Photo: jupe.com
7 avril 2020Auteure : Emilie Laperrière

COVID-19: le design au front

Architectes et designers rivalisent d’imagination pour faire face à la pandémie de COVID-19. Des masques aux unités de récupération en passant par le partage de savoir, les concepteurs ne sont pas à court d’idées. Voici quelques-unes de leurs solutions.



La crise actuelle change les priorités de tous et les firmes d’architecture et de design veulent aussi apporter leur contribution. Certaines, déjà spécialisées dans le secteur de la santé, s’impliquent en concevant des hôpitaux temporaires. Les autres ne sont pas en reste et s’activent à lutter contre la pandémie à leur manière. Après tout, la nécessité n’est-elle pas la mère de l’invention?

Écran facial

À New York, les firmes BIG (Bjarke Ingels Group), Kohn Pedersen Fox et Handel Architects travaillent de concert pour fabriquer des écrans faciaux basés sur le design d’Erik Cederberg de la société suédoise 3DVerkstan.

En réponse à l’appel du gouverneur Andrew Cuomo et aux besoins criants de protection individuelle à New York, les architectes ont utilisé leurs imprimantes 3D et leur équipement de modélisation à bon escient. Le design est tout simple: un écran en plastique transparent découpé au laser couvre le visage tandis qu’une bande de visière imprimée en 3D s’installe sur le front.

Sa simplicité permet une production à grand volume. Chaque imprimante peut ainsi imprimer 50 unités par cycle de 24 heures. «Nous avons actuellement 10 imprimantes Ultimaker FDM qui en produisent près de 5000 par semaine ici à New York», a dit Kai-Uwe Bergmann, partenaire chez BIG, en entrevue avec Forbes, en ajoutant que les bureaux de l’entreprise à Londres et à Copenhague participeront aussi à l’effort de guerre dès cette semaine.

Plusieurs compagnies travaillent de concert pour fabriquer des écrans faciaux basés sur le design d’Erik Cederberg de la société suédoise 3DVerkstan. Photo: Facebook 3DVerkstan

Abris mobiles

Pour lutter contre la pénurie de lits et d’espace pour l’isolation et le rétablissement des patients dans les hôpitaux, l’entreprise en démarrage Jupe Health a développé trois modèles d’abris mobiles en forme de tentes, qui coûtent le trentième du coût d’une chambre d’hôpital, se déploient facilement et peuvent être expédiés partout.

Le modèle Jupe Rest sert d’aire de repos pour les professionnels de la santé.Photo: jupe.com

Le modèle Jupe Plus est, selon la compagnie, la première unité de soins intensifs «légère» autonome au monde. Jupe Care a plutôt été conçue comme une unité de récupération pour les patients dont l’état est jugé non critique et Jupe Rest sert d’aire de repos pour les professionnels de la santé.

Le modèle Jupe Plus est, selon la compagnie, la première unité de soins intensifs «légère» autonome au monde. Photo: jupe.com

Clinique de dépistage

Le mois dernier, le designer et manufacturier ASTOUND a collaboré étroitement avec la communauté médicale et divers organismes gouvernementaux en Amérique du Nord pour les aider à affronter la crise actuelle. Le groupe a réussi à créer rapidement des espaces temporaires dédiés aux tests, à l’évaluation des patients et à la quarantaine.

Grâce aux efforts de l’équipe, l’hôpital St. Michael de Toronto compte depuis le 16 mars un centre d’évaluation ouvert tous les jours de 9h à 19h, comprenant notamment des tables d’enregistrement, des kiosques d’autodépistage et des salles de test. Le prototype pourrait atténuer le stress potentiel dans la salle d’attente de l’urgence.

L’hôpital St. Michael de Toronto compte un centre d’évaluation comprenant notamment des tables d’enregistrement, des kiosques d’autodépistage et des salles de test. Photo: astoundgroup.com

Capsule d’isolement

L’ingénieur en architecture Gregory Quinn propose pour sa part le SheltAir, un dôme de confinement gonflable pour les patients atteints de la COVID-19 devant s’isoler. La structure, qui ressemble à un igloo, est fabriquée en polyester enduit de PVC. L’enveloppe est thermo-soudée sur une membrane extérieure afin de créer un environnement complètement scellé. Le tout est recouvert d’une grille de tiges en plastique. Le design en grille permet également d’accrocher cloisons, lumières, ustensiles et autres objets du quotidien.

Le prototype actuel se monte en huit heures, mais Gregory Quinn espère réduire ce délai de moitié pour ses futurs modèles. Le SheltAir avait initialement été pensé comme un abri de secours pour les réfugiés. L’espace peut donc s’adapter selon les besoins, et accueillir par exemple une ou même plusieurs familles.

Ouvre-porte

En pleine période de contagion, la compagnie manufacturière belge Materialise a imaginé une façon d’ouvrir les portes sans que l’on ait à se servir de nos mains. Les deux pièces imprimées en 3D s’installent avec quelques vis sur les poignées de porte existantes.

L’entreprise a créé différents modèles pour s’adapter à plusieurs types de poignées. Vous pouvez aussi adapter la conception à votre modèle, puisque les plans sont offerts gratuitement sur leur site web. Une fois en place, on peut ouvrir la porte avec son poignet (idéalement recouvert d’une manche!). Comme Materialise le précise, l’innovation nécessite néanmoins de désinfecter l’ouvre-porte régulièrement.

Connaissances et talent

L’American Institute of Architects a de son côté lancé un groupe de travail destiné à fournir des informations sur la façon de convertir les bâtiments existants en établissements de santé temporaires pour traiter ceux qui souffrent du virus. Il demande en outre aux architectes, concepteurs et ingénieurs de partager leurs connaissances sur la conception d’établissements de santé alternatifs.

L’ONU fait également appel au talent des créateurs. Les Nations unies reçoivent jusqu’au 9 avril les œuvres qui capturent l’un de leurs messages clés en lien avec le coronavirus, et informent de façon percutante des personnes de différentes cultures, langues, communautés et plateformes. Illustrations, design graphique, œuvres vidéo et audio sont les bienvenus, tout comme les activités conceptuelles.