Le sentier des îles: un parcours pour découvrir la richesse culturelle, patrimoniale et naturelle du parc Jean-Drapeau
L’automne n’en finit plus de nous éblouir avec ses couleurs de feu. On a juste envie d’aller marcher dans ce décor surréaliste. Si vous cherchez un nouveau parcours à explorer avant l’arrivée de l’hiver, ça tombe bien, j’en ai un à vous suggérer: le Sentier des îles du parc Jean-Drapeau, inauguré cet été dans la plus grande discrétion. Art, patrimoine, architecture, nature, vous en aurez plein la vue.
Même si je suis un habitué du parc Jean-Drapeau, j’ai été lent à découvrir cette nouveauté. En juillet, j’ai vu apparaître au sol des lignes verte et bleue. Je me suis demandé à quoi elles pouvaient bien servir. J’ai eu ma réponse lundi en écoutant l’émission Le 15-18 d’Ici Première. L’architecte Jean Beaudoin expliquait que ce traçage correspond à un parcours piétonnier de 10 km permettant de découvrir une cinquantaine de sites d’intérêt (bâtiments patrimoniaux, œuvres d’art public, espaces naturels) disséminés sur les îles Sainte-Hélène et Notre-Dame. Comme le lieu est riche en histoire, c’est une invitation à se promener dans des vestiges d’Expo 67, des Jeux olympiques de 1976, des Floralies ou de l’époque coloniale britannique.
Jean Beaudoin est un architecte atypique, du genre militant. Son bureau, l’atelier Intégral, se spécialise dans la conception d’espaces permanents ou éphémères où la lumière, la signalétique, le design et l’architecture interagissent pour favoriser l’appropriation du territoire par les citoyens. On lui doit notamment le plan lumière et l’identité visuelle du Quartier des spectacles, Le grand hamac, une installation présentée cet été dans le cadre du Festival international de jardins à Métis, la signalétique de la bibliothèque Webster de l’Université Concordia, le parcours de l’exposition permanente extérieure de la Maison du granit à Lac-Drolet dans la région de Mégantic, La grande terrasse rouge qui avait été aménagée durant les travaux d’infrastructure sur la rue Saint-Denis.
Dans le cas du Sentier des îles, projet pilote développé avec la Société du parc Jean-Drapeau, l’objectif est d’amener les Montréalais à s’approprier ce grand parc en dehors des activités de masse que sont le festival Osheaga, le Grand Prix du Canada ou la Fête des neiges. On souhaite que cette proposition de parcours piétonnier favorise «la promenade citoyenne» et la «mobilité active». Ce n’est pas encore gagné. Mardi, quand je suis allé prendre mes photos, à part quelques touristes, c’était désert malgré que l’accès soit extrêmement facile en métro.
D’ailleurs, partons de là. À la sortie de la station Jean-Drapeau, on traverse l’allée centrale du nouvel Espace 67 pour récupérer au nouveau pavillon d’information (fermeture le 4 novembre) la carte qui a été produite pour nous guider dans nos déplacements. Ce dépliant offre une description sommaire, mais intéressante des points d’intérêt à voir.
Au gré de vos déambulations, vous apprendrez qu’il y a déjà eu un cimetière militaire à l’extérieur du fort de l’île Sainte-Hélène, que la tour de Lévis, construite en pierre de brèche sur le mont Boullé, a jadis abrité un réservoir d’eau potable et qu’elle est présentement en restauration, que le pavillon de la Corée, actuellement fermé au public, a été réalisé par un des plus grands architectes sud-coréens, Kim Swoo Geun.
Le Sentier des îles fait aussi la part belle à l’art public, notamment aux œuvres héritées d’Expo 67, comme le célèbre stabile Les trois disques (L’homme) de Calder, et d’autres qu’on ne remarque pas autant. C’est le cas de la jolie sculpture Iris de l’artiste et caricaturiste québécois Raoul Hunter ou du spectaculaire mât totémique de Henry et Tony Hunt, deux artistes kwakiutls de la Colombie-Britannique qui ont sculpté leur totem dans un seul tronc.
D’autres œuvres sont plus récentes, comme La ville imaginaire de Joao Charters de Almeida, un don de la Ville de Lisbonne à Montréal en 1997 ou L’arc de Michel de Broin, créée en l’honneur du président chilien Salvador Allende et inaugurée le 11 septembre 2009. Saviez-vous que le parc Jean-Drapeau compte aussi une réplique grandeur nature d’une sculpture de l’île de Pâques? La tête de Moaï a été acquise par la Ville de Montréal en 1973 auprès de l’International Fund for Monuments.
Les lignes verte et bleue peintes au sol vous conduiront également à Espace Paddock, le magnifique bâtiment de verre et de bois qui accueille les écuries de Formule 1 lors du Grand Prix du Canada. Cette construction, qu’on doit à la firme FABG-Architectes, a obtenu le prix d’excellence de la revue Canadian Architect en décembre 2018. Vous pourrez ensuite longer le toujours très impressionnant bassin olympique.
Vous êtes amateur d’horticulture? Le Sentier des îles vous permet de circuler sur ce qui fut le site des Floralies. L’été, les jardins y sont magnifiquement entretenus. Malheureusement, avec l’hiver qui s’en vient, il ne reste plus de fleurs, mais les couleurs compensent. Le reflet des arbres dans les canaux offre un spectacle digne des jardins de Giverny. Et que dire de la vue sur Montréal qu’on a du parc Jean-Drapeau? Imprenable!
On peut prolonger notre visite en admirant les photos de l’exposition en plein air Océans présentée par la Biosphère. Il s’agit de photographies saisissantes des milieux marins canadiens.
Voilà une expédition en plein air qui ne vous coûtera pas un sou, hormis votre billet de métro. Croyez-moi, une sortie au parc Jean-Drapeau, ça vaut une marche sur le mont Royal.