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26 février 2024Auteure : Louise Poirier, spécialiste en activité physique

Bougez pour garder vos habiletés motrices «sur la coche»

En plus d’améliorer votre santé et votre condition physique, ce qui est déjà beaucoup, bouger a aussi un effet collatéral essentiel, celui de garder toutes vos habiletés motrices «sur la coche».


Les habiletés motrices essentielles

L’équilibre, la coordination, la rapidité de réaction et l’agilité sont des habiletés motrices qui vous permettent d’éviter une chute, de contourner rapidement un obstacle ou d’attraper un objet. Elles sont essentielles pour profiter de la vie, rester alerte et conserver votre autonomie. Elles permettent aussi de pratiquer un sport ou d’en apprendre un nouveau avec plus ou moins d’aisance selon que vous êtes resté actif ou que vous avez développé ou non un bon vocabulaire de mouvement dans votre jeunesse.

La proprioception

Le fondement de base de toutes vos qualités motrices repose sur la proprioception. Celle-ci se définit comme étant le flux des informations nerveuses voyageant du cerveau aux muscles et inversement. La proprioception contrôle l’exécution de vos mouvements, régule l’équilibre du corps et sa localisation dans l’espace tant sur le plan statique que dynamique.

Le meilleur moment dans la vie, mais…

Nous nous sommes tous rendu compte que le niveau d’habiletés motrices variait énormément d’un individu à l’autre, et même d’un moment à l’autre de notre vie. Cela s’explique. Au-delà de l’hérédité, qui peut assurément donner naissance à un Guy Lafleur ou une Sylvie Bernier, tous deux dotés de qualités motrices exceptionnelles, attardons-nous plutôt sur les facteurs sur lesquels nous avons un tant soit peu une emprise.

Le premier facteur est l’apprentissage à un jeune âge. Le meilleur moment dans la vie pour développer vos habiletés motrices se situe entre 2 et 12 ans. C’est d’ailleurs l’un des objectifs des cours d’éducation physique à l’école primaire. Apprendre à botter un ballon, à lancer une balle, à marcher sur une poutre, à courir entre des cônes, à frapper un volant avec une raquette. À cet âge, les filles et les garçons sont à peu près égaux et ce qu’on apprend comme vocabulaire de mouvement nous reste pour la vie, qu’il s’agisse de pédaler ou de lancer une balle. Difficile de revenir en arrière si on n’a pas appris tout cela!

L’autre facteur sur lequel on a encore plus d’emprise, c’est notre niveau d’activité physique. Bouger toute sa vie, peu importe l’activité, maintient un bon niveau d’habiletés motrices. Sinon, la proprioception, comme tout le reste, se détériore avec le temps. La meilleure manière de ralentir ce processus, c’est de solliciter le plus souvent possible votre équilibre, votre rapidité de réaction, votre coordination.

Bouger toute sa vie, peu importe l’activité, maintient un bon niveau d’habiletés motrices. Photo: Muktasim Azlan, Unsplash

Comment apprendre de nouveaux gestes moteurs

Vous serez heureux d’apprendre qu’il n’y a pas d’âge pour améliorer vos habiletés motrices. Selon Stéphan Ouimette, kinésiologue chez Myokin Santé à Gatineau, «tout s’améliore, indépendamment de l’âge. Pour les habiletés motrices, c’est la façon d’apprendre qui peut varier. Aux enfants, il suffit de leur montrer un mouvement pour qu’ils le fassent par imitation. Aux adultes, il faut souvent faire plus, comme de décortiquer les phases du mouvement avec des mots pour qu’ils l’intellectualisent.»

Natalie Tomaro, qui enseigne le yoga depuis plus de 20 ans à Espace Kontinuum de Gatineau, a vu des gens de tout âge passer dans ses cours. Elle constate qu’une personne qui n’a jamais arrêté de bouger conserve davantage ses habiletés motrices qu’une autre qui n’a rien fait. «J’ai aussi remarqué que, pour certaines personnes, il est parfois utile de les toucher et de guider leurs mouvements pour qu’ils le mémorisent.» Il faut passer par une sorte de «lenteur du geste, de conscience du mouvement, prendre le temps de l’intérioriser» pour espérer le maîtriser. Natalie ajoute que la respiration peut aussi aider. «On exécute un geste en inspirant et on enchaîne le suivant en expirant. Graduellement, on l’apprend et cela devient de plus en plus facile de le faire.»

Une personne qui n’a jamais arrêté de bouger conserve davantage ses habiletés motrices qu’une autre qui n’a rien fait. Photo: Depositphotos

Des astuces pour améliorer vos habiletés motrices

  1. Bougez, le plus souvent possible. Restez actif. Cela aura un impact sur votre capacité d’éviter les chutes, de contourner en vélo un obstacle ou d’apprendre le golf. Tout mouvement stimule votre proprioception.
  2. Essayez de comprendre comment vous apprenez un nouveau mouvement pour qu’il devienne instinctif. En imitant, en l’assimilant grâce à des mots, en vous faisant guider dans votre mouvement ou en vous regardant sur une vidéo.
  3. Plus un sport est complexe, plus il faut le pratiquer donc, patience et persévérance.
  4. Évitez de vous comparer. Chacun a son bagage et il est impossible de revenir en arrière. Personne ne régresse en commençant un nouveau sport. Tout le monde progresse.
  5. «Le sport pratiqué à deux ou en groupe reste l’une des meilleures façons d’apprendre ou de parfaire sa technique. Les interactions sociales sont les plus positives pour apprendre», selon Stéphan Ouimette. Allez-y avec un ami meilleur que vous, joignez-vous à un club, suivez un cours de groupe, participez à une ligue, allez dans un centre spécialisé, optez pour un coach personnel. Vous obtiendrez de bons conseils pour apprendre les bons gestes, la bonne technique.
  6. Si vous êtes grand-parent, aidez vos petits-enfants, surtout de la naissance à l’adolescence, à expérimenter toutes sortes d’habiletés motrices. Allez au parc avec eux, faites-les jouer avec des ballons, des balles, des raquettes, des skis, une corde à danser, des jeux de plage. C’est l’un des plus beaux cadeaux que vous puissiez leur donner. Faites-le avec eux, selon vos capacités. Cela sera excellent pour vous.

Les habiletés motrices sont essentielles à votre autonomie. La pire chose qui puisse vous arriver en prenant de l’âge, c’est de les perdre, et la mobilité qui en découle. Laissez vos complexes de côté, car il n’est pas nécessaire d’être bon pour pratiquer une activité sportive. Comme le dit Natalie, «chacun arrive avec son bagage et il faut faire avec». Mais si vous cultivez patience et persévérance, il vous sera possible de progresser et de rattraper les plus habiles… ou presque!