La Laponie à pied, en canot et à vélo
La Laponie fait rêver, avec ses forêts profondes au nord du cercle polaire, mais elle est surtout parfaite pour ne pas trop dépayser les Québécois amateurs de plein air.
D’abord, il y a la nature lapone, avec ses airs de forêt boréale, ses lacs et ses larges rivières, propices à la randonnée pédestre, au canot, au vélo de montagne ou au fatbike. Ensuite, il y a la culture «samie» (lapone), imprégnée de la vie de ses éleveurs de rennes, qu’on rencontre assez facilement.
Terres d’aventure et son partenaire français Grand Nord Grand Large, deux entreprises spécialisées en tourisme d’aventure, proposent un séjour «multiactivités» d’une semaine dans une région à cheval sur la frontière entre la Finlande et la Suède, à 200 kilomètres au nord du cercle polaire ou plutôt, comme nous le dira notre guide Lars, «200 kilomètres au nord du stress»! On se rend en avion jusqu’à Rovaniemi, puis en voiture ou en bus à Muodoslompolo, au nord de Kittila, en Finlande. De là, on rayonnera à partir d’une auberge de style pourvoirie, le Rajamaa, pour pratiquer randonnée, canot et vélo.
Le fameux Gulf Stream a sur cette latitude un effet certain. On est loin de notre Nord québécois sans arbres. On se croirait plutôt en pleine forêt du Saguenay ou de la Côte-Nord, lapons en moins… C’est la partie occidentale de la taïga, où dominent des forêts de résineux, mais aussi des bouleaux blancs, des trembles, des buissons de genévriers et de sorbiers, ainsi que des lichens à profusion.
Près de Muonio coule une rivière du même nom qui marque la frontière entre la Finlande et la Suède. L’auberge trône sur l’île Pitkasaari avec dix chalets en bois, un bon restaurant et un sauna, pièce «obligatoire» en hébergement scandinave et bien appréciée pour la détente après une journée d’exercices; tout comme les aurores boréales, qui sont fréquentes par temps clair entre septembre et mars.
En canot ou à vélo
Majestueuse, tout en méandres, la rivière Muorio est parfaite pour canoter ou faire du kayak le nez en l’air entre forêts, prairies et collines verdoyantes. Aigles de mer et cygnes sont souvent au rendez-vous. Le cours d’eau, qui se jette dans la mer Baltique, est le plus long d’Europe sans barrage. L’île est aussi agréable pour la pratique du vélo de montagne ou du fatbike. On peut simplement se rendre au village le plus proche, Muodoslompolo, prendre en route un chemin forestier ou faire le tour de l’île en empruntant une étroite piste qui serpente en forêt.
Parc national de Pallas-Ylläs
Ce parc finlandais de plus de 1000 km2, collé sur la Suède, est un haut lieu de randonnée en forêt et en montagne. Il abrite en effet les plus hautes collines du pays, dont le mont Taivaskero. Paradis de la forêt mixte, entre feuillus et résineux, il a néanmoins un arbre-roi, l’épicéa à larges branches, bien adapté à un pays où la neige est reine six mois par an.
Une vingtaine de sentiers pédestres en donne pour tous les goûts: de la petite balade de moins de 5 km sur le plat à la longue randonnée (de 28 à 72 km) avec coucher en route dans des refuges rustiques.
Randonnée entre taïga et culture samie
Une excursion de deux jours permet de randonner du bord de la rivière Jyri Joki jusqu’au canyon de Marjakursu, par des chemins forestiers ou carrément en marchant en pleine taïga, sans pistes. La forêt y est plus clairsemée et les pas dégagent de drôles d’effluves, mêlant les parfums de citronnelle et de thé du Labrador. On atteint en après-midi un chalet (style cabane de trappeur sans électricité) au cœur de la forêt où l’on passera la nuit… après un bon sauna!
Au retour, arrêt sur un ancien lieu de rencontre entre éleveurs de rennes. L’un d’eux, Henrik Seva, nous y attend. Sous son «kota» (tipi en bois), il nous parlera de cette culture bien particulière qui est celle des Samis, peuple autochtone de Laponie.
Ces semi-nomades qui vivent au nord de la Suède, de la Norvège, de la Finlande et de la Russie sont passés maîtres dans l’élevage de rennes, qui vivent en liberté une bonne partie de l’année.
Henrik a passé 17 ans de sa vie dans les Territoires du Nord-Ouest, appelé à la rescousse pour aider les Inuits à élever des rennes afin de suppléer à la lente disparition des caribous, dont la viande constitue leur nourriture de base. À Inuvik, il a rencontré une Québécoise dont le père était Suédois et qui élevait là des chiens de traineaux. En 2016, ils sont repartis pour s’installer sur l’île Pitkasaari avec ses chiens. L’hiver, Anna Sofia gère une entreprise de traineaux à chiens. Le reste de l’année, on peut partir en balade avec un chien en «cani-randonnée», une activité qui peut être hautement sportive, car les chiens sont fringants et vous tirent en avant au point de vous obliger parfois à courir derrière eux!
Quand y aller?
En été ou en automne, mais en hiver aussi, bien sûr, pour le ski de fond ou la raquette.
À lire:
Le dernier lapon, roman policier écrit par Olivier Truc, journaliste français installé en Scandinavie.