Cadeaux culturels: de Dirty Dancing à du folk de rêve
Parce que ça se glisse bien dans un bas de Noël, parce que c’est plus original qu’une cafetière de chez Wal-Machin, parce que j’aime encourager les artistes et parce que l’art rend heureux: voici des idées de cadeaux culturels à offrir à vos proches. J’ai associé des destinataires à ces cadeaux, mais sachez que c’est à titre indicatif et que toute ressemblance avec des personnes existantes ou ayant existé est purement fortuite. Bon magasinage des Fêtes!
Du théâtre pour une tante et un oncle fascinés par la bibitte humaine
L’actualité de l’année 2015 nous a certainement offert des exemples frappants, voire choquants, de failles dans lesquelles des êtres humains tombent, des failles de violence insoupçonnées desquelles il est impossible de remonter indemne. L’auteur Serge Boucher, qui s’est fait connaître pour sa dramaturgie, certes (Natures mortes, Motel Hélène, Des bonbons qui sauvent la vie), et remarquer à la télévision en signant les scénarios télé des séries Aveux et Apparences, revient aux planches avec un texte qui risque encore une fois d’avoir une forte résonnance sociale. Intitulée Après, cette pièce mise en scène par René Richard Cyr, qui se distingue entre autres par sa grande sensibilité, raconte le séjour à l’hôpital d’un ingénieur accusé du meurtre de ses deux jeunes enfants et du lien qu’il développe avec son infirmière. Bien sûr, cette histoire vous en rappellera une autre… Avec Maude Guérin et Étienne Pilon, cette création en sera une de choc à coup sûr et fera beaucoup parler. À suivre.
Après, Théâtre d’Aujourd’hui, du 23 février au 19 mars
Du cirque pour des neveux et nièces rieurs et créatifs
«Comment survivre à mille petits drames ordinaires, tout en réussissant à faire rire et émouvoir?» Telle est la trame de base du spectacle de cirque Circus Incognitus de Jamie Adkins, un clown-acrobate-jongleur-illusionniste-fil-de-fériste originaire des États-Unis aux airs candides de «guy next door» et qui se heurte à des petits pépins de tous les jours avec son sens de la répartie (muette), et sa grande inventivité physique et acrobatique, qui fera rire les jeunes, tout-petits comme adolescents avec un esprit inimitable et bien ancré dans la modernité. On aime partout sa simplicité, sa modestie qui devient presque un personnage et, bien sûr, il n’est pas sans rappeler aux spectateurs adultes un certain Sol… Si j’étais vous, je réserverais tout de suite mes places.
Circus Incognitus, À la TOHU, du 29 février au 5 mars
Une exposition pour un amoureux accumulateur compulsif
Vous vivez avec quelqu’un qui est incapable de jeter, donnant à votre sous-sol les apparences d’un dépotoir municipal? Tirez-lui la pipe en l’invitant au Musée national des beaux-arts du Québec pour voir l’exposition Rencontres au sommet de l’artiste montréalaise Raphaëlle de Groot qui, en 2009, a demandé à la communauté de Lethbridge, en Alberta, de faire don d’objets personnels ayant perdu leur utilité, puis aux gens du Québec, du Vermont et d’Italie. Imaginez tout ce que vous pourriez donner et qui retrouverait vie entre les mains de l’artiste… Puisqu’il ne s’agit pas seulement de les organiser au hasard dans un espace restreint, que ces objets sont réunis dans un sommet qui mime ceux des rencontres de hauts dirigeants. «In your face, société de consommation!»
Rencontres au sommet, Musée national des beaux-arts du Québec, du 4 février au 17 avril
Un beau-livre pour la sœur qui raffole de Paris… et de ses nuits!
Ce livre est un des plus beaux qu’il m’ait été donné de lire sur Paris-la-magnifique, Paris-la-chargée-de-promesses, Paris-la-toute-blessée… Parce que les attentats du 13 novembre dernier ont touché Paris jusqu’au cœur de ses nuits, des nuits qui pourtant ont tout pour éveiller les épicuriens qui la peuplent avec passion et qui, malheureusement, se réveillent durement, encore tellement fragiles. En hommage à la Ville Lumière et à ses habitants, ce titre de l’historien français Antoine de Baecque témoigne de la profondeur du substrat culturel, politique, social de ces nuits dédiées à la légèreté et aux plaisirs variés, ceux du jeu, de la chair, de la musique, de la bouche, des yeux, de l’ouïe… Paris la nuit, ce n’est pas Montréal la nuit, ni Madagascar la nuit, ni rien d’autre, parce que Paris, c’est Paris, et ce, depuis toujours. Pas étonnant qu’autant d’artistes s’en soient inspirés pour y vivre, y aimer et y mourir.
Les nuits parisiennes XVIIIe – XXIe siècle de Antoine de Baecque, éd. Du Seuil
Une revue musicale pour la mère qui ne se peut plus de Dirty Dancing
«Tu peux retourner jouer à la poupée, Bébé...» Qui n’a pas un jour eu vent de cette fameuse réplique du classique Dirty Dancing qui avait mis une certaine Jennifer Grey sur la carte en 1987 aux côtés d’un homme pas rebutant appelé Patrick Swayze? Bonne nouvelle pour les fans, l’histoire de ce film sera présentée en version comédie musicale originale anglaise pour la première fois à Montréal. La production, qui a d’abord été présentée au Théâtre Royal de Sydney, en Australie, en novembre 2004, connaît depuis plus de dix ans un succès mirobolant qui, en plus de rappeler des souvenirs aux nostalgiques, permet de réentendre les chansons devenues mythiques comme l’inégalable The Time of My Life…
Dirty Dancing, à la Salle Wilfrid-Pelletier de la Place des Arts, du 31 mai au 5 juin
Un album pour le père qui a un jour eu un «kick» sur les sœurs McGarrigle
Après les sœurs Kate et Anna McGarrigle, voici venu le temps des sœurs Wainwright avec leur Songs in the Dark, un album folk qui parle de territoires, de racines, du passage du temps, d’amour ou encore de liens filiaux. Martha (fille de Kate McGarrigle) et Lucy partagent le même père, Loudon Wainwright III (ainsi que Rufus, le frère), et elles ont cette même sensibilité, la voix au bord de la mélancolie, si près et en même temps a contrario de l’exaltation. La complicité forte des deux femmes émane de cet album qui porte en lui les plus belles berceuses des dernières années, des souffles doux qui témoignent d’une réelle appartenance à leurs origines, à cette lignée célèbre à qui elles font certainement honneur. Mon bonheur hivernal.
Songs in the Dark, The Wainwright Sisters, MapleMusic
Je craque pour…
La renaissance du Grand Costumier de Radio-Canada
C’est sous la forme d'une entreprise d'économie sociale créée à l'initiative de la CDEC Centre-Sud/Plateau Mont-Royal, de Culture Montréal et d'un regroupement de producteurs, et soutenue par le gouvernement du Québec et la Ville de Montréal, que le fameux costumier de Radio-Canada, qui se mourait jusqu’à tout récemment, vivra de nouveau sous le nom de Grand Costumier, assurant ainsi la pérennité des milliers de vêtements et accessoires que Radio-Canada cède gratuitement à la nouvelle entreprise. Cette précieuse collection sera localisée dans le magnifique édifice Gaston-Miron à Montréal dès cet hiver pour une ouverture officielle prévue en avril 2016. Entendez-vous mon soulagement?! C’est quand même une des meilleures nouvelles culturelles de cette année de compressions.