La chronique Voyage de Marie-Julie Gagnon

Auteur(e)
Photo: Mélanie Crête

Marie-Julie Gagnon

Auteure, chroniqueuse et blogueuse, Marie-Julie Gagnon se définit d’abord comme une exploratrice. Accro aux réseaux sociaux (@mariejuliega sur X et Instagram), elle collabore à de nombreux médias depuis une vingtaine d’années et tient le blogue Taxi-brousse depuis 2008. Certains voyagent pour voir le monde, elle, c’est d’abord pour le «ressentir» (et, accessoirement, goûter tous les desserts au chocolat qui croisent sa route).

Retrouver le Lac-Saint-Jean

Du vert. Beaucoup de vert. Puis, du bleu. D’abord par touches. Et, soudain, une grande flaque azur. Le lac Saint-Jean comme l’œuvre d’un artiste à l’enthousiasme débordant.



Le Québec dans lequel j’ai grandi est vert forêt et bleu marin. Quand j’ai vu la mer pour la première fois, je n’ai pas compris pourquoi on avait accolé l’adjectif «marin» à un ton de bleu beaucoup plus approprié à mon lac du nord. Aigue-marine, d’accord, mais bleu marin, ça relève de l’imposture! L’intensité de cette teinte devrait, à mon tout-sauf-humble avis, s’appeler «bleu jeannois». N’est-ce pas aussi, après tout, la couleur du bleuet, fruit symbole de la région?

Il ne faisait aucun doute dans mon esprit que ma première escapade post-confinement aurait lieu dans ma région natale, le Lac-Saint-Jean. J’ai d’abord fait escale à Saint-Gédéon, ville qui ne cesse de me charmer depuis que je m’y suis arrêtée pour la première fois il y a cinq ans. J’ai beau avoir passé les 16 premières années de ma vie au Lac, je n’en ai vraiment fait le tour qu’une fois adulte, après avoir usé mes souliers aux quatre coins de la planète.

Un minichalet flottant dans une baie isolée

Les 24 premières heures de mon séjour m’ont fait l’effet de deux semaines de vacances. À l’Îloft, minichalet flottant amarré dans une baie tranquille, accessible à environ 45 minutes de kayak, j’ai complètement perdu la notion du temps. J’ai écouté la nature comme jamais. Aucun moustique n’est venu troubler ma contemplation. «C’est parce que l’Îloft est sur l’eau», m’a répondu Hugues Ouellet, fondateur d’Équinox Aventure, quand je lui ai demandé pourquoi les vampires volants, si voraces dans la région, nous avaient laissés tranquilles. En soirée, quelques-uns sont bien débarqués pour faire la fête, mais sitôt franchie la porte du chalet, ils ont vite réalisé que les plats au menu pouvaient se transformer en tueurs en série. Ne se confine pas avec des citadins exténués qui veut!

L’Îloft, un minichalet flottant amarré dans une baie tranquille, accessible à environ 45 minutes de kayak. Photo: Marie-Julie Gagnon

C’est à l’Îloft que j’ai pris la mesure des ravages causés par le stress des derniers mois. Loin de tout, autant des gens que de la technologie, je me suis laissée couler dans une sorte d’indolence salvatrice. Étendue sur la terrasse de mon nid flottant, j’ai fermé les yeux et respiré à pleins poumons pour la première fois depuis mars. Je suis devenue chant d’oiseaux et coassement de ouaouarons. Ça sentait les conifères et le bonheur tranquille.

Ici, ça sent les conifères et le bonheur tranquille. Photo: Marie-Julie Gagnon

Ce soir-là, je n’ai pas eu besoin de somnifère.

Au petit matin, les bruants à gorge blanche m’ont ramenée lentement à l’éveil, alors que le soleil étirait ses premiers rayons. J’avais raté le spectacle des étoiles, déjà blottie dans les bras de Morphée avant même leur entrée en ciel, mais le lever du jour était rempli de promesses.

Photo: Joseph Sarr

Les plus beaux couchers de soleil

À l’Auberge des îles, où je me suis posée les 24 heures suivantes, je suis allée de surprise en surprise. J’avais gardé un souvenir mitigé d’un précédent séjour, il y a cinq ans. Ravie par le cadre idyllique, j’avais été déçue par la désuétude des lieux.

L’Auberge des îles a subi une importante cure de jouvence. Photo: Marie-Julie Gagnon

Racheté par Éric Larouche, propriétaire de l’Hôtel Chicoutimi, le site a subi une importante cure de jouvence au cours des derniers mois. L’ajout le plus spectaculaire est sans doute la piscine intérieure de 25 mètres avec vue sur le lac. Le nouveau gym, qui sera bientôt inauguré, risque de plaire également aux visiteurs qui s’arrêteront dans les parages en hiver, saison où il est également possible de pratiquer une foule d’activités dans le secteur.

L’ajout le plus spectaculaire est sans doute la piscine intérieure de 25 mètres avec vue sur le lac. Photo: Marie-Julie Gagnon

La plage de sable blond constitue sans aucun doute l’un des plus grands atouts du site. Même quand l’établissement, membre depuis peu du réseau Ôrigine artisans hôteliers, affiche complet, l’espace est suffisant pour ne pas s’entasser comme des sardines.

Moi, qui trouve toujours l’eau du lac trop fraîche, j’ai cette fois-ci marché loin vers le large avant d’avoir de l’eau jusqu’à la taille, me rappelant mes baignades avec mes cousins il y a quatre décennies. Oui, la canicule sévit aussi parfois au Lac-Saint-Jean!

Ce soir-là, le soleil a joué le grand jeu. J’ai scruté l’horizon jusqu’à sa sortie de scène, hypnotisée par sa prestation magistrale.

Le soleil offre tout un spectacle! Photo: Marie-Julie Gagnon

En route vers Saint-Félicien!

Sur la route 170, sur les berges de la Belle-Rivière, à Métabetchouan, un petit restaurant qui ne paie pas de mine a connu plusieurs vies au cours des dernières décennies. Racheté l’année dernière par les entrepreneurs Martin Thibault et Martine Houde, l’ancien «Eau Soleil» est devenu le Bistro La Boca. Propriétaire de l’entreprise Imago Structures, qui fabrique des yourtes, et d’Imago Village, dans les monts Valin, le tandem est aussi passionné de gastronomie. «C’est d’abord pour pouvoir faire travailler nos employés à l’année que nous avons eu envie d’acheter le bistro», raconte Martine, qui a recruté à l’origine le chef Claude Laprise pour le restaurant Yourte Bistro du Nord, qui attire surtout les motoneigistes l’hiver.

J’avoue avoir rarement aussi bien mangé dans la région qu'au Bistro La Boca. Photo: Marie-Julie Gagnon

J’avoue avoir rarement aussi bien mangé dans la région. TOUT ce que j’ai goûté était savoureux. Mention spéciale aux fabuleuses slush aux petits fruits régionaux – avec ou sans alcool – et au saumon fumé maison mi-cuit, avec jus de fraise et poivron, fromage Couventine et sel d’algues. Les produits régionaux et québécois sont mis en valeur et l’espace, suffisant pour manger paisiblement sur la terrasse ou à l’une des tables à pique-nique avant de reprendre la route. J’en salive encore.

Mention spéciale au saumon fumé maison mi-cuit, avec jus de fraise et poivron, fromage Couventine et sel d’algues. Photo: Marie-Julie Gagnon

À Saint-Félicien, j’étais aussi intriguée par le Domaine des Trois-Îles, qui a officiellement ouvert ses portes à la fin de l’année 2019, que par les Coolbox, dont j’entends parler depuis 2018. Il faut dire que les minimaisons de Construction Prospère, une entreprise de Saint-Prime, ont poussé comme des champignons un peu partout au Québec au cours des deux dernières années.

Les Coolbox de Construction Prospère ont poussé comme des champignons un peu partout au Québec au cours des deux dernières années. Photo: Marie-Julie Gagnon

Très confortable, l’hébergement s’apparente à une chambre d’hôtel (avec salle de bain, l’essentiel pour cuisiner et même la clim) posée en pleine nature. Équipée de deux lits à deux places superposés, notre Coolbox était un peu en retrait, au bord de la rivière Ashuapmushuan. De quoi faire de bons rêves avant de reprendre la route…

Équipée de deux lits à deux places superposés, notre Coolbox était un peu en retrait, au bord de la rivière Ashuapmushuan. Photo: Marie-Julie Gagnon

Pratico-pratique:

  • Il reste encore plusieurs forfaits pour deux à l’Îloft incluant la nuitée, le kayak double, le souper et le déjeuner, les Européens ayant tous dû annuler. Il faut toutefois être assez en forme pour pagayer pendant le 1,8 kilomètre qui sépare l’Auberge des îles, où a lieu le départ, et l’Îloft (des cartes sont remises au départ). Les repas sont emballés sous vide. Il suffit de les laisser tremper dans l’eau bouillante pour les réchauffer. Pas de douche ni d’électricité dans l’Îloft, mais on y trouve une toilette au compost et un lit à deux places. Prix: 334$ (pour deux). On réserve auprès d’Équinox Aventure.
  • Une autre option pour ceux qui cherchent un hébergement atypique: l’Îgloft. Faite d’aluminium, la petite cabane flottante est aussi accessible en hiver (il y a de chouettes forfaits avec l’Auberge des îles pour la saison froide). Prix pour deux en juillet et en août: 334$.
Une autre option pour ceux qui cherchent un hébergement atypique: l’Îgloft. Photo: Marie-Julie Gagnon
  • L’Auberge des îles affiche complet pour juillet, mais il reste des disponibilités pour août. Une option pour ceux qui souhaitent explorer le secteur en juillet: l’Hôtel Chicoutimi, à Saguenay, appartient au même propriétaire. Y résider permet d’avoir accès à la plage de l’auberge, autrement réservée à la clientèle. Il est aussi possible de passer la nuit dans un Westfalia aménagé sur la plage, mais il est réservé jusqu’à la fin août.
Il est aussi possible de passer la nuit dans un Westfalia aménagé sur la plage, mais il est réservé jusqu’à la fin août. Photo: Marie-Julie Gagnon
  • Tout ce que j’ai goûté au restaurant de l’Auberge des îles était savoureux. J’ai particulièrement apprécié les fish and chips de doré, poisson abondamment pêché dans les eaux du lac.
  • Des incontournables à Saint-Gédéon: la Microbrasserie du Lac, la Fromagerie et boulangerie Médard. Il y a aussi plusieurs petits casse-croûtes très chouettes.
  • Je ne me suis pas arrêtée au Zoo sauvage cette fois-ci, par manque de temps, mais sachez qu’il est nécessaire de réserver une plage horaire pour le visiter cet été.
  • Coolbox, c’est aussi un réseau d’hôtellerie de plein air. On trouve des minimaisons à louer dans plusieurs sites récréotouristiques de la Belle Province. Consultez le site Web pour découvrir les destinations.
  • Il est possible de louer des embarcations pour explorer les environs du Domaine des Trois-Îles. Apportez votre chasse-moustiques!

J'étais l'invitée de l'Auberge des Îles, d'Équinox Aventure, du Bistro La Boca et de Coolbox. Toutes les opinions émises dans ce texte sont 100% les miennes.