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Urbanisme et design urbain: apprivoiser l’hiver

Froid polaire et vent glacial, routes impraticables… Les raisons sont nombreuses pour pester contre l’hiver, et la majorité des Québécois ne s’en prive pas. Il y a toutefois moyen d’adapter nos villes pour apprivoiser l’hiver plutôt que de le subir.



La saison froide amène avec elle plusieurs complications en matière de design urbain. Une tempête de neige peut paralyser une ville, comme en témoigne Jonas, qui a neutralisé tout l’Est des États-Unis. Les déplacements, que ce soit en voiture, à pied ou à vélo, sont notamment plus difficiles dès la première bordée.

N’empêche que plusieurs régions du monde ne voient pas l’hiver comme une fatalité. Et si les villes étaient mieux conçues pour notre climat nordique, la «belle saison» pourrait s’étirer quelques semaines de plus.

Photo: Todd Torabi, Unsplash
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Leçons du Nord

On cite souvent en exemple les pays scandinaves, qui ont su s’adapter aux rigueurs de l’hiver. Il est vrai que l’on pourrait s’inspirer de plusieurs de leurs initiatives. En Islande et dans certaines villes de Suède, comme Luleå, les trottoirs sont chauffés grâce à la récupération de l’eau des maisons et des usines. On a aussi limité la hauteur des bâtiments à quatre étages, ce qui permet d’optimiser l’ensoleillement et de diminuer les corridors de vent, honnis par tous les marcheurs.

Pour faire briller le soleil même pendant l’hiver, la ville de Rjukan, en Norvège, a de son côté installé des miroirs en 2013. Selon une étude récente, les Norvégiens auraient d’ailleurs appris le secret pour aimer l’hiver: ils le voient comme une opportunité plutôt que comme une épreuve.

Plus près de nous, Edmonton a mis sur pied un plan d’action pour promouvoir l’hiver, en misant sur la conception urbaine, les affaires, le marketing et le tourisme. La stratégie comprend plus d’espaces pour le patinage et les autres sports d’hiver, l’aménagement d’abribus et de terrasses chauffés ainsi que la mise en place d’une «route blanche», où les citoyens peuvent notamment circuler en ski de fond.

Cette année, la ville albertaine révisera également ses règlements pour favoriser les constructions qui tiennent compte de l’hiver. Les nouveaux bâtiments devront par exemple être aménagés de façon à minimiser les vents dominants, tout en maximisant l'exposition au soleil.

Et ici?

Même si les snowbirds sont encore nombreux et que plusieurs aimeraient bien hiberner, la relation des Québécois avec l'hiver semble s’être modifiée depuis une quinzaine d’années. En entretien avec Le Devoir , Daniel Chartier, titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur l’imaginaire du Nord, de l’hiver et de l’Arctique de l’UQAM, disait remarquer un changement de mentalité face à l’hiver. «Au lieu de s’en plaindre, on se demande ce que l’on peut faire de bien avec», disait-il.

Les villes de la province ont d’ailleurs réalisé quelques projets emballants pour embrasser l’hiver. Les festivités comme l’Igloofest, le Festival Montréal en Lumière ou le Carnaval de Québec sont déjà bien implantées. La Luminothérapie du Quartier des spectacles est un autre bel ajout qui nous invite à mettre le nez dehors pour donner vie à l’œuvre. L’aménagement de ruelles blanches permet aussi aux résidents de se réapproprier les lieux pendant l’hiver.

Le documentaire Life below Zero, produit par la CBC en 2015, aborde, en plus de notre relation d’amour-haine avec la saison froide, la question de l’aménagement des villes nordiques. Si vous comprenez l’anglais, la vidéo de quarante-cinq minutes vaut le détour, ne serait-ce que pour voir ce qui se fait ailleurs au pays.

Ces exemples nous montrent que nous vivons mieux avec notre nordicité qu’avant. Certains détails urbains bien pensés, comme une architecture qui coupe le vent ou des abribus chauffés, nous aideraient néanmoins à ouvrir grand les bras aux mois plus froids. Après tout, comme le chantait Vigneault, notre pays, c’est l’hiver.


Pour en savoir plus

Ces villes qui apprivoisent l'hiver

20 janvier 2016

Le 15-18