Plus de 200 ans d’histoire à découvrir à la maison LePailleur

Avec ses murs de pierres qui ont dépassé le cap des 230 ans, son puits, ses foyers et ses jardins à l’ancienne, la maison LePailleur, à Châteauguay, propose un plongeon dans le quotidien du Bas-Canada. Visite des lieux.

La demeure construite au 54, boulevard de Salaberry Sud, en bordure de la rivière Châteauguay, traverse l’épreuve du temps sans cicatrices apparentes. Érigée en 1792 par Pierre Bouthillier pour François Rolland, la résidence est imposante pour l’époque.

Cette grande dame d’autrefois représente bien la maison québécoise traditionnelle. Son toit à deux versants couvert de bardeaux de cèdre, ses lucarnes, ses cheminées aux extrémités et ses ouvertures symétriques font partie des éléments caractéristiques de ce style architectural.

Cette grande dame d’autrefois représente bien la maison québécoise traditionnelle. Photo: Facebook Maison LePailleur

Les lieux témoignent du savoir-faire des artisans du 18e siècle. La charpente, dont les madriers sont assemblés à la main, sans clous et, évidemment, sans technologie, est particulièrement impressionnante. En 1896, des travaux permettent d’ajouter des larmiers et un nouvel escalier menant au grenier.

La maison LePailleur change plusieurs fois de vocation et de propriétaire au fil des ans. En plus d’abriter des familles anglophones et francophones, elle sert notamment d’entrepôt de fourrures et de magasin général.

François-George LePailleur, qui y déménage avec son clan en 1826, y établit pour sa part son étude de notaire. Son fils, Alfred-Narcisse, reprend le bureau. À la mort du patriarche en 1834, sa femme Josephte hérite de tout le domaine. Elle en cède huit ans plus tard une partie à sa fille Catherine, qui y fait construire une maison. Les LePailleur gardent la propriété jusqu’en 1875.

Les LePailleur gardent la propriété jusqu’en 1875. Photo: Société des musées du Québec

On raconte que les troupes britanniques occupent la demeure en 1839 au lendemain de la rébellion des patriotes. Elle est alors saccagée, en raison de l’allégeance soupçonnée du notaire à la cause.

Ouverte au public depuis les années 2000, on y présente depuis des expositions en lien avec l’art et l’histoire. Photo: Facebook Maison LePailleur

Entre 1958 et 1997, la résidence passe aux mains de la fondation Héritage canadien du Québec. La Ville de Châteauguay l’achète ensuite. Ouverte au public depuis les années 2000, on y présente depuis des expositions en lien avec l’art et l’histoire.

Récolter l’hiver: 7 choses à savoir sur l’agriculture nordique

Nous vivons dans un pays nordique. Pourtant, cela ne fait pas longtemps qu’on parle d’agriculture d’hiver au Québec. Le documentaire Récolter l’hiver met en lumière des pionniers qui explorent le modèle et qui prouvent que cultiver des légumes frais en serre tout au long de l’année avec peu ou pas de chauffage est possible. Voici sept citations tirées de ce film fascinant.

1. Le Québec est dépendant des autres pays pour son approvisionnement

«Il y a eu une prise de conscience pendant la pandémie par rapport à notre trop grande dépendance envers les pays étrangers pour se nourrir au Québec, surtout en hiver. Le deux tiers des légumes qui sont importés au Québec, c’est en hiver, donc il y a place à amélioration.»
— Jean-Martin Fortier, maraîcher de la Ferme des Quatre-Temps, en Montérégie

2. Le gouvernement provincial mise sur la production en serre

«Suite aux problématiques d’approvisionnement soulevées pendant la pandémie, le gouvernement du Québec souhaite doubler la capacité de production en serre au Québec d’ici 2025 grâce à des subventions.»
— Jean-Martin Fortier, maraîcher de la Ferme des Quatre-Temps, en Montérégie

Le gouvernement du Québec souhaite doubler la capacité de production en serre au Québec d’ici 2025. Photo: Depositphotos

3. De petits producteurs québécois collaborent pour développer l’agriculture d’hiver

«Ce que je cherche à faire, c’est de produire des légumes qui existent déjà, mais qui ne sont pas accessibles à l’année au Québec. Je cherche à gruger de la part de marché à de grosses entreprises établies. Je ne veux pas tasser mon petit voisin, je veux tasser la Californie.»
— François Biron, de la Ferme Chapeau Melon, en Outaouais

4. L’agriculture d’hiver permet d’allonger la saison de production pour les petits producteurs

«C’est plate d’arrêter de produire en octobre ou novembre et de complètement disparaître de la carte jusqu’au mois de mai suivant.»
— Vincent Lafleur-Michaud, du Jardin des Funambules, en Estrie

5. Le Canada débourse de gros montants pour son approvisionnement

«C’est une valeur de 5 milliards de dollars par année qui partent de la Californie pour venir au Canada. De ce chiffre, c’est 2,7 milliards strictement de fruits et légumes. En fait, le Canada représente 18% de tout ce que la Californie exporte dans le bioalimentaire.»
— Pascal Thériault, agronome et économiste, Université McGill

6. Plus connue ailleurs, l’agriculture d’hiver commence à faire sa place au Québec

«Cela fait 15 ans qu’on parle d’agriculture d’hiver dans le nord-est des États-Unis parce qu’on voulait continuer à manger des aliments de saison à l’année. C’est encore tout nouveau ici. Je sens qu’il y a plusieurs jeunes maraîchers qui s’intéressent à la question. On est au début de quelque chose de vraiment intéressant.»
—Jean-Martin Fortier, maraîcher de la Ferme des Quatre-Temps, en Montérégie

7. L’agriculture d’hiver permettrait une meilleure résilience alimentaire

«À cause des changements climatiques, il y aura plus d’imprévus qui auront une influence sur les récoltes de la Californie ou de la Floride, par exemple. Si les récoltes baissent, les prix vont monter et, ici, nous n’avons pas la capacité d’aller s’approvisionner ailleurs rapidement. Ce qui risque de devenir nécessaire est un retour en arrière: il va falloir qu’on apprenne à s’approvisionner à plus qu’un endroit pour avoir de meilleurs filets de sécurité, pour garantir un approvisionnement.»
— Pascal Thériault, agronome et économiste, Université McGill

Documentaire Récolter l’hiver, à voir sur Télé-Québec

Preistoriche Green Lodge: un séjour respectueux de l’environnement en Italie

De l’hébergement sans aucune émission de carbone: voilà le pari du Preistoriche Green Lodge, un ensemble de sept suites luxueuses construites en 2023 sans déranger la nature (ou presque). Direction Montegrotto Terme, en Italie, pour connaître les détails.

L’hôtel Terme Preistoriche Resort & Spa n’est pas un nouveau venu dans la région. L’établissement fait partie des premiers qui ont été érigés à la station thermale, au début du 20e siècle. Au charme d’une autre époque s’allie désormais une préoccupation bien de notre temps: la durabilité.

Les nombreux arbres centenaires de la propriété ont guidé le Studio Apostoli dans ce projet. Photo: Alessandro Romagnoli

Les nombreux arbres centenaires de la propriété ont guidé le Studio Apostoli dans ce projet. Avant toute chose, les concepteurs ont cartographié le site afin de préserver les racines de ces ancêtres. Les sept suites sont réparties dans quatre bâtiments sur pilotis bas. Un total de 160 micropieux soutient les édifices, les terrasses et les passerelles sans endommager les arbres. On retrouve même certains troncs encapsulés entre des parois de verre dans les chambres.

On retrouve certains troncs encapsulés entre des parois de verre dans les chambres. Photo: Alessandro Romagnoli

Pour se fondre dans le décor et ne faire qu’un avec la nature, les résidences se parent de lattes de mélèze. Elles disposent aussi d’un système de chauffage alimenté par l’eau thermale.

Pour se fondre dans le décor et ne faire qu’un avec la nature, les résidences se parent de lattes de mélèze. Photo: Alessandro Romagnoli

L’intérieur sobre, baigné de lumière naturelle, comprend des parquets faits de matériaux recyclés. Les papiers peints aux motifs botaniques, eux, se composent de revêtements écologiques en fibres de cellulose certifiées FSC (pour Forest Stewardship Council, une étiquette qui garantit que le produit provient de sources vérifiées et responsables). Les meubles en bois signés Varaschin complètent le tableau.

L’intérieur sobre, baigné de lumière naturelle, comprend des parquets faits de matériaux recyclés. Photo: Alessandro Romagnoli

Les mêmes caractéristiques s’appliquent pour la villa verte Bertha, la suite la plus spacieuse, aménagée dans un bâtiment historique restauré. Celle-ci inclut en outre un sauna, un bain turc et un jacuzzi chauffé sur la terrasse.

Les concepteurs espèrent prouver que bien-être, nature et durabilité vont de pair. Photo: Alessandro Romagnoli

«Nous avons accordé une attention méticuleuse à la sélection des matériaux et des finitions pour garantir que les suites vertes soient cohérentes dans les moindres détails», explique à Archello l’architecte Alberto Apostoli, à la tête du studio éponyme. Les concepteurs espèrent ainsi prouver que bien-être, nature et durabilité vont de pair.

La maison aux lumières, Donato Carrisi

La maison aux lumières de l’auteur Donato Carrisi est la troisième enquête de l’endormeur d’enfants Pietro Gerber. Tourmenté par une enquête précédente, traumatisé et pas mal déprimé, il a vu sa clientèle diminuer drastiquement et, dans le milieu, il semble avoir perdu toute crédibilité.

Une jeune fille au pair, Maja Salo, vient présenter à Gerber le cas d’une fillette dont elle s’occupe. Dans un manoir situé près de San Gimignano, en Italie, la petite Éva refuse obstinément de sortir de la maison, obnubilée par sa relation avec un ami imaginaire qui semble la contrôler, et même être violent avec elle.

Dès la première séance de travail, le psychologue hypnotiseur est plongé dans un tragique événement enfoui au plus profond de sa propre enfance. Son contact avec l’ami imaginaire d’Éva le replonge dans des souvenirs douloureux. Il y a 25 ans, un jeu de cache-cache s’est transformé en drame: pendant le jeu, le petit Zeno Zanussi, cinq ans, a disparu. Jamais il n’a été retrouvé.

Durant les sessions d’hypnose, le psychologue est frappé par des évocations qui ressemblent étrangement à l’histoire de cette disparition. Quel est le lien entre cet ami imaginaire et le petit disparu, il y a 25 ans? Quel rôle cette jeune fille au pair joue-t-elle dans cette recherche de la vérité? Que cache-t-elle au psychologue? Est-ce que le père et la mère de la jeune Éva pourraient avoir un lien dans cette histoire?

Voici un quatuor fort intéressant, regroupé autour d’une impression de doute et de suspicion où chacun des personnages cache une part d’ombre masquant la vérité, ou ce qui s’en approche le plus. Le psychologue se sent partie prenante dans la thérapie, comme professionnel de la relation, mais aussi comme un des acteurs des souvenirs qui émergent. Sans qu’il ne les appelle, ses réminiscences interfèrent dans l’aide qu’il peut apporter à la jeune fille. La petite, sans en avoir pleinement conscience, réveille chez son psy de vieilles blessures qui ne l’ont pas quitté depuis son enfance.

De son côté, l’ami imaginaire balise un chemin vers la compréhension du mystère de la disparition du petit. Finalement, Maja, la jeune fille au pair, tout en manifestant clairement ses intentions d’aider la petite, laisse planer un doute sur ses véritables intentions.

En bref, chacun des personnages évolue en équilibre instable, entre vérité et mensonge, au cœur d’une situation où la réalité semble leur glisser entre les doigts, comme si les grains qui s’écoulent devenaient sable mouvant.

Donato Carrisi est un maître du thriller psychologique, capable de faire monter la tension en laissant planer ce doute permanent entre ce qui s’est réellement passé et les révélations qui apparaissent pendant le traitement. Le défi est périlleux! Jouer sur deux tableaux, entre le passé obscur et le présent plus ou moins lumineux qui voudrait bien éclairer les zones d’ombre laissées par le temps.

La maison aux lumières est une maison personnage qui vibre aux émotions de ceux qui l’habitent. Elle cache peut-être un ou deux vices cachés et quelques bribes de vérité bien enfouies. Le lecteur découvre avec plaisir tous les fils qui attachent ces histoires. Comme les personnages du roman, il avance en équilibre précaire entre l’ambigu, le réel, le surnaturel et le mystérieux. Il profite ainsi de l’immense talent de l’auteur italien pour la construction d’énigmes frôlant le mystérieux. Tout en étant toujours vraisemblable.

Comme dans la majorité de l’œuvre de Donato Carrisi, les ingrédients essentiels d’un bon thriller sont présents dans ce roman: une maison étrange, des personnages énigmatiques, un passé obsédant et une intrigue très bien construite. En prime, un enquêteur endormeur d’enfants! Un véritable plaisir de lecture pour tout amateur du genre.

Même si ce roman est le troisième opus de la série, il n’est pas nécessaire de lire les deux premiers romans pour bien suivre l’histoire. Cependant, je suis convaincu qu’après votre découverte de cet auteur et de son étrange personnage, vous serez tentés d’assister aux premières thérapies de l’endormeur d’enfants.

Bonne lecture!

La maison aux lumières, Donato Carrisi. Éditions Calmann-Levy Noir. 2023. 378 pages

Des fraises (d’ici) en janvier

Qu’y a-t-il de mieux que de croquer, en été, dans une fraise fraîchement cueillie et gorgée de soleil? Une entreprise de Chaudière-Appalaches cherche à rappeler cette expérience grâce aux premières fraises du Québec congelées accessibles à l’année en épicerie.

Difficile de comprendre pourquoi l’idée n’avait pas encore été exploitée tellement plusieurs Québécois sont attachés à leurs fraises dont le goût est unique. Il y a peut-être une piste d’explication dans le fait qu’on produit une bien plus grande quantité de petits fruits en Californie, au Mexique ou au Chili et que «le Québec ne serait tout simplement pas à la hauteur des rendements agricoles de ces pays».

Mais, Bleu & Bon, une entreprise qui a pour mission de soutenir l’agriculture d’ici, a décidé de changer les choses en offrant les fraises du Québec en sacs. En plus des fraises, la petite entreprise tenue par un père et sa fille propose des bleuets, un mélange fraises et bleuets ainsi que des camerises congelées.

En plus des fraises, Bleu & Bon propose des bleuets, un mélange fraises et bleuets ainsi que des camerises congelées. Photo: Facebook Bleu & Bon

«Cette annonce marque un moment clé pour notre industrie, avait d’ailleurs dit dans un communiqué de presse Stéphanie Forcier, directrice générale de l’Association des fraises et framboises du Québec, lors du lancement du produit l’automne dernier. Non seulement ça nous permet d’être moins dépendants aux importations de fraises surgelées provenant de l’Amérique du Sud, de l’Europe et de l’Asie, mais cette nouvelle gamme de produits arborant le logo Les Fraîches du Québec offre des débouchés intéressants pour l’ensemble de nos productrices et producteurs lorsque les surplus apparaissent durant la haute saison.»

En hiver, la disponibilité de fruits locaux se fait très rare au Québec. Les fruits récoltés et congelés ici même deviennent alors une bonne option… pour patienter jusqu’à l’été.