Ruée vers le tofu

Le Québec vit présentement une pénurie de tofu. Observation d’un phénomène d’une ampleur jamais vue.

On dirait bien que les tendances alimentaires pour 2019 annoncées en début d’année dans les médias voyaient juste. On y affirmait que pour les mois à venir la consommation de viande diminuerait, que l’alimentation végétale augmenterait et que les protéines végétales prendraient davantage de place dans nos assiettes. Le tofu incarne à lui seul à tous ces courants et cela explique peut-être la pénurie actuelle que connaît le Québec.

En effet, on rapportait récemment que plusieurs commerces sont en rupture de stock de tofu. L’intérêt pour cet aliment augmente en flèche depuis quelque temps, soit de 20% par année, estime d’ailleurs le copropriétaire d’Unisoya, un des principaux fabricants de la province.

Explications

Pour expliquer le phénomène, certains intervenants pointent du doigt le mois de janvier qui est synonyme de retour aux bonnes habitudes après une période des Fêtes souvent excessive. Pour certains, le tofu serait la solution.

Les préoccupations environnementales et le message qui dit que les protéines végétales sont plus pérennes pour l’environnement y sont aussi certainement pour quelque chose.

Mais encore faut-il savoir quoi en faire de ce tofu! En ce sens, deux influenceurs du monde de l’alimentation ont fort probablement aussi leur responsabilité dans cette ruée vers le tofu.

Caroline Huard, alias Loounie, partage depuis des années ses trucs pour une alimentation végane sur les réseaux sociaux. Sa recette de tofu magique, populaire depuis un moment déjà, suscite un enthousiasme exceptionnel depuis les Fêtes. Sur le réseau Instagram, les photos de ses adeptes mettant sa recette toute simple en vedette se retrouvent par centaines, convainquant même les plus fidèles carnivores.

Le tofu magique de Caroline Huard, alias Loounie, fait de nombreux adeptes. Photo: Facebook Loounie Cuisine

Jean-Philippe Cyr, de La cuisine de Jean-Philippe, travaille aussi depuis des années à démocratiser la cuisine végane. Sur son site extrêmement populaire, on trouve de nombreuses recettes appétissantes mettant en vedette le tofu: brochettes, tofu épicé aux arachides, tofu général tao, sauce bolognaise au tofu, entre autres.

Finalement, le nouveau Guide alimentaire canadien, qui fait la promotion d’une alimentation plus végétale et qui, pour la première fois, présente en image deux morceaux de tofu dans son assiette, n’ira certainement pas faire diminuer cet engouement pour le tofu! Loounie s’est d’ailleurs amusée avec cette assiette, en remplaçant l’entièreté de la section des protéines par son fameux tofu magique.

Une pénurie de tofu au Québec? Assurément, les temps changent mesdames et messieurs!

Place à l’eau d’érable

La France, la Belgique, le Japon, l’Australie et l’Allemagne, entre autres, en sont fervents, alors qu’ici, elle commence à peine à faire sa place sur les tablettes. Pourtant, c’est de nos forêts qu’elle provient. Faites place à l’eau d’érable!

L’investissement de l’industrie acéricole du Québec fait il y a une quinzaine d’années pour transformer l’eau d’érable en un produit reconnu ainsi que les recherches faites plus récemment pour bien la conserver commencent à porter fruit. C’est que l’eau d’érable est un produit local, a bon goût et posséderait plusieurs vertus pour la santé. Ne restait qu’à la faire connaître aux consommateurs. D’ailleurs, au sein de l’industrie, on affirme que le potentiel du produit est presque aussi grand que celui du sirop d’érable!

Une eau pure

L’eau d’érable est en fait la sève qui s’écoule des érables à sucre au printemps et qui ne servait avant qu’à la fabrication du fameux sirop. Avant d’être embouteillée, elle subit simplement un traitement qui la débarrasse des microorganismes et qui lui permettra de bien se conserver pendant 18 mois. C’est donc un produit naturel non transformé tel que garanti par la certification NAPSI développée par la Fédération des producteurs acéricoles du Québec.

L'eau d'érable biologique Necta, disponible en épiceries. Photo: Facebook NECTA

Une popularité croissante

Ainsi, cinq ans après le début de sa mise en marché, l’eau d’érable commence tranquillement à être appréciée des consommateurs d’ici. Son léger goût sucré, l’attachement des Québécois pour les produits issus de l’érable et ses bienfaits pour la santé y sont certainement pour quelque chose.

On dit en effet que cette eau naturelle est riche en vitamines et en minéraux et qu’elle contient des antioxydants. Même si les avis divergent, l’industrie du sport s’intéresse aussi à l’eau d’érable pour ses supposées vertus hydratantes. Elle remplace d’ailleurs tranquillement ici l’eau de coco (qui nous vient de loin!), adoptée il y a quelques années par les sportifs.

Preuve de sa popularité grandissante: notre eau d’érable alimente même les rumeurs et l’imaginaire ici et ailleurs alors qu’on lui prête à tort des vertus détoxifiantes!

Pour le moment, on trouve de l’eau d’érable de plus en plus facilement sur les tablettes des épiceries. Mais à environ 2,99$ pour un litre, il reste plus économique de boire de l’eau. Voyons plutôt l’eau d’érable comme un produit d’ici ayant bon goût et offrant une belle alternative aux boissons sucrées.

Observer les aurores boréales bien au chaud en Norvège

Les promeneurs qui s’aventurent au nord du cercle polaire pourront désormais se réchauffer dans un refuge à l’allure futuriste. À Hammerfest, la ville la plus septentrionale du monde, un chalet permet d’admirer les aurores boréales à l’abri du froid mordant.

À la demande de l’Association norvégienne de la randonnée pédestre et de sa section locale, la firme SPINN Arkitekter a conçu le refuge en forme d’œuf, dont la mission est d’encourager le tourisme (et la randonnée) dans cette région norvégienne. Pour réaliser l’abri, les architectes se sont alliés avec les ingénieurs de Format, et ça se sent non seulement dans le résultat final, mais également dans le processus.

Photo: formatengineers.com

Le site a d’abord été cartographié en 3D au moyen d’un drone et d’un logiciel de photogrammétrie afin d’obtenir une carte détaillée de la surface. L’équipe a ensuite utilisé cette carte comme base de référence pour déterminer la forme que prendrait le bâtiment. Celui-ci se compose de 77 panneaux de bois lamellé-croisé uniques qui s’assemblent comme un casse-tête.

Pour choisir le meilleur revêtement et s’assurer que la structure de 150 pieds carrés résiste aux vents extrêmes et aux conditions polaires, les concepteurs ont fait plusieurs tests et ont eu largement recours à l’impression 3D.

Photo: SPINN Arkitekter

Un groupe de volontaires a consacré plus de 1500 heures à la construction du refuge en entrepôt. Une bonne partie a été préfabriquée, tandis que la grande fenêtre, qui offre une vue imprenable sur la petite ville et la mer, le poêle à bois, la rampe et le mobilier rudimentaire (qui consiste en une table et des places pour s’asseoir) ont été installés sur place.

Le projet a été couronné de succès, et un deuxième abri sera construit dans les montagnes en 2019. Si vous êtes prêt à braver le froid pour vous y rendre, Hammerfest vous attend.

Adolphus – Une enquête de Joseph Laflamme, Hervé Gagnon

Nous avons invité Richard Migneault, passionné de polars et auteur du blogue Polar, noir et blanc, à signer cette chronique sur le dernier livre de Hervé Gagnon, Adolphus -Une enquête de Joseph Laflamme.

Hervé Gagnon est historien et muséologue. Depuis quelques années, il se distingue sur la scène de la littérature québécoise comme un des auteurs marquants en romans historiques, et ce, autant pour la jeunesse que pour les adultes.

Adolphus est le sixième roman mettant en vedette le journaliste Joseph Laflamme. Amorcée avec une première enquête présumant un retour de Jack l’Éventreur, cette série possède la particularité de prendre comme thématique une histoire réelle, un fait avéré, et de le traiter en mode fictionnel.

L’endroit était le lieu de rassemblement le plus couru de Montréal. Comme on s’y amusait, les curés le dénonçaient vertement en chaire, tonnant contre la bière qu’on y vendait à vil prix et qu’on y buvait trop, criant au scandale contre les divertissements jugés immoraux qu’on y présentait. - En parlant du parc Sohmer, page 25

Qui dit série dit personnages récurrents. Alors, dans tous ces romans, le lecteur retrouvera avec plaisir le personnage principal, Joseph Laflamme, journaliste à La Patrie qui mène des enquêtes, parallèlement à celles de la police. Et ce, pas toujours en harmonie parfaite! Il est accompagné par son ami McCreary, policier de Scotland Yard à la retraite. Les deux compères sont soutenus, dans leurs enquêtes et dans leur vie quotidienne, par Emma, sœur de Joseph et amante de McCreary, ainsi que par la belle Mary O’Gara, future épouse de Joseph. La ville de Montréal des années 1890 est également un personnage important, avec ses rues, ses édifices, son tramway électrique et les fiacres qui sillonnent les grandes rues.

En cette belle journée d’octobre, le quatuor se retrouve au parc Sohmer. Le programme de la journée est agréable: promenade au parc, visite de la ménagerie, visite chez la diseuse de bonne aventure, petite frayeur au «Cabinet des curiosités» et opéra-comique. Malheureusement, cette journée se termine en drame. Une jeune femme est assassinée et complètement défigurée. L’arme du crime est probablement un objet de collection du cirque: la hache dont s’était servi Adolphus Dewey pour assassiner sa femme, Euphrasine Martineau, soixante ans plus tôt. Malheureusement, l’objet est disparu.

Un crime dans le milieu du cirque, ce microcosme hermétique, présage l’opacité des réponses aux questions des enquêteurs. Malgré les bâtons dans les roues que lui tendent les policiers, Joseph, secondé par McCreary, fera tout en son possible pour résoudre l’affaire et, surtout, pour écrire de bons articles qui satisferont son vorace rédacteur en chef. Joseph y arrivera avec beaucoup de maitrise, certaines susceptibilités écorchées au passage et quelques verres de sa boisson préférée. D’autres meurtres s’ajouteront au premier, l’affaire s’obscurcira de plus en plus, mais le mystère de la hache meurtrière sera éclairci de belle manière.

En plus des enquêtes, ce qui retient notre attention de lecteur dans la série Joseph Laflamme, ce sont les relations et les dialogues entre nos quatre amis. McCreary et Joseph remportent la palme de la répartie comique, mais parfois cinglante. Les lecteurs de ma génération se souviendront avec «plaisir» de l’apprentissage par cœur du Petit Catéchisme, obligatoire mémorisation qui hante les jours et les nuits de l’ex-policier londonien, mais étape nécessaire à sa conversion au catholicisme avant son mariage avec sa future. Sans oublier les remontrances toujours convenables de la prude Emma et la tendresse de Mary pour son Joseph. Une grande part de notre plaisir de lecteur nous vient de cette famille hors norme, mais très agréable à suivre.

Si vous ne connaissez pas cette série imaginée par l’historien Hervé Gagnon, je vous conseille de commencer par les premiers tomes. Vous y découvrirez les personnages et vous pourrez suivre leur évolution (un des plaisirs des personnages récurrents). De plus, à travers ces histoires imaginaires, vous mettrez un pied dans la petite histoire de Montréal, une balade parfois sanglante, mais toujours intéressante!

Pour vous, amateurs et amatrices de la série, cette sixième enquête de votre journaliste préféré sera à la hauteur de vos attentes. Une bonne histoire, des personnages que l’on aime et une incursion dans un passé pas si lointain. Tous les ingrédients sont présents pour passer un bon moment de lecture.

Adolphus - Une enquête de Joseph Laflamme, Hervé Gagnon. Éditions Expression noire, 2018. 327 pages

Cristallisation, Rémi Filion

Le peintre montréalais Rémi Filion tente, par son exploration des formes, des couleurs et des textures, de donner une présence sensible au tableau, une réalité intérieure puissante. « En créant, je cherche à partager ma vision du monde dans tout ce qu’il a de complexe, de profond et d’émouvant. »

Dans son atelier, c’est avec curiosité qu’il plonge dans une nouvelle œuvre. Sans trop de préconceptions, ses gestes se multiplient et se déploient sur la toile. Les hasards et les accidents de parcours participent parfois à la vie du tableau. « Je travaille avec patience, cherchant un équilibre entre les formes et les couleurs, une cohérence entre les plans en jouant avec les contrastes; le sombre envahit alors un lieu et la lumière en libère un autre. »

Coût de location par mois pour un particulier (taxes incluses) : 13,20 $.

artotheque.ca

remifilion.com

Crédit visuel : Cristallisation, 2009. Rémi Filion © L'Artothèque
Crédit visuel : Cristallisation, 2009. Rémi Filion © L'Artothèque