World Press Photo: prise 14
La 14e édition de l’exposition World Press Photo (WPP) est en cours au Marché Bonsecours. Il ne reste que quelques jours pour la voir à Montréal, l’événement se terminant le dimanche 29 septembre. Elle se déplacera ensuite à Saguenay pour y être présentée du 18 octobre au 10 novembre à la Pulperie de Chicoutimi.
Je passe devant le Marché Bonsecours tous les jours. Depuis le 28 août, date d’ouverture de l’exposition World Press Photo, je ne cesse d’être surpris devant l’attroupement qu’il y a sur la rue de la Commune. On y fait la file, des autobus débarquent des hordes d’élèves du secondaire, des groupes de personnes âgées ou encore des touristes. L’an dernier, WPP a attiré 56 000 visiteurs en 30 jours. À vue de nez, j’ai l’impression que ce chiffre record sera battu.
Mais qu’est-ce qui attire tant les gens à aller voir ces photos lauréates d’un concours international de photojournalisme? Ne sommes-nous pas inondés quotidiennement d’images de drames, de tragédies, de catastrophes? On en voudrait encore et encore? Eh bien, il semble que oui.
C’est vrai qu’il n’y a rien comme une bonne photo pour capter notre attention. Imaginez 150! Pour arriver à ce nombre, les différents jurys du WPP ont regardé un total de 78 000 images soumises par 4700 photographes de 129 pays. Pas pire comme échantillonnage pour témoigner de ce qui s’est passé sur la planète en 2018!
On doit conclure que la croisade de Donald Trump pour refouler les milliers de Latino-Américains qui voulaient passer les frontières américaines a été une des grosses nouvelles de l’année, car plusieurs photos illustrant cette crise humanitaire se sont mérité des prix, qu’on pense à Fillette en pleurs à la frontière de John Moore de l’agence Getty Images et à La caravane de migrants, un reportage de Pieter Ten Hoopen de l’agence Vu/Civilian Act.
Parmi les autres événements qu’on a suivis dans l’actualité qui trouvent écho au World Press Photo, il y a la crise au Venezuela (qui avait fait l’objet de la photo gagnante l’an dernier), la guerre aux trafiquants de drogue aux Philippines (attention cœurs sensibles, c’est la photo la plus sanglante du lot), la nature qui se déchaîne un peu partout (le volcan Fuego au Nicaragua, les feux de forêt en Californie), les soubresauts de la guerre en Syrie (l’attaque au gaz dans la Ghouta orientale).
Il y a aussi des reportages photo qui nous en apprennent sur des pays dont on parle moins dans nos médias occidentaux. On découvre par exemple à quel point des pays comme la République démocratique du Congo et le Tchad sont minés par les effets combinés de conflits politiques, de problèmes sanitaires et de calamités environnementales.
Si je continue comme ça, je vais donner raison à ma blonde qui a rebaptisé le World Press Photo par World Depress Photo. Rassurez-vous, il y a aussi des images positives (le développement d’une industrie de la mode en Afrique francophone), porteuses d’espoir (les femmes soldats des FARC en Colombie, qui peuvent désormais avoir des enfants), ou tout simplement qui font sourire (le président Macron qui se fait tirer par la main par son homologue américain Trump).
J’ai particulièrement aimé les photos gagnantes de la catégorie Nature. Je ne suis pas le seul, je pense, car il y avait beaucoup de congestion devant le reportage sur les flamants des Caraïbes qu’on semble traiter aux petits soins sur l’île néerlandaise de Curaçao. Même attroupement autour du document sur les pumas, une espèce, ai-je appris, qu’on retrouve du Yukon aux Andes du Sud. Et comment ne pas être hypnotisé devant la photo Récolte de cuisses de grenouille, qui est complètement surréaliste?
À Montréal, le WPP présente aussi cinq expositions connexes. On peut entre autres voir des portraits intimistes signés Monia Chokri, réalisatrice du film La femme de mon frère et porte-parole de l’événement. Il y a aussi de très belles photos de Montréal prises par des photographes de La Presse +, et un retour en images sur les 25 années du magazine L’Itinéraire.