Le crabe des neiges est arrivé

Il est la vedette des assiettes (et des médias sociaux) depuis une semaine. Le crabe des neiges, symbole du printemps québécois, est arrivé.

Les crabiers ont pris le large à la fin du mois de mars pour livrer aux amateurs de crustacés leurs crabes des neiges. Devant certains commerces, les files étaient longues ces derniers jours afin de se procurer ce trésor local.

Le prix élevé du crabe n’a pas réussi à arrêter les adeptes. En effet, la pandémie a eu ses conséquences sur le prix du crustacé, qui a augmenté de quelques dollars la livre comparativement à l’an dernier. Du «jamais-vu» selon certains poissonniers.

On explique cette hausse par la rareté de la ressource causée par des complications liées à la pandémie pour les pêcheurs et les transformateurs et à la forte demande venant entre autres des États-Unis, où on est prêt à payer plus cher pour le crabe pêché majoritairement en eaux canadiennes, en Alaska et en Russie.

Photo: Facebook Joël Arseneau

On pointe aussi du doigt les quotas à la baisse d’environ 20% des pêcheurs de la zone qui regroupe les crabiers de la Gaspésie, des Îles et des provinces de l’Atlantique. Une mesure prise afin de protéger la ressource après de très bonnes années de pêche. Les quotas ont aussi été revus à la baisse sur la Côte-Nord.

Mais qu’à cela ne tienne, ceux qui peuvent se le permettre seront ravis de savourer la chair délicate du crabe des neiges, qu’on nomme ainsi en raison du fait que, comme c’est la première pêche de l’année, les pêcheurs doivent souvent s’aventurer en mer, malgré la neige.

À vos pinces et vos fourchettes: vous avez environ huit semaines pour profiter de la saison du crabe!

Le Manoir Sweetsburg: charme victorien à Cowansville

Le Manoir Sweetsburg est une auberge victorienne située à Cowansville, dans la MRC de Brome-Missisquoi. Son architecture, tout comme les grands pins blancs qui l’entourent, témoigne de son passé.

Sweetsburg, village voisin de Cowansville

C’est en 1875 que naît officiellement le village de Sweetsburg. Baptisé en mémoire de Gardner Sweet, un des premiers habitants du territoire, on y trouve un hôpital, un palais de justice et bon nombre de bâtisses et résidences cossues. Ce village situé à environ trois kilomètres de Cowansville y est officiellement annexé en 1964. Il est aujourd’hui considéré comme un quartier de Cowansville.

La résidence d’Ernest Racicot

Né à Montréal en 1835, Ernest Racicot perd ses deux parents alors qu’il n’est qu’enfant. Aidé financièrement par des sœurs religieuses, il fait ses études en droit. En 1859, il décide de s’établir à Sweetsburg, car un nouveau palais de justice est sur le point d’ouvrir ses portes.

Ernest Racicot est le premier avocat francophone à s'installer à Sweetsburg. Photo: Ville de Cowansville

Premier avocat francophone à venir s’installer dans la région, il mène une brillante carrière. En plus de ses fonctions d’avocat, il sera nommé conseiller en loi de la reine par le gouvernement provincial (1878) et le gouvernement canadien (1887); commissaire du fonds d’emprunt municipal (1882 à 1885); chargé de la révision de la loi électorale du Canada (1887 à 1889); conseiller municipal; maire de Sweetsburg (1888 et 1899); préfet du comté de Missisquoi (1889); député libéral, puis conservateur et membre de l’Institut canadien des francs-maçons.

C’est vers 1875 qu’il fait construire cette somptueuse résidence.

Photo: Société d'histoire de Cowansville

Une architecture remarquable

Au premier coup d’œil, on remarque la galerie semi-circulaire et l’immense balcon qui la surmonte. Quelle prestance!

Photo: Sutton Québec

«Le motif de fleur de lys qui couronne la souche de cheminée du manoir Racicot souligne les origines canadiennes-françaises de son propriétaire original», peut-on lire dans ce document de la Ville de Cowansville.

Photo: Ville de Cowansville

À l’intérieur, même si le bois d’origine a été peint en blanc à certains endroits, le charme et le cachet de l’époque y sont omniprésents.

Photo: Sutton Québec

Les nombreuses fenêtres en saillie permettent une multitude de points de vue panoramiques des lieux.

Photo: Sutton Québec

La dépendance à l’arrière reprend quelques éléments visuels du bâtiment principal, dont les boiseries de la galerie surmontée d’un balcon.

Photo: Sutton Québec

L’ancien garage à calèche a été converti en salle de réception. En entrevue à l’émission La route du patrimoine, la propriétaire, Anne-Marie Desmarais, explique que l’endroit ne possède toujours pas de système de chauffage.

Photo: Sutton Québec

La situation du bâtiment en retrait du chemin rappelle le prestige des manoirs d’antan.

Photo: Sutton Québec

L’ancienne résidence de monsieur Racicot est aujourd’hui une magnifique auberge baptisée Manoir Sweetsburg. Il vous est donc possible de séjourner dans ce magnifique lieu historique... ou encore, si vous préférez, en devenir propriétaire. Affiché à 1 085 000$, on rêve de gagner à la loterie pour pouvoir y vivre!

Photo: Sutton Québec

Mousson froide, Dominique Sylvain

Un roman policier écrit par une auteure française et dont l’action se passe au Québec.

Comment ne pas oublier le désormais célèbre roman de Fred Vargas, Sous le vent de Neptune, décrié par une grande majorité de lecteurs et de lectrices du Québec pour le nombre impressionnant de clichés «à la québécoise» et un langage truffé d’expressions dépassées, et parsemé de sacres bien sentis! Couleur locale exotique pour la France, caricature grossière pour le Québec. Un véritable désastre!

Eh bien, ici, dans le tout récent ouvrage de Dominique Sylvain, Mousson froide, vous ne retrouverez aucun de ces irritants qui donnent des boutons aux amateurs de polars de ce côté-ci de l’Atlantique. On s’y reconnait et on se promène dans les rues de notre métropole sans s’y perdre: Montréal, personnage de ce roman avec son hiver, est parfaitement reconnaissable. Et ses habitants aussi!

Une histoire passionnante

L’histoire commence à Séoul en 1997. Sous l’emprise de la rage et des effets d’une cuite carabinée, Yong-hwan, criminel sans envergure, batteur de femme et d’enfants, tue sa fille de six ans à grands coups de couteau devant son fils de huit ans, paralysé par l’horreur.

Près de vingt-cinq ans plus tard, à Montréal, nous rencontrons Jade et son chien Jindo, de la brigade canine de la police de Montréal. Le labrador est spécialisé dans la recherche de mémoires informatiques. Jade habite le duplex de Min-youg, une Coréenne avec laquelle elle entretient des liens étroits. Le fils de la propriétaire, Mark Song, travaille également comme enquêteur. Mark et Jade collaborent à une enquête sur un réseau de pornographie juvénile. L’aide de Jindo est précieuse dans ce trafic de photos pornographiques impliquant de jeunes enfants. Son odorat exceptionnel découvre l’horreur cachée dans les puces électroniques appartenant à un réseau de pédophiles.

Pendant ce temps, en Corée, grâce à sa «bonne conduite», on libère Yong-hwan. Celui qui se surnomme Yogwe, «le vieux démon», n’a qu’une idée en tête: se venger de son ex-femme. Très rapidement et de la pire des façons, il trouve l’argent nécessaire pour financer son voyage et sa vengeance. Évidemment, on comprend très vite le lien entre la dame coréenne, son fils et ce misérable criminel. Ce n’est pas pour rien qu’en prison, il a suivi des cours de français et qu’il peut maintenant converser dans cette langue qu’il maitrise. Depuis le début de son incarcération, il mijote son horrible plat de vengeance … qui se mangera froide, bien sûr, dans la neige du Québec.

Rendu à Montréal, le père traque son ex-femme, son fils, la jeune policière et même son chien. Tout est permis pour arriver à ses fins: se venger et repartir vivre une nouvelle vie aux États-Unis.

L’histoire est passionnante et l’amateur de polars en aura pour son argent. La structure classique du roman rend bien l’intensité et la montée du drame. Comme un chat surveillant la souris, ce diable fou se rapproche sans faire de bruit, toujours plus près de cette famille. Son plan de vengeance est machiavélique. Les personnes traquées ne le voient pas, mais nous, les lecteurs, nous ressentons son souffle dans le cou des victimes de sa vindicte. Dominique Sylvain maitrise les codes du polar et les fils de son intrigue sont parfaitement tissés. Tout se tient et la tension monte en crescendo.

Particularité très intéressante, l’auteure a fait le pari assez risqué de donner la parole à Jindo, le chien renifleur qui, avec son odorat développé et sa logique animale proche de l’humain, jette un regard bien particulier sur ce qui se passe, sur l’action et sur les personnes. Le défi est réussi, le sympathique personnage canin procure au récit une profondeur et une couleur vraiment étonnantes. Si on accepte de jouer le jeu d’un chien qui parle des humains avec tendresse et affection, ce n’est pas long qu’on se laisse prendre au jeu. Et on y croit.

Des personnages attachants

Nous nous attachons très rapidement aux personnages de ce roman. Tout d’abord, Jade Assiniwi, une jeune policière d’origine amérindienne, petite-fille de chef atikamekw, un peu désorganisée dans sa vie personnelle, mais très appréciée par ses collègues et ses patrons.

Ensuite, Mark Song, le fils, le personnage le plus noir du roman. Marqué par l’assassinat sauvage de sa petite sœur, rongé par la culpabilité, excellent guitariste, il aurait pu en faire carrière. Il travaille comme enquêteur à la section criminelle depuis neuf ans. Il est le meilleur ami de Jade et vient tout juste de sortir d’une relation difficile. Puis sa mère, une femme courage, qui pour survivre dans son nouveau pays fait la cuisine dans un minuscule restaurant coréen.

Et voilà ce qui complète le portrait familial, en n’oubliant pas les deux personnages tellement éloignés sur le spectre de la violence, Jindo, le chien pacifiste, aimant, et l’infâme meurtrier en veine de vengeance sanglante, le père venu exiger la vie de sa famille pour lui faire payer ses vingt-cinq années de prison.

Une auteure aux multiples talents

Je vous conseille grandement ce roman de Dominique Sylvain. Premièrement, pour découvrir une auteure aux multiples talents qui, par la qualité de son écriture et la richesse de son histoire, va vous tenir sur le bout de votre chaise pendant toute votre lecture. Et aussi, pour savourer un roman très réussi d’une auteure française qui jette un regard sur notre métropole enneigée avec des yeux intelligents. Et pourquoi pas, pour écouter les impressions d’un chien exerçant un métier que seul son nez peut réussir à faire, tout en jetant un regard pas si animal que ça sur les humains qui l’entourent.

Et si votre premier contact avec cette auteure vous incite à lire d’autres récits, j’ose vous proposer la série Lola Jost et Ingrid Diesel, deux femmes atypiques, une inspectrice de police bourrue à la retraite et une jeune stripteaseuse américaine dans un quartier où le monde se transforme en famille. Attention, les dialogues sont savoureux et créent une dépendance! Moi, je les adorais!

Bonne lecture!

P.S. Par souci de transparence, j’aimerais ajouter que j’ai participé à la révision du manuscrit de ce roman (de façon bénévole). Comme le dit l’auteure à la fin du roman, je devais veiller à ce qu’elle «ne raconte pas trop de bêtises sur Montréal».

Mousson froide,Dominique Sylvain. Les Éditions Robert Laffont. 2021. 374 pages

Jardiner… pour mieux manger

Chaque printemps, on se remet à parler de jardinage, et de ses nombreuses possibilités. Cette année, peut-être encore plus qu’avant, plusieurs entendent faire pousser verdures, herbes et aliments comestibles sur leur balcon ou dans leur jardin. Le livre Jardiner tout naturellement est un nouvel outil pour ce faire avec succès.

«Le jardinage est un geste positif pour la planète et ses habitants», écrivent d’emblée Laurie Perron et Sarah Quesnel-Langlois en ouverture de leur nouveau livre Jardiner tout naturellement, paru chez Parfum d’encre.

Si pour le plaisir, pour des raisons alimentaires, pour des motifs écologiques ou simplement pour passer le temps, de plus en plus de citoyens se mettent au jardinage depuis l’an dernier, les deux fleuristes entendent, grâce à leur ouvrage, leur simplifier la vie. De plus, celles qui ont fondé en 2014 Jungle Fleur, une boutique en ligne de fleurs sauvages, encouragent un jardinage le plus naturel et écologique possible.

Ainsi, dans ce livre inspirant de 263 pages magnifiquement imagé par les photos des deux auteures, on donne de l’information pour mieux s’y retrouver en botanique, on prodigue des conseils de base pour bien lancer son jardinage, pour cultiver des fleurs qui attireront les pollinisateurs en plus de faire de jolis bouquets, et pour cultiver son potager. Fines herbes, fleurs comestibles, fruits et légumes hyperlocaux pourront ainsi se retrouver au menu.

Parce qu’après tout, pour répondre à cette tendance de l’alimentation locale, les auteures rappellent que «(…) rien n’est plus local qu’un aliment de son balcon, de sa cour ou de son jardin communautaire».

La riche histoire de la maison du Dr Jean-Baptiste Richard

Construite en 1905 pour le docteur Jean-Baptiste Richard, cette maison victorienne située à Saint-Denis-sur-Richelieu a vu défiler plusieurs propriétaires, dont la comédienne Dominique Michel. Heureusement, tous l’ont traitée avec soin, ce qui lui a permis de conserver ses charmes et son cachet.

Un médecin à la défense du patrimoine

Né à Saint-Denis-sur-Richelieu en 1862, Jean-Baptiste Richard ne se contente pas d’être médecin de campagne. En effet, en plus de soigner les habitants de la paroisse, il en est également le maire 1902 à 1904.

Passionné d’histoire, il siège au premier conseil d’administration de la Société d’histoire régionale de Saint-Hyacinthe en 1937. Son implication au sein de cette organisation et son amour profond pour l’histoire de son patelin natal l’amènent à publier trois documents sur l’histoire de Saint-Denis, dont un sur ses églises.

En 1913, il dessine les plans du parc des Patriotes, situé juste en face de sa propriété. Comme mentionné sur le site du peintre Yves Morier, «ce médecin de campagne a contribué de façon tangible à la conservation et à la mise en valeur du riche patrimoine de Saint-Denis-sur-Richelieu».

Le médecin a également un intérêt pour les arts, pratiquant lui-même le dessin et la sculpture à ses heures. Pas étonnant, donc, que la résidence qu’il a fait construire en 1905 en bordure de la rivière Richelieu soit si raffinée.

Photo: Société d’Histoire des Riches-Lieux

De résidence privée à relais gourmand

La maison du Dr Richard témoigne du bon goût de ses premiers propriétaires. Boiseries de chêne, plafonds de 10 pieds joliment ornés de motifs embossés, mobilier encastré… c’est chic et de bon goût.

Photo: Équipe KW Performance

À la suite du décès de Jean-Baptiste Richard en 1954, la propriété passe aux mains d’un autre médecin, Joseph Gagnon. Bien que ce dernier décède prématurément à l’âge de 47 ans, son épouse conserve la maison jusqu’en 1975.

Photo: Équipe KW Performance

C’est alors la comédienne Dominique Michel qui en devient propriétaire. Amoureuse des belles maisons d’autrefois, elle habite la maison du Dr Richard pendant six ans.

Photo: Équipe KW Performance

En 1981, la somptueuse demeure accueille donc de nouveaux propriétaires. Ces derniers la revendent en 1996 au chef Patrick Vesnoc, qui la convertit en restaurant. Baptisé Les Chanterelles du Richelieu, ce relais gourmand a bonne réputation et reste en service jusqu’en octobre 2017, année où le chef prend sa retraite.

Photo: Équipe KW Performance

Un site d’exception

Sise au 611, chemin des Patriotes, sur un terrain de plus de 29 000 pieds carrés, la maison du Dr Jean-Baptiste Richard est exceptionnelle. D’inspiration victorienne, elle compte 28 pièces réparties sur trois étages. Au sous-sol, une cave à vin permet de voir les pierres de la fondation d’origine.

Photo: Équipe KW Performance

Elle offre une vue splendide sur la rivière Richelieu, qu’il est possible d’admirer de la grande terrasse ou de la véranda.

Photo: Équipe KW Performance

Vous aimeriez l’habiter? C’est possible… si vous avez 950 000$!

Photo: Équipe KW Performance

Qui seront les prochains propriétaires de cette somptueuse demeure historique, inventoriée dans le Répertoire du patrimoine culturel du Québec? Et quelle sera sa vocation? L’avenir nous le dira!