Le tourisme d’aventure et de nature plus fort que jamais
Ils se sont «mariés» il y a cinq ans et filent le parfait amour. Réunis en congrès annuel les 2 et 3 novembre derniers, les entreprises et parcs membres respectivement d’Aventure Écotourisme Québec et de l’Association des parcs régionaux du Québec ont profité de l’occasion pour discuter des enjeux de l’heure dans le domaine du plein air, «réseauter» pour mieux vous servir et remettre huit prix Excellence plein air 2022. Voici des morceaux choisis de ce rendez-vous annuel.
La force du milieu québécois du plein air, qui vous permet toute l’année de profiter de sentiers à parcourir à pied, à vélo, en skis ou en raquettes et de faire toutes sortes d’autres activités en extérieur aux quatre coins de la province, est en majeure partie l’œuvre des membres de ces deux organismes. «Ils forment le plus grand réseau de professionnels du plein air au Québec», affirmait avec raison Stéphane Michaud, président de l’Association des parcs régionaux du Québec (PaRQ), en mesurant le chemin parcouru depuis ces «noces de bois» (de cinq ans) avec AEQ.
Les accréditations très sérieuses qu’elles donnent à leurs membres sont d’ailleurs pour vous, amateurs de plein air, un gage de qualité et de sécurité de prestations et d’encadrement pour toute une gamme d’activités guidées ou non, un «sceau» qu’on vous encourage fortement à rechercher.
On ne peut donc qu’être ravi de voir AEQ et PaRQ afficher cette année de nouveaux records de membership: 217 entreprises accréditées Qualité-Sécurité pour le premier, 66 membres pour la seconde, avec une forte croissance d’accréditations. Parmi les nouveaux du réseau PaRQ, il y a le parc régional du Lac Kénogami (Saguenay–Lac-Saint-Jean), celui des Chutes du Calvaire (Lanaudière), le parc des Sommets de Bromont (Cantons-de-l’Est) et les sentiers de Baie-des-Rochers (Charlevoix), soulignait Catherine Goulet-Paradis, responsable des parcs régionaux au sein d’AEQ. «Sans ces derniers, calculait-elle, on en était déjà à 2000 km2 de territoire» qui sont préservés et accessibles.
Le plein air et la santé
Le rôle du plein air dans la santé physique et mentale de la population a été plusieurs fois abordé au cours du congrès. La pandémie a exacerbé ce besoin de nature et la démonstration des bienfaits de la pratique d’activités en extérieur n’est plus à faire. Ce qui a permis à Stéphane Michaud d’affirmer sans que personne ne sourcille que les entreprises AEQ et les parcs régionaux font désormais «partie du système de santé du Québec».
Leur existence et la multitude d’activités qu’ils organisent au bénéfice du plus grand nombre, petits ou grands, promeneurs ou grands sportifs, sont en tout cas une contribution essentielle au bien-être de la population. Emmett Phil Coriat en est tellement convaincu qu’il a pris l’initiative en mai dernier avec quelques autres de lancer au Québec «Prescri-Nature», un programme de «prescriptions nature» qui faisait déjà des merveilles en Colombie-Britannique depuis deux ans, après son introduction aux États-Unis il y a plus de dix ans.
Le pharmacien de formation, guide-praticien en sylvothérapie et entrepreneur social, a présenté aux congressistes les ressorts de ce programme «qui veut faire de la nature un nouveau pilier de la santé physique et psychologique au Québec». Quelque 70 000 professionnels de la santé participent déjà à ce programme dans la province, avec l’appui notable du Collège des médecins et de l’Institut de cardiologie de Montréal.
Plusieurs études, aussi bien américaines que japonaises, mettent de l’avant les recherches sur la biophilie, concept qui désigne l’amour inné des humains pour le vivant et l’effet négatif de se tenir loin de la nature. Les avancées scientifiques des dernières décennies démontrent clairement que le contact avec la nature est ainsi indispensable à la santé physique et mentale, au sentiment de bien-être, à la réduction du stress, à l’équilibre psychologique, à la stimulation de la créativité et à la concentration…
«On observe, dit M. Phil Coriat, que nos cinq sens bénéficient d’une exposition positive à la nature» et que celle-ci «possède en quelque sorte des ingrédients actifs contribuant à la restauration de la santé». Passer du temps en nature serait donc particulièrement bénéfique pour protéger notre santé, voire la rétablir.
Combien de temps? Selon le site de Prescri-Nature, l’idéal serait de deux à trois heures par semaine, par blocs d’au moins 20 minutes, quelle que soit la saison. Même sans cette «ordonnance verte», on peut s’auto-prescrire ce temps en semaine ou le week-end dans un parc urbain, pour une promenade à pied, un tour à vélo ou bientôt en skis et en raquettes.
Plein air et développement durable
Les membres de AEQ et de PaRQ sont clairement engagés dans des démarches en faveur du développement durable et de la lutte aux changements climatiques. En 2022, AEQ a récolté auprès de 18 de ses membres 117 000$ destinés au Fonds plein air 1% pour la planète et prévoit quasiment tripler ce chiffre en 2023 grâce aux entreprises participantes et à leurs clients. La Fondation Rivières, le Groupe de recherche et d’éducation sur les mammifères marins (GREMM) – pour le suivi des populations de bélugas – et Pur Nat – pour le nettoyage de lacs et de rivières – en ont notamment profité cette année.
L’autre grande avancée du réseau AEQ-PaRQ s’est réalisée avec l’organisme Les Pages Vertes, qui aide pas à pas des entreprises et organismes du Québec à implanter une démarche écoresponsable dans leurs activités. Il pose un diagnostic personnalisé (avec une cote d’écoresponsabilité) et les aide à cheminer pour améliorer leur cote. Cinquante membres d’AEQ et de PaRQ sont déjà inscrits dans cette démarche avec une cote moyenne d’écoresponsabilité de 70%. On peut en trouver la liste sur le site des Pages Vertes et les encourager en les choisissant pour une prochaine sortie.
Le plein air a désormais sa ministre… et du financement!
C’est un peu passé sous le radar lors de la nomination en octobre des membres de son cabinet ministériel par François Legault, mais le plein air a clairement trouvé droit de cité dans l’appareil gouvernemental avec la nomination d’Isabelle Charest à titre de «ministre responsable du Sport, du Loisir et du Plein air». Elle était d’ailleurs présente au congrès, tout comme la ministre du Tourisme, Caroline Proulx, signe de leur intérêt pour les deux organismes phares du tourisme d’aventure et du plein air au Québec.
Le gouvernement a par ailleurs reconduit en 2022 son programme de financement pour le développement de l’offre touristique dans les parcs régionaux (DOTPR). En 2021, plus de six millions de visites ont été enregistrées dans le réseau des parcs régionaux et des investissements étaient nécessaires tant sur le plan des services d’accueil que de l’hébergement et des activités proposées.
Depuis sa création en 2021, le programme DOTPR a permis à 21 d’entre eux de bénéficier de fonds pour avancer des projets qui feront la différence pour vous accueillir au cours des prochaines années, a-t-on appris au congrès. Quinze nouveaux projets de parcs régionaux sont aussi à l’étude pour un financement en 2023. Voici un aperçu de ce qui est en cours de réalisation:
- L’offre de 18 nouveaux hébergements touristiques (en yourtes et prêts-à-camper) par TERFA dans le Bas-Saint-Laurent (réserve faunique Duchénier).
- L’ajout d’une zone pour les visiteurs au parcours nocturne Foresta Lumina, au parc de la Gorge de Coaticook.
- L’achat de 22 vélos de montagne au parc régional du Massif du Sud.
- Le développement de circuits autoguidés interactifs sur rivière au parc de la Rivière-des-Milles-Îles.
- La construction d’un espace de prêt et de location d’équipement de plein air au parc du mont Loup-Garou.
- La construction d’un camping aménagé et l’installation de deux prêts-à-camper au parc des Appalaches.
- La construction de nouvelles structures d’accueil au parc naturel régional de Portneuf et à la Vallée Bras-du-Nord, au parc régional Kiamika et sur le parc linéaire du P’tit Train du Nord, au parc régional du mont Grand-Morne et au parc régional de la Chute-à-Bull.
- L’acquisition ou la construction de microchalets, unités de glamping ou refuges aux parcs régionaux de la Rivière Gentilly et des Grandes-Coulées, de Kiamika et du Poisson Blanc, du Lac Taureau et des Sept-Chutes, du Massif du Sud, de la rivière Mitis, au parc côtier Kiskotuk et sur l’île aux Lièvres.
Lauréats des prix Excellence plein air 2022
Remis chaque année lors du congrès AEQ-PaRQ, les prix Excellence plein air soulignent le développement, la persévérance, l’expertise et les initiatives novatrices des organisations membres des deux réseaux.
PRIX PRODUIT ET SERVICE DE QUALITÉ: Mer et monde écotours (Côte-Nord; hébergement, croisières aux baleines)
PRIX BONNES PRATIQUES ENVIRONNEMENTALES: Aventure Rose-des-Vents (Saguenay–Lac-Saint-Jean; hébergement, kayak de mer, pêche blanche, raquette, ski de randonnée)
PRIX DÉVELOPPEMENT ET INNOVATION: Parc de la Gorge de Coaticook - parc Découverte nature (Cantons-de-l’Est)
PRIX RAYONNEMENT RÉGIONAL: Parc des Sommets (Bromont, Cantons-de-l’Est; sentiers multiusages)
PRIX BONNES PRATIQUES DE GESTION DES BÉNÉVOLES: Parc régional du Mont-Saint-Joseph (Gaspésie; hébergement, sentiers pédestres et de vélo de montagne)
PRIX BONNES PRATIQUES RH: Parc régional Montagne du Diable (Hautes-Laurentides; hébergement, sentiers pédestres, de ski et de vélo de montagne)
PRIX PARTENAIRE: Les Pages Vertes (répertoire d’entreprises écoresponsables du Québec et services-conseils)
PRIX HONORIFIQUE SYLVIE-MAROIS: André-François Bourbeau, cofondateur du programme de baccalauréat en plein air de l’Université du Québec à Chicoutimi