de la patience et de la pratique pour parvenir à sept ou huit temps d’inspirations et expirations, note Patrick. L’idée est de ne pas dépasser ses limites, mais de progresser vers cette plus grande amplitude pulmonaire.»

Photo: Brian Mann, Unsplash

La méditation active

Certains voudront aller plus loin et utiliser la marche afghane comme outil d’exploration intérieure et spirituelle. Il s’agit de tendre vers l’attention au moment présent en se concentrant sur son souffle, la détente, le relâchement musculaire. On peut alors (ou non) utiliser des affirmations («Je suis bien», pour un rythme de trois pas) ou un mantra pour marquer ses pas.

Quelques conseils

  • Ne vous découragez pas: il faut au moins 21 jours, sinon un mois d’exercices réguliers pour ressentir les bienfaits de la marche afghane.
  • Personne n’a le même rythme de marche et celui-ci varie aussi grandement selon le degré de difficulté du terrain. Adaptez votre respiration à ce rythme variable de marche selon que vous êtes en terrain plat, en montée abrupte ou en descente.
  • Les principes associés à la marche afghane se déclinent facilement dans la pratique d’autres activités de plein air: coup de pagaie en canot, en kayak ou en planche à pagaie; coups de pédales en vélo, natation…
  • Tenez un journal de bord pour suivre votre progression.
  • Suivez une vraie formation de quelques heures, par exemple avec Kilomètre. Dans ses ateliers, Patrick donne de multiples conseils aux marcheurs, notamment sur l’habillement, les chaussures et bas de randonnée, les bâtons de marche, l’importance des nettoyages de nez et de peau (brossage de peau à sec), qui favorisent la circulation lymphatique, l’automassage des pieds pour stimuler les terminaisons nerveuses.

Virée hivernale en Outaouais

Quoi de mieux pour faire du plein air que d’avoir un port d’attache d’où l’on peut facilement rayonner sans faire des kilomètres en voiture? Tel est le cas de Chelsea, dans les collines de la Gatineau, en Outaouais.

Le village de Chelsea est idéalement situé pour le plein air, aux portes du parc de la Gatineau, considéré comme le poumon vert de l’Outaouais. En hiver, on y pratique autant le ski alpin, le ski de fond, la raquette que le fatbike.

Le Camp Fortune pour le ski alpin

À quelques kilomètres seulement de Chelsea, au nord de Gatineau, le Camp Fortune est une station de ski très prisée de la région. Cette institution du plein air en Outaouais a été fondée en 1920 et continue d’attirer des milliers de skieurs chaque hiver. La station familiale avec un charmant petit côté vintage propose 27 pistes sur différents versants, accessibles via huit remontées mécaniques. Il y a de quoi s’amuser, qu’on soit débutant ou expert.

La station familiale avec un charmant petit côté vintage. Photo: Anne Pélouas

On se met en jambes avec les pistes verte Marshall et bleue Clifford, puis on attaque les pistes 11 ou 12, avant de remonter par le télésiège Meech, qui donne accès à la 10 (Skyway), puis il faut aller découvrir le sympathique versant, plus à-pic, avec la remontée mécanique Skyline. Place ici aux pistes expertes, mais aussi à une jolie bleue (la Sparks) dont la première partie permet également de traverser la forêt pour rentrer au cœur de la station. En prime: cinq sous-bois pour les amateurs.

En crampons ou en raquettes dans le parc de la Gatineau

Ce parc de conservation de 361 km2 est un formidable terrain de jeu pour les amateurs de plein air hivernal, avec ses pistes de ski de fond, de raquette et de fatbike. À Chelsea même se trouvent le Centre des visiteurs du parc et l’une de ses principales portes d’entrée. Avec Nomades du parc, entreprise de plein air basée à Old Chelsea, on peut s’y rendre facilement en louant les équipements qui nous manquent (skis de fond, raquettes, fatbikes) ou en réservant une sortie guidée.

C’est en compagnie de Jacob Saumur-Gouin, copropriétaire de Nomades du parc, que je suis partie en crampons (alors que la neige tombait à pleins flocons, mais pas assez pour justifier des raquettes), du stationnement P11 de la plage O’Brien, sur le chemin du lac Meech. Nous avons pris la direction des ruines Carbide Willson. Curieux d’aller voir des ruines en hiver, me suis-je dit au départ, mais finalement, j’ai adoré ce site.

Au premier pont, le paysage était déjà magnifique, tout en noir et blanc, avec le lac Meech à gauche, et un autre petit lac à droite. Photo: Anne Pélouas

Les ruines sont accessibles en raquettes, en skis de fond, comme en fatbike (sauf pour les cent derniers mètres) et le sentier est facile. Nous sommes partis en montant un peu le long d’un ruisseau, et au premier pont, le paysage était déjà magnifique, tout en noir et blanc, avec le lac Meech à gauche, et un autre petit lac à droite.

Après une descente sont apparues les ruines: d’abord, les murs du bâtiment principal, et ensuite les restes de ce qui fut en 1907 la fabrique d’engrais chimiques de l’Ontarien Thomas Leopold Willson, qui révolutionna l’électrochimie au Canada. Il découvrit notamment, en 1892, un procédé de fabrication du carbure de calcium, ou calcium carbide en anglais, ce qui lui valut le surnom de «Carbide».

Les ruines sont accessibles en raquettes, en skis de fond, comme en fatbike (sauf pour les cent derniers mètres) et le sentier est facile. Photo: Anne Pélouas

Le complexe comptait à l’origine trois bâtiments: une tour de condensation d’acide, un barrage et une station génératrice. Il ne reste plus que la fondation du moulin, et de l’usine, les murs aux fenêtres béantes qui se dressent près de superbes chutes dévalant en cascade dans la forêt. Les gens de la région y viennent fréquemment s’y baigner l’été.

De superbes chutes dévalant en cascade dans la forêt. Photo: Anne Pélouas

Au retour, j’aurais pu aller voir la plage O’Brien, lieu aussi très réputé du lac Meech en été, mais il neigeait toujours beaucoup et une autre activité de plein air m’attendait.

Spa nordique à Chelsea

Quoi de mieux que de se prélasser dans un bain chaud en plein air, une tuque sur la tête, tandis qu’il neige? À Chelsea, le Nordik Spa-Nature porte bien son nom, enserré qu’il est dans un écrin de verdure, à deux pas du village. Aux alentours des bains fumants, la nature est certes très blanche en cette saison, mais c’est aussi ce qui fait le charme du site.

J’ai arpenté pendant deux heures l’immense terrain de jeux d’eau divisé en trois zones nommées «silence, murmure et social» pour passer quelques minutes dans une baignoire à remous, un sauna et un bain vapeur, me plonger ensuite dans un bain froid, puis aller m’étendre dans une salle de repos. Quelle bonne façon de clore en beauté un week-end de plein air!

Aux alentours des bains fumants, la nature est certes très blanche en cette saison, mais c’est aussi ce qui fait le charme du site. Photo: Facebook Nordik Spa-Nature / Chelsea

Bonnes adresses à Old Chelsea:

  • Les Lofts du Village ont deux bâtiments d’hébergement, avec des lofts contemporains et très lumineux. Certains sont bien pour deux personnes, d’autres conviennent davantage aux familles ou aux couples d’amis. Pour les clés, on passe par la «grocery», ancien dépanneur du village qui a été transformé en boutique avec plein d’objets choisis et de produits régionaux.
  • Biscotti & Cie est un bon café à l’ancienne, idéal pour le petit déjeuner, tandis que le Pub Chelsea propose sa cuisine bistro.
  • Parmi les autres options de restauration, il y a Olivia (et ses originaux plats pour le lunch) et L’Orée du Bois, pour un repas gastronomique.
  • La Distillerie du Square a sa «cocktailerie» à l’étage et sa boutique au rez-de-chaussée. On y déguste et achète le Gin du Jardin, le Gin du Jardin Méditerranéen, au citron, pistaches et huile d’olive, ou encore le Bella Ciao!, version «chelséanne» de l’Aperol Spritz.
La Distillerie du Square est le dernier-né du projet Square Old Chelsea, qui contribue depuis quelques années à la revitalisation de ce village. Photo: Anne Pélouas

En hiver au parc national de la Jacques-Cartier

Le parc national de la Jacques-Cartier offre un excellent terrain de jeu pour les amateurs de randonnées hivernales, à moins d’une heure au nord de Québec.

La forêt boréale se présente sous son meilleur jour, colonisant les flancs de montagnes majestueuses du massif des Laurentides et encadrant l’immense fracture dans la croûte terrestre que constitue la vallée de la Jacques-Cartier. Le parc national qui l’enserre depuis près de 40 ans nous attend pour un séjour de trois jours qui promet.

Skis de fond, raquettes et crampons sont dans l’auto. En ces temps climatiques incertains, mieux vaut tout avoir sous la main pour profiter des plaisirs de l’hiver.

Passé la guérite du parc, on rejoint son secteur sud, puis le bord de la rivière Jacques-Cartier. Sa vallée offre déjà un spectacle grandiose, encadrée de sommets de 800 à 1000 mètres, de crêtes et d’éperons rocheux. On file jusqu’au centre de découverte. De là démarre notre périple de trois jours d’exploration dans la partie nord du parc.

En route pour le refuge Sautauriski

Le temps est gris mais n’entache pas la beauté de la Jacques-Cartier. Un court méandre et elle reprend sa course presque parfaite dans un axe nord-sud. Les sacs à dos lestés de tout ce qu’il faut pour dormir et manger en refuge sont un peu lourds (avec raquettes en plus), mais nous n’avons que 2,5 km à parcourir, sans dénivelé, et la rivière nous offre son courant continu et sonore pour paysage permanent. Une aire de pique-nique estivale donne l’occasion d’une pause avec vue sur la turbulente rivière Sautauriski qui se jette dans la Jacques-Cartier.

Avec gros sacs à dos mais seulement 2,5 km à parcourir. Photo: Anne Pélouas

Marchant pour quelques minutes encore, nous rejoignons un pont et le refuge Sautauriski. Ouvert en 2020, il sert de relais aux visiteurs du parc le jour et de refuge pour ceux qui y ont réservé une place pour la nuit. Ce sera notre havre de paix pour les trois prochaines nuits. Le «chalet» est spacieux et bien aménagé, avec son coin cuisine et son coin «feu de bois», ainsi que plusieurs tables pour manger au chaud. Le relais est ouvert à tous de 10h à 15h. Après, place aux privilégiés qui restent ici pour la soirée et la nuit. On dort à l’étage-mezzanine, aménagé en dortoir avec six lits à une place et une belle fenestration.

Le haut du refuge Sautauriski, aménagé en dortoir avec six lits à une place. Photo: Anne Pélouas

Pour les adeptes de la longue randonnée comme moi, demeurer plusieurs nuits au même refuge est un luxe, que je savoure dès le premier soir. Les après-midis après l’effort s’organisent facilement: on met nos vêtements du jour et gants à sécher; on déballe les victuailles, sacs de couchage… En temps normal, après avoir épuisé nos ressources en eau transportée par nous-mêmes, il faut faire fondre de la neige, mais ici, la rivière Sautauriski est tout près. Une longue corde est sortie d’un sac à dos et attachée fermement à une marmite. Il faudra beaucoup d’adresse à la plus jeune du groupe pour lancer la marmite du haut du pont dans le courant et surtout l’obliger à se remplir d’eau avant de la remonter pleine avec la corde. On applaudit à la manœuvre! Les soupers en refuge, préparés avec soin à la maison, puis congelés, sont toujours mémorables, tout comme les soirées entre feu de bois, chandelles et jeu de cartes. On se couche avant 22h sans problème.

Le refuge Sautauriski. Photo: Anne Pélouas

Sur la piste des loups 

Dans la nuit, l’une d’entre nous s’est éveillée en entendant une meute de loups par la fenêtre ouverte… prémisse à notre randonnée du jour sur le sentier Les Loups. Il démarre juste après le pont enjambant la Sautauriski et une jolie petite boucle (Le Confluent) que nous avons empruntée la veille sur 1,7 km après notre arrivée. Raquettes aux pieds, nous partons à l’assaut de la Montagne de la Sautauriski. Deux heures de montée abrupte sur un sentier de neige tapée et glacée par endroits nous démontrent que les crampons auraient été plus indiqués, mais ils sont restés au refuge.

En route pour la Montagne de la Sautauriski (en arrière-plan) via le magnifique sentier des Loups en raquettes ou crampons. Photo: Anne Pélouas

Après trois kilomètres en forêt à flanc de montagne, une intersection indique une dernière montée vers le sud. On oblique dans un superbe couloir de sapins enneigés pour atteindre un belvédère, à 763 mètres d’altitude. La rivière Jacques-Cartier est littéralement à nos pieds, et toute sa vallée s’étirant vers le sud dans une «mer» de montagnes environnantes. On lunche dans l’allégresse, sous un ciel bleu et un soleil radieux, tandis qu’une jolie martre attend en contrebas quelques miettes de nos repas.

La jolie martre qui attendait les miettes de notre repas! Photo: Anne Pélouas

Le chemin du retour, en boucle et descente quasi constante, nous mènera à un second belvédère, tourné cette fois vers le nord de la vallée, puis au bord de la fameuse Jacques-Cartier qu’on voyait de si haut. Bilan: 11 km en cinq heures trente, pauses comprises.

Du haut du sentier des Loups. Photo: Anne Pélouas

À l’assaut des Coulées 

Le lendemain, place au ski de fond pour explorer le sentier des Coulées. La boucle complète de randonnée pédestre compte 10,4 km, accessible du centre de découverte, comme de notre refuge. En ski de fond (que nous sommes allées rechercher à l’auto tout en y laissant nos raquettes), nous ferons plutôt un aller-retour, débutant gentiment le long de la rivière Sautauriski sur 2,4 km. De jolis rochers recouverts de glace y ressemblent à des icebergs.

Place au ski de fond pour explorer le sentier des Coulées. Photo: Anne Pélouas

Le sentier bifurque ensuite vers le sud pour une montée continue en forêt sur 2,3 km. La Voie-du-Bûcheron conduit à un petit pont. À gauche, on peut rejoindre à 400 mètres un point de vue sur la rivière Sautauriski et la montagne gravie la veille. Au-delà du pont, la Voie-du-Bûcheron devient secteur de ski hors-piste, tandis que le sentier des Coulées mène en descente au centre de découverte. En ski de fond, il faut faire demi-tour, mais quelle gratification que cette longue et belle descente jusqu’au bord de la rivière Sautauriski, où l’on retrouve le soleil qui se couche derrière les montagnes, et sur le joli camping endormi Le Grand-Duc, à deux pas du cours d’eau. C’est trop beau: il faudra revenir!

Le parc national du Bic en hiver: aussi beau qu’en été!

Le parc national du Bic, en hiver, est aussi beau qu’en été. Suffit d’y marcher un peu pour apprécier ce formidable terrain de jeux. Il est tout en baies, anses, montagnes… donnant vue sur un littoral majestueux, des îles envoûtantes et l’estuaire maritime du Saint-Laurent, immense. 

En raquettes ou en crampons

Dépendamment de l’état de la neige au sol, qui varie énormément en bordure du fleuve, enfilez vos crampons ou vos raquettes pour découvrir les trésors du parc national du Bic, dans le Bas-Saint-Laurent.

Le parcours des Anses offre un circuit facile de 4,4 km entre le havre du Bic et l’anse à l’Orignal, avec le cap Enragé sur le front de mer. La pointe aux Épinettes est juste à côté pour ajouter un petit 5 km.

Le sentier de La Citadelle (10 km) et celui de La Coulée-à-Blanchette (10 km) permettent quant à eux de traverser le parc de bout en bout, du centre de services à l’anse à Capelans, mais offrent peu de points de vue intéressants.

Celui du Pic-Champlain, par contre, en boucle de 8,9 km, procure de belles sensations, dont celle de faire corps avec la forêt environnante… mais avec deux belvédères sur les hauteurs du parc. Celui du Pic-Champlain, qui se dresse au-dessus d’impressionnantes falaises à 346 mètres d’altitude, vaut la balade.

Enfilez vos crampons ou vos raquettes pour découvrir les trésors du parc national du Bic. Photo: Anne Pélouas

Sur la piste du Contrebandier

Pour éviter de marcher sur la longue piste du Portage (sans grand intérêt), laissez plutôt votre auto au stationnement P3-Le Balbuzard. Un court trajet mène à la Ferme Rioux. Même si elle est fermée l’hiver, elle garde tout son charme photogénique face à l’anse à l’Orignal.

Le sentier suit la grève jusqu’à un vieux chalet, puis en bordure de l’anse à Voilier. Écoutez la mer, puis plongez dans les entrailles d’une petite montagne via le sentier Le Contrebandier. La forêt est belle et après une bonne montée, la piste passe non loin du cap à l’Orignal et rejoint la magnifique anse à Mouille-Cul. Le bruit des vagues sur la grève et la vue qui s’étend jusqu’à l’îlet aux Flacons, plein ouest, par-delà la baie du Ha! Ha!, sont parmi mes coups de cœur du parc en hiver.

Le sentier de la Fourche à Louison, qui permet de faire le tour de la petite péninsule, étant fermé cet hiver, reprenez la boucle du Contrebandier pour traverser une jolie pinède et revenir vers l’anse à l’Orignal.

La Ferme Rioux est fermée l’hiver, mais elle garde tout son charme photogénique face à l’anse à l’Orignal. Photo: Anne Pélouas

En ski de fond

Près de 60 km de sentiers sont ouverts au ski aux quatre coins du parc national et il y en a pour tous les goûts.

Une gentille balade depuis le centre de services de la Rivière-du-Sud-Ouest mène sur la piste Le Portage jusqu’à La Grève, face au havre du Bic et même plus avant dans le fleuve en poursuivant vers le cap à l’Orignal (18 km aller-retour).

La Coulée-à-Blanchette (10 km, plus difficile) offre une belle incursion en forêt sous le Pic-Champlain, puis jusqu’à l’anse à Capelans, à l’ouest du parc.

Les amoureux de hors-piste empruntent les pistes non damées de La Citadelle qui file vers l’ouest du parc depuis l’anse à Doucet (10 km) ou du Contrebandier (9 km), qui fait une très jolie boucle en forêt et sur le bord de l’eau au nord du parc. 

Près de 60 km de sentiers sont ouverts au ski aux quatre coins du parc national et il y en a pour tous les goûts. Photo: Anne Pélouas

Fatbike

Quand la neige est un peu tapée, le vélo à pneus surdimensionnés est une option intéressante pour parcourir cinq sentiers damés du parc, comme Le Portage (7,8 km), Le Chemin-du-Nord (7 km), La Pointe-aux-Épinettes (5,1 km) et La Coulée-à-Blanchette (10 km). Avec un peu d’avance, on peut réserver sa monture sur le site web du parc. 

Mes bonnes adresses dans la région de Rimouski

  • Les chutes Neigette: dans l’arrière-pays de Rimouski, d’impressionnantes chutes qui gèlent en hiver et un circuit de raquette original, entre chutes, falaises et vues sur les champs.
  • Le Vieux Loup de Mer: pour dormir dans un chalet d’antan, chaleureux et tout confort, avec vue sur l’île aux Amours.
  • Poissonnerie Verseau II: arrêt sur la route 132, à Trois-Pistoles, pour remplir sa glacière de bons produits de la mer avant de rentrer en ville.

Le Club de ski Viking, roi du ski de fond

Je ne le cache pas: les pistes du Club de ski Viking, un réseau de près de 60 km de ski de fond à Morin-Heights, sont mon terrain de jeu hivernal favori depuis une bonne dizaine d’années. Voici pourquoi.

Les pistes du Club Viking sont mon terrain de jeu hivernal favori depuis une bonne dizaine d’années. Photo: Anne Pélouas

D’hier à aujourd’hui

Le Québec ne manque pas de réseaux de ski de fond, mais ils n’ont pas tous une histoire aussi fabuleuse que celle du Club de ski Viking. Créé en 1929 à Montréal par un petit groupe d’immigrés norvégiens adeptes du saut à ski, il est l’un des plus anciens clubs de ski du Canada.

Dans les années 1940 débarque un jeune Suédois du nom de Jack Wahlberg qui deviendra une vedette du ski de fond compétitif… et du Club Viking, reconverti à cette activité sportive de plus en plus populaire. Le P’tit Train du Nord transportait alors les Montréalais vers les Pays-d’en-Haut où, chaque week-end, les skieurs s’épivardaient dans les bois.

Surnommé Jackrabbit, Jack Wahlberg a pour sa part laissé sa trace dans plusieurs des pistes mythiques de ski de fond des Laurentides. Il aimait non seulement la course, mais aussi «le ski d’excursion», qui lui permettait de prendre son temps pour examiner des traces d’animaux dans la neige.

J’aime bien cette citation de celui qui parcourait encore 1500 km en skis par hiver, passé 70 ans: «Plus vous devenez âgé, plus il est important de se maintenir actif à l’extérieur à l’air frais.» J’en ai fait mon mantra, sans viser son record à skis!

Au début des années 1960, le Club Viking achète un terrain de neuf acres sur le chemin Jackson, à Morin-Heights, où se trouve toujours son chalet d’accueil de l’époque, construit et rénové par ses bénévoles. Il noue des ententes avec des propriétaires voisins pour étendre son réseau de pistes, un modèle du genre.

Aujourd’hui, l’organisme sans but lucratif compte environ 500 adhérents (individus ou familles). Chaque automne (et même en hiver), ils sont nombreux à consacrer du temps à la création et surtout à l’entretien des sentiers; scies à chaîne et sécateurs en main. Puis place au ski durant la saison froide!

Photo: Facebook Viking Ski Club (Morin-Heights)

Les pistes vedettes

Au creux de la forêt laurentienne, entre vallons, petits sommets de collines et grands lacs gelés, la plupart des sentiers de ski de fond sont de niveaux intermédiaires et avancés. Ils sont tracés mécaniquement dès que la couverture de neige est suffisante.

La reine des lieux est, à mon avis, la piste rouge, qui affiche une douzaine de kilomètres de long. Cette boucle compte plusieurs bonnes grimpettes soutenues, dont une jusqu’au point le plus élevé du territoire, à 505 mètres, entrecoupées de descentes en courbes serrées, de grands passages en forêt et de plus courts en clairières ou en bordure de quelques lacs. Par elle, on peut aussi rejoindre La Poste, piste de Morin-Heights qui «atterrit» sur le Corridor aérobique, dans le secteur de Montfort (Wentworth-Nord).

Plus au sud, La Crown est une autre piste magnifique (même si elle traverse la petite route du chemin Jackson) pour skieurs avertis, surtout en cas de fortes chutes de neige. On y accède notamment par les pistes rouge et bleue. Entre autres attractions: la traversée du lac Édouard, tout en longueur. On peut bonifier son parcours en empruntant des boucles assez sportives (Crown Ouest, Crown Sud) qui passent dans des vallons, longent plusieurs lacs, dont un avec des nids de hérons dans des arbres.

L’un des parcours les plus longs emprunte la Crown Sud et les pistes bleue et rouge, pour un total de 23,5 km, tandis que le plus court est celui de la piste verte, une boucle facile de 4,7 km à partir du chalet d’accueil.

Reste la «piste de course» (en pas classique ou pas de patin), qui compte 10 km supplémentaires aux abords du chalet d’accueil. Très utilisée pour les cours de ski du samedi et les entraînements, elle se déploie en quatre boucles de 2,5 km, 5 km, 7,5 km et 10 km en forêt. De degrés de difficulté variés (facile à avancé), elles s’avèrent très agréables à parcourir le reste de la semaine, car elles sont toujours bien entretenues.

Photo: Anne Pélouas

Cours, biathlon et compétitions

Les cours de ski de fond (à partir de 4 ans) et de biathlon attirent une bonne centaine de jeunes (ou moins jeunes) chaque hiver. Le biathlon «suscite de plus en plus d’intérêt», note M. McCosker, qui se félicite de voir le programme du club afficher une forte croissance.

Le Club de ski Viking s’est, il est vrai, taillé depuis de nombreuses années une bonne réputation dans le domaine du ski nordique de haut niveau. Plusieurs de ses membres sont par exemple impliqués dans le Marathon canadien de ski. Le club y assure habituellement l’un des points de ravitaillement et partage aussi avec Morin-Heights une boucle officielle d’entraînement au marathon de 25 km.

Photo: Anne Pélouas

Bon à savoir

  • L’adhésion au Club de ski Viking donne accès à toutes les pistes de ski de fond (140 km) et de raquette du réseau plein air de Morin-Heights et inversement.
  • On peut payer son accès à la journée ou à la semaine via le site internet de Viking comme par application mobile via un code QR au chalet d’accueil du club.
  • L’application Nordic Pulse Québec offre en temps réel l’état de l’entretien de ses pistes.
  • La carte du réseau est disponible ici.
  • Au Viking, guère de sentiers de raquette: seulement Le Petit Alpino (dans une forêt plutôt ancienne à l’est de la «piste de course») et les deux boucles Diable vert dans le même secteur que la piste verte de ski de fond.