De la farine de grillons partout

On en parle depuis quelques années déjà. Si plusieurs croyaient que la tendance allait passer, les insectes sont là pour rappeler le contraire. Cette idée d’inclure les insectes à notre alimentation n’est pas là pour disparaître. La farine de grillons en est la preuve.

Les barres tendres et autres collations protéinées à base d’insectes sont de plus en plus nombreuses. L’Insectarium de Montréal a d’ailleurs lancé en novembre dernier la boîte EntomoMiam, qui vise à convaincre de l’attrait des insectes en cuisine en proposant diverses bouchées salées et sucrées imaginées par le chef Daniel Vézina.

Proposée par l’Insectarium de Montréal, la boîte Entomomiam propose diverses bouchées salées et sucrées imaginées par le chef Daniel Vézina. Photo: Facebook Espace pour la vie

On dit depuis plusieurs années que l’intégration des insectes à notre alimentation serait bonne pour l’environnement, pour notre santé (ils sont bourrés de protéines), et maintenant, certains souhaitent aussi faire comprendre «qu’ils sont bons».

La farine ou poudre de grillons se démarque et fait sa place sur les tablettes. Qui aurait cru il y a quelques années seulement que des marques accessibles et grand public comme le Choix du Président allaient proposer des sacs de poudre de grillons à ajouter aux smoothies, sauces et recettes de boulangerie?

Qui aurait cru que des marques accessibles et grand public comme le Choix du Président allaient proposer des sacs de poudre de grillons à ajouter aux smoothies, sauces et recettes de boulangerie? Photo: lechoixdupresident.ca

Celle à qui l’on attribue souvent un goût de noisette se trouve désormais facilement dans les épiceries ou en ligne grâce à des entreprises d’ici qui la commercialisent. On peut même facilement se procurer de la poudre de grillons 100% locale provenant de fermes québécoises d’élevage de grillons destinés à l’alimentation humaine.

Elle fait aussi les manchettes, puisqu’au début de l’année, la Commission européenne a donné son accord à l’utilisation de farine d’insectes (de grillons domestiques notamment) dans plusieurs produits alimentaires transformés comme les pains, les biscuits secs, les barres de céréales, les sauces, les pizzas, les substituts de viande, les soupes et autres, à condition que cet ingrédient soit clairement indiqué sur l’emballage. Comme quoi les insectes sont bien déterminés à entrer dans les mœurs alimentaires.

Maison Paul-Émile-Borduas: une vraie résidence d’artiste

Paul-Émile Borduas a marqué le Québec. Si on connaît bien l’artiste, peu savent qu’il a aussi réalisé une œuvre architecturale. La maison, à l’image du peintre, rompt avec la tradition. Coup d’œil sur une propriété en avance sur son temps.

Construite entre 1940 et 1942, la maison du 621, chemin des Patriotes Nord, à Mont-Saint-Hilaire, n’est pas tout à fait comme les autres. Elle a été imaginée par Paul-Émile Borduas, qui en a dessiné les plans jusque dans les moindres détails. Et c’est son père, le voiturier Magloire Borduas, qui a donné vie à sa vision.

La maison a été imaginée par Paul-Émile Borduas, qui en a dessiné les plans jusque dans les moindres détails. Photo: Annabelle Truong 2021, © Ministère de la Culture et des Communications

Érigée entre rivière et montagne, la demeure pouvait accueillir tout le clan confortablement. Le peintre et sa femme, Gabrielle Goyette, de même que leurs trois enfants — Janine, Renée et Paul —, s’en sont servi comme résidence d’été pendant trois ans. En 1945, la famille a quitté Montréal pour s’y installer de façon permanente.

Son toit plat, ses formes épurées et son manque d’ornementation caractérisent le style international. Photo: Annabelle Truong 2021, © Ministère de la Culture et des Communications

La résidence de facture minimaliste se cache derrière les arbres. Son toit plat, ses formes épurées et son manque d’ornementation caractérisent le style international, tout comme les pleins et les vides des murs et des ouvertures qui rythment les façades. Ce mouvement architectural, dont Mies van der Rohe est souvent considéré comme le maître, se veut le symbole de la modernité et d’un affranchissement de la tradition. La maison était donc l’écrin parfait pour Paul-Émile Borduas, qui y a d’ailleurs écrit le manifeste Refus global.

L’intérieur de la maison témoigne du passage de Borduas à l’École du meuble comme professeur. Photo: Annabelle Truong 2021, © Ministère de la Culture et des Communications

L’intérieur témoigne de son passage à l’École du meuble comme professeur. Le mobilier, qui est un savant mélange de courbes et de lignes droites, emprunte les éléments de l’Art déco. Plusieurs meubles ont été créés par ses élèves. Le rez-de-chaussée se consacre aux espaces communs, tandis que les chambres sont aménagées autour d’une mezzanine à l’étage. Les grandes baies vitrées, qui donnent sur la rivière Richelieu, laissent entrer la lumière à grands flots.

Borduas a vendu sa maison en 1952 après sa séparation. Les nouveaux acheteurs, le docteur Alphonse Campeau et sa femme Fernande, ont habité les lieux pendant plus de 40 ans et les ont bien conservés. Le bâtiment a toutefois dû être déplacé de quelques mètres à cause d’un problème de fondations en 1972. Ce déménagement a fait disparaître l’atelier du peintre, qui se trouvait au sous-sol.

La Fondation de la maison Paul-Émile-Borduas a acquis la propriété en 1999. Elle abrite aujourd’hui un centre d’exposition sur l’homme et son œuvre, en plus d’accueillir des expositions temporaires d’artistes contemporains.

Soupe à l’oignon: de l’Antiquité à aujourd’hui

L’hiver, c’est la saison de la soupe à l’oignon! Après une journée dehors ou pendant une soirée de tempête, ce classique français représente le repas parfait: simple, réconfortant et savoureux. Mais d’où vient ce drôle de mélange que plusieurs ont adopté?

À première vue, la soupe à l’oignon peut surprendre. Du bouillon, des oignons et du pain (qui devient) mouillé, recouvert de fromage… D’ailleurs, celle qu’on appelait «soupe d’ivrognes» ou «soupe des pauvres» a longtemps été associée à la classe modeste puisque l’oignon, son ingrédient principal, se cultive facilement et est très accessible.

On dit que les premières soupes à l’oignon auraient été cuisinées dès l’Antiquité, mais pour ce qui est de la version plus actuelle, plusieurs hypothèses s’affrontent. Il y a d’abord celle selon laquelle Louis XV, après une partie de chasse vaine, aurait concocté une soupe à partir de ce qu’il avait sous la main: des oignons, du beurre et du champagne. On raconte sinon qu’au 18e siècle, le duc de Lorraine, Stanislas Leszczynski, serait tombé sous le charme d’une soupe à l’oignon dégustée dans une auberge de Champagne.

Elle aurait ensuite longtemps été la soupe qu’on servait aux ouvriers puisque peu dispendieuse, et bourrative, grâce au pain qu’on y ajoutait.

L’idée de faire gratiner la soupe émanerait des restaurants des Halles de Paris qui, en plaçant les bols sous le gril, auraient créé la classique Gratinée des Halles, un plat qui a réussi à transcender les distinctions de classe.

Aujourd’hui, en France, la soupe à l’oignon est réputée pour ses vertus contre la gueule de bois, et c’est pourquoi elle serait souvent servie après le dessert dans certains mariages traditionnels.

On dit que les premières soupes à l’oignon auraient été cuisinées dès l’Antiquité, mais pour ce qui est de la version plus actuelle, plusieurs hypothèses s’affrontent. Photo: Sheri Silver, Unsplash

Un classique français au Québec

Du côté du Québec, on retrouverait une première mention de la soupe à l’oignon dans La nouvelle cuisinière canadienne en 1865. Depuis, elle est au menu dans de très nombreux restaurants, on la réinvente, et on lui fait toujours une place sur la table pendant les froides soirées d’hiver.

Écrire pour que tout devienne possible, Dominique Demers

Avec l’essai Écrire pour que tout devienne possible, Dominique Demers veut vous convaincre d’écrire et vous aider à réussir. Elle n’est pas la première à le faire. Janette Bertrand l’a fait durant la pandémie avec un atelier sur l’écriture biographique et Dominique Demers cite elle-même, dans ce livre d’un peu plus de 200 pages, dix ouvrages sur l’art de l’écriture.

À la différence des autres ouvrages sur l’écriture, celui de Dominique Demers se situe presque davantage dans le genre biographique plutôt que didactique. Au fil des chapitres, l’écrivaine revisite le processus créatif qui l’a menée à l’achèvement de ses nombreux ouvrages (plus d’une cinquantaine!), tant pour les enfants que les adolescents et les adultes. C'est fascinant de consulter les extraits tirés de ses cahiers et notes personnelles qui sont présentés en annexe et qui nous donne un accès direct à ses pensées, son cheminement, ses stratégies. On se demande si tous les écrivains et écrivaines sont autant structurés.

Toutes les théories que contient ce livre disponible en librairie depuis le 17 janvier sont expliquées et décortiquées à la lumière des expériences personnelles de Dominique Demers. On apprend ainsi que Mademoiselle Charlotte, personnage du livre La nouvelle maîtresse – dont a été tiré le populaire film La mystérieuse mademoiselle C. –, est née d’une rêverie en pleine écriture de thèse doctorale, que Valentine Picotée a été inspirée d’une peine d’amour de son fils et qu’Un hiver de tourmente raconte son premier amour et la mort de sa mère. Intéressant d’accéder à l’imaginaire de cette grande écrivaine québécoise qui a aussi été journaliste, notamment pour le magazine L’actualité.

Si la lecture de l’essai Écrire pour que tout devienne possible vous donne envie de vous lancer dans l’aventure, les dix exercices pour démarrer qui se trouvent à la fin du livre vous pousseront assurément à essayer… et réussir? L’avenir vous le dira!

Écrire pour que tout devienne possible, Dominique Demers. Éditions Québec Amérique. 2023. 216 pages

Enoteca Maria à New York: place à la cuisine des grand-mamans

Dans le quartier italien de New York, un bar à vin se démarque du lot depuis des années grâce aux grand-mamans de partout dans le monde invitées à créer un menu typique de leur pays et à prendre le contrôle des cuisines. Voilà les Nonnas of the world!

Le restaurant Enoteca Maria a vu le jour en 2007 sur Staten Island, l’un des cinq arrondissements de la ville de New York. «Enoteca» signifie «bar à vin» en italien, et c’est d’abord par sa carte des vins de qualité que s’est fait connaître l’établissement. À l’époque, des grand-mamans italiennes de différentes régions venues cuisiner leurs meilleurs plats familiaux s’étaient fait remarquer par les médias.

Les empanadas à la viande de Carmen, grand-maman de l'Argentine. Photo: Facebook Enoteca Maria

Huit ans après l’ouverture du restaurant, le concept s’est élargi pour accueillir des grand-mamans de partout dans le monde. Un livre et une tournée ont même été inspirés par la cuisine réconfortante de ces femmes. Pour le propriétaire du restaurant, c’est là en quelque sorte un hommage à sa propre grand-mère qui l’a élevé, «la plus douce et gentille femme au monde et la meilleure cuisinière».

Bien sûr, comme beaucoup de restaurants, le Enoteca Maria a dû se réinventer pendant les années de pandémie et a alors lancé sa ligne de sauces et autres produits faits maison. Mais depuis août 2021, le restaurant du quartier italien accueille de nouveau les Nonnas of the world, au grand plaisir des clients.

Maria, originaire d'Avellino, en Italie, a cuisiné des calmars farcis. Photo: Facebook Enoteca Maria

Désormais, trois jours par semaine, une nonna vient régaler ces derniers et présente même son menu dans une vidéo sur la page Facebook du restaurant. Dans les derniers jours seulement, l’Enoteca Maria a reçu des nonnas d’Italie, de Trinidad et Tobago, du Bangladesh, du Japon et de la Turquie.

Dolly avec ses délicieux plats du Sri Lanka. Photo: Facebook Enoteca Maria

C’est bien connu, la cuisine des grand-mamans est souvent la plus savoureuse qui soit! À quand un concept similaire au Québec?