Garden Hotpot Restaurant: manger dans une forêt d’eucalyptus

Niché au cœur d’une forêt d’eucalyptus à Chengdu, dans le sud-ouest de la Chine, le Garden Hotpot Restaurant se fait discret. La structure de 1800 mètres carrés s’efface pour laisser toute la place à la nature.

La firme chinoise MUDA-architects a procédé à une cartographie manuelle du site pour créer le restaurant. L’établissement en forme de serpent délimite ainsi, sans le déranger, un lac couvert de feuilles de lotus.

Plutôt que de fermer le bâtiment avec des murs, les concepteurs ont opté pour une plateforme en bois, flanquée des deux côtés par des colonnes élancées rappelant la forme des arbres aux alentours. La balustrade en bois construite autour de l’eau permet aux clients de profiter de la vue. Un toit courbé en acier galvanisé peinturé blanc complète le design minimaliste.

En forme de serpent, le Garden Hotpot Restaurant délimite, sans le déranger, un lac couvert de feuilles de lotus. Photo: Arch-Exist

Pour ce projet, MUDA a expérimenté avec l’architecture à petite échelle et à faible coût. Comme l’équipe de construction était composée de travailleurs migrants locaux qui ne possédaient pas les connaissances professionnelles ni les outils requis, tout a été simplifié.

«MUDA a saisi cette occasion pour intégrer la culture des hotpots [NDLR: les fameuses fondues chinoises] à un environnement naturel, en créant un restaurant respectueux de l’écologie d’origine et conforme au style de consommation moderne», ont expliqué les architectes. Le lac et ses embruns font d’ailleurs un peu penser à une marmite géante.

Photo: Arch-Exist

La première phase est ouverte au public depuis le mois d’avril dernier. L’histoire ne dit toutefois pas si les moustiques sont aussi au rendez-vous.

Gaspésie Gourmande: produits gaspésiens en vedette

Que vous prévoyiez ou non explorer la Gaspésie cet été, l’association Gaspésie Gourmande pourrait vous intéresser. Son objectif: rassembler les acteurs du milieu alimentaire gaspésien et mettre en valeur leur savoir-faire unique auprès des visiteurs.

Gaspésie Gourmande rassemble 150 entreprises bioalimentaires: des producteurs et des transformateurs, ainsi que les commerces, restaurants et gîtes qui vendent ou servent leurs produits typiques de la région.

Les visiteurs sont nombreux en Gaspésie chaque été, et l’offre alimentaire est vaste. Gaspésie Gourmande permet de mieux s’y retrouver entre les nombreux restaurants et autres arrêts gourmands.

Photo: Facebook Fumoir Monsieur Émile

D’ailleurs, sur son site, l’association propose une carte de la péninsule gaspésienne incluant tous les arrêts possibles et suggère des tours gourmands avec thématiques. On peut ainsi découvrir cette région du Québec grâce à un tour salin en s’arrêtant chez Atkins et Frères à Mont-Louis, au restaurant La Maison du Pêcheur ou au Fumoir Monsieur Émile, à Percé, entre autres.

Si on opte pour un tour maraîcher, ce sont des fermes de la Gaspésie qu’il sera possible de découvrir, tandis que le tour assoiffé permet quant à lui de s’arrêter dans les nombreuses microbrasseries gaspésiennes ou à la Distillerie O’Dwyer, par exemple, qui produit à Gaspé du gin de champignons sauvages. Des tours sucrés et animaliers sont aussi offerts.

Le gin aux champignons sauvages de la distillerie O'Dwyer. Photo: Facebook Gaspésie Gourmande

Rêver de la Gaspésie

Mais même sans séjour prévu sur cette belle péninsule qui s’avance dans le Saint-Laurent, on peut rêver des prochaines vacances ou en apprendre plus sur le terroir gaspésien grâce au Guide-Magazine 2019 de la Gaspésie Gourmande offert en ligne. On peut aussi cuisiner les recettes proposées sur le site ou visiter la boutique en ligne de l’association pour commander du sirop de merisier, du caramel salé, du pesto d’algues, de la relish de mer, des thés, de la farine ou de l’avoine de la Gaspésie à recevoir à la maison.

Dans son ombre, Chrystine Brouillet

Quand l’été se pointe le bout du nez, encore rougi par les derniers froids d’avril et de mai, Maud Graham fait généralement son apparition sur les gondoles des librairies. Alors, comme les personnages du monde de Chrystine Brouillet, les lecteurs et les lectrices préparent les petites bouchées, débouchent la bouteille de sancerre bien froide et s’installent confortablement pour lire cette nouvelle aventure de la plus connue des enquêteurs du Québec.

Et c’est dans une atmosphère de retrouvailles familiales que le chroniqueur ouvre le roman. Très rapidement, il retrouve la famille, les amis et les collègues de la célèbre policière, les deux mains dans le popcorn au sel de truffe (recette de l’auteure), en anticipant la joie d’en parler aux futurs lecteurs. Ne boudant pas mon plaisir, tout d’une traite, j’ai lu ce très bon roman en me demandant comment je pourrais en parler. Car, difficile métier, il n’est pas facile de résumer ce roman sans en divulguer des éléments pouvant gâcher le plaisir de lire des lecteurs et lectrices.

Dès les premières pages, l’auteure nous plonge au cœur du drame tout en décrivant, étape par étape, la longue descente aux enfers de certains personnages. Alors, jouons le tout pour le tout et risquons un petit résumé sans divulgâcheurs et assez explicite pour vous empêcher de résister à la tentation.

L’histoire tourne autour d’une famille en apparence tout à fait normale. Le père, Martin Chevrette, est député et ministre à l’Assemblée nationale. Depuis la naissance de ses jumelles, leur mère, Laure Genest, a quitté son poste à la radio pour s’occuper de ses filles. L’harmonie familiale est fragile, les parents ayant chacun leur petite préférée. Jusqu’au jour où la disparition d’une des adolescentes fait éclater le drame. Ou plutôt les drames.

Alizée a fugué et cela va provoquer un véritable raz-de-marée.

Les enquêteurs du groupe de Maud Graham rencontrent les membres de la famille et se rendent compte qu’on ne leur dit pas la vérité. Les secrets pas toujours avouables, les événements passés qui les rattrapent, la rivalité malsaine, voilà à quoi ressemble cette famille quand Chrystine Brouillet gratte un peu le vernis.

Le père est troublé par une histoire passée qui vient le hanter, et même menacer sa carrière politique. Il reçoit des lettres anonymes qui sont de véritables bombes en puissance. La mère vit très mal l’adolescence de ses filles, surtout l’attitude d’Alizée, rebelle et éprise de liberté. Elle préfère largement Lili-Rose, plus docile, un peu introvertie, mais souvent complice avec sa sœur.

Évidemment, après le succès de la série Fugueuse à la télé, il est facile de faire des rapprochements avec l’histoire d’Alizée. Cependant, l’expérience et la maîtrise de Chrystine Brouillet font de cette nouvelle enquête une histoire captivante, avec des ramifications touchant tous les membres de la famille. On suit avec beaucoup de plaisir les histoires de tous les membres de la famille, la découverte graduelle de leur côté sombre et l’ombre que certains projettent sur les autres.

Maud Graham ne serait pas ce qu’elle est si sa créatrice ne nous invitait pas à la table de l’enquêtrice. Parents, amis et collègues sont invités, et le lecteur s’amuse à croire qu’il est lui aussi autour de la table à déguster les plats concoctés par l’illustre policière-cuisinière. Si l’auteure dit que son personnage est pour elle comme une bonne amie, elle réussit très bien à nous faire partager ce sentiment. On attend des nouvelles de Maxime, son fils adoptif. On se demande comment va son amie Léa. On se penche pour flatter la chatte Églantine. On attend le coup de fil d’Alain, son «chum» légiste pour savoir s’il viendra ce week-end. Puis, évidemment, on collabore à l’enquête avec Tiffany McEwen, Michel Joubert et les autres.

Voilà la grande force de Chrystine Brouillet: sa capacité à faire vivre ses personnages dans le cœur des amoureux de cette série. Maud Graham est vivante; vous l’avez probablement rencontrée dans une épicerie fine de Sainte-Foy ou dans une rue du Vieux-Québec. Alors, rendez-vous chez Maud, assoyez-vous à côté de Grégoire, prenez une tranche de gravlax et un verre de Château Grenouilles. Puis dégustez cette bonne histoire…!

Bonne lecture!

Dans son ombre, Chrystine Brouillet. Éditions Druide. Juin 2019. 358 pages.

Forêt: cueillette sauvage au menu

Elle est belle, la forêt québécoise. Et elle est bonne aussi. C’est ce que cherchent à démontrer Gérald Le Gal et sa fille Ariane Paré-Le Gal dans les pages du livre Forêt, un ouvrage important qui pourrait permettre aux Québécois de se réapproprier leurs grands espaces.

Cela fait 50 ans que Gérald Le Gal parcourt la forêt, peaufine ses connaissances et pratique la cueillette. Il a de toute évidence communiqué sa passion à sa fille Ariane, qui a quitté Montréal il y a quelques années pour prendre la relève de Gourmet Sauvage, l’entreprise fondée par son père. Cette dernière propose des produits issus de la cueillette ainsi que des ateliers dans la nature de Saint-Faustin–Lac-Carré qui permettent de se familiariser avec la cueillette et la cuisine des plantes comestibles sauvages.

Photo: Facebook Gourmet Sauvage

Nouvelle corde à leur arc: le livre Forêt, publié chez Cardinal, qui fait grand bruit depuis sa sortie. Guide d’identification accessible, clair et bien illustré, le livre, qui contient une centaine de références et des recettes qui s’en inspirent, donne envie de partir en forêt et de (re)découvrir la richesse alimentaire de nos vastes espaces.

Selon Ariane Paré-Le Gal, la plupart des Québécois ont perdu le contact avec la nature et donc, leurs connaissances de celle-ci. Pourtant, quand on y pense, on trouve tout ce dont on a besoin dans les grands espaces québécois. Les boutons de marguerites marinés peuvent très bien faire office de câpres par exemple, le sirop de bouleau peut rappeler le vinaigre balsamique et la mélasse, alors que les feuilles de monarde remplacent bien l’origan… Le plantain majeur, qu’on trouve partout, est quant à lui une excellente verdure et les pousses de sapin ou d’épinette font de bonnes marinades. Quand on sait qu’on peut trouver dans une pelouse non traitée une trentaine de plantes comestibles, on comprend que les possibilités sont infinies.

Photo: Facebook Gourmet Sauvage

Pour réapprivoiser la cueillette sauvage, selon Ariane Paré-Le Gal, nul besoin de tout connaître d’un seul coup. La jeune entrepreneure et auteure suggère plutôt de se familiariser avec une plante à la fois pour en ajouter une ou deux à nos connaissances chaque année.

Voilà un bon début pour (re)mettre la forêt au menu.

Roger Taillibert, l’artiste

On connait bien Roger Taillibert, l’architecte. Le concepteur du Stade olympique de Montréal se révèle être aussi un artiste à ses heures. Il dévoile ses toiles pour la toute première fois au grand public cet été, avec l’exposition Taillibert. Volumes et lumière au Centre d’art Diane-Dufresne.

Du 20 juin au 29 septembre, les visiteurs pourront admirer des œuvres réalisées par l’architecte de 93 ans au cours des 15 dernières années, en France et au Québec.

Le maître des stades, à qui l’on doit entre autres le Parc des Princes de Paris et le Khalifa International Stadium de Doha, a un coup de crayon assumé. Ses tableaux, où la couleur s’impose avec force, explorent ses thèmes de prédilection: l’architecture, le sport et la nature. Taillibert expose à Repentigny à la fois ses œuvres architecturales et ses peintures. On peut d’ailleurs voir quelques esquisses du Stade.

En entrevue avec Le Devoir, il expliquait ainsi son processus créatif: «J’ai des gestes particuliers dans la peinture, dit-il. La couleur fonctionne avec mon cerveau. Je pense à telle chose, je la traite en bleu, ou en rouge, ou en noir, d’une certaine façon. Mais c’est toujours dans le mouvement, même dans la peinture. […]»

C’est l’auteur, éditeur, sculpteur et producteur Alain Stanké et Maxime-Alexis Frappier, l’architecte associé d’ADCF Architecture qui a conçu le Centre d’art Diane-Dufresne, qui sont co-commissaires de cette exposition. On y présente également en primeur le court documentaire sur Roger Taillibert tourné par Alain Stanké, qui nous en apprend plus sur l’homme et son parcours.

Lors du vernissage de l'exposition: Roger Taillibert entouré des commissaires Maxime-Alexis Frappier (à gauche) et Alain Stanké (à droite). Photo: Facebook Centre d'art Diane-Dufresne