La chronique Voyage de Marie-Julie Gagnon

Auteur(e)
Photo: Mélanie Crête

Marie-Julie Gagnon

Auteure, chroniqueuse et blogueuse, Marie-Julie Gagnon se définit d’abord comme une exploratrice. Accro aux réseaux sociaux (@mariejuliega sur X et Instagram), elle collabore à de nombreux médias depuis une vingtaine d’années et tient le blogue Taxi-brousse depuis 2008. Certains voyagent pour voir le monde, elle, c’est d’abord pour le «ressentir» (et, accessoirement, goûter tous les desserts au chocolat qui croisent sa route).

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Saison de la spontanéité, de la légèreté, des escapades en famille et entre amis, l’été est aussi pour moi le moment de (re)découvrir des lieux et des événements qui alimenteront chroniques et reportages au cours des mois suivants. Voici une liste pêle-mêle (ce n’est pas un palmarès!) de coups de cœur au Québec, en Colombie-Britannique, à l’Île-du-Prince-Édouard et en Nouvelle-Écosse, issus de mes pérégrinations printanières et estivales.


Half Corked Marathon, Colombie-Britannique

Courir sans pression tout en faisant du tourisme, j’adore! C’était ma deuxième participation à cet événement aussi convivial que festif lancé en 2010.

Tout au long des quelque 21 km, des dégustations de vins de la région d’Oliver et d’Osoyoos sont proposées aux participants, pour la plupart costumés. TOUT du Half Corked Marathon me plaît: le décor de rêve, l’humour, le sport sans la performance et les rencontres. L’événement étant particulièrement populaire, un tirage est effectué pour déterminer qui sera sur la ligne de départ.

Tout au long des quelque 21 km de ce marathon, des dégustations de vins sont proposées aux participants, pour la plupart costumés. Photo: Marie-Julie Gagnon

Projet La Ruche, Gaspésie

Ne vous fiez pas au site web: le Projet La Ruche, à Baie-des-Sables, est beaucoup plus qu’une boutique qui vend du miel! C’est à la fois une table champêtre, un gîte écoresponsable et un merveilleux endroit où la durabilité est au cœur de l’expérience.

À cheval sur les régions du Bas-Saint-Laurent et de la Gaspésie, Projet La Ruche se trouve sur la terre familiale de sa fondatrice, Gabrielle Trigaux, dans une zone agricole boisée. Cette fille d’apiculteur a eu envie de revenir vivre dans son coin de pays natal en 2018 après des études à l’Institut de tourisme et d’hôtellerie du Québec (ITHQ) et quelques années passées dans la métropole.

J’ai adoré: le choix des matériaux durables pour la construction du bâtiment, l’atmosphère chaleureuse du restaurant, la serre qui chauffe le bâtiment, la mise en valeur de l’économie circulaire, la carte des vins et LA MOUSSE AU CHOCOLAT (miam!).

Le Projet La Ruche, à Baie-des-Sables, est beaucoup plus qu’une boutique qui vend du miel! Photo: Marie-Julie Gagnon

Mont-Saint-Pierre, Gaspésie

Jamais je n’aurais osé gravir le mont Saint-Pierre à l’époque où une partie du trajet – bien escarpé – devait être effectuée en s’agrippant à une corde. Depuis l’été dernier, des escaliers ont été ajoutés dans certains tronçons du sentier du Delta, rendant l’ascension beaucoup plus accessible (le sentier est tout de même classé intermédiaire-avancé).

Au sommet, en plus de la superbe vue sur la baie, à 430 mètres d’altitude, l’expérience immersive Odyssée, la face cachée du mont Saint-Pierre est proposée (35$ pour un adulte). Pour ceux qui ne souhaitent pas monter à pied, une navette surnommée «Le béluga» monte jusqu’au sommet (16$ par adulte).

Dans la Salle du clocher de l’ancienne église, le film À vol d’oiseau (25$/adulte), projeté devant, au-dessus et autour des visiteurs, donne l’impression de s’élancer dans le vide avec les protagonistes, qui s’adonnent au parapente et au deltaplane.

Aussi inaugurée par la coopérative de Mont-Saint-Pierre cette année, la Place du village compte un pavillon d’accueil (l’Espace découverte, point de départ de toute visite) et un sympathique bistro en plein air, la Terrasse des vagues. La plupart des activités lancées cet été seront accessibles jusqu’en octobre. Après une telle cure de jouvence, Mont-Saint-Pierre promet d’être bien vivante toute l’année!

Depuis l’été dernier, des escaliers dans certains tronçons du sentier du Delta rendent l’ascension du Mont-Saint-Pierre beaucoup plus accessible (le sentier est tout de même classé intermédiaire-avancé). Photo: Marie-Julie Gagnon

Pub The Narrows, Nouvelle-Écosse

J’aurais pu passer la nuit dans ce pub – j’aurais pu passer MA VIE dans ce pub! The Narrows, rue Gottingen, c’est l’incarnation même du fantasme du voyageur gourmand: des mets dont on n’attend rien et qui se révèlent succulents, dans un lieu où l’on va de surprise en surprise.

Si le plat choisi à base de pommes de terre, d’aiglefin braisé et de lardons appelé «Dutch mess» m’a fait pousser de grands «hum!», c’est ma balade à l’étage supérieur (où se trouvent les toilettes!) qui m’a fait rêver de m’installer POUR TOUJOURS dans cette maison-musée victorienne érigée en 1896 qui propose des spécialités locales plus ou moins appétissantes a priori (un sandwich au baloney, vraiment?). Peu importe où l’on pose les yeux, on découvre une histoire: un article de journal encadré, un oiseau empaillé, un livre intitulé How to build and furnish a log cabin…  Ouvert depuis deux ans, The Narrows est une raison suffisante pour retourner à Halifax. Allez, zou!

J’aurais pu passer la nuit dans ce pub – j’aurais pu passer MA VIE dans ce pub! Photo: Marie-Julie Gagnon

Le North End d’Halifax, Nouvelle-Écosse

Pourquoi n’avais-je jamais pris le temps d’aller me balader du côté du North End? En me rendant tranquillement vers The Narrows, je suis tombée sur une installation artistique consacrée à Viola Desmond, admiré de superbes maisons victoriennes et découvert une foule de commerces qui ont piqué ma curiosité.

Le lendemain, j’ai arpenté la rue Agricola, qui regorge de cafés, de bars et de restos, fait une pause au Commons Beer Garden de Good Robot sur North Park, mangé une glace maison au Hydrostone Market, marché sur Barrington jusqu’au pont, puis bifurqué sur la rue Africville pour me rendre au musée du même nom (mauvaise idée d’y aller à pied: il n’y a pas de trottoir sur une bonne partie du trajet), mangé des huîtres chez EDNA, sur Gottingen…

Mention spéciale au nouvel hôtel Moxy – le premier au Canada –, inauguré en début d’année et bien situé pour explorer ce secteur à pied. Parfait quand on a exploré de long en large le bord de mer!

Le Garde-Manger du Vieux Loup de Mer, Bas-Saint-Laurent

Je n’ai pas dormi dans l’un des superbes chalets recyclés du Vieux Loup de Merque j’aime tant! – cet été, au Bic, mais en route vers la Gaspésie, je me suis arrêtée pour faire des provisions à la boutique gourmande inaugurée pendant la pandémie.

Le Garde-Manger a tout pour me plaire: des vins québécois soigneusement sélectionnés par le sommelier Julien Gagnon (ils ont notamment des bulles du Domaine de Bergeville et du Domaine du Nival), des plats congelés de Chez Saint-Pierre, d’Adrian Pastor et des Jardins de Métis par Frédérick Boucher, les poissons et fruits de mer en conserve de Chasse-Marée… Et je ne parle même pas des multiples créations de différents artisans. Qu’on dorme sur place ou ailleurs, y faire escale pour se ravitailler quand on emprunte la route 132 est une bonne idée.

Domaine Carte Blanche, Bas-Saint-Laurent

Je l’admets: l’idée de dormir dans un ancien presbytère me fait généralement faire des cauchemars. Au Domaine Carte Blanche, les curés ont dû être heureux, car j’y ai fait de très bons rêves!

J’y ai pris part à un brunch dans la cour mettant en vedette les produits du Saint-Laurent concocté par Projet Yaku, en collaboration avec Mange ton Saint-Laurent, et dégusté vins et produits locaux lors d’un apéro à la buvette. J’ai tout aimé, de l’accueil au choix des produits, en passant par la déco qui, sans renier le passé de l’endroit, marie habilement passé et présent.

Au Domaine Carte Blanche, les curés ont dû être heureux, car j’y ai fait de très bons rêves! Photo: Marie-Julie Gagnon

Escale au Lac, Québec

Cette oasis de la région de Portneuf imaginée par un couple issu de l’univers circassien est l’endroit idéal pour décrocher complètement, et pas seulement parce qu’aucun réseau cellulaire n’y est accessible!

L’immense domaine compte un lac privé et, pour le moment, deux refuges et un loft en autonomie totale. L’expérience thermale est aussi incluse avec l’hébergement. Bien qu’on ne trouve pas de restaurant sur les lieux, un service de repas écoresponsables est proposé. Une piste cyclable – et de motoneige – se trouve à proximité, ainsi que la gare de Rivière-à-Pierre. Internet haute vitesse permet de faire du télétravail ou de regarder un film sur Netflix par temps gris. Il est également possible de louer des embarcations pour profiter du lac.

J’ai aimé: les valeurs de l’entreprise, le chant des ouaouarons, bien dormir (wouahou!) et la quiétude des lieux. L’un des meilleurs moments pour s’y rendre? L’automne, période où les chances d’observer des animaux sont décuplées. Le site est ouvert toute l’année.

Cette oasis de la région de Portneuf imaginée par un couple issu de l’univers circassien est l’endroit idéal pour décrocher. Photo: Marie-Julie Gagnon

Les hôtels Douglas et JW Mariott, Colombie-Britannique

J’ai l’habitude de m’installer dans le West End ou près de Coal Harbour quand je séjourne à Vancouver, alors j’étais un peu sceptique quand on m’a invitée à prendre part à une tournée de presse au complexe Parq, à une dizaine de minutes de Yaletown.

En plus d’abriter deux hôtels de luxe et plusieurs restaurants, Parq compte un casino – lieu que j’évite généralement. Celui-là n’a toutefois rien à voir avec les clichés qui y sont associés. Il est si discret que j’avais même oublié son existence (j’avoue ne pas avoir poussé ses portes)!

J’ai adoré le restaurant The Victor, le bar à champagne estival du JW Marriott, le spa feutré du même hôtel par une journée de pluie. Et oui, on peut aisément visiter la ville à pied à partir de l’un ou l’autre de ces hôtels!

Photo: Marie-Julie Gagnon

Le parcours littéraire sur les traces de Lucy Maud Montgomery, Île-du-Prince-Édouard

Parfois, le journalisme devient un prétexte pour remonter le temps. À l’Île-du-Prince-Édouard, au début de l’été pour réaliser un reportage sur les traces de Lucy Maud Montgomery (LMM), née il y a 150 ans, j’ai eu de nouveau 14 ans en renouant avec l’univers de l’auteure. En me baladant de la maison des grands-parents maternels de LMM aux illustres Pignons verts, en passant par le Sentier hanté, j’avais l’impression qu’Anne, Diana et Gilbert auraient pu surgir à tous les coins de rue.

Le parcours littéraire compte 16 escales qui nous entraînent dans différents secteurs de l’île et qu’on peut visiter dans l’ordre ou le désordre. Détail qui m’a fascinée: tous les sites sont dotés de panneaux d’interprétation en anglais, en français et en japonais. Les Japonais ont un attachement particulier pour le personnage d’Anne… la maison aux pignons verts, lecture inscrite au programme scolaire. Environ 25 000 Japonais visitaient chaque année l’Île-du-Prince-Édouard avant la pandémie.

Statue de Lucy Maud Montgomery au Montgomery Park. Photo: Marie-Julie Gagnon

Le bureau de poste de Cavendish, Île-du-Prince-Édouard

Est-ce l’effet de surprise? De tous les sites visités lors du parcours littéraire consacré à LMM, c’est le bureau de poste de Cavendish, très similaire à celui dans lequel a grandi la future auteure, à deux pas de là, qui m’a le plus émue.

Les grands-parents maternels de l’écrivaine, chez qui elle a vécu après la mort de sa mère, alors qu’elle était encore un bébé, étaient maîtres de poste. Elle occupera elle aussi cet emploi, qui aura un énorme impact sur sa carrière littéraire. Elle pouvait poster ses manuscrits en toute discrétion. Idem pour la réception des refus…

Une exposition consacrée à l’importance de la poste dans sa vie est présentée dans une salle adjacente au véritable bureau de poste. C’est un réel voyage dans le temps, à une époque où de nombreux moyens de transport étaient nécessaires pour qu’une lettre – ou un manuscrit – parvienne à son destinataire. Un lieu qui ne paie pas de mine, mais qui ravira les amoureux des mots.

Le bureau de poste de Cavendish, très similaire à celui dans lequel a grandi la future auteure. Photo: Marie-Julie Gagnon

Distillerie Cap-aux-Péchés, Gaspésie

C’est David, alias le maudit Français (autoproclamé), qui tient un gîte du même nom, qui m’a parlé de cette distillerie qui venait tout juste d’ouvrir ses portes à Rivière-à-Claude, à quelques minutes de Mont-Saint-Pierre. J’ai tout de suite aimé le projet imaginé par Léandre Auclair, diplômé d’histoire qui a eu envie de venir s’installer dans le village de sa famille pour faire du gin dans l’ancienne église du village – désacralisée – et proposer des visites historiques animées par son personnage de Ti-Père Auclair. On peut se procurer le gin L’Immortelle seulement sur place. À découvrir!

À Rivière-à-Claude, on fait du du gin dans l’ancienne église du village. Photo: Marie-Julie Gagnon

Le Festival international des jardins, Gaspésie

Le thème de la 25e édition du Festival international des jardins, aux Jardins de Métis, m’interpellait particulièrement: Écologie des possibles.

En plus des œuvres des années précédentes toujours debout, quatre créations inédites ont été sélectionnées, dont Couleur Nature, du studio québécois Vanderveken, Architecture + Paysage, où l’eau d’une piscine de banlieue semble avoir sauté par-dessus bord, et le jardin, avoir pris racine à l’intérieur. Il est possible de voir les œuvres – ainsi que les jardins classiques – tous les jours jusqu’au 6 octobre. À noter que la buvette a rouvert au début de l’été pour la première fois depuis la pandémie!

Couleur Nature, du studio québécois Vanderveken, Architecture + Paysage, où l’eau d’une piscine de banlieue semble avoir sauté par-dessus bord. Photo: Marie-Julie Gagnon

Navette fluviale, Montréal

Chaque fois que je le peux, je troque le métro pour la navette fluviale qui relie le Vieux-Montréal à Longueuil, en passant par le parc Jean-Drapeau. Non seulement je peux rejoindre directement le Vieux-Port, mais j’ai en plus l’impression d’être en voyage! J’adore y croiser un mélange de résidents du secteur et de touristes.

Je rêve d’un plus grand nombre de départs, d’une saison encore plus longue et… du retour du prix d’un billet de métro (6$ pour un segment cette année). Autre bémol: qu’il soit si compliqué de trouver les informations et d’acheter ses billets en ligne. Les navettes étant exploitées par différentes entreprises selon le trajet, on peut se balader un moment d’un site à l’autre avant de trouver le bon. Rendez-nous la vie plus facile, pardi!

Métis-sur-Mer, Bas-Saint-Laurent

Je n’avais jamais pris le temps de m’arrêter dans cette charmante municipalité du Bas-Saint-Laurent. J’ai adoré me balader au bord du fleuve, me poser au Café sur mer au petit matin et attraper une glace à l’Atelier culinaire Pierre-Olivier Ferry (mon parfum préféré parmi ceux goûtés: mélilot). J’en ai même fait le sujet d’un article sur Avenues au début de l’été!