L’accessibilité, au cœur du tourisme inclusif
Le tourisme inclusif ne touche pas seulement les personnes en fauteuil roulant. Un nombre grandissant de sites touristiques proposent des expériences mieux adaptées à différents handicaps et défis, de la surdité à l’autisme.
Au TravMedia Summit d’IMM North America, qui a eu lieu à New York la semaine dernière, l’accessibilité a fait partie des panels qui ont alimenté les discussions. Les messages portés par les participants: mieux vaut intégrer les personnes en situation de handicap aux espaces pour tous que de leur réserver des sections à part et le tourisme accessible améliore l’expérience de tout le monde. De plus, les personnes en situation de handicap dépensent 30% de plus en voyage, a rappelé Kristy Durso, propriétaire d’Incredible Memories Travel, qui a aussi fondé l’Accessible Travel Network, en plus d’être ambassadrice de TravelAbility.
Parmi les éléments méconnus qui peuvent faire une grande différence, soulignons la fonction Accessibilité de Google Maps, qu’il suffit d’activer pour voir s’afficher une icône de fauteuil roulant chaque fois qu’un commerce facilite son accès. On y indique si les entrées, les sièges, les toilettes et les places de stationnement sont accessibles. Voilà qui s’avère aussi utile pour les gens se déplaçant avec une marchette ou une poussette!
Des expériences adaptées aux neurodivergents
Le 10 janvier dernier, Emirates a publié un communiqué annonçant son intention de devenir la première compagnie aérienne au monde certifiée «autisme» («Autism Certified Airline™»). «Cette initiative permettra aux clients atteints d’autisme et de troubles sensoriels de bénéficier de services sur mesure et d’un accompagnement personnalisé d’Emirates, rendant ainsi les voyages plus accessibles à tous.» Pour obtenir la certification décernée par l’International Board of Credentialing and Continuing Education Standards (IBCCES), les 30 000 membres du personnel au sol et dans les airs devront suivre une formation.
Dans les musées, on voit de plus en plus d’expériences où les stimuli sensoriels sont réduits. C’est le cas du Remai Modern, à Saskatoon, où une première journée a démontré l’intérêt de cette initiative pour de nombreux visiteurs.
Les handicaps invisibles
Lors d’une entrevue que j’ai réalisée l’année dernière pour Le Devoir, Bruno Ronfard, directeur de Kéroul, créé il y a plus de 45 ans pour améliorer l’accès au tourisme et à la culture pour tous, m’a parlé de la volonté de l’organisme de sensibiliser les gens aux handicaps invisibles. Selon lui, personne ne devrait avoir à «se déclarer pour pouvoir trouver une zone où on peut aller, un chemin pour soi».
Il évoque notamment l’importance du marquage au sol et de pièces où les lumières sont tamisées. «Il y a plein de choses à faire: c’est multi-aspects, dit-il. C’est à la fois dans l’environnement et dans l’accueil, mais dans un certain respect et la discrétion. L’objectif, ce n’est pas d’amener tout le monde à porter un badge en arrivant à l’hôtel disant par exemple “Moi je suis une personne de la communauté sourde” ou “Moi je suis une personne aveugle”. Le défi est qu’ils puissent trouver d’emblée les ressources ou les manières d’être bien.»
Selon lui, la neurodiversité et les allergies, qui peuvent devenir handicapantes, font aussi partie des éléments dont on devrait se préoccuper davantage. «C’est important de continuer à s’occuper de tout ce qui touche à l’accessibilité physique, mais on veut faire en sorte que l’accessibilité soit plus large.»
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Des salles d’hygiène pour adultes
Si les tables à langer pour bébés sont partout, on commence à peine à en voir pour adultes dans certains lieux publics. Selon une liste fournie par Kéroul à la fin de 2024, sept endroits se sont dotés de salles d’hygiène pour adultes au Québec, dont l’Aéroport international Montréal-Trudeau, le Centre des sciences de Montréal, le Complexe aquatique multifonctionnel de Lévis et la Vélogare du Grand-Tronc de Victoriaville. En pleins travaux de rénovation, Exploramer, à Sainte-Anne-des-Monts, en Gaspésie, en fera aussi l’ajout. Sur Facebook, une page partage les nouvelles à propos des salles d’hygiène, tous secteurs confondus.
Kéroul, qui évalue et certifie des lieux, est aussi une précieuse mine d’informations. Son site propose notamment un outil de recherche par critères d’accessibilité.