La chronique Société et Culture avec Claudia Larochelle

Auteur(e)

Claudia Larochelle

Claudia Larochelle est auteure (Les bonnes filles plantent des fleurs au printemps, Les îles Canaries, Je veux une maison faite de sorties de secours - Réflexions sur la vie et l'oeuvre de Nelly Arcan, la série jeunesse à succès La doudou, etc.) et journaliste spécialisée en culture et société. Elle a animé pendant plus de six saisons l'émission LIRE. Elle est chroniqueuse sur ICI Radio-Canada radio et télé et signe régulièrement des textes dans Les Libraires et Elle Québec. Elle est titulaire d'un baccalauréat en journalisme et d'une maîtrise en création littéraire. On peut la suivre sur Facebook et Twitter @clolarochelle.

La Ronde ne tourne plus rond

Contrairement à vous, peut-être, je n’ai pas connu le parc Belmont, mais je suis pas mal certaine que c’était mieux que La Ronde.



Pas La Ronde créée avec notre savoir-faire québécois en 1967 dans le cadre de l’Exposition universelle, pas non plus celle des années 1970 à 1990, avec ses spectacles d’acrobaties aquatiques, ses jeux d’adresse bondés de cris et de rires, sa Pitoune qui défaisait les mises en plis, sa maison hantée pas si épeurante ou son palais des glaces où on se pétait les dents en courant. Non. La Ronde de la dernière décennie, qui se meurt, comme une vieille bête pleine de puces gardée par dépit, qu’on devrait cacher quand la visite débarque tant elle n’a pas l’air sympathique. S’il fallait qu’elle morde quelqu’un, qu’elle donne la rage…

Or, c’est arrivé. Je suis enragée. Les deux années précédentes aussi je l’étais, mais cette année, ce fut le coup de grâce. Voulez-vous me dire comment ça se fait qu’au sein d’une grande entreprise américaine de gestion de parcs d’attractions comme Six Flags, qui possède La Ronde depuis 2001 – mais aussi 16 autres grands centres du genre, comme Hurricane Harbor Concord, à Concord en Californie, The Great Escape à Lake George, New York, ou le Six Flags Mexico à Mexico City –, on ne soit pas capable d’entretenir adéquatement cet espace qui accueille à un coût plus qu’onéreux des hordes de touristes locaux et internationaux chaque année durant la période estivale (qu’est-ce que ce serait à longueur d’année)? «Nous offrons le prix le plus bas sur les passeports-saison et ceux-ci viennent avec de nombreux avantages, tels qu’un billet gratuit pour un ami (certains jours) et de nombreux événements tout au long de la saison», réplique La Ronde. En somme, il faut prendre leur passe…

Photo: Facebook La Ronde - PAGE OFFICIELLE

Propreté douteuse

Est-ce juste dans son parc du Québec que la compagnie américaine, qui a vraisemblablement d’autres chats à fouetter ailleurs, ne resserre pas la vis du bon fonctionnement sous prétexte peut-être que bof, ils ont le monopole de ce type d’attraction ici?

Comment expliquer que le personnel, des jeunes qui parlent un bien mauvais français en majeure partie (j’en avais mal aux oreilles), ne soit, pour la plupart, même pas en mesure de démontrer un minimum d’entrain, de sourire aux clients, surtout au coin des petits, où les enfants ont besoin d’une assistance particulière?

La Ronde m’a pourtant assuré, en répondant à mes questions par courriel, qu’ils embauchaient uniquement des employés capables de s’exprimer couramment en français. Or, il semble qu’ils le fassent quand ça leur chante ou que ça manque de suivi puisque, fort attentive à la situation du français, ce n’est pas ce que j’ai pu observer…

Comment aussi expliquer que je n’aie pas été en mesure de changer la couche de mon enfant de deux ans au petit coin tant c’était insalubre? (Après une visite dans deux salles de toilettes différentes, j’ai préféré le changer sur un banc public. Désolée, mesdames, messieurs…) «Nos employés font des rondes de nettoyage en continu partout dans le parc, dont aux toilettes. Il est possible que vous étiez aux toilettes entre deux cycles de nettoyage», m’a-t-on répondu. Dommage. Faites plus de rondes. Quant à nos déchets, nous avons dû les garder sur nous parce que les poubelles, elles débordaient… Bien sûr, nous étions le 24 juin en après-midi, jour de congé de la fête nationale. Est-ce une raison pour négliger la propreté des lieux? Est-ce vraiment ce qu’on veut montrer de nous aux visiteurs étrangers? Je n’exagère pas, c’est gênant.

La journée du 24 juin n’excuse en rien la rareté de restaurants capables de nous servir autre chose que des hot-dogs, frites et boissons gazeuses (quand ce fut à mon tour de commander, il n’y avait plus de hot-dogs, alléluia). Je ne suis pas végane, j’apprécie d’ailleurs – plus que la moyenne des Québécoises – le goût d’une bonne poutine, mais un peu de verdure, des jus santé, des sandwichs sains seraient bienvenus. Même le McDonald, qui n’est plus présent à La Ronde depuis cette année, m’a manqué. C’est tout dire. Et ne me dites pas d’apporter mon lunch; on ne peut pas entrer avec de la nourriture ou des liquides sur le site! «Il est interdit d’apporter de la nourriture dans la majorité des attractions, incluant les salles de cinéma, les concerts, les événements sportifs et autres», déclare La Ronde. Si on veut des rabais sur la nourriture ou des repas gratuits, il faut prendre la fameuse passe saisonnière. Quant à la bouffe santé, on me rappelle la présence de restaurants qui offrent des wraps, des salades, des «Bouddha bols» dans des chaînes comme Subway et Amir…

Photo: Facebook La Ronde - PAGE OFFICIELLE

Tristes spectacles

Quant aux spectacles présentés du côté des petits, c’est une honte. On dirait qu’ils ont été montés à la dernière minute avec des costumes trouvés aux objets perdus. Il y a certainement des étudiantes et étudiants de nos écoles de théâtre qui pourraient donner un peu d’amour à ces moments de repos entre deux manèges, les faire reluire à la manière de la fabuleuse Roulotte, qui se promène dans nos parcs montréalais en été et qui en met plein la vue gratuitement depuis des lunes. «Chaque année, notre équipe d’animation remplace les chorégraphies de Ribambelle et ses amis. Nous adaptons les paroles des chansons du spectacle aux thèmes des chansons populaires de l’année en cours (le top 40). De plus, la nouvelle série de spectacles a commencé le 22 juin dernier», a répliqué l’entreprise.

Désolée d’être la Grinch de La Ronde, mais c’est la Grinch qui a payé plus de 200 dollars pour passer quatre heures sur place avec sa famille. Quant aux forfaits, passes, tarifs spéciaux, pas spéciaux, pour gens normaux, pas normaux, minis, grands, seniors, ne me demandez pas de commenter, ça prend un doctorat pour saisir la tarification changeante sur leur site Internet. La moindre des choses serait d’honorer ce prix exorbitant comme il se doit en en donnant pour son argent au million et quelques personnes qui chaque année choisissent ce lieu entre les mois de mai et d’octobre, des gens pas tous aisés, loin de là; des parents, des grands-parents qui courent à longueur d’année en attendant de passer du temps précieux avec ceux et celles qu’ils aiment au retour de la belle saison. La Ronde, faites-nous rire, mais de grâce, ne riez pas de nous.

Photo: Facebook La Ronde - PAGE OFFICIELLE

Je craque pour…

Les Tatoués

Cette petite entreprise québécoise née en novembre 2014, créée par Julie, une comédienne, et Jean-Sébastien, un dessinateur, est en train de me rendre folle de bonheur puisqu’elle conçoit des tatouages temporaires pour les petits.

L’affaire, c’est que les grands les trouvent tellement cool, qu’ils en arborent eux aussi et les volent à leurs enfants. Le couple s’inspire de leur magnifique fillette, de son imaginaire et de ses passions pour faire ces tatouages de très bonne qualité et, croyez-moi, chez nous, on s’y connaît en tatouages temporaires!

Allez voir leurs créations, c’est vraiment épatant; et vous pouvez les commander en ligne, ils arriveront chez vous en peu de temps, pour le plaisir de toute la smala. Promis!

Photo: Facebook Les Tatoués