Connaissez-vous la chicoutai?

La chicoutai est un petit fruit sauvage orangé acidulé qui pousse dans les tourbières des régions froides. Mais surtout, la chicoutai est une denrée rare dont sont fiers les habitants de la Côte-Nord.

Tarte à la chicoutai à Havre-Saint-Pierre, beignets à la chicoutai à Sept-Îles, sablés et crème glacée molle à la chicoutai à Natashquan… sur la Côte-Nord, on sert le petit fruit semblable à la framboise à toutes les sauces.

Photo: Depositphotos
Photo: Depositphotos

Une denrée rare

Parce qu’il ne pousse que dans un sol bien particulier qu’il est impossible de recréer, la chicoutai, qui veut dire «feu» en montagnais, n’est pas cultivable. Seulement un plant sur 10 fournit un fruit, qu’il faut cueillir en août, penché dans les tourbières. On comprend donc pourquoi la chicoutai, aussi cueillie dans les pays scandinaves, est quasi vénérée dans la région. Puis, après un séjour sur la Côte-Nord, on constate que ses habitants en tirent aussi une certaine fierté du fait qu’au Québec, on ne la retrouve que là. On la considère donc comme un symbole alimentaire du coin.

Un goût particulier

Devant son goût qui peut rappeler un mélange de mangue, d’abricot et de papaye, le visiteur reste parfois perplexe. On aime ou on n’aime pas.

La chicoutai est assez difficile à trouver en dehors de la Côte-Nord, alors si vous passez dans le coin, surtout, il est interdit de quitter les lieux sans avoir goûté le trésor de la région et, si vous êtes de ceux «qui aiment», sans avoir fait de provisions avant le retour à la maison.

Balance, n/d, Kevin Calixte

«Par la photo, j'extériorise tout simplement mes sentiments. Cela crée une forme de soulagement et mes œuvres sont pour moi des réconforts permanents lorsque je les regarde.»

- Kevin Calixte

D’origine haïtienne, Kevin Calixte est né à Montréal et s’intéresse à la photographie depuis l’âge de 17 ans.

Sa vision de l’Humain du 20e et 21e siècle, présente dans ses œuvres, est personnalisée par sa technique photographique, qui tente de défier les lignes directrices des règles de compositions. Inspiré de perceptions et d’expériences personnelles, Kevin Calixte amène l’observateur à l’introspection des comportements et valeurs morales de l’être humain en tant qu’individu, mais également en tant que participant à la société.

En marge de son travail artistique, Kevin Calixte exerce la photographie commerciale, notamment pour le mois de l’histoire des Noirs, Art TV et le Festival de musique du monde de Montréal.

artothèque.ca

kevincalixte.com

Balance, n/d, Kevin Calixte. Photographie. 67 x 97 cm. © L'Artothèque
Balance, n/d, Kevin Calixte. Photographie. 67 x 97 cm. © L'Artothèque

Coût de location par mois pour un particulier (taxes incluses): 15$.

Contes et Poèmes de Gilles Vigneault

Notre chroniqueuse, Véronique Leduc, nous a entraîné, cette semaine, dans un périple à Natashquan. Son texte et ses photos m'ont donné envie de me plonger dans l'oeuvre de notre chanteur et poète national, Gilles Vigneault. Deux titres, parus en Boréal compact en avril 2017, Contes et Poèmes, m'ont fait renouer avec les mots chantants de Vigneault.

Contes

Il n’est jamais trop tôt, il n’est jamais trop tard pour le bonheur

Cette phrase, magnifique, reprise sur la couverture de Contes, donne le ton aux textes du conteur de Natashquan. Le recueil nous ramène aux textes réunis par l'auteur pour la parution de La petite heure en 1979 et à d'autres contes parus depuis.

Le violon de Noël et Les fauves font partie de mes coups de cœur pour ces contes, parfois très courts, comme Les noces ou L'architecte, toujours poétiques et qui tiennent souvent plus de la nouvelle que du récit. Une écriture impressionniste, évocatrice et une puissance comme un vent du large dans les mots. C'est Vigneault et sa parole, tout simplement.

Au total, environ 90 contes regroupés selon les périodes, comme Contes sur la pointe des pieds (1960) ou Contes du coin de l’œil (1966), et ainsi de suite jusqu'aux plus récents Contes des almanachs, que le poète a signés entre 1992 et 2004.

Un vif plaisir de lecture, un livre à laisser sur la table à café et à ouvrir au hasard pour une minute de pure poésie.

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CONTES, Gilles Vigneault. Boréal compact, avril 2017, 288 pages, 13,95$.

Poèmes

Si vous aimez la poésie de Vigneault, Poèmes vous en livre l'essentiel. On y retrouve tous ses poèmes de Silences (1979) et de Assonances (1984) ainsi que l'essentiel de ses poèmes plus récents.

Je me suis totalement laissée emporter par la musique de ce recueil. La poésie de Vigneault a quelque chose de Prévert dans le rythme et d'Anne Hébert dans la sculpture de la langue, mais sa couleur est résolument celle des terres du fleuve et son intensité celle d'un homme debout. La liste des poèmes que j'ai  préférés serait trop longue, mais voici quelques coups de cœur : À cause d'un mot, Horizon, Anonymes, Le départ, L'arbre, Le roseau et, sans nul doute, le dernier texte du livre, Je fais de plus en plus mon âge, signé le 2 novembre 2012.

Les quelque 287 poèmes du recueil sont regroupés par thèmes évocateurs comme Ressacs, Villes, NuagesSabliers, Fissures, Existences et plusieurs autres dont Balises qui regroupe le plus grand nombre de poèmes, sans oublier, bien sûr, Natashquan:cinq poèmes sur le pays du poète. Un autre livre qu'on aura plaisir à laisser traîner pour déguster quelques strophes de beauté.

Faisons-nous plaisir:

Horizon

Aux sources brèves
Des pays neufs,
Où j'ai posé ma charge d'étranger,
Dans le printemps des herbes et des vents...
J'ai bu d'un trait
Toute mon existence.
Mais l'eau des sources brèves,
L'eau du pays passé,
Sans diluer mon désespoir
M'a procuré la soif
Dont je mourrai
Chaque fois que la pluie
Tombera
Sur la face rauque
Des jours de sable
Qui viennent...viennent à l'infini !
                Gilles Vigneault, Existences-Poèmes

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POÈMES, Gilles Vigneault, Boréal compact, avril 2017, 448 page, 15,95$

Sommes-nous ensemble entravés, no.1, Renée Lavaillante

Renée Lavaillante est une artiste visuelle qui vit et travaille à Montréal. Titulaire d'un baccalauréat en arts visuels de l'Université Concordia (Montréal) et d'une licence en lettres et histoire de l'art de l'Université Paris-Sorbonne (Paris, France), elle se consacre au dessin depuis de nombreuses années. C’est avec ce médium qu’elle explore le réel à travers la mémoire, la hasard et la subjectivité.

Ses œuvres se retrouvent dans plusieurs collections, notamment au Québec, au Canada et en France.

reneelavaillante.net

artothèque.ca

Sommes-nous ensemble entravés, no.1, Renée Lavaillante, 1990. Technique mixte sur papier. 107 x 142 cm. © L'Artothèque
Sommes-nous ensemble entravés, no.1, Renée Lavaillante, 1990. Technique mixte sur papier. 107 x 142 cm. © L'Artothèque

Coût de location par mois pour un particulier (taxes incluses) : 34$.

Les égarés – Lori Lansens

 

J’ai été tenté de lui dire que c’était grâce à mon intervention que nous en étions là. Si nos chemins ne s’étaient pas croisés, les femmes seraient au fond d’une crevasse ou perdues dans un autre secteur de la montagne. Ou peut-être auraient-elles renoncé à trouver le lac et seraient-elles rentrées à la station de la Montagne. Si nous ne nous étions pas croisés, je ne serais plus de ce monde, moi.

Si vous aviez aimé La ballade des adieux, Les filles ou encore Un si joli visage, vous allez dévorer Les égarés, que signe Lori Lansens, paru au printemps chez Alto. Connue pour la justesse de ses portraits et pour l’humanité qui teinte son écriture, l’auteure livre là un récit original et où elle démontre sa maîtrise du suspense.

Pour le jour de ses 18 ans, Wolf décide de mettre fin à ses jours et de sauter du haut d’une montagne qu’il doit gravir. Mais le destin en a décidé autrement et trois femmes rencontrées au cours de son parcours, Nola, Bridget et Vonn, à l’âme aussi écorchée que la sienne, vont lui sauver la vie, chacune à sa façon. Avec les fantômes qui les habitent, à eux quatre, ces «évadés» campent les personnages d’un récit profondément humain aux rebondissements parfois un peu appuyés, mais toujours haletants pour un lecteur qui devient vite captif.

Ontarienne de naissance, Lori Lansens, scénariste de métier, vit maintenant en Californie. Elle a publié son premier roman en 2002, qui a connu un succès de librairie, mais c’est son deuxième titre, Les filles, qui lui a valu un succès international. Son dernier roman, Un si joli visage, sera adapté pour le grand écran.

 

Les égarés, Lori Lansens, Alto, mars 2017, 448 pages, 28,95$

 

 

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