Propositions gourmandes pour la semaine de relâche

Elle est déjà commencée dans certaines régions, et se poursuivra jusqu’à la mi-mars dans d’autres. La semaine de relâche reprend cette année des couleurs et s’accompagne d’une variété d’activités et de propositions gourmandes. En voici une sélection.

Montréal: une ville, mille saveurs

Moins visitée l’an dernier, la métropole est de retour à l’agenda pour la semaine de relâche. Au centre-ville, profitez des activités proposées par le festival Montréal en lumière, dont une terrasse chauffée avec boissons et plats réconfortants aux couleurs caribéennes et italiennes au restaurant Kamùy (jusqu’au 5 mars).

Du côté du Vieux-Port, les cabanes du Centre de pêche blanche, au bassin de l’Horloge, peuvent recevoir de deux à six personnes chacune. En plus d’éprouver du plaisir lors de l’activité, vous aurez peut-être de délicieux poissons pour le repas!

Vous aurez peut-être la chance de pêcher votre prochain repas dans le Vieux-Port de Montréal! Photo: Facebook Vieux-Port de Montréal - Old Port of Montréal

Si vous êtes de nature plus active, les quartiers du canal proposent aussi de belles suggestions pour la semaine de relâche.

Dans le secteur de Griffintown, visitez l’exposition Formes intangibles de Shohei Fujimoto, une installation interactive de lasers et d’effets spéciaux, au New City Gas. Par la suite, allez faire un tour à la sandwicherie et café Bodega MTL, avec son décor new-yorkais et sa variété de bonbons sortis tout droit des années 1990.

À Saint-Henri, il y a de quoi se régaler lors d’une balade au parc du Premier-Chemin-de-Fer – une des plus longues promenades urbaines piétonnes de Montréal. Vous y trouverez de nombreuses adresses gourmandes multiculturelles (vous devez absolument essayer le Foiegwa et le Satay Brothers!) en plus de l’incontournable Avenue.

Régalez-vous à L'Avenue après une belle balade dans Saint-Henri. Photo: Facebook Restaurant L'Avenue

Québec: apprendre et déguster

La capitale nationale propose elle aussi des activités gourmandes pour la semaine de relâche.

Au Grand Marché de Québec, par exemple, le professeur Julien Chamberland de l’Université Laval, spécialisé en transformation laitière, convie les amateurs de fromages à une présentation sur le fromage d’ici, de son histoire à ses propriétés nutritives, le tout accompagné d’une dégustation de tartiflette (24 février). Le 4 mars, les régions viticoles atypiques seront au programme, vins et bouchées libanaises compris.

Amusantes propositions en région

Pour un volet plus familial, rendez-vous au Musée des Ursulines, à Trois-Rivières où, en plus de la visite guidée de l’institution, un atelier de cuisine vous initiera à la préparation et, bien sûr, à la dégustation d’un gâteau froid, selon la recette du livre 350 ans au coin du four.

Enfin, pour terminer cette liste de suggestions, saviez-vous qu’un festival portant sur le loup marin (oui, le phoque!) a lieu aux Îles-de-la-Madeleine chaque hiver? Du 26 février au 6 mars, ce mammifère trop peu consommé, et pourtant délicieux, est célébré de manière festive à travers, entre autres, des déjeuners et des soupers le mettant en vedette, ainsi que la vente de croxignoles, des beignets tressés traditionnels cuits dans de l’huile de phoque.

De racines et de mots, ode à la survie des langues

Pour le recueil De racines et de mots, Émilie Guilbeault-Cayer et Richard Migneault, deux passionnés de littérature et d’histoire, ont invité des auteurs d’Acadie, d’Alberta, du Yukon et du Québec à raconter, par l’entremise de personnages et de leur petite histoire, l’histoire de la lutte et de la survie de leur langue.

Québécois, Acadiens et Autochtones partagent une même réalité en terre d’Amérique du Nord, celle de la survie de leur langue. Une lutte qui s’inscrit dans leur histoire, dans leur culture. Dans les gestes quotidiens, dans les grandes mouvances, dans les luttes sociales, politiques, des hommes et des femmes ont lutté pour que leur identité survive. Et ils ont réussi et transmis à leurs descendants l’amour de leur langue et les devoirs de mémoire. Une lutte que des immigrants venus en terre d’Amérique ont dû mener aussi.

Bien sûr, on peut raconter ces histoires, ces Histoires, de mille façons. Dans des essais complexes et documentés, comme le feraient des historiens, dans des romans, comme l’ont fait de nombreux auteurs. Mais pourrait-on rallier les émotions de la littérature et la rigueur de l’histoire en un seul ouvrage?

C’est le défi que deux passionnés de littérature et d’histoire, Émilie Guilbeault-Cayer et Richard Migneault, se sont lancé. Autour du thème «Persistance des langues en Amérique du Nord», ils ont invité 13 auteurs d’Acadie, d’Alberta, du Yukon et du Québec à raconter, par l’entremise de personnages et de leur petite histoire, l’histoire de la lutte et de la survie de leur langue tantôt française, tantôt wendate ou abénaquise, acadienne, ladino ou bosniaque.

L’idée est originale et inclusive à n’en pas douter. L’ouvrage offre 13 textes aux tons et aux styles très variés. Certains plus romanesques, comme celui de France Lapierre, un de mes coups de cœur, En hommage à Marie Oudin, une femme ayant véritablement vécu de 1639 à 1721 et venue s’établir en Nouvelle-France pour échapper à sa condition et dont la passion émouvante pour les lettres et la langue française s’est perpétuée à travers sa descendance. Ici, l’expression «langue maternelle» prend tout son sens.

«Marie a tellement vanté la beauté de la langue française et insisté sur la nécessité de bien parler et d’écrire avec justesse que ses filles Ursule et Marguerite choisissent de consacrer leur vie à l’éducation. Elles prononcent leurs vœux perpétuels chez les sœurs de la congrégation Notre-Dame à Montréal en 1680. Marie voit avec chagrin s’éloigner ses aînées. Toutefois, elle se console, car dans ce pays qui le leur, elles transmettront la fierté de parler français à des centaines d’enfants. Mère Sainte-Ursule sera même une des premières enseignantes à parcourir le pays en canot pour rejoindre les colons éloignés.»

D’autres, plus didactiques, comme celui d’André-Carl Vachon, Fuir pour vivre en français, qui raconte la tortueuse et difficile survie du peuple acadien sous la domination britannique en Nouvelle-Écosse où, malgré la déportation et les perpétuelles embûches légales et économiques, subsiste encore aujourd’hui une communauté acadienne francophone. On y trouve aussi de petits bijoux, comme ce très beau texte d’Isabelle Picard, Entre deux torrents où, en trois scènes, à travers les yeux d’hommes et de femmes de sa communauté, on revisite la disparition, la préservation et la renaissance de la langue wendate. La première scène se passe en 1835, alors que les droits de la communauté se réduisent comme peau de chagrin et que Thomas se lève et affirme son refus de disparaître.

«À partir de maintenant je serai Wawandaronhe, comme on m’a nommé. Je parlerai la langue de mes ancêtres, je chasserai et couperai le bois où je le voudrai. J’enseignerai à mes petits-enfants les secrets de la terre, ceux qu’ont laissés nos ancêtres de l’est sur ces terres depuis des lunes. Tant pis pour ceux qui ne comprennent pas. Je parlerai ma langue de guerriers. C’est ça notre guerre. Et c’est maintenant.»

Puis, en 1911, à la deuxième scène, un jeune scientifique vient documenter, en les enregistrant au gramophone, les contes et chants des anciens en langue wendate, que presque plus personne ne parle au village. Et finalement, en 2011, alors que la langue est à nouveau enseignée, bien qu’encore timidement, Sébastien, au pied d’un immense pin blanc au pays du Wendake, se fait la promesse que les premiers mots que ses enfants apprendront seront en wendat.

Chaque histoire est suivie de deux pages consacrées à l’auteur. Une courte biographie et une lecture qu’il recommande, un moment historique qui l’a frappé, un personnage historique qu’il admire et sa bibliographie. On reconnaît là la trace des premières amours des deux auteurs, qui ont œuvré comme enseignants, avec une volonté claire d’informer et d’éduquer. Mais il y a surtout dans cet ouvrage une volonté de faire devoir de mémoire et de raconter de l’intérieur comment des hommes et des femmes ont vécu intimement les menaces contre leur langue, leur culture, les luttes pour la conserver et l’espoir de la voir survivre.

Comme tout recueil, ça se lit facilement, par morceaux, c’est un livre à offrir aux amoureux d’histoire ou de la langue, ou simplement pour se rappeler que rien n’est acquis et que notre langue est un trésor à protéger et à transmettre.

De racines et de mots, sous la direction d’Émilie Guilbeault-Cayer et Richard Migneault, éditions du Septentrion, 2021, 248 pages. 24,95$ (disponible en format PDF).

Émilie Guilbeault-Cayer est titulaire d’une maîtrise en histoire de l’Université Laval et d’un diplôme en édition de l’Université de Sherbrooke. Elle œuvre dans le domaine de l’histoire depuis 15 ans et a collaboré à de nombreux projets en histoire autochtone, institutionnelle et urbaine. Elle a publié Les sœurs de la Charité de Saint-Louis au Québec de 1902 à 2019 (éditions du Septentrion, 2018).

Richard Migneault a œuvré dans l’enseignement tout au long de sa carrière. Lecteur passionné, amoureux du polar et de la nouvelle, il tient le blogue Polar noir et blanc, signe aussi des chroniques sur le polar sur Avenues.ca. Il a dirigé trois recueils de nouvelles (Crimes à la librairie, Crimes à la bibliothèque et Crimes au musée [Druide]) et deux titres (Mystères à l’école et Les nouveaux mystères à l’école) à l’intention des 12-14 ans pour les inciter à lire.

3 activités gourmandes à savourer au festival Montréal en lumière

Après une édition 2021 en version confinée, le volet gourmand du festival Montréal en lumière est de retour en présentiel du 17 février au 5 mars. Pour le célébrer dignement, voici trois activités gourmandes… à savourer!

Bonnes tables aventureuses

Dix-huit bonnes tables montréalaises figurent dans la programmation du festival, avec des menus mettant en lumière leur créativité, leurs origines et leur talent pour s’associer à des chefs invités.

Des fidèles de l’événement, comme le Europea (qui recevra les jeunes de moins de 12 ans gratuitement), le Renoir (avec un menu brunch trois services) et le Ikanos y participent encore une fois.

On y croise aussi de nouveaux venus qui nous feront voyager, à l’image du Okeya, qui propose une cuisine japonaise racée, ou encore du Mastard, où le chef bien connu Simon Mathys recevra son collègue des Faux Bergers (Charlevoix), Émile Tremblay.

Mention spéciale au Rozelys, qui rendra hommage à notre nordicité sous forme de brunch.

Le Rosélys proposera un menu unique en 3 services axé sur les produits du terroir nordique. Photo: Facebook Rosélys

Gastronomie autochtone

Afin de faire découvrir des produits et techniques autochtones, plusieurs chefs sont invités, dont Maxime Lizotte (restaurant l’Introuvable), d’origine wolastoqiyik wahsipekuk, à l’État-Major le 21 février, ainsi que l’Algonquin Martin Gagné (Le Parlementaire, le restaurant de l’Assemblée nationale du Québec), qui signera un menu aux couleurs de six nations autochtones au restaurant de l’Institut de tourisme et d’hôtellerie du Québec (ITHQ) les 17, 19 et 22 février. À noter que ce même établissement mettra en lumière les vins du vignoble autochtone Nk’Mip Cellars, établi dans le sud de la Colombie-Britannique.

Et ce n’est pas tout! Lysanne O’Bomsawin (Québénakis Traiteur) mêlera ses influences abénakises à celles d’Afrique subsaharienne du Virunga, et le chef innu Sylvestre Hervieux-Pinette sera associé au h3, nouvelle adresse du renommé Coureur des bois sur la Rive-Sud.

Lysanne O’Bomsawin (Québénakis Traiteur) mêlera ses influences abénakises à celles d’Afrique subsaharienne du Virunga. Photo: Facebook Le Traiteur Québénakis / Lysanne O'Bomsawin chef

Couettes gourmandes

Initiées l’an dernier, les formules associant une nuitée à l’hôtel avec des menus exclusifs sont de retour. Vous pourrez, par exemple, vivre une expérience gastronomique d’inspiration boréale conçue par le restaurant Bivouac au Hilton DoubleTree.

L’Hôtel Nelligan propose pour sa part un repas table d’hôte de quatre services du Bar à vin Nelli et une nuitée dans une suite penthouse.

Le Germain offre la fine cuisine du restaurant Le Boulevardier, qui pourra être dégustée en admirant la ville à travers les grandes fenêtres des chambres de l’établissement.

https://www.facebook.com/leboulevardierrestaurant/photos/917195298939647

Photo: Facebook Le Boulevardier Restaurant

Une douzaine d’autres propositions du même type attendent les gourmands intéressés. Bon festival!

Manoir Le Boutillier: un pan d’histoire en Gaspésie

Connaissez-vous le Manoir Le Boutillier? Situé à L’Anse-au-Griffon, en Gaspésie, le lieu patrimonial possède une histoire aussi riche que son architecture.

Né sur l’île de Jersey, John Le Boutillier a mené toute sa vie une double carrière. Il a porté à la fois le chapeau de politicien influent et celui d’homme d’affaires prospère, faisant sa marque dans le commerce de la morue séchée. Son entreprise, John Le Boutillier and Company, comptait en 1861 quelque 12 navires, 169 bateaux de pêche et 2500 employés.

Son succès se traduit dans l’immeuble à son nom. Construit entre 1850 et 1860, le Manoir Le Boutillier est une maison bourgeoise d’un jaune pimpant qui se dresse face à la mer. Les lieux ont servi de poste de pêche, de résidence du gérant, de magasin général et de demeure des engagés, tout en offrant un gîte à son propriétaire lorsqu’il était de passage.

Le Manoir Le Boutillier a notamment servi de poste de pêche, de résidence du gérant, de magasin général et de demeure des engagés. Photo: Facebok Manoir Le Boutillier

Loin des maisons de pêcheurs modestes des environs, le manoir représente un bel exemple d’architecture québécoise de style néoclassique avec son toit à deux versants percé de cinq lucarnes, son solage dégagé, sa façade symétrique, son revêtement de planches à clin, ses ouvertures ordonnées et sa grande galerie.

Le Manoir Le Boutillier offre une vue sur la mer. Photo: Facebok Manoir Le Boutillier

Son larmier cintré — la partie arquée où la façade et le toit se rejoignent — est typique des résidences érigées le long du littoral, en particulier dans la région de Kamouraska. En plus d’enjoliver le bâtiment, ce dernier le protège contre les vents et les infiltrations d’eau.

L’aménagement intérieur du manoir témoigne quant à lui du rang social de John Le Boutillier et de sa famille. Maîtres et domestiques y avaient chacun leurs quartiers distincts. L’escalier du hall d’entrée, plus luxueux avec ses décorations et sa main courante arrondie, était par exemple réservé aux maîtres. Tout l’espace est aussi très ornementé.

À l'époque, l’escalier du hall d’entrée était réservé aux maîtres. Photo: Facebok Manoir Le Boutillier

Désigné monument historique et lieu historique national, le Manoir Le Boutillier abrite désormais un musée. Les visiteurs peuvent participer à des activités d’interprétation et prendre une pause au salon de thé, le temps de se mettre dans la peau d’un bourgeois du 19e siècle.

Maison Émile Marin: une demeure d’exception à Saint-Hyacinthe

Une tour spectaculaire, des fenêtres partout et de multiples ornements: il n’y a pas à dire, la maison Émile Marin se démarque. Tour du propriétaire de cette résidence maskoutaine particulière.

À Saint-Hyacinthe, la rue Girouard témoigne de l’évolution des styles architecturaux dans la province. Les maisons Bauhaus y côtoient celles inspirées du Second Empire. C’est le long de cette artère que les bourgeois et les professionnels ont élu domicile durant la seconde moitié du 19e siècle. Face à la rivière Yamaska, des résidences victoriennes se tiennent toujours fièrement debout. C’est le cas de la maison Émile Marin, qui a été pendant plusieurs décennies la demeure du juge du même nom.

Un imposant escalier en bois sombre attend les visiteurs dans le hall d’entrée. Photo: Centris

À première vue, c’est la tour d’angle circulaire surmontée d’un toit bulbeux qui attire le regard. Construite aux environs de 1880, la propriété de style Queen Anne — en l’honneur de la reine Anne Stuart — comporte de nombreux autres détails fidèles à ce courant, comme la grande galerie couverte aux poteaux travaillés. En plus d’abriter l’entrée, l’auvent sert aussi de balcon à l’étage supérieur.

Colonnes, impostes, moulures et boiseries: tout a été savamment ornementé. Photo: Centris

La belle d’autrefois se pare de déclin de bois offrant différents motifs, dont le plus original est celui en écailles de poisson. Certaines fenêtres sont pour leur part coiffées d’un élément décoratif coloré en forme de demi-cercle. Leur nombre important permet de baigner l’intérieur de lumière.

La cuisine a gardé son plafond d’origine en bois. Photo: Centris

Un imposant escalier en bois sombre attend les visiteurs dans le hall d’entrée. Colonnes, impostes, moulures et boiseries: là encore, tout a été savamment ornementé. La cuisine a gardé son plafond d’origine en bois, alors que l’étage a conservé les parquets. La chambre aménagée en partie dans la tour est un de nos coups de cœur.

La chambre aménagée en partie dans la tour est un de nos coups de cœur. Photo: Centris

Loin du recoin poussiéreux que l’on peut imaginer, le grenier tout de bois vêtu compte de son côté des plafonds qui vont jusqu’à 14 pieds de hauteur.

Les plafonds du grenier, tout en bois vêtu, vont jusqu’à 14 pieds de hauteur. Photo: Centris

On peut actuellement mettre la main sur cette maison patrimoniale pour 985 000$.