La météo influence-t-elle vos vacances?
Alors que le Québec connaît des températures plutôt maussades, je me ballade en Europe en pleine canicule. Il y a quelques jours, à Budapest, un thermomètre affichait… 38 degrés. Je venais de faire l’ascension du mont Gellért pour aller voir de plus près la Statue de la Liberté, l’un des symboles de la ville. Pas une seconde il ne m’est venu à l’esprit de m’empêcher d’aller admirer la vue de là-haut.
Si je ne souffre pas trop de la chaleur (vive les hôtels climatisés pour prendre des pauses et bien dormir!), plusieurs touristes semblent fortement incommodés par ce genre de température extrême. Pas seulement les touristes, remarquez : on rapporte quelques morts dans toute l’Europe depuis le début de la canicule.
Pendant ce temps, au Québec, tout le monde se plaint du temps «ordinaire». J’ai bondi en voyant le titre de cet article du Journal de Québec il y a quelques jours : «Fuyez le Québec cette semaine». J’ai immédiatement pensé aux multiples témoignages d’acteurs de l’industrie touristique au sujet de la propension des Québécois à décider ce qu’ils feront de leurs vacances à la dernière minute, selon la météo, et du mal que leur causerait pareil article. Puis, je me suis mise à la place des vacanciers. Voulons-nous vraiment aller quelque part quand on annonce que le soleil ne sera pas au rendez-vous?
Selon TVA Nouvelles, le nombre de Québécois ayant décidé d’aller passer leurs vacances estivales à l’extérieur de la province cet été a augmenté de 20 %. Un sondage réalisé par Expedia.ca démontre pour sa part que 55 % des 77 % de Québécois qui prendront des vacances cet été voyageront à l’extérieur de la province (Las Vegas, Orlando et Paris sont les trois favoris). Des chiffres qui peuvent surprendre, alors que d’autres sondages indiquaient il y a quelques mois que la majorité comptait rester dans les parages.
Température et perceptions
Dans le monde du tourisme, deux idées s’affrontent depuis toujours : voyager au «meilleur moment» (sous-entendre, quand le climat est le plus agréable – donc en haute saison, au gros prix) ou en «basse saison» (quand la température n’est pas au top, mais que les prix sont plus bas). Ariane Arpin-Delorme, propriétaire de l’agence Esprit d’aventure avec qui j’ai coécrit Le voyage pour les filles qui ont peur de tout, conseille généralement aux gens d’opter pour «l’entre-deux» : quand les prix sont encore bons, mais qu’on ne découvrira pas une nouvelle contrée à travers un rideau de pluie à cause de la mousson, par exemple.
Une chose reste vraie : explorer une destination sous un ciel bleu maximise les chances de l’apprécier. À l’inverse, des conditions climatiques extrêmes peuvent miner le moral… et ce précieux temps d’arrêt auquel on a rêvé toute l’année.
Je me souviens avoir détesté San Francisco en plein mois de novembre. Le temps était gris et j’avais grelotté pendant tout mon séjour. Par contre, j’ai aimé la Thaïlande tout de suite la première fois, même si j’y suis débarquée au début de la saison des pluies.
À quel point le temps qu’il fait influence-t-il notre perception d’un lieu? Doit-on s’empêcher d’aller quelque part parce que ce n’est pas «le bon moment» ou qu’on annonce «des conditions météorologiques en dents de scie»? Il suffit d’étudier les prévisions météo pendant quelques jours et de regarder par la fenêtre ensuite pour réaliser que les erreurs sont fréquentes.
À mon avis, le secret des vacances réussies réside plutôt dans la préparation (pour l’essentiel) et la flexibilité. Si j’avais emporté des vêtements plus chauds lors de ce séjour à San Francisco, j’aurais sans doute apprécié davantage cette ville qui a séduit tous les gens de mon entourage qui s’y sont rendus. Pour profiter de mon voyage en Europe malgré la chaleur intense, j’alterne entre les visites de musées, les dégustations de vins locaux et les sorties en plein air.
De la même manière, s’empêcher de découvrir un endroit auquel on rêve parce que la période de nos vacances ne concorde pas avec «le meilleur moment» pour s’y rendre nous fera peut-être passer à côté du voyage de notre vie (attention toutefois, il y a des nuances: en cas de doute, consultez un bon conseiller en voyages). Suivre l’actualité m’apparaît aussi essentiel. Par exemple, la voie d’accès habituelle du mont Blanc a récemment été fermée à cause de la canicule.
Avec notre propension à vouloir tout contrôler, nous ne digérons pas qu’un nuage vienne assombrir ces vacances parfaites auxquelles nous aspirons. Et si on revoyait notre manière de «penser» un voyage? Il y a toujours des plans B, C, D, etc. si Dame Nature décide de faire la gueule au moment où nous pouvons enfin partir.
Personnellement, quand on me dit de «fuir» (du moins, pour des raisons futiles), je me dis que c’est sans doute le meilleur moment pour découvrir un coin de pays sans la cohue.
P.S.: Je ne souffre pas trop de la chaleur, mais vous devriez me voir quand il fait -1000… Même avec les meilleurs vêtements et la meilleure volonté du monde, le froid me donne envie de me rouler en boule dans mon lit!