Sentier du Mont-du-Lac-des-Cygnes. Photo : Luc Rousseau, Parc national des Grands-Jardins, Sépaq.

10 conseils pour une randonnée printanière réussie et responsable

Certains conseils font la différence entre une randonnée printanière réussie et une autre qui peut tourner à la catastrophe, ou du moins mener à un incident qui aurait pu être facilement évité. De l’habillement aux objets indispensables à mettre dans votre sac à dos, du respect pour notre environnement à celui des animaux qui l’habitent aussi, voici mes 10 gentils «commandements».


1 - Adoptez la technique vestimentaire des «pelures d’oignon»

Le temps change vite au printemps et l’adage «en avril, ne te découvre pas d’un fil» me semble plus ou moins adapté à l’amateur de plein air. L’idéal est de commencer sa randonnée en portant les mêmes couches de vêtements qu’en hiver: couche de base en laine mérinos de préférence, couche intermédiaire en polar léger et «coquille» sous forme d’un coupe-vent qu’on pourra aisément enlever si l’on a trop chaud en montée. J’emporte toujours dans mon sac à dos un imperméable quand le temps est incertain ou une «doudoune» légère à enfiler à la pause pour se tenir au chaud au sommet d’une montagne ou au bord d’un ruisseau.

2 - Respectez les interdictions de marcher (ou de faire du vélo) sur certains sentiers 

Au printemps, le sol se détrempe à la fonte des neiges et les passages répétés des marcheurs (ou cyclistes) endommagent fortement les sentiers et leurs abords. Vérifiez avant de partir si les sites que vous souhaitez visiter sont bien ouverts à la marche (ou au vélo). Dans le cas contraire, changez vos plans. Nombreux sont ceux qui ferment pour quelques semaines entre mars et mai afin de protéger leurs sentiers et éviter la formation d’ornières. Une fois le sol plus sec, les sentiers n’en seront que plus beaux. C’est le seul moyen d’avoir un impact minimal sur l’environnement.

3 - Portez de bonnes bottes et des guêtres imperméables

L’intérêt de porter de bonnes bottes de marche au printemps ne réside pas seulement dans le fait de vous garder les pieds au sec. Elles vous permettent aussi de ne pas dévier du sentier identifié pour contourner une zone boueuse ou trempée. Le printemps est la pire saison pour agrandir exagérément les sentiers à cause de tels «faux pas» qui endommagent aussi la végétation environnante. Pour garder vos bottes en bon état dans ces conditions, il suffit de les passer sous l’eau et de les frotter avec une brosse au retour à la maison, puis de les imperméabiliser de temps en temps. Pour vous aider dans vos choix avant l’achat, consultez les sites et blogues de magasins de plein air, dont celui de Sail.

Les guêtres (couvrant chevilles et mollets) me sont également très utiles au printemps pour empêcher l’eau ou la boue de pénétrer sous mon pantalon, voire par le haut des bottes. Dans le magazine Espaces, Xavier Bonacorsi donnait il y a quelques années ce conseil: sous la pluie ou lorsque le sol est mouillé ou boueux, «la meilleure stratégie d’étanchéité consiste à porter les guêtres sous le pantalon. On crée ainsi deux couches "en étages" qui protègent le haut des bottes et qui ne retiennent aucunement l’eau».

4 - Transportez des crampons dans votre sac à dos

Même tard en avril, quand la neige aura complètement disparu, vous pourriez «rencontrer» des plaques de glace persistantes sur votre chemin, surtout en forêt dans les zones d’ombre, et sur les sommets des montagnes. Ces plaques sont extrêmement dangereuses et il ne faut pas prendre à la légère les risques d’accident. Prenez quelques secondes pour enfiler des crampons pour la montée comme pour la descente et optez ainsi pour une pratique sécuritaire de la randonnée printanière.

5 - Utilisez des bâtons de randonnée

C’est un des essentiels de ma «panoplie» de randonneuse, en toute saison, pour des raisons de sécurité et de bonne répartition de l’effort sur tout le corps. Au printemps comme en automne, les bâtons de marche sont particulièrement utiles, les risques de glissade dans la boue ou de perte d’équilibre dues à la présence de racines cachées sous les feuilles mortes étant plus importants qu’à toute autre période de l’année. Mieux vaut toutefois ne pas mettre ses mains à l’intérieur de la dragonne en tissu prévue à cet effet car, en cas de faux mouvement, c’est votre épaule qui risque de passer un mauvais quart d’heure. 

Les bâtons de marche: des indispensables! Photo: Deposit

6 – Soyez vigilant par rapport aux ours

Au printemps, nous ne sommes pas les seuls à sortir de l’hibernation. Les ours noirs aussi quittent leurs tanières et ils sont quelque 70 000 à vivre au Québec. «Les ours se réveillent progressivement à partir du mois de mars», rappelle un dépliant fort utile du ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs. Les petits naissent habituellement en janvier dans les tanières et restent très proches de leur maman pendant 16 à 18 mois. Les comportements agressifs avec les humains surviennent souvent quand une mère a peur pour ses oursons. Prenez soin de ne pas partir seul en randonnée ou de circuler à la pénombre, de ramasser vos déchets et soyez prudents, notamment près des cours d’eau. 

Au printemps, nous ne sommes pas les seuls à sortir de l’hibernation... Les ours noirs aussi! Photo: Marc-Olivier Jodoin, Unsplash

7 - Ne laissez pas la pluie vous arrêter

Comme le suggère Taryn dans le blogue de la compagnie de plein air MEC, la randonnée sous la pluie, à condition d’être bien équipé, «peut vous procurer une superbe expérience sensorielle. Les plantes sont plus vertes. Le son de la pluie a un effet calmant. Les odeurs de la forêt sont amplifiées». Personnellement, j’ai un peu de mal à partir sous la pluie, mais s’il se met à pleuvoir en cours de route, je suis prête: avec un bon imperméable (manteau et pantalon), des bottes et une enveloppe imperméable pour mon sac à dos. 

La randonnée sous la pluie, à condition d’être bien équipé, peut vous procurer une superbe expérience sensorielle. Photo: Luca Bravo, Unsplash

8 - Évitez de partir seul

En cas de problème, sachez qu’il est encore rare d’avoir accès à un bon réseau cellulaire pour prévenir un ami ou le 911. Et il n’est pas toujours facile d’indiquer l’endroit où vous êtes. Partir à deux ou idéalement à trois (quand les conditions sanitaires le permettront, en dehors de sa bulle) est un principe de sécurité minimal. Si quelqu’un se blesse, le deuxième peut rester avec lui et l’autre aller chercher du secours. Si vous persistez à partir seul en randonnée, prévenez au moins une personne de votre entourage du lieu où vous allez, du trajet que vous ferez et de l’heure approximative de votre retour.  

9 - Apportez une trousse de sécurité avec vous

Cela vaut pour toute saison: avoir avec soi un minimum de nourriture; de l’eau en quantité suffisante pour éviter la déshydratation; une lampe de poche fonctionnelle; une trousse de premiers soins; un cellulaire et idéalement une carte et une boussole si vous savez vous en servir, car les cellulaires savent tomber en panne!; des allumettes ou un briquet pour faire un feu; un couteau suisse; un petit rouleau de ducktape pour réparer n’importe quoi; un sifflet; une couverture de survie. J’y ajoute en hiver et au printemps un thermos rempli de soupe, de chocolat chaud ou de thé. Le tout ne pèse pas si lourd, même pour une sortie de jour, et il est rare qu’on ne s’en serve pas pour soi ou pour d’autres randonneurs!

La trousse de sécurité est un must en toute saison! Photo: Alice Donovan Rouse, Unsplash

10 - Profitez d’une randonnée pour ramasser des plantes comestibles

Étirements et exercices de souplesse sont au rendez-vous pour cette belle activité complémentaire à la marche. Racines, graines, feuilles et fleurs sont au programme de la cueillette, selon les saisons. Le printemps (avril-mai) est la bonne période pour cueillir (sans tout prendre) les fameuses «têtes de violon», surtout sur les bords des ruisseaux. Vient ensuite le temps, par exemple, des feuilles de pissenlit, délicieuses en salade, puis des jeunes pousses et boutons de marguerite blanche, des boutons floraux de pissenlit, tous délicieux en salade, puis de la fleur de pissenlit elle-même (pour des tisanes).

Encore faut-il savoir les reconnaître et ne pas les confondre avec des plantes dangereuses. Les têtes de violon proviennent ainsi seulement de la fougère-à-l’autruche. Mieux vaut donc se munir de bons guides d’identification, tels que Plantes sauvages printanières et Plantes sauvages comestibles, de Fleurbec, ou Les plantes sauvages du Québec, Les fleurs sauvages du Québec et Fines herbes et fleurs comestibles du Québec, publiés par Broquet.

L’idéal est de suivre un atelier d’identification comme ceux qu’organise habituellement Gourmet sauvage, sous forme de sortie guidée dans les Laurentides. À défaut, ce printemps, on peut s’inscrire à six webinaires sur la cueillette de plantes sauvages, dont le premier (gratuit) aura lieu le 24 avril.

Profitez d’une randonnée pour ramasser des plantes comestibles. Photo: Facebook Gourmet Sauvage