La chronique Société et Culture avec Claudia Larochelle

Auteur(e)

Claudia Larochelle

Claudia Larochelle est auteure (Les bonnes filles plantent des fleurs au printemps, Les îles Canaries, Je veux une maison faite de sorties de secours - Réflexions sur la vie et l'oeuvre de Nelly Arcan, la série jeunesse à succès La doudou, etc.) et journaliste spécialisée en culture et société. Elle a animé pendant plus de six saisons l'émission LIRE. Elle est chroniqueuse sur ICI Radio-Canada radio et télé et signe régulièrement des textes dans Les Libraires et Elle Québec. Elle est titulaire d'un baccalauréat en journalisme et d'une maîtrise en création littéraire. On peut la suivre sur Facebook et Twitter @clolarochelle.

Le tennis est un art!

En plein US Open, je constate une fois de plus que la popularité croissante du tennis atteint des sommets impressionnants, tant pour ceux qui le suivent dans les médias que ceux qui s’expriment à son sujet sur les réseaux sociaux.



Il se passe quelque chose de très gros avec ce sport à la fois élégant et émotif. La récente 40e édition de la Coupe Rogers à Montréal l’a démontré de manière phénoménale en accueillant plus de 223 016 spectateurs, un record d’assistance, sans compter que ce chiffre impressionnant n’inclut même pas les 12 000 entrées perdues à cause de l’annulation de la seconde demi-finale qui devait opposer Rafael Nadal et Gaël Monfils, deux stars pas banales à regarder. Je n’avais jamais vu autant de gens, toutes origines et tranches d’âge confondues, en même temps sur le site que cette année. Malgré la chaleur, malgré l’absence de vedettes attachantes comme Roger Federer et Novak Djokovic, malgré le coût exorbitant des billets.

Photo: Patrice Bériault / Tennis Canada. Facebook Coupe Rogers présentée par Banque Nationale

Bien sûr, avec une solide et rigoureuse Bianca Andreescu, devenue la première Canadienne à remporter la Coupe Rogers en 50 ans, les performances époustouflantes de Félix Auger-Aliassime et de Denis Shapovalov devenus des «p’tits chéris» dont on s’enorgueillit déjà en imaginant la carrière hallucinante qui les attend, nul doute qu’il y a quelque chose comme un apogée du tennis.

Or, il n’y a pas que ça. Ce sport est un spectacle pour les yeux, j’irais même jusqu’à avancer que le tennis est aussi un art (en excluant le salaire des joueurs vedettes qui n’a rien à voir avec celui, crève-cœur, des artistes…). Quand le «spectacle» est bon sur un terrain, concentration, grâce, sueur, stress, surprises, étonnement, séduction, émotions se succèdent ; il est enlevant comme un show dont on ne peut rien prédire, où tout est entre les mains de ceux qui ont tout à perdre ou tout à gagner en une seule prestation. Et nous, nous retenons notre souffle.

De plus, le tennis est facile à suivre, même quand on n’y connaît à peu près rien. Une fois le système de pointage compris (15-30-40-Jeu), suffit d’observer les stratégies et rebondissements, de prendre parti, de s’investir jusqu’à vibrer quand le joueur chouchou s’embrase, remonte ou descend. Les observer avant, pendant, après le match, scruter leurs tics nerveux (ceux de Rafael Nadal sont un sport en soi), leurs manières d’accueillir victoires ou défaites, de regarder les rivaux, d’être bruyants dans les coups, de se décomposer dans l’adversité… Leur jeu devient du théâtre dont on ne peut jamais prédire la fin, et c’est peut-être pour ça que c’est aussi excitant, parce qu’à l’image de la vie réelle, tout est toujours à recommencer.

Photo: Facebook Rafa Nadal

Spectateurs sous hypnose

Aussi, l’effet hypnotisant du tennis est une sorte de méditation qui fait oublier tout le reste. Rien à voir avec l’incompréhensible football, avec le baseball qui m’a toujours endormie profondément, parce que pas assez… «sautillant». Quant au hockey, en plus de me mélanger dans les joueurs, je reste une nostalgique de la rivalité Canadiens-Nordiques, de Chris Chelios, Guy Lafleur, Mats Näslund, Stéphane Richer et leurs sagas trépidantes. Le départ de P. K. Subban a sonné mon coup de grâce. F-I-N-I. Or, comme la veuve du colonel dans la Gigi L’Amoroso de Dalida, je ne porte plus le deuil… parce que le tennis prend toute la place.

Quant au fait de jouer au tennis, ça a certainement quelque chose de thérapeutique. L’ancien champion Andre Agassi dit à propos de son sport qu’il constitue une sorte d’apprentissage, que c’est un moyen d’en découvrir beaucoup sur soi-même. Le caractériel John McEnroe qui me faisait peur, petite, quand il brisait sa raquette comme un tigre enragé, a déjà déclaré qu’il faut gagner en progressant, que, sinon, nul ne peut devenir champion. «On apprend plus de ses propres défaites que des défaites des autres», déclarait pour sa part Monica Seles dont la vie et feue la carrière sont aussi époustouflantes que tellement de tragédies grecques. C’est pour tout ça que j’aime ce sport-spectacle, qui mérite les foules qu’il attire plus que jamais, ici et ailleurs dans le monde. S’arrêter, regroupés en silence, espérer, prier dans sa tête, ressentir en chœur, ne plus regarder son écran de portable, fixer le jeu devant soi, s’en imprégner en temps réel, au diapason avec d’autres fans comme soi, c’est aussi ça le pouvoir du tennis. Comme celui des œuvres d’art. Peut-être que, plus que jamais, on ressent le besoin de ces communions. Il doit y avoir de cela dans l’incroyable ascension du tennis dans le cœur des gens.

Je craque pour…

Cerebrum

Série télé en 10 épisodes présentée sur ICI Tou.tv Extra, cette nouveauté explore l’univers de la santé mentale sans ambages, avec lucidité et vérité à travers la disparition d’une psychologue, mère de famille et conjointe d’un psychiatre réputé. Une enquête est alors menée…

C’est l’épatant Richard Blaimert qui signe cette fiction dont il réalise les premiers épisodes, suivi par Guy Édoin. Avec, entre autres, Claude Legault, Evelyne de la Chenelière, Christine Beaulieu et Marianne Verville, cette série n’a absolument rien à envier à plusieurs drames policiers internationaux que je visionne en rafale. Textes savoureux et crédibles, esthétisme soigné, suspense maintenu, effets de surprise, interprétations de haut niveau, tout dans cette série est du pur délice télévisuel.

Photo: Facebook Cerebrum