Maison Merry: la doyenne de Magog

Malgré ses 200 ans passés, la maison des fondateurs de Magog a encore fière allure. Tour d’horizon d’une demeure chargée d’histoire.

En 1799, Ralph Merry III, patriote de la Révolution américaine, s’établit le premier à l’Outlet — aujourd’hui connue sous le nom de Magog — avec sa femme et leurs huit enfants. L’agriculteur qui porte aussi le chapeau de forgeron puis d’homme d’affaires contribue grandement au développement de la région.

Fait étonnant: c’est grâce au journal intime de son fils Ralph Merry IV que l’on sait la date exacte de construction de leur maison.

Il écrit en effet le 21 juillet 1821 que «la maison est érigée aujourd’hui». Sa construction se fait à un rythme effréné puisqu’il ajoute le 17 septembre de la même année une autre note à ce sujet: «une partie de nos meubles sont maintenant dans la nouvelle maison, où nous vivons depuis hier».

La résidence est un bon exemple de l’architecture vernaculaire alors en vogue en Nouvelle-Angleterre. Son corps de logis rectangulaire coiffé d’un toit à deux versants droits, la disposition symétrique de sa façade, sa galerie couverte et ses fenêtres à petits carreaux s’en inspirent. Les quatre troncs d’arbres non équarris qui soutiennent l’avant-toit apportent un certain charme à la demeure.

La maison passe aux mains de Ralph Merry IV en 1822. Pas moins de six générations de Merry y habitent jusqu’en 1953, année où elle est vendue à Ernest Fields.

Au fil des ans, la maison Merry subit plusieurs transformations. On ajoute notamment une annexe entre 1840 et 1850. Dans la première moitié du 20e siècle, un solarium fait son apparition. Et en 1965, deux avant-corps se rattachent à l’annexe.

La résidence est vendue en 2008 à la Ville de Magog, qui procède ensuite à des travaux de restauration et d’agrandissement pour mettre le site en valeur. Ouverte au public depuis juillet 2018, la Maison Merry est désormais un «lieu de mémoire citoyen». On y raconte l’histoire de la région, des Autochtones à aujourd’hui.

Les Disgracieuses, Claudia Larochelle

Claudia Larochelle a une plume, une très belle plume. Et toute la richesse de son écriture sert à souhait ce roman un peu spécial, de la collection III, chez Québec Amérique, pour laquelle l’éditeur invite des auteurs et autrices à revisiter et raconter trois moments charnières de leur vie. Claudia a relevé le défi, avec Les Disgracieuses, qui sera en librairie dès le 21 mai, un livre que j’ai savouré.

En premier lieu, pour l’écriture. Une écriture soignée, mais pas trop sage, un style bien défini, moderne, mais avec cette patine des grands textes. Ça fait du bien de lire une prose aussi fine. Comme elle raconte trois pans de sa vie, l’autrice aurait très bien pu opter pour la langue parlée sans polissage, mais elle a plutôt choisi son amour de la langue bien ficelée, de la belle littérature. Son propos n’en demeure pas moins criant de vérité (bien qu’on ne sache pas tout à fait la part de vrai et la part de fiction, nous dit-elle à la fin).

J’ai dévoré les pages de ce bouquin aussi pour cette «vérité» qui nous offre une incursion dans la tête d’une ado, d’une jeune professionnelle, d’une femme au moment où le monde l’interpelle ou lorsque son univers se fragmente ou se dessine. Cela crée un rapport intime avec la narratrice. L’écriture est aussi très imagée, les scènes se dessinent facilement, et on a vraiment l’impression de les regarder à travers ses yeux.

«J’ai longtemps montré une fausse version de moi-même aux hommes que j’ai fréquentés. Je voulais être celle qu’ils avaient espérée, m’enivrant de leurs désirs, me croisant les doigts pour ne jamais être débusquée. J’ai ri de leurs blagues salaces, accepté leur manipulation, et je me suis abaissée pour les honorer. J’ai cru leurs mensonges, rampé pour qu’ils reviennent, en faisant mine d’épouser leurs idéaux.»

Je l’ai aussi savouré, ce bouquin, parce qu’il révèle les contours parfois flous et souvent douloureux de la féminité, de la condition des femmes, des jeunes professionnelles, ou des adolescentes. Celle qu’elle était cherchait son identité et des réponses dans le Ouija qu’elle consultait frénétiquement avec ses copines dans leur cachette, à l’abri du regard sévère et inquisiteur des sœurs du pensionnat où régnaient en maîtresses Les Précieuses.

Et Claudia Larochelle sait parler des femmes, de leur complicité (une chance qu’il y a les amies, Les Veilleuses), de leur obsession à capter le regard des hommes, à se conformer à leurs désirs, et ce, dès l’adolescence, même quand le baiser d’une autre jeune fille vient perturber la chair encore si jeune.

Et puis j’ai avalé les pages de ce livre qui nous raconte aussi les coulisses d’un métier, que je connais bien, qui faisait tant rêver la jeune fille du Ouija qui se voyait déjà comme la prochaine Reine Malo et qui a perdu ses illusions entre les machos d’une salle de rédaction du Journal où elle fait ses débuts et les gestes lubriques d’un vieil auteur qui croyait que son âge et sa célébrité l’autorisaient à se ruer sur une jeune journaliste. Je ne pouvais que revoir des bribes de ma propre histoire avec d’autres détails, mais avec la même toile de fond du sexisme qui, à défaut de tuer les rêves, désillusionne à tout jamais. Sans parler des patrons et patronnes tyranniques qui ne sont dénoncés en partie que depuis le fameux #Metoo.

«La conscience de ma finitude, voir le temps passer, voir les gens que j’aime partis trop tôt dans la mort me laissent penser qu’il n’y a pas que l’ambition et la réussite. La maturité s’acquiert à la dure, j’aurais tant voulu dire cela à celle que j’étais dans le fond du Journal (…)»

Puis, avec son écriture bien ciselée, Claudia Larochelle décrit avec une précision chirurgicale et une grande justesse d’âme les affres de la jeune maîtresse de l’homme marié qui parfois ne vient pas aux rendez-vous pour lesquels elle retient son souffle pendant des heures, voire des jours. Un Théo qui se joue de la vie, de celle de cette jeune femme comme de celle du fruit de leurs ébats. Des déceptions et des morsures que la jeune femme tente de noyer dans l’alcool et la dope du moment. Tuer la voix intérieure qui crie.

«(…) M’enserrer dans ce corsage porté depuis la nuit des temps par tellement d’autres disgracieuses, étouffant l’envie d’être aimée au fond de ma gorge jusqu’à couper le souffle.»

Et voilà un autre aspect fort de ce livre, ce va-et-vient de la narratrice entre la mort et la vie. La mort qu’elle confronte pour la première fois dans ce pendu trouvé dans un local du pensionnat, la mort qu’elle accompagnera plus tard, au chevet des sidéens comme bénévole, la mort de ses illusions de jeune femme, et la vie, ce désir d’enfant, cet appel si fort à la maternité, et cet avortement, dont Théo, l’homme qui prend tout et ne donne rien, se détache complètement, laissant derrière lui les ruines d’un cœur de femme éclaté. Heureusement, viendront un jour le père de ses enfants puis, plus tard, le Bien-Aimé…

«C’est la peur de l’inconnu qui faisait qu’au dernier souffle du malade, je me taisais, je retenais le mien, de peur qu’il parte avec.»

Les Disgracieuses n’est pas un roman linéaire qui vous raconte une intrigue, c’est un récit de vie, une incursion dans l’âme et la tête d’une merveilleuse autrice ou de la narratrice… allez savoir. J’imagine déjà tous les paris et recherches qui se feront dans les chaumières pour démêler le tout, à commencer par qui est donc cette narratrice sans nom… ?

Claudia Larochelle, qui connaît un très beau succès avec sa série La doudou pour tout-petits, qui se décline déjà en plusieurs titres, a fait sa marque en littérature avec ses deux premiers romans, Les bonnes filles plantent des fleurs au printemps et Vol 459: Les îles Canaries. Elle a également consacré un ouvrage à son amie, l’autrice Nelly Arcan, Je veux une maison faite de sorties de secours. Avec Les Disgracieuses, elle nous montre ici l’étendue de son talent. On attend déjà son prochain roman…

Les Disagracieuses, Claudia Larochelle, Collection III, Québec Amérique, 130 pages. 21,95 $

On peut suivre Claudia Larochelle sur les ondes de Radio-Canada et de Savoir média, visionner sur Savoir média, en ligne, son documentaire Lire pour vivre, dont nous avons parlé ici. Elle publie au Devoir, dans Elle Québec, Les libraires, et bien entendu sur Avenues.ca, où vous pouvez la lire chaque semaine.

Récolter des kiwis d’ici

Saviez-vous qu’il est possible de faire pousser des kiwis au Québec? Et même, d’adopter un kiwier? C’est ce que propose en nouveauté la Ferme du Mihouli, à Lacolle.

Mais attention, il n’est pas question ici du kiwi que l’on connaît et qui arrive du Sud. Au Québec, c’est du kiwi arctique qu’on récolte, grâce à des cultivars plus rustiques adaptés à nos climats. Résultat: des minis kiwis qui seront récoltés à l’automne et qu’on peut déguster en une seule bouchée sans même enlever la pelure.

D’ailleurs, ce petit fruit vert sucré très différent de celui auquel on est habitué fait sa place sur le marché depuis quelques années. On peut même en planter au jardin grâce à des entreprises comme O’Kiwi, qui vendent des plants adaptés au Québec.

Ce petit fruit vert sucré très différent de celui auquel on est habitué fait sa place sur le marché depuis quelques années. Photo: Wikimedia

De son côté, le couple derrière la Ferme du Mihouli souhaitait offrir aux gens n’ayant pas de jardin ni le pouce vert d’avoir tout de même accès aux petits fruits. Il voulait aussi proposer une expérience d’agrotourisme différente. Ainsi, l’entreprise nichée près de la rivière Richelieu offre d’adopter un kiwier, qui sera dorloté par les propriétaires de la ferme. «Les parents» d’un kiwier pourront aller se promener sur la terre, participer aux travaux et voir grandir leur kiwier jusqu’aux récoltes l’automne venu.

Sur la terre de Lacolle, les kiwiers matures ont été plantés l’an dernier et, au fil des ans, on prévoit que le plaisir des récoltes augmentera, puisqu’à terme, un kiwier peut produire environ 60 livres de fruits.

Brøndby Haveby: unis autour du jardinage

Savant mélange d’audace et d’histoire, l’architecture du Danemark fait rêver. Mais saviez-vous que le pays nordique recèle un joyau bien gardé, à quelques kilomètres de Copenhague? Gros plan sur Brøndby Haveby et ses curieuses maisons-jardins.

Des communautés aménagées en cercles parfaits, avec de grandes cours et un esprit de village: bienvenue à Brøndby Haveby, en périphérie de Copenhague. L’ensemble comprend 24 cercles, chacun composé d’une douzaine d’habitations et d’autant de parcelles de jardin.

Du haut des airs, comme le montrent les magnifiques photos aériennes d’Henry Do, on croirait voir une scène de science-fiction ou une vision utopiste de la ville, telle qu’imaginée dans un autre siècle.

 

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Cette idée vient de l’architecte paysagiste Erik Mygind. Celui-ci s’est inspiré des villages danois traditionnels du 18e siècle, où le centre servait de point de rencontre pour sortir et échanger entre voisins. Le projet un peu fou a été approuvé par la Ville en 1964. L’objectif est simple: favoriser les interactions sociales entre les résidents. Les habitants peuvent cultiver leur potager tout en jasant par-dessus la haie.

Il existe néanmoins des règles régissant l’utilisation des maisons. Leur forme varie d’un terrain à l’autre, mais les bâtiments ne doivent pas dépasser 50 mètres carrés. Elles peuvent en outre être occupées six mois par année seulement, entre avril et octobre.

Ce modèle peut sembler étrange d’ici, mais il convient aux Danois, nombreux à posséder une maison d’été pour s’extirper de la ville le beau temps venu. Les propriétaires de la communauté doivent d’ailleurs déjà posséder une résidence principale dans un rayon de 20 kilomètres.

Notre plan aurait inclus plus d’arbres entre les cercles, quitte à obtenir des photos aériennes moins impressionnantes, mais force est d’admettre que le résultat est bien pensé. Qu’on déteste ou qu’on adore, Brøndby Haveby ne laisse personne indifférent. Dans quel clan vous rangez-vous?

Des radis d’ici toute l’année

Ils font partie des premiers légumes d’ici à se pointer le bout du nez le printemps venu. Au Québec, les radis font partie des primeurs qu’on attend avec impatience. Mais grâce à une entreprise de Mirabel, les choses pourraient changer. Et si l’on pouvait désormais croquer dans des radis frais et locaux toute l’année?

C’est à la suite d’un voyage en Hollande que le fondateur de l’entreprise Leciel, Stéphane Bertrand, ainsi que son fils Steve, a vu tout le potentiel que représente la production de radis en serre. C’est ainsi qu’ils ont décidé de transformer leurs installations, qui avaient servi jusque-là à la culture de tomates puis de cannabis, en espace pour cultiver les radis.

Jusqu’à aujourd’hui, en épicerie, une fois la belle saison terminée, ce sont des radis d’ailleurs que les consommateurs trouvaient sur les rayons. Leciel souhaite remédier à la situation en alimentant IGA, Metro, Super C, Adonis, Maxi et Provigo en radis frais et locaux toute l’année. L’entreprise familiale, avec les 300 millions de radis qu’elle compte récolter dans le sable par année, devient ainsi le plus gros producteur de radis en serre en Amérique du Nord.

Les propriétaires de Leciel précisent que les radis en serre ont un goût différent de ceux des champs, plus sucré et plus doux. Ils avouent qu’au fil du temps, le radis «a mal vieilli», mais avec les quatre variétés commercialisées, ils entendent bien le faire redécouvrir aux consommateurs québécois et redonner «ses lettres de noblesse» à ce petit légume.

Ouvrez l’œil en épicerie: le radis d’ici est en opération charme.