Vacances: découvrir l’est du Canada plutôt que les États-Unis
Qu’on choisisse d’éviter les États-Unis pour des raisons éthiques ou économiques, nous sommes nombreux à chercher des solutions de rechange aux destinations populaires pour les prochaines vacances. Voici quelques suggestions au Québec, en Ontario et dans les Maritimes pour un séjour riche en découvertes, même sans traverser nos frontières.
Les pépites de Portneuf
Vallée Bras-du-Nord
À environ une heure quinze de Québec, Vallée Bras-du-Nord est l’un des meilleurs exemples de tourisme durable au Québec. On peut y planter sa tente (80 sites), y garer sa fourgonnette ou louer une yourte ou un refuge.
«C’est un parc où cohabitent des amateurs de plein air, des touristes, des résidents, des agriculteurs, des villégiateurs, des travailleurs forestiers, des entreprises touristiques et des organismes locaux, résume le site de la coop de solidarité. Cette cohabitation favorise un dialogue et une concertation véritables et continus afin de concilier les exigences économiques, sociales et environnementales de la Vallée Bras-du-Nord.»
De nombreuses activités peuvent être pratiquées sur le site en toute saison: randonnée, ski-raquette, vélo, kayak, via ferrata… Différents équipements peuvent être loués sur place.
Escale au Lac
Havre de paix imaginé par Jade Dussault et Anthony Roy, qui œuvrent tous deux dans l’univers circassien, Escale au Lac, à Rivière-à-Pierre, est l’endroit parfait pour décrocher. Les deux refuges (avec salle de bain partagée) peuvent accueillir deux personnes et le loft, jusqu’à quatre. En plus de pouvoir explorer le lac en planche à pagaie ou à bord d’une embarcation, les visiteurs peuvent profiter des installations thermales – bains et sauna. Voisin de la Vallée Bras-du-Nord, Escale au Lac convient à ceux qui recherchent une impression de bout du monde sans pour autant devoir aller trop loin (il faut compter environ trois heures et demie depuis Montréal). Pas de réseau cellulaire dans le secteur, mais le Wi-Fi fonctionne très bien sur le site.
Auberge de l’Ouest
Vous cherchez un endroit pouvant accueillir jusqu’à 14 personnes? L’Auberge de l’Ouest, à Deschambault, est à considérer. Les chambres peuvent aussi être louées indépendamment. Parfait pour ceux qui recherchent l’atmosphère et les avantages d’une auberge de jeunesse, sans le côté «party».
Parc naturel régional et réserve faunique
Aussi à découvrir: le Parc naturel régional de Portneuf, où il est possible de camper et de louer des unités de prêt-à-camper et des refuges, et la réserve faunique de Portneuf, qui compte 36 chalets disséminés dans six secteurs, en plus de 45 emplacements de camping aménagés sans services (avec bloc sanitaire) et 19 rustiques (avec toilettes sèches). Il faut bien sûr s’arrêter faire des provisions à la Fromagerie des Grondines, dont tous les produits sont faits à partir de lait cru biologique!
Escapade urbaine à Halifax
Bien sûr, toute la Nouvelle-Écosse constitue un fabuleux terrain de jeux. Tant les joyaux que sont Lunenburg et Peggy’s Cove valent la peine d’être découverts, avec ou sans guide. L’île du Cap-Breton et sa célèbre Cabot Trail nous font également (re)tomber amoureux des paysages maritimes. Mais pour un plus court séjour – ou une escale lors d’un road trip – Halifax est devenue franchement incontournable.
L’inauguration de l’hôtel Muir et du quartier entier environnant, le Queen’s Marque, est en grande partie responsable de ce vent de renouveau. L’établissement, qui s’est vu attribuer une clef Michelin en 2024, constitue à lui seul une destination. J’adore les œuvres d’art public qui ont poussé autour ainsi que les restaurants et boutiques, qui rendent le secteur encore plus attrayant.
Pour un budget plus réduit, le nouveau Moxy, plus loin du bord de mer, mais plus près du North End, constitue une option intéressante. D’ailleurs, promettez-moi de ne pas quitter Halifax sans aller vous sustenter au pub The Narrows Public House, logé dans une superbe maison victorienne!
Pour ceux qui ne souhaitent pas conduire, il est possible de s’y rendre en train en environ 24 heures depuis Montréal (L’Océan n’est pas aussi confortable que le Canadien, qui effectue le trajet entre Toronto et Vancouver, mais le trajet reste agréable).
Si vous avez envie d’une immersion dans l’Acadie néo-écossaise, je vous invite par ailleurs à (re)lire la chronique que j’ai rédigée à la suite de mon périple de 2022. Voilà un autre projet de voyage bien emballant!
La Route des Explorateurs
Les passionnés d’histoire qui n’ont pas peur d’avaler les kilomètres devraient franchement considérer cet itinéraire qui nous entraîne dans les Laurentides, en Abitibi-Témiscamingue et en Outaouais. Cette route de l’ouest du Québec représente une boucle de plus ou moins 1500 km et s’emprunte idéalement en été, puisque de nombreux sites touristiques sont ouverts seulement pendant cette saison. De plus, on peut profiter des marchés qui ont lieu dans certaines localités les fins de semaine, dont celui de Val-David, dans les Laurentides.
Peu importe le sens dans lequel on choisit de la parcourir, la Route des Explorateurs nécessite temps – au moins une dizaine de jours, mais c’est encore bien peu – et lâcher-prise pour bien profiter de chaque secteur. Oui, les distances sont grandes. Oui, capter un réseau cellulaire n’est pas toujours possible. Oui, il vaut mieux bien planifier ses déplacements. Mais oui, le jeu en vaut la chandelle!
En Outaouais
En Outaouais, on a envie de se poser plus longtemps à Chelsea, où les Lofts du Village permettent d’explorer aisément les alentours, comme le parc de la Gatineau et le Nordik spa-nature. Trois adresses à tester absolument à Chelsea: Roberto Pizza Romana, l’Orée du Bois et la crèmerie La cigale.
Au cœur du parc de la Gatineau, le domaine Mackenzie-King, où le 10e premier ministre du Canada a passé près de 50 ans, peut être visité à votre rythme. Je vous recommande toutefois de le découvrir en compagnie d’un guide-interprète pour entendre les mille et une anecdotes liées à l’endroit.
Pour un séjour en nature dans un cocon confortable, Hom mini chalets, à Val-des-Monts, est tout indiqué. D’autres chalets ont été ajoutés depuis mon passage en 2020 (il y en a maintenant 12). Certaines unités sont dotées d’un spa privé. Planches à pagaie, canots, kayaks et équipements de sécurité nautique sont mis à la disposition des visiteurs.
Dans le Pontiac, le Parc des Chutes Coulonge convient autant aux amateurs d’histoire qui pourront là aussi découvrir l’histoire de la drave dans la région qu’à ceux qui recherchent des sensations fortes. Ces derniers auront le choix entre un parcours d’obstacles dans les arbres, des tyroliennes géantes au-dessus des chutes et une via ferrata de plus de 600 mètres. Il est aussi possible de dormir sur place dans des yourtes.
En Abitibi-Témiscamingue
L’Abitibi-Témiscamingue est un voyage en soi. Il y a tant à découvrir que des choix s’imposent. Lors de ma dernière visite, j’ai redécouvert Val-d’Or et l’ancien village de Bourlamaque où vivaient les employés de la mine qui a attiré de nombreux immigrants. Il faut absolument descendre dans l’ancienne mine Lamaque pour entendre le «vrai» silence et avoir un aperçu de cette vie dans le noir. La Cité de l’Or est accessible aux touristes en été depuis 1991.
Bien entendu, la nature reste au cœur de tout séjour en Abitibi-Témiscamingue. Les parcs nationaux d’Aiguebelle, côté Abitibi, et d’Opémican, côté Témiscamingue, font tous deux parties de la Sépaq. Dans le premier, j’ai été particulièrement impressionnée par les marmites de géants, les coussins volcaniques et le point de vue sur les escarpements rocheux du lac La Haie depuis la passerelle suspendue du sentier La Traverse. Plus jeune des parcs du réseau, Opémican, inauguré en 2018, raconte entre autres l’époque du flottage de bois. Dans les deux parcs, on trouve plusieurs chalets et prêts-à-camper à louer, en plus d’emplacements de camping.
Dans les Laurentides
Quant aux Laurentides, même si on adore Tremblant, c’est loin d’être le seul secteur digne d’intérêt. Les amateurs de vélo ont sans doute déjà fait connaissance avec la piste du P’tit Train du Nord, qui s’étend de la gare de Saint-Jérôme – le kilomètre 0 – à Mont-Laurier, 234 kilomètres plus loin. Mais avez-vous pris le temps de jeter un coup d’œil aux gares, qui témoignent de l’importance du chemin de fer dans le développement de la région?
Pour un séjour douillet dans un lieu d’exception, Stonehaven Le Manoir, membre de la prestigieuse association Relais & Château, est sans contredit l’un des plus beaux hôtels de la province, voire du pays. Son caractère intimiste est l’un de ses plus grands atouts. Chic et feutré sans pour autant être guindé, l’établissement propose aussi une expérience gastronomique à la hauteur des standards de Relais & Château.
Si vous cherchez un hébergement abordable, mais n’êtes pas féru de camping, le Partage Lodge et Le Couvent de Val-Morin constituent deux options intéressantes. Le genre d’adresses qu’on hésite à faire connaître à la Terre entière ou à garder pour soi…
Aussi à découvrir: le gîte Les Conifères, à Saint-Adolphe-d’Howard. Érigée en 1839, cette maison canadienne compte aussi un café-boutique.
Seul hic de la Route des Explorateurs: son état entre l’Abitibi-Témiscamingue et l’Outaouais évoque par moment davantage les nids d’autruches que de poules.
Kingston, Ontario
Qu’on s’y rende en train ou qu’on s’y arrête lors d’un road trip en Ontario, Kingston mérite franchement qu’on fasse plus qu’y passer. L’ancienne capitale de la nouvelle province du Canada de 1841 à 1843 se trouve à moins de trois heures de Montréal et de Toronto.
Au confluent du fleuve Saint-Laurent, du canal Rideau et du lac Ontario, Kingston possède le charme des villes côtières. Une piste cyclable permet d’explorer le secteur en longeant les cours d’eau et un traversier, de se rendre sur Wolfe Island, qu’on aperçoit depuis le port. En été, des croisières peuvent aussi nous emmener dans les Mille-Îles.
Pour avoir un aperçu de la scène gastronomique locale, mais aussi de l’histoire de la ville, une visite avec Kingston Food Tour peut être intéressante. En été, le Kingston Public Market, plus vieux marché de l’Ontario, a lieu la fin de semaine derrière l’hôtel de ville.
Le vieux Sydenham est l’endroit où voir de superbes demeures victoriennes. Il est même possible de dormir dans quelques-unes d’entre elles transformées en gîtes, dont The Hochelaga Inn.
Trois autres lieux que je conserve dans mon carnet de bonnes adresses: le restaurant zéro déchet Miss Bao, le café Juniper, au bord du lac, et le chic Frontenac Club Inn, dans une ancienne banque.
Le Bas-Saint-Laurent et la Gaspésie autrement
Ne me demandez pas de choisir entre ces deux régions du Québec maritime qui se combinent facilement lors d’un road trip: je les adore toutes les deux. Chacune mérite qu’on s’attarde à son offre gourmande, à ses hébergements, à ses sentiers de randonnées et à ses festivals. Plutôt que de se lancer dans un rapide «tour de la Gaspésie», pourquoi ne pas opter pour un périple plus lent, pour prendre le temps de contempler, de savourer, de sentir et de ressentir?
Trois adresses coups de cœur pour faire de beaux rêves: au Vieux Loup de Mer, chalets hôteliers, en périphérie du parc national du Bic, Projet La Ruche, à la frontière des deux régions, et Domaine Carte Blanche, à un peu plus d’une heure de Rivière-du-Loup.
Le Vieux Loup de Mer a célébré son 25e anniversaire l’année dernière. Je ne me lasse pas de ses chalets qui allient le charme de bâtiments d’antan récupérés et le confort moderne. Même si vous n’y dormez pas, il faut absolument vous arrêter – c’est sur la 132 – pour faire des provisions à sa boutique gourmande, Le Garde Manger. On y trouve notamment des plats congelés signés Colombe Saint-Pierre et une foule de produits de la région, en plus de certains des meilleurs vins de la province sélectionnés par le sommelier Julien Gagnon (je suis particulièrement fan de ceux du Domaine Bergeville et du Domaine du Nival). Cinq des chalets peuvent être loués toute l’année.
Le Projet La Ruche et le Domaine Carte Blanche font partie de mes découvertes de l’été 2024. Tous deux se trouvent dans l’arrière-pays, ce qui n’est pas sans me déplaire. On s’éloigne du même coup de la cohue, même en plein été.
Ce qui m’a le plus séduit du Projet La Ruche, dont j’ai glissé un mot dans ma liste de coups de cœur touristiques? Absolument tout! En roulant dans le rang où est sise cette auberge dotée d’une table champêtre, je me demandais bien où j’allais me retrouver. Conçu dans un désir de respecter les fondements du tourisme durable, le projet – qui se veut évolutif – a pour camp de base un bâtiment imaginé avec le souci d’intégrer les meilleurs matériaux et de conserver l’énergie. Ainsi, la serre adjacente au restaurant permet de chauffer les deux étages. «Nous avons des chaufferettes d’appoint dans les chambres de l’auberge, si nécessaire», précise l’instigatrice, Gabrielle Trigaux. L’histoire familiale est intimement liée au projet. Le nom fait d’ailleurs référence au père de la propriétaire des lieux, un apiculteur d’origine belge venu vivre au Québec il y a plus de 35 ans. Pour en savoir plus, rendez-vous sur Caribou. L’auberge comme le restaurant sont ouverts toute l’année.
Le Domaine Carte Blanche se trouve dans un ancien presbytère, à Lac-des-Aigles. Complètement retapé par un couple de passionnés, l’endroit conserve son cachet sans pour autant sentir «le vieux curé» (je sais, j’ai des préjugés… et trop d’imagination). J’aime particulièrement la buvette, où l’on trouve ici aussi des produits québécois, et les événements organisés à différents moments de l’année. On sent un réel désir de dynamiser ce secteur en retrait du circuit touristique habituel. À surveiller!
On passe par Mont-Saint-Pierre en se rendant vers Gaspé, en Gaspésie. Depuis l’été dernier, il n’est plus nécessaire de s’élancer de la montagne en parapente ou en deltaplane pour avoir l’impression de voler: grâce à de superbes images projetées sur les murs et au plafond, l’expérience immersive À vol d’oiseau nous en donne un bon aperçu à la Salle du clocher, dans une ancienne église (j’ai adoré). On profite aussi d’une escale au village pour visiter le centre d’accueil, à l’endroit où se dressait jadis une auberge de jeunesse, et prendre une bouchée à la buvette.
Bien sûr, gravir à pied ou en navette le mont Saint-Pierre, dont le sentier du Delta a été complètement réaménagé, reste un must. En plus des points de vue exceptionnels sur la vallée glaciaire et du Saint-Laurent, l’Observatoire permet d’en apprendre plus sur les phénomènes géologiques extraordinaires.
Du côté des événements, j’ai été totalement séduite par le Festival Musique du Bout du monde, qui se déroule en août à Gaspé. Les spectacles présentés au sommet du mont Béchervaise et au Cap-Bon-Ami, dans le parc Forillon, au lever du soleil, démontrent à quel point le mariage de la nature et de la culture va de soi. Magique!
Le Festival international de jardins constitue aussi un bon prétexte pour s’arrêter aux superbes Jardins de Métis, aux portes de la Gaspésie. Chaque année, de nouveaux projets s’ajoutent aux œuvres des éditions précédentes. Le thème de 2025: Frontières. La beauté du site réside aussi dans la variété de fleurs qui transforment le paysage selon le moment de l’été où l’on déambule à travers les allées.