Faire connaissance avec son poisson

Si vous croyez que les poissons et les fruits de mer sont sans histoire, détrompez-vous! L’étalage du poissonnier Red’s Best, au Marché Public de Boston, prouve tout le contraire.

Après quelques arrêts dans le quartier italien de Boston, Lynn, guide pour Secret Food Tours, mène un groupe de visiteurs à l’intérieur du marché public intérieur. Si la ville compte des marchés à ciel ouvert dont les étals font saliver depuis plus d’un siècle, ce petit marché propret comptant des artisans et des transformateurs des environs est ouvert depuis 2016 seulement. Sur place: des noix, du miel, des fleurs, des fruits, des légumes, des pâtisseries, quelques objets d’art et une grande variété de plats préparés.

Mais c’est surtout le comptoir de poissons qui attire l’attention. Ce dernier est tenu par Red’s Best, une organisation fondée en 2008 pour regrouper et soutenir les petits pêcheurs dans une idée de pêche durable.

Photo: Facebook Red's Best

C’est ainsi que chaque prise du comptoir Red’s Best est accompagnée du nom du poisson ou du fruit de mer et du prix, comme c’est le cas dans la plupart des poissonneries. La différence, c’est qu’ici, on ajoute aussi le nom du pêcheur et du bateau, le type d’équipement utilisé pour la pêche ainsi que le port d’attache de l’embarcation. Et ce n’est pas tout: sur chaque étiquette, un code QR qu’on peut numériser avec son téléphone mène instantanément à plus d’informations, incluant l’histoire du pêcheur et de son embarcation. Un peu plus et le pêcheur serait directement là pour vendre ses prises.

Photo: Véronique Leduc

En prime, près du comptoir, un tableau présente les meilleurs mois pour consommer huitres, thons, palourdes, homards, saumons, crabes, oursins, soles et autres délices de la mer.

Avec autant d’outils, il n’y a plus de raisons de ne pas consommer les poissons et fruits de mer de façon responsable!

Se baigner au sommet de Londres

Envie d’une baignade au sommet d’un gratte-ciel? Votre souhait pourrait devenir réalité puisque Londres pourrait bientôt compter la première piscine à débordement offrant une vue à 360 degrés au monde.

Déposée sur la crête d’une tour de 55 étages, la piscine conçue par Compass Pools comprendrait 600 000 litres d’eau et serait fabriquée à partir d’acrylique moulé. Le plancher et les parois seraient transparents pour permettre aux visiteurs de l’immeuble d’observer les nageurs flotter au-dessus d’eux.

Afin de ne pas obstruer la vue sur la ville, il n’y aurait pas d’escalier extérieur. Les baigneurs accéderont plutôt à la piscine par «un escalier en colimaçon tournant basé sur la porte d’un sous-marin, qui monte du fond de la piscine lorsque quelqu’un veut entrer ou sortir», expliquent les concepteurs.

Photo: compass-pools.co.uk

Un anémomètre intégré surveillerait la vitesse du vent et l’installation serait reliée à un système de gestion de bâtiment contrôlé par ordinateur. Celui-ci régulerait la température de l’eau de la piscine et garantirait que l’eau ne se retrouve pas dans les rues en dessous.

L’idée d’une piscine qui surplombe Londres séduit, mais sa réalisation suscite plusieurs questions. Comment assurerait-on la maintenance et la réparation? Où placerait-on notre serviette? Que ferait-on quand il pleut? Et si le mécanisme de l’escalier brise, est-ce que les nageurs sont coincés dans l’eau? Les concepteurs aimeraient amorcer la construction en 2020 si les entrepreneurs et autres partenaires sont confirmés. Espérons qu’ils trouveront une réponse à ces interrogations d’ici là.

Photo: compass-pools.co.uk

Don Giuliano, Jacques Lanctôt

À la fin des années 1960, révolutionnaires de papier et nouveaux cégépiens, dès que nous franchissions les portes du vénérable Mont-Saint-Louis, transformé en Cégep du Vieux-Montréal, la grâce cubaine nous envahissait et nous devenions des fans de la bande de barbus menés par Fidel Castro. Poster du Che sur le mur de la chambre, tabac illégal dans un sac de plastique et chemise à col Mao, nous étions prêts à changer le monde.

C’est en ouvrant le dernier opus de Jacques Lanctôt, Don Giuliano, que ces souvenirs sont remontés à la surface, injectant une bonne dose de sérotonine dans l’esprit du retraité actif.

«C’était la méthode Guevara: faire réfléchir et créer un homme nouveau grâce au travail.»

Don Giuliano, page 131.

Installé dans un petit village cubain où il s’occupe d’une population pauvre, démunie et sans ressources, Don Giuliano, de son vrai nom Julien Casavant, est un prêtre québécois qui exerce son ministère sans se cacher, malgré l’interdiction qui prévaut pour le clergé qui est resté sur l’île. Intrigant!

Pendant ce temps, aux États-Unis et au Canada, les hauts dirigeants de la mafia fulminent en voyant «leur île du plaisir» aux mains des révolutionnaires cubains. Leurs hôtels, leurs casinos, leurs bordels, tout cela leur a été enlevé. Les familles se consultent, n’hésitent pas longtemps. Croyant vraiment que cette révolution est un feu de paille et qu’elle ne tient qu’à la personnalité de Castro, on décide d’envoyer Lino Mandolini, un haut gradé de la mafia marseillaise, avec la mission d’assassiner le «Comandate en jefe».

Sous couverture, Lino arrive à Cuba et se présente comme travailleur communautaire à la mission du Padre Giuliano. Il prépare son plan tout en essayant de s’adapter à la vie de coopérant volontaire. Pour un tueur de la mafia, la transformation est difficile et l’adaptation, ardue.

Dès les premiers jours, il se rend compte que derrière le sacerdoce de Don Giuliano, se cache un prêtre ayant participé concrètement à la guérilla, troquant le goupillon pour l’arme automatique. De plus, il est en contact fréquent avec le Che.

Bien entendu, son projet va avorter et il tombera entre les mains des dirigeants cubains. Don Giuliano proposera à Guevara de sauver la vie du tueur à gages; le Che, en excellent stratège, élaborera un plan machiavélique. Don Giuliano et Mandolini seront expédiés en Bolivie, où le prêtre aura une mission bien spéciale. Le destin de l’homme de main de la mafia et celui du prêtre révolutionnaire seront intimement liés. Est-ce qu’un événement inattendu pourrait transformer la vie du tueur à gages et donner raison aux espoirs du Padre?

Dans son roman, Jacques Lanctôt nous présente un visage nouveau et singulier de l’après-révolution cubaine. Un regard de l’intérieur, d’un homme qui a vécu cette période, côtoyant des hommes qui ont longtemps été les icônes d’une jeunesse pleine d’espérance révolutionnaire.

Par l’entremise de ce tueur italien et de ce prêtre québécois, on rencontre Fidel Castro et Ernesto Guevara, dans leur quotidien de dirigeant d’un pays. D’un pays où le peuple souffre de la faim, mais qui semble reprendre espoir en l’avenir.

Avec une écriture fluide, sans fioritures inutiles, Jacques Lanctôt nous décrit les faits. Pas de surprise avec une phrase poétique ou une allégorie saisissante. Non. L’action est soutenue, les revirements nombreux et on se laisse prendre au récit. Mais, à certains moments, on se questionne, comme les personnages, sur la nécessité de la violence, celle acceptable, visant la libération d’un peuple opprimé et l’autre, la gratuite, pour sauver un patrimoine familial gagné à la sueur du revolver.

Happé par l’histoire et son développement, tout à coup on se rend compte que l’on apprécie le personnage dont on devrait réprouver la conduite. Et toutes nos certitudes, nos a priori et nos convictions sont remis en question par le dilemme moral dans lequel nous sommes plongés. Du grand art de la part de l’auteur!

Sachant que Lanctôt a séjourné plus de quatre ans à Cuba, je me suis souvent demandé quelle était la différence entre la fiction et la réalité. Qu’est-ce qui relève de l’histoire ou de l’imagination de l’écrivain? L’auteur lui-même nous révèle que son roman est «à mi-chemin entre la réalité et la fiction». Un plaisir de plus ajouté à cette bien bonne histoire!

Don Giuliano n’est pas le grand roman qui «révolutionnera» le genre. Mais le lecteur sera assuré de passer un bon moment et d’en apprendre un peu plus sur cette période charnière de la politique nord-américaine.

Pour les cégépiens des années 1970 et pour tous les autres qui les ont suivis!

Bonne lecture!

Don Giuliano, Jacques Lanctôt. Éditions Libre Expression. 2019. 404 pages.

Chez Saint-Pierre: ouvrir la cuisine

Ce n’est pas pour rien que de son Bas-Saint-Laurent natal, la cheffe Colombe Saint-Pierre rayonne jusqu’au-delà des frontières. Elle a toujours su innover et réinventer. D’abord, avec sa cuisine, qui met de l’avant les produits du terroir de sa région. Et maintenant, avec l’essai d’une nouvelle structure pour son restaurant Chez Saint-Pierre, qui fait sortir les cuisiniers de la cuisine.

«Avec la pénurie qu’on connait actuellement, c’est vraiment difficile de trouver du bon staff en cuisine! Tout le monde en parle, mais personne ne fait rien! J’ai décidé d’essayer quelque chose…», racontait récemment la colorée Colombe dans son resto du Bic, où il faut réserver des semaines à l’avance pour s’assurer une place.

Avant sa réouverture du printemps 2019, l’espace qui surplombe le fleuve devenu mer à cet endroit a été entièrement revu après une quinzaine d’années d’existence. «Nous avons enlevé le mur qui séparait la cuisine du restaurant afin que l’équipe en cuisine et celle au service ne soient plus divisées, et que les cuisiniers se sentent davantage impliqués», a expliqué la cheffe, qui ne cesse d’accumuler les honneurs depuis quelques années.

La cheffe Colombe Saint-Pierre dans son resto du Bic. Photo: Facebook The World Restaurant Awards

Et ce n’est pas tout: pendant le repas, ce sont les cuisiniers qui sont venus nous servir et nous décrire les plats qu’ils venaient de préparer. Un contact privilégié autant pour ces derniers que pour les clients. Et entre tous les employés, le pourboire est séparé.

«Au niveau financier, c’est un peu plus compliqué de travailler de cette façon, mais c’est un pari que nous avons décidé de prendre. On verra ce que ça donne», a affirmé la cheffe engagée avant de nous servir elle-même le dessert.

En tous les cas, pour le client qui se trouve dans un espace agrandi, qui voit ce qui se passe en cuisine et qui rencontre toute l’équipe de Chez Saint-Pierre, le pari est réussi.

Photo: Facebook Un Océan de saveurs

L’importance de manger local selon le chef David McMillan

Le succès du chef David McMillan ne se dément pas. Les restaurants montréalais dont il est copropriétaire et cofondateur, le Joe Beef, le Liverpool House, le Vin Papillon, Mon Lapin et McKiernan Luncheonette, sont reconnus à l’international. De passage à C2 Montréal la semaine dernière, un événement de conférences sur le commerce et la créativité, le chef a exposé son avis sur l’importance de manger local.

Pour celui qui a été récemment récompensé au gala des Lauriers de la gastronomie québécoise, il serait bien plus simple de se laisser guider par le territoire, la nature et les saisons lorsque vient le temps de s’alimenter. «Je suis fâché quand je vais à l’épicerie: je ne comprends pas pourquoi les gens achètent encore du jus d’orange alors qu’il y a des tonnes de pommes qui poussent ici! Et je ne comprends pas pourquoi il y a des asperges ou des framboises 12 mois par année à l’épicerie! Dans ma tête, quand c’est la saison des crabes, on mange des crabes. Quand c’est le temps des tomates, il devrait y avoir des tomates partout. Même chose pour les fraises et les framboises d’ici. Puis quand il y a du maïs du Québec, on mange du maïs et quand il n’y en a plus, on n’en mange plus et c’est tout! Ce serait bien plus facile de cuisiner selon les saisons au lieu de se battre contre elles!»

C’est pourquoi le chef a suggéré à l’assistance présente à C2 Montréal de ne pas hésiter à parler à son épicier afin d’exiger plus de produits locaux et de saison. «Vous allez à l’épicerie et leur donnez votre argent au moins 52 fois par année! Vous avez le droit de demander!», a-t-il exprimé.

Les premiers radis de la saison sont en vedette sur le menu du restaurant Le Vin Papillon. Photo: Facebook Le Vin Papillon

Pendant l’hiver, si les produits frais locaux se font plus rares, le restaurateur n’hésite pas à se tourner vers la section des produits surgelés, où on trouve par exemple des petits pois, du maïs et des petits fruits canadiens. «C’est bien mieux que de choisir des produits qui ont fait des milliers de kilomètres pour arriver ici! Personnellement, je ne veux rien manger qui a passé trop de temps dans un camion ou un avion…»

Pour lui, en ce sens, de tout petits gestes peuvent changer beaucoup de choses. Par exemple, si chaque maison du Québec remplaçait sa bouteille de vinaigre balsamique de Modène par une bouteille de vinaigre de cidre de la région de Rougemont, cela ferait beaucoup d’argent actuellement injecté en Italie qui reviendrait au Québec. On pourrait faire la même chose avec l’huile d’olive, à remplacer par l’huile de canola, a précisé le chef, qui estime qu’en tant que restaurateur, il a la responsabilité d’encourager les familles de producteurs québécois.

Finalement, David McMillan a dit souhaiter que tout le monde aille se promener à la campagne «plus qu’une fois par année pour aller aux pommes» afin de rencontrer et découvrir des produits d’ici. «Nous avons tous le pouvoir de changer les choses», a-t-il répété.

David McMillan souhaite que tout le monde découvre les produits d'ici. Photo: Facebook Tourisme Québec