La chronique Société et Culture avec Claudia Larochelle

Auteur(e)

Claudia Larochelle

Claudia Larochelle est auteure (Les bonnes filles plantent des fleurs au printemps, Les îles Canaries, Je veux une maison faite de sorties de secours - Réflexions sur la vie et l'oeuvre de Nelly Arcan, la série jeunesse à succès La doudou, etc.) et journaliste spécialisée en culture et société. Elle a animé pendant plus de six saisons l'émission LIRE. Elle est chroniqueuse sur ICI Radio-Canada radio et télé et signe régulièrement des textes dans Les Libraires et Elle Québec. Elle est titulaire d'un baccalauréat en journalisme et d'une maîtrise en création littéraire. On peut la suivre sur Facebook et Twitter @clolarochelle.

LE 3 FAIT LE MOIS DE LA RENTRÉE CULTURELLE

Le mariage de Julie et Pierre Karl consommé et la Coupe Rogers remportée, nous allons enfin pouvoir commencer à penser à la rentrée culturelle qui, encore cette année, sera faste. Question de commencer à planifier l’agenda ou à réserver des billets, je vous ai préparé une courte liste de 3 productions qui me font piaffer d’impatience, suivi de 3 suggestions qui ont accompagné mes «beaux jours» estivaux.

On piaffe d’impatience pour…

1 - Ce que nous avons fait de Pascal Brullemans au Centre du Théâtre d’Aujourd’hui, salle Jean-Claude-Germain, du 29 septembre au 17 octobre.

Parmi les maladies mentales, la schizophrénie figure sans contredit en tête de la liste des plus obscures. Encore taboue, elle n’a pas souvent été traitée sur scène au théâtre, voire dans n’importe quelle autre forme d’art. Dans une mise en scène de Michel-Maxime Legault, Ce que nous avons fait explore la relation entre des parents et leur fille atteinte de la maladie. Avec Sylvie Drapeau et Robert Lalonde, il me semble que ça ne peut pas être mauvais. Marie-Pier Labrecque (Les 3 Mousquetaires au TNM) incarne quant à elle la jeune femme affectée. L’extrait puisé sur le site du Théâtre d’Aujourd’hui donne d’ailleurs le ton… :

«J’ai vu la vie par en dessous. Des corps harmonieux comme des nuages qui font l’amour.»

Je ne sais pas pour vous, mais ça vient déjà me chercher un peu.

2 - Polyglotte de Olivier Choinière au Théâtre Aux Écuries, du 15 septembre au 3 octobre

Il n’y a que Choinière (Chante avec moi, Ennemi public) pour penser à des affaires comme ça : 9 immigrants qui viennent d’arriver au pays (pour vrai de vrai) et 2 acteurs, montrent par le biais de rites de passage pour devenir de real Canadians, le fossé qui sépare l’image que notre «beau» pays donne de lui-même partout et celle que voient ceux qui débarquent ici. Le tout sur le ton sarcastique propre au dramaturge, qui signe aussi la mise en scène avec Alexia Bürger et qui, sur des extraits sonores de conversations des années 60 et des projections d’archives concernant l’actualité du Canada, ne pourra pas donner dans le «beige». L’idée de ce projet, déjà présenté en mai dernier au FTA, m’enchante, me fait rire (pour ne pas capoter d’exaspération en chaussant tout à coup les souliers des nouveaux arrivants qu’on ne remarque même plus). J’ai hâte de voir si l’antilangue de bois «choinièrienne» sera aussi acérée que je l’imagine. Je me demande aussi si Denis Lebel viendra…

3 - Paul à Québec, film  réalisé par François Bouvier, d’après l’œuvre de Michel Rabagliati, à compter du 18 septembre.

J’ai un gros faible pour Rabagliati, sa sensibilité, son humour, ses illustrations naïves et authentiques. Paul à Québec, avec son thème du deuil du patriarche, m’avait fait pleurer à sa parution en 2009. 10 000 exemplaires s’étaient d’ailleurs rapidement écoulés. Cette BD étant déjà très cinématographique, je n’ai pas été étonnée d’apprendre son adaptation au grand écran avec François Létourneau et Julie Le Breton dans les rôles principaux. La bande-annonce est prometteuse… et nous rappelle des histoires de familles, des festivités de la Saint-Jean-Baptiste, des déménagements, la vie… la vie…

J'aurai d'ailleurs la chance de m'entretenir avec Michel Rabagliati lors du Rendez-vous culture Avenues Le Salon avant le Salon, le 20 octobre prochain. Je vous invite à venir en grand nombre, mais dépêchez-vous de réserver car les places sont limitées.

On roucoule d’amour pour…

1 - La musique de Polo&Pan, album Dorothy

En parlant de Julie Le Breton, dans une entrevue accordée à La Presse, la splendide actrice dévoilait son amour pour le groupe français de musique électro Polo&Pan.

N’en fallait pas plus pour que je tombe à mon tour sous le charme de cette musique entraînante qui donne le goût de vivre, de faire durer l’été, de tout envoyer en l’air, soi y compris! J’attends leur nouvel opus comme s’il s’agissait d’un nouvel antidépresseur miraculeux. Encore! Encore!

2 - Le roman Comédie musicale de Sophie Bassignac, éd. JC Lattès

Un immeuble parisien, deux cousins aussi beaux qu’étranges, des mères contrôlantes, une danseuse colocataire fan de Rita Hayworth et secrètement amoureuse, une voisine forte sur la bouteille en proie à une crise de la cinquantaine… Voici la toile de fond de ce nouveau roman de Sophie Bassignac, auteure française que je découvre en même temps que son écriture qui oscille toujours entre le fantaisiste et le tragique. Jamais on ne sait sur quel pied danser, mais toujours on oublie ce déséquilibre grâce aux figures de style épousées et à la poésie lumineuse qui habitent cette histoire qui deviendra assurément un film. Avis aux cinéastes en panne d’inspiration… Un hit assuré. François Truffaut se serait laissé gagner, j’en suis sûre.

3 - Le documentaire Lise Watier, Une vie à entreprendre aux Grands Reportages sur ici Radio-Canada télé, 17 et 18 août, 20 h, réalisation de Sandrine Béchade.

J’admire les femmes qui font la révolution à leur manière, que ce soit en arts, en politique, en sciences ou en affaires. Âgée du 71 ans qu’elle ne fait évidemment pas, en apparence comme dans le cœur, Lise Watier a su bâtir un empire dans le monde des cosmétiques à une époque où les portes ne s’ouvraient pas facilement aux dames. Ce documentaire en 2 parties lève le voile sur ses convictions, sa vie familiale et professionnelle et son ascension fulgurante, qui a toujours fait un pied de nez à ceux qui osaient dire que le Québec était né pour un petit pain. De ces fameux pains, elle a fait des crèmes, des rouges à lèvres, des parfums, tout ce qui peut sembler superficiel dans un monde contrôlé par le sempiternel culte des apparences, mais qui va bien au-delà de cette impression. Derrière le succès financier aussi brillant que ses fards et sous ses airs un peu princiers, en grattant un peu, on s’aperçoit vite que la madame Watier a la couenne dure et le cœur à la bonne place.

Bons plaisirs caniculaires… et que je n’en entende pas un se plaindre.