De la variole au coronavirus, petite histoire des épidémies au Québec
L’épidémie de coronavirus est préoccupante et il est important de prendre les précautions nécessaires pour vous protéger. Malgré tout, on peut se réjouir de vivre à une époque et dans un pays où les conditions d’hygiène et les connaissances médicales sont assez avancées pour mieux contenir et traiter le virus.
Méfiez-vous des comparaisons apocalyptiques avec la grippe espagnole de 1918. La mésinformation en temps de crise peut gravement nuire à la santé publique en créant des mouvements de panique (comme la frénétique «course au papier de toilette»).
La perspective historique peut parfois nous rassurer en nous rappelant que notre société s’est relevée et a appris quelques leçons des crises majeures qu’elle a traversées.
Les ravages de la variole et les défis de la vaccination publique
Nous savons tous que l’arrivée des Européens en Amérique a causé l’une des plus grandes dépopulations de l’histoire. Isolés sur le continent, les peuples autochtones n’avaient pas été exposés aux maladies contagieuses comme la variole, la rougeole et la fièvre jaune. Bien qu’il demeure difficile d’estimer l’ampleur de la chute des populations autochtones en Amérique en raison du choc microbien, certains avancent des chiffres au-delà de 90% du XVIe siècle au début du XXe siècle.
Longtemps, les épidémies de variole ont été les pires tueuses, non seulement chez les tribus autochtones, mais aussi dans les grands centres urbains. Malgré les débuts timides de l’inoculation à partir du XVIIIe siècle, de graves épidémies continuent de faire des milliers de victimes jusqu’au début du XXe siècle.
Si, de nos jours, malgré les médias de masse et les progrès de la science, il reste difficile de convaincre la population de se faire vacciner, imaginez le défi de communication il y a 150 ans! C’est ainsi qu’au milieu de la terrible épidémie de variole de 1885, une violente émeute anti-vaccination éclate à Montréal.
La mise en place des quarantaines
Les récentes éclosions de coronavirus sur des paquebots de croisière rappellent qu’un grand nombre de maladies et d’épidémies naissaient pendant les longues traversées de l’Atlantique sur des navires où les passagers s’entassaient dans des conditions malsaines.
L’une des plus tragiques fut l’épidémie de typhus de 1847, qui a fait plus de 20 000 victimes, en majorité des immigrants irlandais fuyant la famine dans leur pays, et ce, malgré les mesures de quarantaine imposées aux navires de passagers à Grosse-Île, près de Québec.
Le choléra, qui a fait des ravages en Europe en 1831, débarque au Canada l’année suivante et reviendra sporadiquement tout au long du siècle. L’aspect bleuté des cadavres des victimes du choléra a d’ailleurs donné naissance à l’expression «avoir une peur bleue».
Pour prévenir de telles hécatombes, certaines villes portuaires font subir des examens médicaux à tous les nouveaux arrivants, alors que le gouvernement canadien prend le relai de l’armée à Grosse-Île, qui demeurera le plus important lieu de quarantaines du pays jusqu’à la Première Guerre mondiale.
La grippe espagnole qui n’avait rien d’espagnol
Le Canada ne fut pas non plus à l’abri de la grippe espagnole (qui provenait véritablement de la Chine), qui a fait des millions de victimes dans le monde à la fin de la Première Guerre mondiale. La maladie, qui disparait miraculeusement en 1919, demeure un épouvantail du pire scénario.
Nous pourrions citer d’autres maladies contagieuses qui ont sévi ici et dans le monde, comme la fièvre jaune et la rougeole (qui a refait surface au cours des dernières années notamment en raison des réticences face à la vaccination), mais ce qui compte au milieu de la crise actuelle ce sont les leçons que nous en tirons.
Sans minimiser la gravité du coronavirus, rappelons-nous qu’un siècle de progrès de la médecine, de l’hygiène et de la santé publique a rendu les maladies contagieuses beaucoup moins mortelles.
Chacun d’entre nous est responsable de lutter contre la mésinformation et de prendre les mesures nécessaires pour éviter la propagation de la maladie. Je vous invite à suivre les recommandations de l'Agence de la santé publique du Canada pour en savoir plus.