Guide du confinement numéro 3
Contre mauvaise fortune, faisons bon cœur. Le confinement auquel nous sommes condamnés n’est pas étanche. Par le web, tout un monde nous est accessible. Comme disait Leonard Cohen, il y a une brèche en toute chose. Merci aux artistes et aux entreprises culturelles de continuer à entretenir la flamme. Voici mes lucioles de la semaine.
Un rendez-vous quotidien avec Francis Cabrel
Comme plusieurs de ses camarades, l’auteur-compositeur-interprète Francis Cabrel n’a eu d’autres choix que de jeter l’ancre devant le raz-de-marée de la COVID-19. Il a remplacé la tournée devenue impossible par un rendez-vous quotidien sur le web. Tous les jours, il offre sur la page Facebook de sa compagnie de disque Baboo Music une chanson qu’il nous interprète avec sa seule guitare depuis sa maison d’Astaffort dans le sud-ouest de la France. C’est court, c’est simple, le son est bon, et ça va droit au cœur.
https://www.facebook.com/labelbaboomusic/videos/564690347508457/
Devenir danseur dans son salon
Des artistes de toutes les disciplines investissent le web pour continuer de faire ce qu’ils aiment et nous rappeler qu’ils continuent d’exister. La plus belle chose que j’ai vue en danse cette semaine m’est parvenue du chorégraphe Sylvain Émard, l’homme derrière l’immense succès populaire qu’a été Le Grand Continental, fabuleux spectacle mettant à contribution des non-danseurs.
Il récidive cette fois-ci avec Tout le monde danse avec Sylvain Émard. À l’origine, le projet devait se faire avec des élèves de 6e année et du secondaire de la Commission scolaire de Montréal en collaboration avec l’organisme Danse Danse, et se solder par une performance et une vidéo présentée le 29 avril à l’occasion de la Journée internationale de la danse. La fermeture des écoles a compromis le projet dans sa forme originale, mais on l’a fait revivre autrement. Vous êtes même invités à y prendre part.
La chorégraphie imaginée par Sylvain Émard se trouve sur le site créateurenmouvement.ca, prête à être apprise. Il y a la version dansée avec musique, celle avec les explications du chorégraphe, une autre avec les temps (on réalise que danser, c’est aussi beaucoup compter dans sa tête), une où Sylvain Émard nous fait dos, et finalement une avec seulement la trame musicale.
La chorégraphie à apprendre dure une minute trente, c’est donc un défi réalisable pour le commun des mortels. On suggère à ceux qui tenteront l’expérience de se filmer et de partager le résultat sur les réseaux sociaux ou d’envoyer le tout à Danse Danse avant le 24 avril.
Si vous pensez que vous n’avez pas le talent qu’il faut pour danser, visionnez quand même les différents tutoriels réalisés avec Sylvain Émard. C’est fascinant parce que ça lève le voile sur les codes de cet art qu’on peut parfois trouver abstrait.
Se faire conter des histoires à la maison
Sans surprise, les conteurs montent aussi au front pour combattre notre ennui. Depuis le 15 avril, et jusqu’au 23 avril, le Festival interculturel du conte de Montréal diffuse chaque jour un conte sur son site. Ce festival virtuel donne une tribune à neuf conteurs du Canada (Renée Robitaille, Oro Anahory-Librowicz, Dan Yashinsky, Stéphanie Bénéteau), de la France (Olivier de Robert, Colette Migné), de l’Afrique (Taxi-Conteur, Manfei Obin) et de la Grande-Bretagne (Jan Blake). L’accès est gratuit et les contes resteront disponibles en ligne jusqu’à la fin du confinement.
Musique classique en clips
Amateur de musique classique, il vous faut découvrir les concerts en ligne de Mécénat Musica. C’est une mine d’or. Il s’agit d’une chaîne numérique de vidéoclips culturels qui donne gratuitement de la visibilité à des musiciens de chez nous. Le site compte 375 clips originaux de courte durée (autour de 3 minutes) et extrêmement bien produits. Voici deux extraits de l’Oratorio de Pâques de Bach interprétés par l’Ensemble Caprice et ses invités-solistes. Cela vous donnera une bonne idée de la qualité de ce qu’on trouve sur Mécénat Musica.
Se faire son cinéma à la maison
Vous vous ennuyez d’aller au cinéma? Faudra être patient, les salles de projection font partie de ces lieux qui mettront du temps à reprendre leurs activités. En attendant, il y a possibilité de visionner des films chez soi. J’attire votre attention sur la plateforme vidéo sur demande du distributeur mk2 Mile-End. On y trouve d’excellents films qu’on peut acheter ou louer. Je mentionne quelques titres dont je vous ai déjà parlé sur Avenues.ca: Il pleuvait des oiseaux de Louise Archambault, Parasite de Joon-Ho Bong, Le grand bain de Gilles Lellouch, le documentaire Buster Keaton: Une célébration. De nouveaux titres s’ajoutent chaque semaine comme Grâce à Dieu de François Ozon et Alice et le maire de Nicolas Pariser. Le prix de la location oscille de 2,99$ à 5,99$.
Le Cinéma Moderne a aussi développé une plateforme de location et de vente de films en ligne. Les productions offertes sont à l’image de la programmation présentée dans cette salle de poche située au 5150, boulevard Saint-Laurent, à Montréal. Il s’agit de productions d’ici ou de l’étranger qui se sont démarquées dans les festivals de films à travers le monde.
L’autre grand cinéma de répertoire montréalais, le Beaubien, n’a pas d’équivalent. Selon son PDG, Mario Fortin, il en coûterait trop cher pour développer un tel service d’autant que les films en langue française sont difficiles à obtenir de la part des distributeurs, qui préfèrent les offrir sur leurs propres plateformes, comme c’est le cas de mk2 Mile-End.
Le petit frère du Beaubien, le cinéma du Parc, qui se spécialise en films de langue anglaise ou étrangère, offre pour sa part des films en ligne sur sa page web. Il s’agit uniquement de films en anglais ou en version originale avec sous-titres anglais.
Cadrer le quotidien en temps de COVID-19
Que restera-t-il de cette période de confinement dans nos souvenirs? Pour ne pas qu’on oublie, le musée McCord a lancé cette semaine une mission photographique pour documenter ce moment historique de nos vies. L’institution demande au public de Cadrer le quotidien, c’est-à-dire de partager avec elle des photos de ce qu’ils vivent durant cette période surréaliste. Les clichés soumis seront regroupés dans une galerie de photos sur le site web du musée. À vos appareils!
Le musée a également sollicité Michel Huneault pour qu’il fasse la même démarche avec son œil de photographe professionnel. Le matériel qu’il recueillera sera éventuellement présenté au public, et surtout nourrira la collection photographique du musée.
Envoye à la maison
La particularité de cette pandémie, c’est qu’elle nous met pas mal tous sur le même pied. Qu’on soit une superstar internationale ou un simple quidam, nous sommes tous confinés à la maison. D’ailleurs, samedi, c’est de chez eux que les nombreux participants à la grande émission spéciale One World: Together at Home se produiront. La liste des vedettes réunies par Lady Gaga et l’organisme Global Citizen pour cet événement est impressionnante: de Billy Eilish, la nouvelle sensation, à Stevie Wonder, en passant par Andrea Bocelli, Elton John, Annie Lennox et Taylor Swift. Notre Céline Dion nationale sera aussi du nombre, tout comme P.K. Subban et des dizaines d’autres. Il y aura du contenu pour remplir huit heures d’antenne.
Cette émission en soutien à l’Organisation mondiale de la santé et aux travailleurs de la santé qui sont sur le front de la COVID-19 sera relayée en direct dès 20h sur plusieurs chaînes (dont VrakTv au Québec, seule chaîne francophone à en faire la transmission) ainsi que sur Twitter, Facebook et YouTube.
One World: Together at Home, samedi, 18 avril