La chronique Culture avec Claude Deschênes

Auteur(e)
Photo: Martine Doucet

Claude Deschênes

Claude Deschênes collabore à Avenues.ca depuis 2016. Journaliste depuis 1976, il a fait la majeure partie de sa carrière (1980-2013) à l’emploi de la Société Radio-Canada, où il a couvert la scène culturelle pour le Téléjournal et le Réseau de l’information (RDI). De 2014 à 2020, il a été le correspondant de l’émission Télématin de la chaîne de télévision publique française France 2.On lui doit également le livre Tous pour un Quartier des spectacles publié en 2018 aux Éditions La Presse.

Retour dans les années 1980 avec Les Voisins

Une autre occasion de revisiter ses classiques québécois. Pendant que le TNM reprend Nelligan, 30 ans après sa création, la compagnie de production Monarque propose Les Voisins, de l’autre côté de la rue, à la Place des Arts. La reprise de cette pièce écrite il y a 40 ans suscite tellement d’engouement que des supplémentaires à travers le Québec sont annoncées jusqu’en 2021.



Les Voisins sont arrivés dans le paysage québécois 6 mois après le référendum perdu de mai 1980. Bernard, Jeanine, Georges, Laurette et les autres ont fait leurs premiers pas sur la scène du Théâtre Port-Royal à l’invitation de Jean Duceppe. Inspiré par le succès de Broue l’année précédente, l’homme de théâtre avait décidé de faire de nouveau confiance aux auteurs Claude Meunier et Louis Saia. On peut dire qu’il a eu du pif.

Photo: Martin Ouellette

Dans un genre qui n’avait rien à voir avec Gratien Gélinas, Marcel Dubé ou Michel Tremblay, la pièce du duo Meunier-Saia offrait une radioscopie inusitée de l’âme québécoise dans laquelle l’absurde servait de révélateur. Heureusement qu’il y avait ce type d’humour pour faire passer la pilule parce que la description que les auteurs faisaient de leurs pairs était aussi acide que lucide. Les hommes y sont machos et condescendants, obsédés par leur haie ou leur char. Les femmes sont soumises et candides, accablées par le vide de leur existence ou leur apparence. Tout ça a donné un florilège de répliques devenues, au fil des ans, des citations cultes comme «Des fois je parle, puis j’m’en rends pas compte» ou «C’est pas une beauté, mais pour une première blonde…»

Photo: Martin Ouellette

40 ans plus tard, les personnages et les situations sont plus que jamais des caricatures. Les femmes d’aujourd’hui ne sont plus comme celles représentées dans la pièce. La conversation anémique pastichée par les auteurs a fait place à l’affirmation de l’opinion. Si bien que Les Voisins, en 2020, se regarde comme un artéfact.

Photo: Martin Ouellette

Aussi, il est impératif que la partition soit jouée comme à l’époque. Les silences embarrassants qui meublent les conversations doivent être respectés et les répliques doivent fuser au même rythme lent que s’exprime la pensée des personnages. On n’est pas dans le flot verbal de La petite vie, par exemple.

Photo: Martin Ouellette

À la mise en scène, André Robitaille a bien respecté le ton et le style de Claude Meunier et Louis Saia. Il laisse la chance aux malaises et aux énormités prononcées de faire leur effet comique. Il peut compter sur une distribution de calibre pour donner du relief à cette écriture si singulière. L’humoriste Jean-Michel Anctil sait comment puncher une réplique. Brigitte Lafleur réussit à faire de son personnage de femme en dépression un feu d’artifice. Et Pier-Luc Funk, dans la peau et les os de Junior, révèle un talent comique indéniable. Oui, je dois avouer que j’ai eu un faible pour la famille de frisés.

Photo: Martin Ouellette

Mais je n’ai pas autant ri que je l’espérais. À Tout le monde en parle, dimanche, les comédiens des Voisins disaient que les publics devant lesquels ils se produisent s’esclaffent et anticipent les répliques. Ça n’a pas été le cas le soir de la première montréalaise au Théâtre Maisonneuve. Est-ce parce qu’il y avait trop d’invités et pas assez de vrai monde? Est-ce que la salle est trop grande pour ce type de spectacle? En tout cas, ça n’a pas levé comme je m’y attendais.

Photo: Emilie Lapointe

Apprécié:

Après deux ans de travaux, la restauration du clocher de l’UQAM est terminée. Cette semaine, on a procédé à sa mise en lumière. Si vous passez dans le Quartier latin, faites un détour par la rue Saint-Denis pour apprécier le résultat.

Le clocher de l’église Saint-Jacques, construit en 1860, compte 8 cloches fondues en France et entendues pour la première en 1905, et culmine à 275 pieds de hauteur. L’UQAM a fait l’acquisition de cet édifice patrimonial en 1973.

Photo: Claude Deschênes

La restauration a entre autres nécessité le remplacement de 2 000 pierres, la décontamination des cloches dont la peinture contenait du plomb, le nettoyage des vitraux et le remplacement des ardoises de la flèche. La structure compte désormais une centaine d’appareils d’éclairage à DEL qui mettent en valeur les détails de l’architecture.

Ce projet, qui s’inscrit dans le cadre du 50e anniversaire de l’université, rehausse considérablement ce tronçon de la rue Saint-Denis, compris entre la rue Sainte-Catherine et le boulevard De Maisonneuve.

Photo: Claude Deschênes