Je vous écris du chalet Le navigateur du Vieux Loup de Mer, dans le Bas-Saint-Laurent. Le feu crépite dans le poêle à bois. Devant moi, la fenêtre-tableau encadre le fleuve et l’île aux Amours. Les feuilles semblent hésiter entre s’accrocher aux branches ou céder au vent qui les secoue.

Comme elles, je navigue entre les réminiscences de l’été et l’irrésistible envie de laisser ma barque s’échouer sans résistance.

Je suis une feuille et je n’ai pas toujours la force de m’accrocher.

Me laisser choir sur le sol m’apparaît le plus souvent comme la seule avenue possible quand la lumière fout le camp. Alors je me baigne dans chaque rayon de soleil. Je me soûle de toute lueur qui m’offre un peu de répit de la grisaille. C’est précisément ce que je fais depuis mon arrivée au Bic.

Hier, à la superbe Distillerie du Saint-Laurent, Joël Pelletier nous racontait avoir réalisé son rêve en évoluant dans un bâtiment signé par l’Atelier Pierre Thibault. «On ne voulait pas un bâtiment en tôle. On souhaitait un bâtiment d’accueil chaleureux. L’un des matériaux préférés de Pierre Thibault est la lumière.»

Il y a quelque chose d’émouvant dans le parcours de son cofondateur, Jean-François Cloutier, et lui. «C’est l’endroit où je venais jouer quand j’étais enfant», confie Joël à propos de l’emplacement de son entreprise, à deux pas du Site historique maritime de la Pointe-au-Père.

Nimbés dans la douce lumière d’octobre, nous avons fait le tour du propriétaire, gin-tonic à la main. Sur la terrasse, j’ai presque supplié le soleil de ne pas nous quitter. Pas tout de suite. Encore un soupçon d’été, s’il vous plaît!

Sa lente descente s’est muée en spectacle hypnotisant. Les clichés ont leur raison d’être: quand les nuages ne jouent pas les trouble-fête, les couchers de soleil du Bas-Saint-Laurent sont à la hauteur de leur réputation.

«L’Atelier Pierre Thibault s’est inspiré des bâtiments de bord de mer et des bâtiments de pêcheurs, poursuit le cofondateur et “amiral de la marque”. La charpente est en bois massif.» On retrouve aussi de petites touches qui rappellent des lieux traditionnels comme le séchoir de Paspébiac. «Le bâtiment a son identité propre, mais on retrouve des éléments architecturaux du Québec et d’ailleurs, dont les gabions – des roches de rivière –, pour laisser entrer l’air marin.»

En été, jusqu’à 400 personnes profitent de la superbe terrasse de la distillerie. Des visites sont aussi organisées, en plus des événements. D’ailleurs, si vous avez l’occasion de passer dans le coin d’ici novembre, il ne faut rater sous aucun prétexte le passage d’Audrey Banville de Saison déli, qui fait sans contredit une des meilleures pizzas cuites sur four à bois de la province. Pour savoir quand elle y fera escale, surveillez ses réseaux sociaux.

Dans un chalet loin de chez vous

De retour au Vieux Loup de Mer, je me dis que, dedans comme dehors, cet endroit est parfait pour contrer ma déprime automnale. Chaque détail imaginé par Jean-Luc, le magicien en chef, a été choisi avec soin. Passionné d’antiquité et d’histoire, il repère des maisons ancestrales qu’il démonte et remonte sur le site du Vieux Loup de Mer, à deux pas du fleuve. Ce collectionneur et patenteux hors pair a non seulement l’œil: il a du goût. En pénétrant dans l’un des quinze chalets, on a l’impression d’entrer dans une œuvre d’art. Ces havres de paix ont une âme.

Le bonus? La possibilité de se procurer une foule de produits locaux dans la boutique Le Garde-Manger, récemment inaugurée par les propriétaires du Vieux Loup de Mer. «Il y a un seul endroit où l’on peut manger du Colombe St-Pierre en hiver et c’est ici», lance Martin Gagnon, copropriétaire.

Après la folie de l’été, la cheffe star de la région prépare différents plats ensuite congelés et vendus sur le site. On peut aussi se procurer les délicieux bourgots de la conserverie artisanale Chasse-Marée. Trois recettes élaborées avec les chefs Pierre-Olivier Ferry, Colombe St-Pierre et Tommy Roy se retrouvent dans ces boîtes de conserve tout sauf banales. Des plats peuvent être commandés à l’avance, en plus d’une multitude de produits tous plus appétissants les uns que les autres. Sans oublier les vins québécois soigneusement sélectionnés par le sommelier Julien Gagnon!

Je termine cette carte postale alors que le soleil est bel et bien couché. Le feu crépite toujours. La visite est arrivée. Le chef Adrian Pastor, que plusieurs connaissent grâce à l’émission Les chefs!, et son assistant, Riwan Mire, sont déjà aux fourneaux. Il y aura du vin, des saveurs locales, des amis et des éclats de rire.

La lumière provient aussi parfois de l’intérieur.

Merci au Vieux Loup de mer, à Tourisme Rimouski, à Tourisme Bas-Saint-Laurent et à Saveurs du Bas-Saint-Laurent pour le superbe séjour!