Doit-on se préparer au pire pour les vacances d’été?
Comme vous, j’ai bien hâte que le mot «vague» soit de nouveau associé aux plaisirs de l’été. J’ai cependant l’impression que de nouveaux obstacles se dressent constamment sur la route des vacances. Entre l’inflation, le prix du carburant, le manque de personnel, la menace de la guerre et les craintes qui subsistent à propos de la COVID-19, comment entrevoir une saison sans turbulence?
Accentuée par la guerre en Ukraine, la flambée des prix du pétrole coupera sans doute les ailes de bien de voyageurs, qu’ils préfèrent la voiture ou l’avion. Ici comme ailleurs, les experts s’entendent pour dire que l’augmentation du prix des billets d’avion est inévitable. Certaines compagnies aériennes comme Air France-KLM ont d’ailleurs déjà haussé les prix. Que faire, si l’on souhaite voir du pays? Ne pas attendre qu’ils grimpent encore plus (en s’assurant de pouvoir annuler ou reporter si nécessaire) et préparer son voyage au maximum.
Alors que la reprise se fait sentir, le manque de personnel est criant dans toutes les sphères de l’industrie touristique, tant du côté des agences de voyages que dans les restaurants ou les aéroports. À Montréal comme à Vancouver, des passagers ont manqué leurs vols à cause des files interminables au cours des dernières semaines. Le week-end de Pâques a laissé un goût amer à plusieurs voyageurs, dont la blogueuse Lyne Ste-Marie, qui n’a pas pu monter dans son avion vers New York à cause de l’attente à la douane américaine.
Afin d’éviter que des situations semblables se répètent, depuis le 24 avril, le contrôle de sûreté préembarquement débute ses opérations à 4h30. Il est maintenant recommandé d’arriver AU MOINS trois heures à l’avance à l’aéroport de Montréal pour un vol vers les États-Unis. Le 25 avril, plusieurs assouplissements aux mesures frontalières sont heureusement entrés en vigueur pour les voyageurs entièrement vaccinés et les enfants de 5 à 11 ans. Espérons retrouver un semblant de fluidité avant la folie des vacances d’été. Non, on ne peut plus voyager «comme avant», surtout en période de pointe, même si ces assouplissements sont les bienvenus.
Maintenant que l’envie de voir du pays semble bien revenue, les bureaux de passeports sont surchargés de demandes partout au Canada. Si vous prévoyez traverser la frontière au cours des prochains mois, mieux vaut vous pencher sur la question dès maintenant. «Nous recevons un volume d’appels très élevé en ce moment, peut-on lire sur le site du gouvernement du Canada. Si vous n’avez pas l’intention de voyager dans les 2 prochaines semaines, nous vous suggérons d’attendre avant de nous appeler.»
Manque de personnel, manque de service?
Elle semble bien loin, l’époque où les étudiants se battaient pour décrocher un emploi d’été dans un site touristique. Partout, les campagnes de séduction se multiplient pour les attirer. Le Zoo de Granby a par exemple réalisé une vidéo qui met en valeur l'esprit de camaraderie qui règne sur le site. En avril, l’Association des hôtels du Grand Montréal (AHGM) a lancé «Travailler en hôtellerie, c’est profiter d’un bagage d’avantages!» pour séduire de potentielles recrues, mais aussi pour valoriser les métiers de l’hôtellerie.
Frédéric Gonzalo, spécialiste du marketing et des communications qui œuvre dans le monde du tourisme depuis 25 ans, rappelle sur etourisme.info que même si la pandémie a joué un rôle dans la rareté de main-d’œuvre, le problème était à prévoir puisque basé sur une réalité sociodémographique. Au Québec, une personne sur cinq est âgée de 65 ans et plus. «Il y a plus de gens âgés quittant le milieu du travail que de jeunes qui viennent compenser ces pertes. Ce phénomène était déjà observable au début des années 2000, et il est à son paroxysme en ce moment. Pointe qui devrait durer jusqu’à au moins 2030 – eh oui, les amis, on n’est pas sorti de l’auberge…»
Vous avez sans doute, vous aussi, été frappé par le jeune âge de certains employés des attractions visitées l’été dernier. Nous risquons de voir le même phénomène cette année. «À l’autre bout du spectre, est-il normal de voir partir des employés bourrés d’expérience à 65 ans, parfois même à 60 ou 55 ans, simplement car l’heure de la retraite a sonné? écrit Frédéric Gonzalo. Certains ne demandent qu’à rester en emploi, ne serait-ce qu’à temps partiel, mais plus souvent qu’autrement cela s’avère désavantageux sur le plan fiscal en raison des mesures d’impôt gouvernementales. Comment pourrions-nous les retenir, par du bénévolat, du mentorat auprès des jeunes, ou par un incitatif salarial?»
En attendant que les postes soient pourvus, nous devrons, comme vacanciers, planifier nos sorties et nous adapter à ces nouvelles réalités.
De bonnes nouvelles… malgré tout
Parce qu’il n’y a pas que des obstacles, j’ai rassemblé pour vous quelques bonnes nouvelles printanières.
D’abord, les billets d’avion au Québec à 500$ ou moins pour voler vers les régions du Québec seront offerts dès cet été. Oui, ça peut paraître encore cher et, oui, il y aura un nombre maximum de billets par personne. Mais en attendant que des joueurs comme la Coop TREQ puissent prendre leur envol et offrir des prix plus raisonnables, c’est déjà un pas en avant.
Ensuite, si vous avez plutôt envie de prendre le train, sachez que VIA Rail rétablira plusieurs de ses services dès le 29 juin. Ainsi, trois départs par semaine seront de nouveau proposés pour les trajets Montréal-Jonquière et Montréal-Senneterre.
Vous songez à traverser le Canada en train? VIA Rail offre depuis le 29 avril les deux fréquences complètes du Canadien, entre Toronto et Vancouver, et L’Océan reliera Montréal à Halifax trois fois par semaine dès le 3 juin.
Aussi à surveiller: les transporteurs au rabais comme Flair Airlines et Swoop, qui semblent bien déterminés à nous faire voir du pays à des prix «relativement» raisonnables (tout extra a un prix!).
Alors, doit-on s’attendre au pire pour les vacances d’été? Sans doute, ne serait-ce que pour réapprendre à voyager avec les balises actuelles et repartir… du bon pied.
À garder en tête pour vos vacances d’été:
- Consulter les sites des aéroports et de sa compagnie aérienne avant le départ est plus important que jamais.
- Mieux vaut arriver le plus longtemps possible à l’avance, partout.
- Réserver le plus tôt possible, autant pour le Québec que pour l’international (c’est déjà tard, mais les prix risquent de continuer à grimper).
- Revalider toutes les informations relatives à votre voyage jusqu’à la dernière minute au cas où des changements auraient été apportés.
- Soutenir des entreprises locales chaque fois que c’est possible.
- User de patience et se rappeler que les délais font désormais partie de l’aventure. Surtout, souvenons-nous que les employés qui nous servent ne sont pas responsables de nos écueils!