Plongeon dans les années 1950 à Sainte-Adèle

Méconnu et mal aimé, le patrimoine moderne du Québec peine à se faire reconnaître. Cette maison dans le plus pur style mid-century témoigne pourtant de sa richesse. Visite d’une propriété coup de cœur.

De la rue, la façade en retrait du 380, rue Dufresne se veut discrète, mais elle s’impose tout de même. Ses immenses fenêtres, son débord de toit et sa brique turquoise d’origine attirent le regard. Construite en 1959, la résidence Tessier semble figée dans le temps. Elle ne détonnerait d’ailleurs pas dans la série Mad Men. 

Construite en 1959, la résidence Tessier semble figée dans le temps. Photo: Centris

On doit cette construction remarquable à l’architecte Jacques Coutu. Si son nom vous est inconnu, son travail a pourtant marqué le Québec. Celui qui a reçu la Médaille de l’Assemblée nationale en 2019 et de nombreuses récompenses, dont le prix canadien en design en 1964, est un pionnier de l’architecture moderne dans la province.

Originaire de Chicoutimi, il s’est surtout illustré au Saguenay–Lac-Saint-Jean, où il a ouvert son propre bureau dès la fin des années 1950. Entre les années 1960 et 1970, l’architecte a réalisé une demi-douzaine d’églises modernes, des écoles et quelques résidences privées, faisant de la région une cheffe de file de l’architecture moderne au Québec.

La résidence Tessier revêt les principales caractéristiques du modernisme du milieu du siècle dernier. Photo: Centris

La résidence Tessier revêt les principales caractéristiques du modernisme du milieu du siècle dernier. Un toit incliné, des murs de verre qui permettent d’admirer la vue depuis son emplacement surélevé, des lignes épurées, des matériaux naturels et un intérieur décloisonné de plain-pied: tout y est.

Le hall d'entrée avec le mur de briques apparent. Photo: Centris

En franchissant le seuil, on entre dans le salon, qui est un peu l’âme de la maison. Un foyer circulaire trône au milieu, et les fenêtres donnent sur les montagnes et le lac Rond. La cuisine de taille modeste, fidèle à l’époque, s’enjolive d’armoires colorées.

Un foyer circulaire trône au milieu du salon. Photo: Centris

Les deux salles de bain, l’une rose et l’autre marron clair, offrent de leur côté un retour plus de 60 ans en arrière. Les meubles et le choix des luminaires contribuent à ce voyage dans le temps dans les autres pièces. On aime aussi les plafonds de lambris et la connexion évidente avec la nature. 

La salle de bain rose offre un véritable voyage dans le temps. Photo: Centris

La demeure cherche désormais son troisième propriétaire.

Les Lauriers de la gastronomie québécoise sont remis à…

Il y avait de la fébrilité dans l’air à la Salle des pas perdus de la gare Windsor de Montréal le lundi soir 20 juin. C’est que pour la première fois depuis trois ans, toute l’industrie alimentaire du Québec était rassemblée «en présentiel» pour le Gala des Lauriers, un événement qui vise à célébrer ce qui se fait de mieux dans plusieurs secteurs de la gastronomie québécoise.

C’était la quatrième édition de cette soirée de gala dédiée à l’industrie culinaire du Québec imaginée par Christine Plante et animée par Christian Bégin. «La prochaine chose qui nous soutiendra, c’est ce "goûter nous". Cette pandémie nous a fait comprendre à quel point nous sommes vulnérables [quand nous dépendons des autres]. Pourtant, nous avons tout ce qu’il nous faut ici!», a dit l’animateur.

Chocolatiers, bouchers, mixologues, boulangers, artisans, producteurs, vignerons, restaurateurs, chefs, sommeliers, brasseurs; il est vrai qu’hier, à elle seule, la liste des nommés donnait l’eau à la bouche et suffisait à prouver qu’il est possible (et savoureux) de se nourrir de ce qui se fait à la grandeur de la province.

Christian Bégin animait la quatrième édition de cette soirée dédiée à l’industrie culinaire du Québec. Photo: Facebook Les Lauriers de la Gastronomie Québécoise

Et les Lauriers sont remis à…

Dans les catégories vedettes, c’est le chef Simon Mathys, du Mastard, à Montréal, qui a remporté les honneurs pour sa cuisine locavore.

Le chef Simon Mathys. Photo: Facebook Les Lauriers de la Gastronomie Québécoise

Le Battuto, à Québec, est reparti avec le titre convoité de Restaurant de l’année.

Paul Croteau et Guillaume St-Pierre, co-propriétaires du restaurant Battuto. Photo: Facebook Les Lauriers de la Gastronomie Québécoise

Les Filles Fattoush, dont nous vous parlions en 2019, a gagné dans la catégorie Initiative ou entreprise de l’année.

Geneviève Comeau et Adelle Tarzibachi des Filles Fattoush. Photo: Facebook Les Lauriers de la Gastronomie Québécoise

Le prix du tourisme gourmand a quant à lui été remis à Gourmet Sauvage, dont nous vous avons déjà présenté le livre de cueillette.

Ariane Paré-Le Gal et Pascal Benaksas-Couture de Gourmet Sauvage. Photo: Facebook Les Lauriers de la Gastronomie Québécoise

Le magazine Caribou (dont je suis cofondatrice) est reparti avec le prix Rayonnement de la culture culinaire (yé!).

Geneviève Vézina-Montplaisir et moi-même, cofondatrices du magazine Caribou. Photo: Facebook Les Lauriers de la Gastronomie Québécoise

De son côté, l’équipe de Ricardo est partie encore une fois avec le Laurier du public.

Puis, c’est au restaurant montréalais L’Express, en affaire depuis plus de 40 ans, qu’est revenu le prix Hommage.

La soirée festive d’hier a prouvé que malgré les difficultés rencontrées ces dernières années par plusieurs des acteurs de l’industrie alimentaire du Québec, celle-ci est encore bien en vie et peut-être même plus motivée et effervescente que jamais!

Pour voir la liste complète des nommés et des 16 lauréats, c’est par ici.

L’étonnante mémoire des glaces, Catherine Lafrance

Il y a quelques années, en lisant Jusqu’à la chute de Catherine Lafrance, je me disais que cette auteure serait sûrement capable d’écrire des polars. Sept ans plus tard, L’étonnante mémoire des glaces vient me donner raison. Ce quatrième roman est une réussite sur toute la ligne.

Catherine Lafrance a mené sa carrière de journaliste comme reporter, chef d’antenne, animatrice et scénariste. Elle a arpenté les salles de rédaction et les studios de différents médias. L’auteure a même dirigé pendant trois ans la Fédération professionnelle des journalistes du Québec. On ne se surprend donc pas que son personnage principal, Michel Duquesne, soit un journaliste d’enquête.

Communicateur passionné, intègre et prêt à tout pour informer ses lecteurs, Michel Duquesne, journaliste vedette, affiche une caractéristique bien particulière: il est atteint de troubles obsessifs compulsifs (TOC). Cette situation ne l’empêche cependant pas de bien faire son travail d’enquête.

Que se passe-t-il à Saint-Albert-sur-le-Lac?

Au retour du congé des Fêtes, en pleine tempête de verglas, son rédacteur en chef l’envoie à Saint-Albert-sur-le-Lac pour couvrir un incendie. Au même moment, son amoureuse doit se rendre aux États-Unis afin de convaincre un homme de témoigner au procès d’un caïd de la mafia.

Arrivé sur les lieux de l’incendie qui a fait quatre victimes, dont deux jeunes garçons de moins de 10 ans, Michel rencontre le directeur des communications avec les médias, William Latendresse. Le journaliste a l’impression qu’il lui cache des informations cruciales.

Michel a vu juste: une enquête était déjà en cours, avant même l’incendie. Il n’en faut pas plus au journaliste pour mettre son nez un peu partout, découvrir ce qui se tramait dans le village et ce que certaines personnalités prennent tant de soin à ne pas révéler.

«La honte, c’est un vêtement fait sur mesure: vous l’enfilez et il vous va comme un gant.» Page 131

À force de travail, de questionnements, d’investigations dangereuses et avec l’aide d’une journaliste locale, le reporter finira-t-il par découvrir ce qui se cache dans ce village qui était tout sauf tranquille?

Au péril de sa sécurité, en voulant suivre une piste qui semble prometteuse et en écoutant les doléances d’une plaideuse quérulente certaine de connaitre la vérité, Michel Duquesne sera confronté à ses propres démons et à son passé d’enfant adopté.

Ah oui! Vous vous demandez ce qui se passe avec l’amoureuse aux États-Unis. Eh bien, fiez-vous à Catherine Lafrance pour relier des événements qui semblent parfois bien éloignés.

Un polar qui vous tient en haleine

L’étonnante mémoire des glaces est un polar très bien construit, avec une trame narrative qui vous accroche et vous tient en haleine jusqu’à la fin. Morceau par morceau, le journaliste essaie de soulever les coins de couverture que les «méchants» s’efforcent de rabattre sur leurs répugnants commerces.

Catherine Lafrance a réussi à donner du rythme à son récit, à développer graduellement l’enquête et à amener son lecteur vers une finale qui s’élabore à coups de bribes d’informations et de révélations.

Derrière le talent de l’auteure, on retrouve également toute son expérience de journaliste. Conférences de presse, relations avec la police, collaboration et compétition entre les pairs, tension et pression de l’heure de tombée et recherche de la primeur qui donne l’avance au journal, Catherine Lafrance donne à Michel Duquesne toute la crédibilité et la vraisemblance pour que le lecteur y croie et apprécie le personnage.

La présence de la jeune journaliste Anne-Marie Bérubé ajoute à la diversité de l’enquête, en mettant en perspective deux façons de faire et de penser, en complémentarité. Le grand reporter d’un journal national et la jeune journaliste d’un hebdomadaire local, un duo qui fonctionne bien et auquel on s’attache.

Dans ce roman de plus de 400 pages, l’auteure a réussi à écrire une histoire sans temps mort. On passe d’un élément de l’enquête à l’autre, sans jamais perdre le fil principal. Il y a équilibre entre les différentes parties de l’enquête et la trame du récit est très bien planifiée et dosée.

Un premier polar prometteur

L’étonnante mémoire des glaces est un roman qui présente un côté très noir que le silence d’une communauté peut cacher. Les méchants ne font pas dans la dentelle, les forces du mal sont coriaces et on se demande si les gens de bien pourront ressortir de cet enfer. L’auteure saura vous présenter cette noirceur avec une écriture empreinte de réalisme. Et ce, sans tomber dans le «gore» ou l’horreur.

Il faut faire la découverte de ce premier polar très prometteur de Catherine Lafrance. Il mérite grandement que les lecteurs et lectrices de polars s’y penchent. Elle possède du métier en écriture, ce roman vient confirmer son talent comme auteure de polar.

Une nouvelle voie, un style d’écriture dense et fluide, un rythme qui donne du punch à une histoire bien construite, voici les ingrédients essentiels pour une excellente lecture de vacances. Michel Duquesne est un personnage qu’on aimerait revoir ainsi que sa jeune collègue Anne-Marie Bérubé. Le milieu journalistique offre bien des occasions d’enquête pour ces deux héros. Surtout sous la plume bien aiguisée d’une journaliste qui en a sûrement vu beaucoup.

Bonne lecture!

L’étonnante mémoire des glaces, Catherine Lafrance. Éditions Druide. 2022. 416 pages

Une maison tricentenaire avec vue sur le fleuve

On a un faible pour les résidences qui ont une histoire. Cette tricentenaire avec vue sur le fleuve, située sur l’ile d’Orléans, a piqué notre curiosité. Voici son histoire.

On peut pratiquement retourner dans le passé au 1578, côte Leclerc, à Saint-Laurent-de-l’Île-d’Orléans. La maison qui nous accueille a été construite vers 1700, suivant l’architecture traditionnelle du régime français.

Construite vers 1700, cette résidence revêt les principales caractéristiques de l'architecture traditionnelle du régime français. Photo: Centris

Elle en revêt d’ailleurs les principales caractéristiques. Ses fondations en pierre, son toit à deux versants droits recouvert de bardeaux de cèdre, la composition asymétrique de sa façade, ses fenêtres à petits carreaux et son ornementation très sobre sont tous typiques de l’époque. 

Plusieurs éléments architecturaux rappellent l'âge vénérable de la demeure. Photo: Centris

On a toutefois modifié l’intérieur au fil des ans, poussant histoire et modernité à se côtoyer de façon plus ou moins harmonieuse. Les murs de pierre ont néanmoins survécu. Les poutres à l’étage, le poêle au bois, les lambris qui tapissent les murs et les larges lattes de bois des planchers rappellent quant à eux l’âge vénérable de la demeure.

Les murs de pierre ont survécu. Photo: Centris

Les fenêtres donnent en outre une vue imprenable sur le fleuve Saint-Laurent.

Fenêtres avec vue sur le fleuve. Photo: Centris

La grange-étable au toit rouge et le hangar (maintenant transformé en atelier) que l’on retrouve sur le terrain font aussi partie du site patrimonial de l’Île-d’Orléans.

L'atelier fait aussi partie du site patrimonial. Photo: Centris

Le domaine, qui s’étend sur 33 hectares, abrite également un vignoble de 15 000 vignes qui pourrait en compter jusqu’à 50 000, un vaste boisé et des champs en jachère bio. Ceux qui sont tentés de devenir gentlemen-farmers peuvent en savoir plus ici.

Le domaine abrite également un vignoble. Photo: Centris

Sel Saint Laurent: mettre son grain de sel local

C’est l’histoire d’un artiste et visionnaire qui s’est un jour demandé pourquoi il n’y avait pas de sel de mer comestible fait au Québec et qui a décidé de relever le défi. Mission accomplie: le Sel Saint Laurent a aujourd'hui sa place sur les tables de la province.

Habituellement, l’extraction du sel se fait grâce à l’évaporation créée par le soleil. Les recherches ont cependant démontré que notre hiver est plus efficace lorsque vient le temps d’extraire le sel de l’eau. En pompant l’eau de la mer et en la faisant geler dans un réservoir, la nature fait une partie du travail, et ce, de façon sept fois plus efficace que lors de l’évaporation. En effet, grâce aux grands froids, la molécule de sel se sépare de l’eau et se dépose dans le fond.

Photo: Facebook Sel Saint Laurent

Il était important pour l’artiste Manuel Bujold Richard, initiateur du projet du Sel Saint Laurent, de penser à une méthode qui minimiserait la consommation d’énergie et l’émission de GES. La solution passait par le froid de la Côte-Nord!

Photo: Facebook Sel Saint Laurent

De nouveaux sels locaux

Le Sel Saint Laurent, offert en ligne et dans de nombreux points de vente au Québec, a beaucoup fait parler de lui et il semblerait que les sels d’ici seront dans l’avenir de plus en plus nombreux à faire leur place.

Une fleur de sel gaspésienne et le sel Sauniers, produit dans le Bas-Saint-Laurent, sont désormais disponibles ou en voie de le devenir. D’autres mènent aussi leurs recherches afin d’offrir leur sel alimentaire prochainement.

Il est terminé le temps où les restaurateurs et les consommateurs soucieux de s’alimenter localement devaient tout de même finaliser leurs assiettes d’aliments québécois et de saison avec un sel venu d’Europe. Maintenant, les plats d’ici peuvent être assaisonnés au goût du fleuve, notre mer à nous.