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Sir Hormidas Laporte. Homme d’affaires et maire de Montréal, 1850-1934, Marjolaine Saint-Pierre

On aime les success story au Québec. Étonnant que l’histoire d’Hormidas Laporte ne soit pas davantage connue. L’auteure Marjolaine Saint-Pierre corrige cette lacune en publiant une biographie passionnante de cet homme qui s’est bâti un empire à partir de rien, qui a amélioré la vie de ses concitoyens canadiens-français par l’exemple de sa détermination, sa probité et son sens de la justice.

Élevé dans le village de Sault-au-Récollet, sur le bord de la rivière des Prairies, Hormidas Laporte quitte l’école à 14 ans pour aider sa famille à subsister. L’adolescent ne se satisfait pas longtemps de fabriquer des clous dans une usine du canal de Lachine. Il suit des cours du soir pour parfaire ses notions de français et de calcul, et apprendre l’anglais. Ce supplément d’éducation, couplé à une grande volonté de réussir, l’amène à se réaliser dans un domaine dont il flaire le riche potentiel, celui de l’alimentation.

À 20 ans, il a une épicerie à son nom! À 28 ans, son entreprise se spécialise dans le commerce de gros. Il approvisionne Montréal en vins de Bordeaux, en whiskies et ryes britanniques, en huiles d’olive d’Italie, en thés japonais, et même en fruits frais, comme les raisins de Valence, ou confits, qu’on pense aux pruneaux de Smyrne, de Bosnie ou de France.

Le développement de l’entreprise connaît des hauts (croissance et expansion phénoménale) et des bas (pertes dues aux inondations dans le Vieux-Montréal, incendie d’un entrepôt de cinq étages en 1894, krach de 1929) que l’homme d’affaires traverse avec une résilience qui mérite le respect.

Sa réussite lui vaut d’être élu président de l’Association des épiciers en gros du Canada. Dans un Montréal dominé par les Anglais, il prouve que les Canadiens français peuvent aussi avoir la bosse des affaires.

Portrait du jeune commerçant Hormisdas Laporte dans Souvenir maisonneuve: esquisse historique de la ville de Montréal avec portraits et biographies de quelques-uns de nos Canadiens français distingués,Montréal, Maisonneuve et Cie, 1874, BANQ numérique, cote 52327/1956613.

Il utilise son ascendant pour élever les gens de sa race. Il fait partie des fondateurs de la Chambre de commerce du district de Montréal, il compte parmi les administrateurs de la Sauvegarde, première compagnie d’assurance-vie sous contrôle de Canadiens français, il préside la Banque Provinciale du Canada (il figure sur le billet de 5$ qu’émet l’institution), il gravite autour de l’Association Saint-Jean-Baptiste, qui fait construire le Monument-National, un lieu voué à l’éducation des masses populaires et qui conduira éventuellement à la création de l’École polytechnique, l’École des beaux-arts et l’École des hautes études commerciales. Il s’emploie aussi à faire entendre la voix des francophones dans les lieux de décision dominés par les anglophones. Il est le seul francophone à la Commission du havre de Montréal, qui repense le port de Montréal. La biographe d’Hormidas Laporte souligne à plusieurs reprises que l’homme d’affaires exerce ces différentes fonctions bénévolement.

Son omniprésence dans les différentes sphères de la société l’amène à s’intéresser à la politique, car il considère que son action risque de ne rimer à rien si la chose publique continue à être gérée par des gens corrompus. Parmi ses combats: l’abolition des trusts qui contrôlent l’électricité, le gaz et les tramways.

Élu échevin, il s’attaque aussi à des dossiers très concrets, comme la qualité de l’eau, la protection contre les incendies, l’hygiène publique. Il travaille aussi à la création d’une bibliothèque technique pour l’instruction scientifique et industrielle. L’homme croit au pouvoir de l’éducation et de la culture.

On fatigue à le voir aussi proactif sur tant de dossiers.

D’ailleurs, lorsqu’il est élu maire de Montréal en 1904 pour un terme de deux ans, il n’arrive pas à réaliser ses promesses. Ses activités protocolaires lui demandent beaucoup de temps et la fatigue le rattrape, aggravant son asthme. Il passe les derniers mois de son mandat en convalescence en Floride, et renonce à se présenter en 1906.

Le maire Hormisdas Laporte s’adressant à la foule durant la fête de la Saint-Jean-Baptiste. L’album universel, vol. 22, no. 1 107, 8 juillet 1905, p. 296.

Sa carrière n’est pas finie pour autant. Il revient à ses affaires et passe beaucoup de temps à voyager pour rencontrer ses clients et vérifier la qualité des produits qu’il importe. Le livre évoque des séjours en Belgique, en Hollande, en Italie, en Espagne, au Portugal, et bien sûr en France, la mère patrie, où sa fille réside.

Ses séjours en Europe s’interrompent en 1914 en raison de la guerre. Ce conflit mondial sera l’occasion d’accepter un nouveau mandat. On le sollicite pour travailler à l’élaboration d’une politique d’achats pour le gouvernement du Canada. Il en viendra à présider la Commission des achats du matériel de guerre. Ses loyaux services au gouvernement Borden lui valent d’être anobli par le roi George V.

Le petit Hormidas qui fabriquait des clous devient, 50 ans plus tard, sir Laporte, une gloire qu’il ne pourra partager avec la femme de sa vie. Mirza Gervais, qui lui a donné 13 enfants, dont seulement deux survivront, est décédée cinq ans plus tôt.

Il sera donc veuf pendant 21 ans, passant beaucoup de temps dans sa résidence du 2232, boulevard Dorchester (aujourd’hui René-Lévesque), près de la rue Atwater.

L’ouvrage se termine avec une description fascinante de cette immense maison bâtie sur la falaise Saint-Jacques, un quartier résidentiel qui attire les grands bonzes du rail, du charbon et du bois. Le texte, écrit en 1996 par sa petite-fille Jacqueline Le Cavelier, rappelle les particularités de cette demeure qui n’existe plus aujourd’hui, le terrain ayant été repris pour la construction des locaux de la Fondation Papillon, organisme de ressources et de soutien aux personnes en situation de handicap.

Il ne reste plus rien non plus de l’entreprise qu’Hormidas Laporte a bâtie. Dix ans après sa mort, la société Laporte-Hudon-Hébert, dirigée par son fils Joseph-Antoine, est emportée par une faillite, comme cela arrivera plus tard avec Steinberg, Dominion et Dupuis Frères.

Au moins, la Banque Provinciale, qu’il a présidée, se perpétue sous les couleurs de la Banque Nationale, et la Sauvegarde, qu’il a fondée, poursuit ses activités d’assurance sous l’ombrelle du Mouvement Desjardins.

Finalement, et c’est un peu affligeant, la seule évocation du personnage dans la toponymie de Montréal se trouve dans l’arrondissement du Sud-Ouest. L’avenue Laporte, baptisée en l’honneur d’Hormidas Laporte en 1907, fait moins de 400 mètres, de la rue Saint-Jacques à la rue de Richelieu. Bien peu pour un précurseur du Québec inc.

Heureusement qu’il y a ce livre pour entretenir le souvenir de ce bâtisseur de Montréal.

Sir Hormidas Laporte. Homme d'affaires et maire de Montréal, 1850-1934, Marjolaine Saint-Pierre. Éditions Septentrion. 2022. 186 pages.

Eugène Cloutier. Un Canadien errant, Anne-Marie-Cloutier

Si je vous disais que bien avant À la semaine prochaine, il y a eu, pour faire rire les auditeurs de la radio de Radio-Canada, Le p’tit train du matin, émission menée par René Lecavalier et Miville Couture? Qu’avant Un gars, une fille, il y a eu à la télévision Anne-Marie, une continuité dépeignant les tribulations quotidiennes d’un couple incarné par Monique Leyrac et Roland Chenail? Qu’avant Les grands explorateurs, une série radio intitulée Les mensonges d’Ulysse a fait découvrir le monde aux Canadiens? Le dénominateur commun de ces trois exemples démontrant que notre époque n’a pas tout inventé, c’est Eugène Cloutier, auteur-dramaturge-réalisateur tombé dans l’oubli malgré sa grande contribution au monde de la radio, de la télévision, du théâtre, et du voyage.

Dans un ouvrage de 250 pages, publié à compte d’auteur, Anne-Marie Cloutier, fille d’Eugène Cloutier et Isabelle Boiteau, remet les projecteurs sur ses parents avec un style pétillant, souvent sarcastique, mais toujours lucide et bien documenté.

L’auteure a mis des années à boucler cette biographie qui fait revivre les grandes heures de la radio culturelle, l’effervescence des débuts de la télévision, la naissance du théâtre québécois, la grande époque où il y avait beaucoup d’exotisme à la clé pour les gens curieux de découvrir le monde.

Le récit de cette vie virevoltante commence à Québec, ville de naissance d’Isabelle et Eugène. Rien ne prédestinait ce dernier à la carrière qu’il a eue, sauf beaucoup de détermination et d’ambition. Par un miracle que l’auteure n’arrive pas à expliquer, le jeune Eugène, fils d’une famille extrêmement pauvre de la Basse-Ville, réussit à être admis au très huppé collège des jésuites Saint-Charles-Garnier, bastion de la bourgeoisie de la Haute-Ville.

Premier combat pour cette sorte de Napoléon Plouffe: faire sa place dans un monde hostile. Pour s’affirmer, le brillant étudiant peut compter sur l’appui de quelques camarades impressionnés par son érudition, notamment un certain François Cloutier (aucun lien de parenté), qui sera un jour psychiatre et ministre des Affaires culturelles.

Il s’affirme aussi par les mots, faisant sienne cette citation de l’académicien Maurice Barrès: «Jeune, infiniment sensible et parfois peut-être humilié, prêt pour l’ambition.»

Le plan de match de Cloutier, qui aspire à devenir un grand auteur: commencer par gagner sa vie en écrivant. À sa sortie du collège, il est embauché au journal Le Soleil, qui fournit en nouvelles les stations CKCV et CHRC. Début des années 1940, le voilà journaliste parlé qui couvre La conférence de Québec, qui amène dans la Vieille Capitale Winston Churchill, Franklin Roosevelt et Mackenzie King. Le jeune scribe débutant cumulera aussi les postes de correspondant à l’Assemblée nationale et de chef des nouvelles de CHRC! Malgré cette vie professionnelle chargée, il fait de la place dans sa vie à Isa, une speakerine à la voix d’or qui le suivra toute sa vie dans ses projets les plus fous.

À peine passé l’âge de 25 ans, Eugène est marié et rêve déjà d’autre chose, d’ailleurs.

Cet ailleurs, ce sera d’abord Montréal et la maison de Radio-Canada, boulevard Dorchester Ouest, où il fait rapidement sa place comme scripteur et réalisateur. En cultivant aussi des amitiés de couple fécondes, notamment avec Jean Lajeunesse et Janette Bertrand et Monique Leyrac et Jean Dalmain.

Eugène Cloutier voulait écrire, il sera servi. Ses textes sont très demandés, et il est prolifique. Là encore, je dirais que Fabienne Larouche n’a rien inventé en matière de boulimie au travail. Au fil de sa carrière, son nom apparaît aux crédits d’innombrables émissions radio et télé. Le p’tit train du matin et Anne-Marie déjà nommées, mais aussi des titres qui rappelleront des souvenirs aux plus vieux d’entre nous: Mélodies oubliées, Les idées en marche, Les journalistes au micro, Baptiste et Marianne, J’ai rêvé cette nuit, D’une certaine manière, C’est la vie, Préméditation, Le colombier, etc. Ces textes sont défendus par les gros canons de l’époque, Robert Gadouas, Jean Gascon, Jacques Languirand, Guy Mauffette, Huguette Oligny, Denise Pelletier, pour n’en nommer que quelques-uns.

En faisant la description de la vie professionnelle de son père, Anne-Marie Cloutier nous fait aussi découvrir un modèle, avant l’heure, celui du télétravail.

Eugène Cloutier écrit ses scénarios, ses capsules, ses articles de l’endroit où il vit: son appartement sur du Fort au début, sa maison à Westmount plus tard, et souvent de Paris, où il s’installe pour de longues périodes avec femme et enfant.

C’est quand même fascinant de constater que le créateur de contenu d’une matinale radio quotidienne puisse écrire et envoyer ses textes depuis son minuscule appartement de la Ville Lumière sans jamais rater l’heure de tombée. Merci aux PTT, j’imagine.

Le triumvirat Cloutier passera beaucoup de temps en France, un pays qui leur servira de base pour visiter le monde. Il y aura entre autres un tour du monde en plus de 80 jours (Londres, Honolulu, le Japon, Tahiti), et un séjour d’un mois en Tunisie, en vacances avec le trio Monique Leyrac, Jean Dalmain et leur fille Sophie.

1947. L'équipe du P'tit train: de gauche à droite : Miville Couture, Eugène Cloutier et René Lecavalier.

En sus de ses activités d’auteur et de son statut de globe-trotter, Eugène Cloutier occupe, au début des années 1960, le poste de directeur de la Maison des étudiants canadiens à Paris. Il prend très au sérieux cette fonction qui lui permet d’inviter comme conférenciers des créateurs qui l’impressionnent, Aragon, Aimé Césaire, Alain Robbe-Grillet.

Cette vie de Canadien errant finit par placer Cloutier en situation de porte-à-faux. La vie qu’il mène ne correspond pas aux préoccupations du public auquel il s’adresse dans ses œuvres. Son attachement à un Canada un peu mythique l’éloigne de la réalité d’un Québec en pleine Révolution tranquille. Quand il revient au pays pour faire des documentaires sur le Canada à l’occasion d’Expo 67, il commence à se sentir exclu de la nouvelle garde radio-canadienne plutôt indépendantiste.

Ce qu’il produit au théâtre et à la télévision est souvent durement critiqué. C’est le cas notamment de D’abord l’amour, une comédie musicale qu’il écrit en 1974 avec André Gagnon et mise en scène par Jean Faucher. Anne-Marie Cloutier avance que son père est alors lui-même conscient qu’il a perdu la touche.

À une époque où l’alcool sert d’exutoire et la santé mentale est un tabou (deux de ses amis, Robert Gadouas et Hubert Aquin se suicident), le monde d’Eugène Cloutier s’enraye. Mais envers et contre tous, il continue à voyager malgré sa mauvaise santé. Il va au Chili, à Cuba, au Japon, en Californie et tire de ses expéditions des récits de voyage qu’il publie. En raison de sa grande connaissance du monde, Radio-Canada lui offre le poste de directeur de Radio-Canada International. Un retour à l’information, où tout a commencé, mais un cadeau de Grec pour un homme qui n’a aucune expérience en gestion de personnel. Il meurt en fonction d’une crise cardiaque, alors qu’il s’apprêtait à déménager à Ottawa pour occuper un poste de commissaire au CRTC.

Des fois, la réalité est plus surprenante que la fiction. C’est Jean Lajeunesse et Janette Bertrand, qui sortent de cinq ans d’écriture de Quelle famille!, qui s’occupent des deux survivantes du trio qu’Eugène Cloutier formait avec sa femme Isa et sa fille Anne-Marie.

Cette vie familiale en trio, les débuts à CKCV, le désir de faire carrière à Radio-Canada Montréal, la vie dans le quartier Shaughnessy et à Westmount, la passion de la France, le séjour d’un mois en Tunisie, j’ai eu plusieurs occasions de me reconnaître dans l’histoire d’Eugène Cloutier. Comme lui, j’ai un jour écrit à l’annonceur-conseil Raymond Laplante pour savoir comment on peut entrer à Radio-Canada Montréal.

Cela a peut-être teinté positivement mon appréciation de cette biographie, mais je pense objectivement que ce livre méritait d’être écrit. Il nous fait découvrir une facette différente de l’histoire de la radio, de la télévision, du théâtre québécois d’avant-garde, du journalisme au Québec. Ce livre nous change des habituels héros de cette époque.

1966. En vacances à Wildwood. Une des rares photos de famille.

Un Canadien errant a été publié à compte d’auteur et n’a eu aucune couverture médiatique. J’espère que mon texte incitera une maison d’édition à offrir à Mme Cloutier d’en faire un nouveau tirage. Pour le moment, le livre existe seulement en version électronique. On peut se le procurer pour 18$ en écrivant à a.m.c@videotron.ca. Un bon achat.

Tête-à-tête avec ma sœur Evelyn, Carmel Dumas

Vous rappelez-vous les grandes messes télévisées de 13 heures dans les premiers mois de la COVID? Quand le trio Legault-Arruda-McCann frisait le million de cotes d’écoute? On l’a rarement dit, ce point de presse nous parvenait de la salle Evelyn-Dumas, rue des Parlementaires à Québec. Mais qui est cette Evelyn Dumas qui a eu l’honneur posthume de donner son nom à ce lieu du Parlement où les élus ne peuvent fuir les questions les plus pointues de la faune journalistique? La réponse se trouve dans Tête-à-tête avec ma sœur Evelyn de Carmel Dumas, elle-même journaliste, recherchiste, conceptrice et réalisatrice.

Ce livre, écrit dans une langue étonnamment poétique pour le sujet abordé, tient à la fois de la biographie et du réquisitoire. L’auteure y célèbre l’extraordinaire professionnalisme d’une journaliste qui a œuvré à La Presse, au Devoir, au Montreal Star, au Jour. Elle dépèce aussi, sous nos yeux, le gâchis qu’a été la vie de sa sœur à cause de la maladie mentale.

Personne mieux de Carmel Dumas ne pouvait raconter cette histoire. Du jour 1 où sa sœur a disjoncté solide, en 1970, à son décès, en 2012, elle a toujours été présente pour soutenir son aînée. C’est pourquoi je parle d’un réquisitoire. La parole de l’auteure est celle d’une aidante naturelle qui a affronté toutes les tempêtes, qui a vécu, en l’accompagnant, toutes les absurdités de notre système de santé, particulièrement le milieu responsable des patients ayant des problèmes de santé mentale.

Mais avant d’être un cas d’hôpital psychiatrique, Evelyn Dumas a été proche de la petite fille parfaite. Rappelons donc les belles heures de cette native de Saint-Georges-de-Malbaie en Gaspésie, première des quatre filles de Johnny Dumas et Angelina McKoy. Il y a du sang irlandais dans cette maison très modeste et beaucoup de parlants anglais dans ce bled perdu. Comme René Lévesque, elle sera parfaitement bilingue pour la vie.

La jeune journaliste Evelyn Gagnon, épouse de Jean-Paul Gagnon, 1962.

À l’école, la petite Evelyn termine son primaire avec la meilleure note de toute la province, ce qui lui vaut de pouvoir choisir le collège où elle pourra poursuivre ses études même si sa famille n’a pas les moyens pour ce genre d’instruction. L’enfant chérie du village opte pour un pensionnat pour filles à Joliette. Son talent pour l’écriture lui permet de collaborer au journal étudiant du Séminaire de Joliette, un repaire réservé aux garçons que fréquente Bernard Landry.

La voilà qui intègre un boys club jusque-là jamais ouvert aux filles. Elle répète l’exploit en 1961 pour le journal La Presse. À 20 ans, elle devient la première femme à couvrir les débats de l’Assemblée nationale. Cet accomplissement lui vaudra en 2018 de voir son nom honoré par la Tribune de la presse.

Evelyn Dumas, avec René Lévesque, au moment de recevoir le prix de journalisme Olivar-Asselin, le 29 novembre 1976, quinze jours après la victoire du Parti québécois. Photo: Claire Beaugrand-Champagne

Dans un milieu peuplé d’hommes, autant du côté des journalistes que de celui des politiciens, le style d’Evelyn Dumas et son intérêt pour les sujets sociaux et syndicaux ajoutent à sa singularité. Cette approche plutôt de gauche ne se démentira jamais.

En 1962, elle passe au Devoir et accepte l’offre de Michel Roy de couvrir la campagne électorale depuis la caravane de René Lévesque. Les deux Gaspésiens font connaissance et se retrouveront plus tard.

En attendant, elle trouve en travers de son chemin glorieux un homme avec qui elle n’a pas d’atomes crochus, Claude Ryan. Le nouveau pape de la rue Saint-Sacrement n’aime pas ses sympathies syndicales. Carmel Dumas écrit: «Il cherche à la mâter ou à la tasser.»

Parfaitement bilingue, elle saute sur la bouée de sauvetage que lui lance le Montreal Star, une organisation qui aime son cran et considère comme un atout considérable sa connaissance du Québec et son parfait bilinguisme.

Evelyn Dumas connaît de belles heures comme éditorialiste dans ce quotidien qui tire à près de 200 000 exemplaires.

Mais c’est ici que le conte de fées tourne au vinaigre. En pleine crise d’Octobre, la jeune cadre trentenaire du Montreal Star fait une crise de nerfs, qui fait l’effet d’une bombe dans son entourage. Nouvellement arrivée à Montréal, Carmel Dumas, qui est stagiaire au même journal et voisine de sa sœur dans le secteur du Forum de Montréal, découvre la fragilité de son aînée.

Et Carmel Dumas de raconter son premier tour de manège dans le réseau hospitalier. Le 1er novembre 1970, elle retrouve sa sœur en crise à l’Hôpital Général, avenue des Pins. Ce sont les policiers qui l’ont amenée là. Le personnel de l’urgence la renvoie au Reddy Memorial, hôpital pour femmes de la rue Tupper, qui dit à son tour ne pouvoir rien faire pour elle, car c’est un cas pour Saint-Jean-de-Dieu.

Effectivement, le sinistre hôpital psychiatrique la gardera jusqu’à la fin décembre. En contention, dépouillée de ses vêtements, privée de cigarettes, elle qui fume comme une cheminée.

À sa sortie d’hôpital, Evelyn Dumas décide de changer d’air. Elle part pour Paris, d’où elle enverra des articles à la pige au Montreal Star, qui se paye une correspondante passionnée pour pas cher. Il y a tant à voir, à raconter dans la Ville Lumière. Elle y sera très active, ce sera momentanément un éden pour elle, comme il l’a été pour plusieurs Québécois.

Une offre de lancer un journal indépendantiste, Le Jour, la ramène à Montréal. Jacques Parizeau, Yves Michaud et René Lévesque confient à l’ancienne du Montreal Star les fonctions de rédacteur en chef adjoint, éditorialiste, chef des pages éditoriales, secrétaire de la société, éditrice et reporter. Excusez du peu. Quand le Parti québécois est élu au pouvoir, difficile d’être ou ne pas être l’organe du pouvoir.

Dans le magazine Le Lundi du 4 juillet 1977, «Une rencontre de Ginette Auger avec la directrice du Jour». Photo: Guy Beaupré

Evelyn tombe une nouvelle fois au combat, mais se relève après un séjour à l’Institut Allen Memorial de l’hôpital Royal Victoria. Elle en sort prête à accepter un autre défi, celui de conseiller le premier ministre René Lévesque sur les questions qui concernent le Canada anglais et les États-Unis. Cela fera un temps aussi, ponctué de quatre hospitalisations. Ça devient un rituel.

Juste pour montrer qu’elle sait toujours se relever, mentionnons quelques boulots qu’elle honore entre ses hospitalisations, comme la direction du magazine La terre de chez nous en 1984, l’écriture, en 2002, d’un livre en faveur de l’élimination de la pauvreté, un état qu’elle connaît bien puisque sa condition de santé précaire l’a contrainte à demander l’aide sociale.

Pendant ces années, elle cherche des réponses dans la religion, au point de troquer la foi catholique de ses parents pour la religion orthodoxe. Elle change même de prénom. Elle sera alors Natalie.

En épluchant pour nous le journal intime de sa sœur, Carmel Dumas essaye de savoir ce qui amène sa sœur à emprunter autant de chemins de traverse et à perdre aussi souvent la carte. Sont-ce des histoires d’amour qui ont laissé des blessures profondes et mal guéries? Son tempérament suicidaire? La solitude? Elle ne connaît aucune relation amoureuse stable et durable, et n’a pas d’enfant. L’épuisement professionnel? Des pratiques médicales douteuses avec un usage imprudent de la pharmacopée psychiatrique où la patiente sert de cobaye? Est-ce son psychiatre traitant qui est trop entreprenant? Les pistes sont nombreuses et les réponses fournies souvent opaques ou fuyantes.

Toute personne qui a accompagné une personne dans le labyrinthe hospitalier se reconnaîtra, je pense, dans le dépit exprimé par l’auteure. À la lire, on a vraiment l’impression d’un voyage dans la maison des fous, avec des suivis sans bon sens, des trips de pouvoir à tous les paliers, des changements de personnel qui obligent de tout recommencer à zéro. Des redditions de comptes affolantes pour une bénéficiaire qui tire déjà le diable par la queue.

On comprendra que dans son exaspération à devoir constamment éteindre des feux, Carmel Dumas se permette d’épingler certaines personnes du milieu des communications dans lequel elle œuvre (de gros noms quand même) qui ont contribué, en cours de route, à rendre sa vie personnelle encore plus pénible.

Mais à travers ce livre qui ressemble à un casse-tête à assembler, parfois épuisant dans sa complexité, on retiendra la beauté de la sororité, la puissance des liens du sang et ce souci constant de ne pas oublier que ceux qui souffrent par leur âme ne perdent jamais toute leur tête. On retient de cette lecture, par tous les témoignages que Carmel Dumas a récoltés, qu’Evelyn Dumas a été et demeure une grande journaliste.

Tête-à-tête avec ma sœur Evelyn, Carmel Dumas. Les éditions de la Pleine lune. 2022. 328 pages

Michelle Rossignol. Soleil obligatoire, sous la direction de Stéphane Lépine

En mai prochain, cela fera trois ans que Michelle Rossignol nous a quittés. Le souvenir le plus prégnant que le public garde d’elle est certainement son rôle dans le populaire téléroman de Lise Payette Des dames de cœur. Elle y incarne Véronique O’Neil, une femme forte et indépendante, qui réussit. Dans sa vie publique, Michelle Rossignol a été comme ça, si on se fie au portrait que Stéphane Lépine nous fait dans le livre Michelle Rossignol. Soleil obligatoire, qui tient davantage de l’exercice de mémoire que de la biographie.

L’ouvrage, qui nous raconte le parcours héroïque et sans temps mort de Michelle Rossignol, est constitué d’une partie documentaire (richement alimentée par Stéphane Lépine), de plusieurs extraits d’entrevues accordées par Michelle Rossignol au fil des années et de 41 témoignages de personnes qui l’ont côtoyée, cela va des collègues des premières années aux auteurs qui ont profité de ses lumières, en passant par les acteurs qu’elle a formés (Marcel Sabourin, Michel Garneau, Michel Marc Bouchard, Évelyne de la Chenelière, Julie Vincent, Patrick Drolet, pour n’en nommer que quelques-uns).

Ce livre qui tient davantage de l’exercice de mémoire que de la biographie.

Vous avez compris que ce n’est pas le genre de livre qui vous dira qui a fait battre son cœur, quel est le secret de sa chevelure de tigresse ou le nombre de cigarettes que cette fumeuse notoire grille chaque jour. Cette artiste a toujours gardé sa vie secrète, ç’aurait été indélicat de rompre avec ce souci de discrétion.

Tout au plus, apprend-on d’entrée de jeu qu’elle est née en pleine guerre (1941) dans un quartier ouvrier de Montréal, rue Marquette. Élevée par une mère qui malgré des origines extrêmement modestes s’est forgé une carrière dans les médias, et un père gérant d’une buanderie, mort alors qu’elle a à peine 15 ans, l’âge qui la propulse.

En effet, à 16 ans, celle qui ne s’est jamais vue faire autre chose que jouer fait ses débuts à la télévision dans Le Survenant. L’auteure Germaine Guèvremont crée pour elle le personnage de Manouche, sa version féminine du Survenant. C’est ce qui s’appelle commencer une carrière en lion.

De fait, elle sera rapidement très demandée sur les scènes de théâtre montréalaises et pour les nombreux téléthéâtres que Radio-Canada produit, notamment la création d’Un simple soldat de Marcel Dubé.

Parmi les gens du métier que la jeune fille mineure côtoie, une comédienne riche d’une culture européenne, Kim Yaroshevskaya, pour la nommer, la convainc d’aller parfaire sa formation à Paris. Ce que la jeune Michelle fait. Elle ne choisit pas la facilité. Elle s’inscrit au cours de la redoutable Tania Balachova, amie de Sartre, Camus, Artaud. Convaincue du talent de sa nouvelle protégée québécoise, cette pédagogue, précurseure de l’Actor’s Studio américain, la présente à ses contacts parisiens. Et la jeune comédienne québécoise de se trouver des rôles au théâtre, à la télévision et au cinéma français.

Michelle Rossignol aurait pu avoir une carrière hexagonale, mais elle en décide autrement. Elle revient au Québec avec l’ambition de défendre un théâtre plus proche de ses racines, un théâtre écrit et fait par des Québécois.

C’est de notoriété publique, elle est de la création de plusieurs œuvres marquantes: Les beaux dimanches de Marcel Dubé, Les belles-sœurs de Michel Tremblay, Les oranges sont vertes de Claude Gauvreau, Dédé Mesure de Jean-Claude Germain, Mariaagélas d’Antonine Maillet. Et que dire de sa Pierrette dans les films Françoise Durocher, waitress et Il était une fois dans l’Est d’André Brassard!

À propos des Oranges sont vertes, Michelle Rossignol crée au Théâtre du Nouveau Monde (TNM) le personnage de Cégestelle dans un contexte très dramatique. L’auteur, Claude Gauvreau, «qu’elle voit comme un frère de combat», se suicide quelques jours avant la première. Elle confie avoir vécu la naissance de ce texte comme une mystique.

Mais ce qu’on connaît moins de Michelle Rossignol, et que le livre ramène à la surface, c’est tout le travail qu’elle fait pour faire émerger la dramaturgie québécoise alors qu’elle occupe des fonctions d’enseignement et de direction à l’École nationale de théâtre du Canada. Elle profite de son poste pour commander des œuvres originales qui permettront à ses étudiants de se mettre en bouche la langue et les idées du Québec.

On la retrouve aussi très active comme metteuse en scène, et là encore au service d’auteurs vivants québécois comme Roland Lepage (La complainte des hivers rouges) ou Jovette Marchessault (La saga des poules mouillées).

Cette conviction profonde pour le théâtre de création québécois la conduit naturellement à la direction du Théâtre d’Aujourd’hui, dont c’est la mission.

Michelle Rossignol n’a pas eu d’enfant, mais durant son règne, elle a mis au monde nombre de textes souvent joués par de jeunes comédiens qui font leurs premiers pas. Elle s’emploie, avec fougue, à faire découvrir de nouvelles plumes, à donner une voix aux femmes dramaturges ainsi qu’aux auteurs provenant des communautés culturelles. Cela nous vaudra des pièces comme Joie de Pol Pelletier, Le cerf-volant de Pan Bouyoucas, Journée de noce chez les Cromagnons de Wajdi Mouawad, Les reines de Normand Chaurette, Le voyage magnifique d’Emily Carr de Jovette Marchessault, Bob de René-Daniel Dubois. La liste est longue, car Michelle Rossignol a été aux commandes du Théâtre d’Aujourd’hui de 1989 à 1998, une période foisonnante en matière de création théâtrale au Québec. C’est elle, d’ailleurs, qui porte l’immense projet de déménagement du Théâtre d’Aujourd’hui, de son sous-sol crade rue Papineau à sa nouvelle maison flambant neuve au 3900, rue Saint-Denis.

La preuve que son engagement ne s’est jamais démenti, en 2021, l’année suivant sa mort, sa succession annonce que les avoirs de la défunte, une somme de 1,4 million de dollars, constitueront un fonds servant à soutenir des résidences d’artistes, à offrir des bourses d’écriture et à favoriser des relectures de pièces du répertoire québécois. Le fonds porte son nom et on lui a fait l’honneur, tellement mérité, de nommer aussi la salle principale du Centre du Théâtre d’Aujourd’hui (CTDA) en son honneur.

Le livre de Stéphane Lépine vient couronner cette commémoration de belle façon.

Michelle Rossignol. Soleil obligatoire, sous la direction de Stéphane Lépine. Éditions Somme Toute. 2022. 

Jean Leloup – Des grands instants de lucidité d’Olivier Boisvert-Magnen

Même s’il est totalement disparu de nos radars depuis plus de trois ans, Jean Leloup est encore bien présent. En octobre, la maison d’édition Les Malins publiait Jean Leloup Des grands instants de lucidité, un ouvrage passionnant sur le parcours discographique de cet artiste remarquable, mais pas facile à suivre.

À défaut d’avoir la contribution de son sujet, l’auteur Olivier Boisvert-Magnen a interviewé plusieurs musiciens qui ont cheminé avec Leloup, ainsi qu’une ribambelle d’artistes influencés par ce génie créateur unique dans le paysage musical québécois (James Di Salvio, Hubert Lenoir, Dumas, Émile Bilodeau, Salomé Leclerc, etc.).

Journaliste lui-même, Boisvert-Magnen a aussi écumé les déclarations que le chanteur a faites dans les différents médias tout au long de sa carrière. Quarante ans de propos souvent décoiffants, de sa victoire au Festival de la chanson de Granby en 1983 à sa dernière apparition publique au Gala de la SOCAN en 2019. À cette occasion, la Société canadienne des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique lui remettait trois prix Classiques pour 25 000 diffusions à la radio des chansons Isabelle, 1990 et Cookie.

Ce livre, dont la mise en page est aussi funky que son sujet, n’est donc pas une biographie classique. À part la mention de son enfance au Togo et en Algérie, qui a considérablement marqué la personnalité de ce natif de Sainte-Foy, le livre s’attarde peu aux détails biographiques, comme la famille, les études, les amours.

Voilà une lecture fascinante qui a fait mon bonheur cette semaine.

L’auteur nous fait plutôt vivre les étapes qui ont mené à la création de chacun des disques de Jean Leloup. Menteur, L’amour est sans pitié, Le dôme, Les fourmis, La vallée des réputations, Mexico, Mille excuses Milady, The Last Assassins, À Paradis City, et L’étrange pays, ils y passent tous.

On s’entend, tous ces enregistrements ont donné des pépites. Y’a personne au Québec qui a échappé au charme ravageur des chansons de Leloup. Impossible de résister à des titres comme I Lost My Baby, 1990, La vie est laide, Je joue de la guitare, Balade à Toronto, Johnny Go, Paradis City.

On n’a pas idée, jusqu’à ce qu’on lise ce livre, à quel point ces canons de la chanson québécoise ont demandé du temps, de l’énergie, de l’argent pour advenir. À quel point le travail chansonnier de Jean Leloup est un dur labeur qui a usé la santé physique et mentale de ceux qui y ont été associés.

Les musiciens interrogés aux fins de cette brique de 300 pages ont été sans filtre. Ils ne parlent pas la langue de bois. Ils décrivent avec franchise les heures passées en studio à échafauder les chansons d’un artiste toujours en quête de nouveautés, d’idées meilleures, plus originales que celles jammées la veille.

Quel artiste fédérateur, capable d’attirer un public de 7 à 77 ans… depuis 40 ans!

Au fil des chapitres, on voit s’établir un pattern. Jean Leloup recrute un nouveau talent (musicien, choriste, réalisateur, producteur), chemine avec lui, et sans crier gare, abandonne la personne pour passer à une autre étape avec un nouveau collaborateur. Le livre est farci d’artistes largués en cours de route d’un projet. On réalise aussi que les projets s’enlisent souvent, car le principal intéressé peine à choisir les multiples pistes qui s’offrent à lui, ou a tout simplement tendance à vouloir constamment refaire ce qui a été fait.

Les histoires autour de la création des spectacles qui suivent la sortie des albums sont aussi remplies de péripéties rocambolesques. Comme ce fameux concert prévu à Lac-Beauport à l’occasion du 400e anniversaire de Québec qui finit par être présenté au Colisée à cause de la pluie. Déçu et stressé par la tournure des événements, Leloup insultera le public de la Vieille Capitale, le qualifiant de mou. Un épisode qui, après coup, l’amènera à faire cette célèbre déclaration: «J’ai mal agi, j’ai mal agi, j’ai mal agi.»

Juste à lire, on est épuisé. Jean Leloup, Jean Leclerc, John The Wolf, et tous les autres surnoms dont il s’affuble, est difficile à suivre. Et pour cause! Sans trop insister, le livre aborde les excès d’alcool et de drogue du chanteur, une consommation qui le mène à plusieurs reprises en cure de désintoxication. Il est aussi fait mention de ses problèmes de santé mentale (Leloup avoue être bipolaire dans le livret de son disque Mille excuses Milady).

À travers les témoignages recueillis auprès de ceux qui ont constitué la cour du roi Ponpon (un autre surnom!), on ne sent pas de rancœur, juste de la déception. Comme si personne ne pouvait en vouloir à ce personnage plus grand que nature, franc, perfectionniste, toujours en quête d’un son original et affranchi. Tous ceux qui ont croisé le chemin de ce créateur de génie disent avoir appris de lui, et avoir bénéficié de sa générosité.

Ils ont raison. Comment en vouloir à quelqu’un qui ne travaille pas pour lui, mais pour faire la meilleure chanson, celle qui ne ressemble à aucune autre?

Faites le test, réécoutez les disques de Jean Leloup. Chacun est différent. Aucun ne ressemble à l’époque où il a été fait. Ces chansons-là ne vieillissent pas. Elles sont aussi imprégnées d’impressionnants instants de lucidité qui contrastent avec la personnalité égarouillée de son auteur en entrevue. Et quel artiste fédérateur, capable d’attirer un public de 7 à 77 ans… depuis 40 ans!

Voilà autant de raison de lire ce livre éclairant sur une des plus grandes légendes musicales du Québec.