Iris et les hommes: film pour couples perdus, mais amoureux
Je vois tous les films mettant en vedette l’actrice Laure Calamy, juste parce que Laure Calamy est l’actrice française de l’heure la plus épatante; capable d’embrasser toutes les nuances de jeu avec un aplomb incandescent et un sens de la vérité hors du commun. Si en plus le film est bon, tant mieux, mais sa seule présence à l’écran me suffit bien souvent. Comme dès le 29 mars, au cinéma, dans Iris et les hommes de la réalisatrice Caroline Vignal, une comédie qui n’aurait franchement pas la même teneur sans elle.
Sans jamais rire à gorge déployée, j’ai tout de même esquissé quelques sourires en découvrant par petites touches cette Iris, une dentiste dans la quarantaine, mariée depuis un bail, qui cherche à renaître sexuellement en se prenant des amants pour pallier le désert sexuel de son couple.
Et dire que son mec (splendide Vincent Elbaz), elle l’a dans la peau (on la comprend d’ailleurs…)! L’harmonie entre les deux est aussi là. J’imagine que les enfants, la routine du quotidien, l’intendance et l’habitude en sont venus à casser le désir, qu’il ne suffirait que d’une étincelle pour qu’entre eux le feu reprenne. Dans l’attente, se divertir. Iris saura faire. Elle n’avait donc pas perdu la main.
S’il y a quelques clichés et stéréotypes quant aux hommes qu’elle rencontre exclusivement pour baiser par le biais d’une application de rencontre pour gens en couple, elle ne laisse personne indifférent dans sa manière d’entrer dans une nouvelle vie d’excitation et de frissons.
Rien de nouveau, vous me direz. Peut-être. Mais que, dans ses rencontres hétérosexuelles, elle soit celle qui gouverne et guide ses désirs, dictant la marche à suivre, donnant son consentement – ou pas – sans ressentir l’ombre d’une culpabilité, ou d’un doute judéo-chrétien, sans non plus qu’elle soit objectivée, c’est bien. Très bien, même. Qu’on ne sente pas que ça culminera avec un lapin dans le chaudron, qu’elle ne perdra pas tout, qu’elle risque d’en ressortir gagnante, c’est encore mieux. Fini, ce temps où l’on condamnait les femmes infidèles. Comme s’il n’y avait que les hommes pour être assujettis à leurs désirs, fantasmes et pulsions.
Si ce scénario et sa réalisation me paraissent inégaux, entre autres dans certaines scènes alambiquées, dont une musicale atrocement inutile, j’ai néanmoins jubilé de ne pas voir Iris fléchir, qu’elle poursuive sa lancée, passant de désirante à désirée avec grande aisance, gagnant en puissance gracieuse là où tant de femmes ont jadis été dépeintes comme des traînées, et en confiance en faisant tomber les hommes, sans correspondre aux standards de beauté conventionnels. Jouissif, tout ça, quand on ne demande qu’à voir les carcans exploser, et la naissance de nouveaux modèles possibles de l’amour. Rien pour froisser les plus coincés, juste des images pour laisser entrevoir d’autres avenues conjugales. À méditer.