La chronique Voyage de Marie-Julie Gagnon

Auteur(e)
Photo: Mélanie Crête

Marie-Julie Gagnon

Auteure, chroniqueuse et blogueuse, Marie-Julie Gagnon se définit d’abord comme une exploratrice. Accro aux réseaux sociaux (@mariejuliega sur X et Instagram), elle collabore à de nombreux médias depuis une vingtaine d’années et tient le blogue Taxi-brousse depuis 2008. Certains voyagent pour voir le monde, elle, c’est d’abord pour le «ressentir» (et, accessoirement, goûter tous les desserts au chocolat qui croisent sa route).

L’Acadie en Nouvelle-Écosse

De la Nouvelle-Écosse, je ne connaissais qu’Halifax, Lunenberg et l’île du Cap-Breton. À la fin du mois de juin, j’ai plongé avec grand bonheur dans l’histoire acadienne de la province avec un petit groupe de journalistes, avant la conférence annuelle de la Travel Media Association of Canada (TMAC). Bienvenue dans la région de la baie Sainte-Marie et de Yarmouth, qui a tout pour plaire aux vacanciers curieux… et gourmands.



La soirée est sans fausse note, malgré ma veste et mon foulard, nécessaires au bord de l’océan Atlantique à cette période de l’année. Le feu crépite doucement pendant que notre petit groupe profite de l’apéro pour questionner ses hôtes sur la pêche au homard. Autour de moi, les tables à pique-nique sont prêtes pour le souper. Au menu? Je vous laisse deviner…

Alors que le soleil descend doucement sur les îles Tusket, je me dis que l’Argyler Lodge ne ment pas en s’affichant comme le «Paradise on Lobster Bay» sur son site web.

Un véritable festin nous attend, arrosé de vin local (Tydel Bay, vous connaissez?). Je ne sais pas si c’est le cadre enchanteur, les discussions bon enfant ou la fraîcheur des crustacés, mais mon repas m’apparaît particulièrement savoureux. J’irai même jusqu’à déclarer, après quelques verres de vin, que c’est le meilleur homard mangé de ma vie! Mais j’ai déjà dit la même chose à l’Île-du-Prince-Édouard et au Nouveau-Brunswick… Hic!

Homard au Argyler Lodge en compagnie de Danny Blinn du Centre d’interprétation acadien et de Jennifer Doré Dallas du blogue Moi mes souliers.

Ce soir-là, j’abuserai aussi des s’mores. Comment résister aux guimauves grillées glissées entre deux biscuits au chocolat?

Smores au Argyler Lodge. Photo: Marie-Julie Gagnon

Non loin du paisible village de pêcheur de Glenwood, où se trouve le petit hôtel aux airs de maison de campagne, la ville de Barrington s’est autoproclamée «capitale du homard». N’est-ce pas ce qu’affirme aussi Shédiac, au Nouveau-Brunswick, où les touristes posent fièrement devant une statue géante du crustacé? «À Barrington, ils ramènent à quai le plus de homard, et à Shédiac, ils traitent le plus de homard», résume Lois Joseph quand je lui fais remarquer. Originaire de la Floride, le trentenaire est venu vivre avec sa famille dans la région il y a une quinzaine d’années. Tous ont eu un coup de cœur pour ce coin de pays. Les repas de homard en plein air ont lieu sur réservation tous les lundis de l’été (175$ par couple).

D’un village à l’autre

Au cours des jours précédents, j’ai eu l’occasion de découvrir le Village historique acadien de la Nouvelle-Écosse qui, s’il est plus petit que celui du Nouveau-Brunswick, s’en distingue en mettant aussi l’accent sur la culture maritime, le Musée des Acadiens des Pubnicos, à West Pubnico, où l’on remonte le temps jusqu’en 1653, dans la plus ancienne colonie acadienne toujours habitée par les descendants des fondateurs, de déguster des mets traditionnels dans une ancienne école, L’Anse Resto Sur Mer, de pêcher des coques à l’Anse-des-Belliveau («regarder pêcher» serait plus juste, je l’admets) et de m’initier à la culture acadienne en faisant un tour de ville en compagnie de Danny Blinn, du Centre d’interprétation acadien.

À la pêche aux coques. Photo: Marie-Julie Gagnon

Le parc provincial de la plage de Mavillette m’a pour sa part donné des envies de longues balades au bord de l’océan. Si la température de l’eau n’a rien à voir avec la celle de la plage Parlee, dans la province voisine, Mavillette ravit notamment les amateurs de sports nautiques grâce à The Good Wave Project, qui propose des leçons d’initiation au surf.

Plage Mavilette. Photo: Marie-Julie Gagnon

Parmi les moments forts de ce séjour, le «kitchen party» de La Cuisine Robicheau, à Saulnierville, se taille une place de choix. Bien que le menu puisse paraître un peu redondant après quelques jours dans la région (ce n’est pas moi qui vais me plaindre de manger trop de fruits de mer, remarquez), la musique traditionnelle de Christal Thibeault Crowell et de son père, Johnny Thibeault, a rendu l’expérience mémorable.

Entrée de fruits de mer à la Cuisine Robicheau. Photo: Marie-Julie Gagnon

Je conclus mon périple à Yarmouth, d’où partent notamment des traversiers vers le Nouveau-Brunswick, l’Île-du-Prince-Édouard et le Maine. J’ai même droit à une visite du célèbre Blunose II (oui, une réplique de la goélette de pêche canadienne qu’on retrouve sur les pièces de 10 cents), de passage dans le secteur. D’ailleurs, saviez-vous que «Bluenose» est le surnom qu’on donne aux Néo-Écossais? Non, je n’ai pas fait que manger du homard pendant mon séjour!

Cap Ste-Marie. Photo: Marie-Julie Gagnon

Pratico-pratique:

  • La municipalité de Clare, en Nouvelle-Écosse, est la plus grande communauté acadienne de la province. Plus de 75% de ses résidents parlent français et anglais.
  • Les Acadiens préfèrent généralement l’appellation « Baie Sainte-Marie», nom donné par Champlain en 1604, à Clare, qui provient d’un gouverneur anglais.
  • Quoi manger: La râpure, à base de pomme de terre et de poulet (on trouve aussi des variations, j’en ai mangé avec des palourdes). C’est un repas typique du sud-ouest de la Nouvelle-Écosse, mais on en mange ailleurs aussi, depuis le retour des Acadiens après la Déportation. On aime ou on n’aime pas, surtout à cause de la texture. Le fricot, soupe au poulet dans laquelle on ajoute généralement un «dumpling» (qui n’a rien à voir avec les dumplings asiatiques), est un autre plat acadien typique. Évidemment, poissons et fruits de mer sont aussi au menu!