L’envers du côté givré de l’acteur Jim Carrey au Centre Phi de Montréal
Ace Ventura, Le gars du câble, Le Grincheux, La cloche et l’idiot, Menteur, menteur, Le Truman Show, il y a bien des chances que les films mettant en vedette Jim Carrey vous aient fait rire au moins une fois dans votre vie. Saviez-vous que l’acteur comique d’origine canadienne est aussi dessinateur? Pas un gentil peintre du dimanche; plutôt un caricaturiste vitriolique qui a dans sa mire Donald Trump et tous ceux qui sont à sa solde. Cet été, on peut voir une cinquantaine de ses dessins engagés en primeur mondiale au Centre Phi à Montréal. Des originaux tirés de son cahier à anneaux. Grinçant!
Les dessins de Jim Carrey sont destroy et nous confortent quand on a une dent contre le président des États-Unis. Ils illustrent l’occupant de la Maison-Blanche comme un gros bébé gâté, un horrible narcissique ou un imbécile. Ils dénoncent l’aplaventrisme, la couardise et la perfidie de ses collaborateurs présents ou passés (Paul Manafort, Kellyanne Conway, Steve Bannon, Sarah Huckabee). Ils sont aussi de cinglants éditoriaux sur les travers de la nation américaine insensible aux tueries dans les écoles, aux familles séparées à la frontière mexicaine, aux dangers que court la planète.
Si le parcours de l’exposition nous permet de revivre le déroulement chaotique de la présidence Trump depuis son élection, c’est parce que l’acteur, plus grave à la ville que sur les écrans, suit l’actualité et la commente assidûment sur son compte Twitter par un dessin et un texte, et cela depuis 2016.
Jim Carrey aime à dire qu’il ne déteste pas les personnes qu’il dessine. Il déteste leur inconscience.
«Exprimer mon indignation par mon art dans les médias sociaux, explique-t-il dans le programme, c’est ma façon d’être solidaire aux millions de personnes qui partagent mes préoccupations et, honnêtement…, une petite vengeance personnelle contre toute la cabale des pleutres de la morale qui jouent du coude pour vendre notre âme contre de l’argent, du pouvoir et bien sûr… DU PRESTIGE.»
C’est cette utilisation de Twitter pour communiquer sa dissidence par l’art qui a intéressé Phoebe Greenberg, fondatrice et directrice de Phi. Cette mécène montréalaise, faite Compagne de l’Ordre des arts et des lettres du Québec en 2017, aime les œuvres qui se servent de la technologie pour engager une conversation avec le public sur des sujets de société.
Phoebe Greenberg a choisi les dessins de l’exposition avec Jim Carrey à Los Angeles. Plusieurs des œuvres retenues ont été très médiatisées. Certaines ont eu plus de 100 000 j’aime sur Twitter. Après tout, Jim Carrey est suivi par au-delà de 18 millions de personnes.
Il y a aussi dans le lot des dessins moins incendiaires, qu’on pense à ceux représentant Aretha Franklin et Stephen Hawking, publiés lors du décès de ces deux grandes figures de la culture américaine, celui en hommage à Barack Obama, dont Carrey avoue s’ennuyer, cet autre soulignant sa peine devant la tuerie de Christchurch en Nouvelle-Zélande ou cet autoportrait avec arc-en-ciel pour souligner la toute récente fête des Mères.
L’exposition est présentée sous le titre This Light Never Goes Out. Jim Carrey explique le titre ainsi:
«Dernièrement, mon inquiétude face à la cupidité et la corruption dans le monde a pu vous pousser à vous demander ce qui se passe dans ma tête. J’ai donc cru bon vous montrer un peu. Cette lumière ne s’éteint jamais.»
Voilà en tout cas un artiste qui n’a pas peur de se positionner et d’attaquer visière levée.
Profitez aussi de votre visite au Centre Phi pour aller voir l’exposition HUM(AI)N, qui offre à voir des œuvres de réalité virtuelle et à vivre des expériences interactives d’intelligence artificielle. Ça va d’une occasion de danser avec une Louise Lecavalier virtuelle, de faire fabriquer un parfum selon votre personnalité (vous repartez avec votre fiole) ou de faire un voyage spirituel à travers l’univers des plantes médicinales.
Le Centre Phi, c’est comme un musée de l’avenir… dans le Vieux-Montréal.