La chronique Voyage de Marie-Julie Gagnon

Auteur(e)
Photo: Mélanie Crête

Marie-Julie Gagnon

Auteure, chroniqueuse et blogueuse, Marie-Julie Gagnon se définit d’abord comme une exploratrice. Accro aux réseaux sociaux (@mariejuliega sur X et Instagram), elle collabore à de nombreux médias depuis une vingtaine d’années et tient le blogue Taxi-brousse depuis 2008. Certains voyagent pour voir le monde, elle, c’est d’abord pour le «ressentir» (et, accessoirement, goûter tous les desserts au chocolat qui croisent sa route).

Stressantes, les vacances?

Juin. Dans tous les magazines, des dossiers sont consacrés aux vacances. Déjà, en mars, vous aviez repéré les multiples articles vantant les avantages de bien les planifier. Sur les réseaux sociaux, certains de vos «amis» ont commencé le décompte du jour J. Et c'est sans compter les promotions insistantes, tant à la télé que sur le Web! La sentez-vous, la pression?



Oui, les vacances entraînent une certaine part de stress. Selon des chercheurs du Management Center d’Innsbruck, les voyageurs peuvent en souffrir pendant trois grandes périodes, rapporte le Réseau veille tourisme: «soit avant le voyage, pendant le déplacement et à destination».

Ce n'est pas pour rien que bien des gens optent pour une destination «soleil» pendant l'été: on veut s'assurer de sa présence et n'avoir à s'occuper de RIEN une fois sur place. Je ne calcule plus le nombre d'intervenants de l'industrie touristique des quatre coins du Canada qui m'ont confié, ces dernières années, que leur principal concurrent est désormais le fameux forfait «tout compris». Quand on dispose d'une à trois semaines de vacances (oui, c'est trop peu!), on veut s'assurer que tout soit parfait, y compris le temps qu'il fera. Sans parler du coût: en optant pour ce type de séjour, on sait déjà combien on va dépenser avant même de quitter la maison.

Partir pour un week-end? Trop court, selon 72% des Québécois interrogés par la chaîne hôtelière InterContinental Hotels Group. Ce sondage indique que trois jours constituent le minimum.

Pas mieux chez le voisin!

Nous ne sommes pas les seuls à nous plaindre de nos vacances trop courtes. En 2013, le travailleur américain moyen a pris 16 journées de congé, en excluant les fériés, selon un sondage réalisé par Gfk and Oxford Economics mentionné par le magazine TIME (édition du 1er juin 2015). Entre 1976 et 2000, on se reposait 20,3 journées*. C'est presque une semaine de plus!

Et puis, trois petites semaines, ça reste assez peu si on compare avec le reste de la planète. Les Brésiliens bénéficient par exemple de 30 jours de vacances payés, en plus de 11 journées de congés nationaux...

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La peur de rater ses vacances

Comme travailleuse autonome, je prends très rarement de «vraies» vacances. Quand je le fais, la pression de les «réussir» est donc décuplée. J'ai beau voyager souvent pour le travail, quand je pars pour me reposer avec les miens, j'ai envie que chacun y trouve son compte (ce qui n'est pas toujours évident). Le budget est aussi une source d'angoisse. Planifier? Je fais le maximum, mais je manque souvent de temps. Et plus on me donne des conseils, plus je stresse!

Je ne suis pas la seule à me faire du souci à propos de tout et de rien, si je me fie aux réponses récoltées suite à un sondage «maison» sur Facebook. «J'ai toujours peur de rater mes vacances, admet Catherine Maisonneuve, conseillère stratégique. J'ai tellement peu de semaines de congé (trois) que chaque journée compte. Je m'arrange souvent pour les combiner à des fériés. Et je planifie d'avance, je questionne, je suis sur Tripadvisor comme une folle pour choisir le bon quartier, le bon hôtel, etc., parce que je veux que ce soit magique à chaque fois.»

«Quand je travaillais à temps plein j'étais toujours très très stressée, raconte Danielle Labranche, maintenant en mode boulot une vingtaine d'heures par semaine, de la maison. Avec deux ou trois semaines par année, tu ne veux pas rater ton coup et quand la température ou la santé n'est pas de ton côté, tu reviens au boulot totalement frustrée... Et donc pas très reposée. (...) Avant, un retour au boulot égalait inévitablement RUSH RUSH RUSH. En plus, comme je peux maintenant choisir un peu plus, j'ai moins la pression d'avoir des vacances PARFAITES.»

«C'est de la job, les vacances!» résume pour sa part l'animatrice Sophie Bérubé.

Qui n'a pas déjà fait d'heures supp les jours précédents son départ? Avant de partir, on met généralement les bouchées doubles, non seulement parce qu'il faut planifier ses vacances, mais aussi son absence! Sans parler du retour, qui fait parfois oublier bien rapidement qu'on était totalement zen quelques heures avant.

Moins on dispose de journées de vacances, plus la pression de faire les bons choix semble grande. Mais au moins, on n'aura pas 4 000 courriels non-lus au retour...

Vous, êtes-vous prêts pour les vacances?

* Source: U.S. Travel Association's analysis of Bureau of Labor Statistics.