Un an après les attentats de Paris: ce qui a changé pour les voyageurs
Un an déjà. Le 13 novembre 2015, les attentats de Paris secouaient beaucoup plus que la Ville lumière. Quelques jours plus tard, nombreux étaient les voyageurs à se demander si ces attaques allaient influencer leurs projets de voyage. Si je me fie aux messages reçus sur différentes plateformes au cours des derniers mois et aux articles publiés dans divers médias, les craintes restent nombreuses.
Ce qui a changé un an après les attentats de Paris d’un point de vue touristique? Une baisse de fréquentation de 7% pour l’ensemble de la France et de 11% pour la capitale française, a rapporté Le Devoir le 13 novembre dernier. «Avec pas loin de deux millions de touristes perdus en un an, la conséquence des attentats du 13 novembre est salée pour Paris et l’Ile-de-France où hôtels comme restaurants n’ont toujours pas retrouvé leurs clientèles», a observé Le Point.
Certaines attractions ont été plus frappées que d’autres: le Musée du Louvre, par exemple, a enregistré une baisse de 20%.
Plus de gens qui voyagent?
L’automne dernier, alors que je visitais le Mont-Saint-Michel, il était impossible de ne pas remarquer l’absence de Japonais, qui boudent la France depuis les attentats de Charlie Hebdo. J’apprendrai plus tard qu’une baisse de 39% de touristes nippons a été enregistrée. Les Japonais, les Chinois, les Allemands et les Américains semblent être les plus sensibles aux questions de sécurité, si l’on se fie aux chiffres divulgués dans les médias.
Si le 11 septembre 2001 a transformé notre relation avec les douanes, comme le rapporte Radio-Canada, il ne fait aucun doute que les attentats de Paris, mais aussi de Bruxelles, de Nice, de la Turquie et de la Tunisie ont entraîné une remise en question chez bien des gens. Voyager, n’est-ce pas l’occasion de décrocher et de s’amuser? À quoi bon aller en vacances ailleurs si on a peur pour sa sécurité?
Dans une chronique publiée dans Le Devoir le 22 octobre dernier, Diane Précourt parle d’«une sorte de mondialisation de la terreur par quelque État boulimique qui aspire à mouler le monde à sa tragique façon». Difficile d’oublier les événements tragiques des derniers mois: tout nous les rappelle, les médias comme les soldats qui nous accueillent à la gare ou à l’aéroport.
Pourtant, les gens continuent de voyager. L’Organisation mondiale du tourisme a même annoncé une hausse de 4% du tourisme international pour le premier semestre de 2016. «Parmi les pays ayant vu leur fréquentation augmenter, ce sont des pays d’Asie et de la zone pacifique qui se taillent la part du lion», rapporte Le Parisien.
À Prague, en juin, une guide touristique m’a raconté que plusieurs touristes lui ont avoué avoir opté pour la République tchèque parce qu’ils avaient trop peur de visiter Paris.
La sécurité pour rassurer
Et maintenant, on fait quoi? On suit la vague et on opte pour le Vietnam ou l’Australie? «Il faut que les pays, les destinations, prennent des mesures pour minimiser le risque et redonner confiance aux visiteurs», croit Michel Archambault, professeur émérite au Département d’études urbaines et touristiques de l’ESG de l’UQAM.
À Paris, l’état d’urgence a été prolongé jusqu’à la fin de 2016. Le premier ministre français Manuel Valls vient d’annoncer une série de mesures (et plusieurs dizaines de millions d’euros!) pour inciter les touristes à revenir. La baisse du tourisme n’est d’ailleurs pas attribuable qu’aux attentats, mais aussi aux braquages hautement médiatisés comme celui de Kim Kardashian, aux grèves et aux inondations.
Les nouvelles mesures, qui viseront à assurer la sécurité des touristes, essentiellement en région parisienne, suffiront-elles à faire revenir les plus craintifs? Dans les zones touristiques, des caméras de surveillance seront ajoutées. Les musées et les salles culturelles verront aussi leurs moyens de sécurité renforcés.
Michel Archambault rappelle que ce ne sont pourtant pas les premiers attentats, mentionnant ceux de Munich aux Jeux olympiques de 1972. «Le risque, sous la forme du terrorisme, fait partie de la réalité des gens qui voyagent partout dans le monde», dit-il.
Paris ne peut toutefois éliminer les images terrifiantes qui continuent de hanter autant ses habitants que ceux qui rêvent de découvrir la Ville lumière. «Je pense que les gens qui en sont à leur première expérience de voyage voudront attendre [avant d’aller à Paris] et aller ailleurs», croit M. Archambault.
Jusqu’à ce qu’un événement dramatique frappe cet «ailleurs» aussi? Car c’est bien ça le problème avec les attentats: on ne sait jamais où ni comment ils frapperont. Alors, autant se résigner et continuer à vivre plutôt que se terrer chez soi, non?