Télé-Québec: une quinquagénaire en grande forme!
Les Québécois n’ont pas tellement dû s’ennuyer en 1968... Le coquin film Valérie de Denis Héroux, mettant en vedette une certaine Danielle Ouimet, prenait l’affiche, tout comme L’Osstidcho au Théâtre de Quat’Sous, sans oublier la première des Belles-sœurs de Michel Tremblay au Rideau Vert. La culture au Québec battait son plein cette année-là. Et entre toutes ces nouveautés made in 68, une de celles qui a très bien vieilli – n’est-il pas vrai que «fifty is the new forty»? –, est sans aucun doute Radio-Québec devenue Télé-Québec et dont on célèbre les 50 ans!
D’ailleurs, à mon grand désespoir, une fois sur quatre, je dis (encore) Radio-Québec plutôt que Télé-Québec. Je me fais penser à ma grand-mère qui disait la Commission des liqueurs plutôt que la SAQ… Ouch. Rappelons que c’est en 1996 que Radio-Québec est devenue Télé-Québec, juste après que la chaine eut connu des dernières années mouvementées, dont des coupes massives. Mon voisin Pierre y avait perdu son emploi de technicien. Dieu qu’il en avait souffert. Comme il n’était plus tout jeune et fringant à cette époque-là, et que la télé prenait un immense virage technologique, il ne s’était jamais rien retrouvé en télé. Pierre est décédé il y a quelques années et il m’arrive d’y repenser souvent parce que c’est lui qui m’avait fait découvrir les coulisses du monde de la télé.
Je trippais sur la journaliste Joane Prince, je voulais être Joane Prince, alors il m’amenait la voir à Beau et chaud durant mes vacances scolaires alors qu’elle chroniquait aux côtés de Normand Brathwaite. Je n’avais jamais été «game» d’aller la voir, mais je me suis reprise en la croisant plus tard à Radio-Canada. Puis, comme pour plusieurs de ma génération – pas tout à fait des Y, pas tout à fait des X –, c’est avec Radio-Québec qu’on a découvert – que dis-je? – qu’on a été élevés par Passe-Partout et sa gang.
Comme j’avais trippé sur Ti-Brin, la marionnette ténébreuse en manteau de cuir, je n’ai pas vraiment trouvé étrange le mélange «marionnettes et humains» dans À plein temps, qu’on enregistrait sur notre vieux Beta. Puis, comme plein d’autres, c’est avec Janette Bertrand que j’ai appris des affaires sur la sexualité (Avec un grand A, Parler pour parler). Autres temps, autres mœurs, ces dernières années, c’est Cuisine futée, parents pressés, Format familial et La Pat’Patrouille qui marchent à plein régime dans mon salon.
Moins coûteux qu’un film
Donc, pour moi comme pour vous peut-être, Télé-Québec, c’est sentimental d’abord, puis, en reprenant mes esprits de journaliste, je réalise l’apport incommensurable que cette société publique de production et de diffusion a eu et continue d’avoir sur la culture d’ici en desservant plusieurs régions du Québec grâce à un réseau comprenant 17 émetteurs placés un peu partout. Cinéma de répertoire, émissions éducatives pour petits et grands, documentaires exclusifs, discussions brillantes peuvent donc rejoindre les habitant.e.s. éloigné.e.s. des grands centres et à très peu de frais, soit environ 10$ par an par Québécois. Moins cher qu’une virée d’un soir au cinoche.
Que Télé-Québec réussisse à rouler sa bosse avec un budget de fonctionnement de moins de 52 millions $, que sa fameuse Fabrique culturelle fonctionne à plein régime en donnant à voir et à entendre d’autres créateurs que les mêmes trente qu’on voit partout tient presque du miracle, surtout en étant audacieuse comme elle l’est en présentant au fil des années des émissions comme Les appendices, Les brutes, De garde 24/7, Like-moi!, Cochon dingue, etc. J’ai d’ailleurs toujours trouvé impertinentes les blagues ordinaires sur les cotes d’écoute de Télé-Québec. Je trouve que la quinqua s’en sort très bien compte tenu de son budget de fonctionnement.
Je lui souhaite de ne plus jamais avoir à se demander si elle recevra des subventions. Je lui souhaite aussi de continuer d’oser… tiens, tiens, d’oser une émission littéraire! Et bien sûr que je prêche pour ma modeste paroisse. On a beau avoir décrié la fin de la bonne émission scientifique Électrons libres, la littérature mérite aussi sa grande vitrine. Puis-je rêver?
Je craque pour…
Le balado Disparue(s) sur Première Plus
À Montréal, en 1952, une femme, Marie-Paule Rochette, disparaissait. La famille n’a jamais su ce qu’il était advenu de son corps, le mystère est demeuré entier. Or, l’année suivante, le cadavre d’une noyée inconnue était repêché dans la rivière des Prairies… Avec la complicité de la famille et de spécialistes, l’ancien policier Stéphane Berthomet tente, soixante ans plus tard, de faire la lumière sur cette sordide affaire. La réalisation de Cédric Chabuel est efficace et précise, en plus des quelques frissons dans le dos que donne cette série en neuf épisodes à écouter dès que vous le pourrez, surtout si vous aimez les affaires judiciaires et les faits divers. Pour écouter la série de balados, cliquez ici