La chronique Culture avec Claude Deschênes

Auteur(e)
Photo: Martine Doucet

Claude Deschênes

Claude Deschênes collabore à Avenues.ca depuis 2016. Journaliste depuis 1976, il a fait la majeure partie de sa carrière (1980-2013) à l’emploi de la Société Radio-Canada, où il a couvert la scène culturelle pour le Téléjournal et le Réseau de l’information (RDI). De 2014 à 2020, il a été le correspondant de l’émission Télématin de la chaîne de télévision publique française France 2.On lui doit également le livre Tous pour un Quartier des spectacles publié en 2018 aux Éditions La Presse.

Feux follets: une nouvelle ère de lumières s’ouvre à Montréal

Vous avez aimé aller voir les lanternes chinoises au Jardin botanique? Il y a alors de bonnes chances que vous soyez conquis par Feux follets, un nouvel événement nocturne qui se tient au parc Jean-Drapeau jusqu’au 31 octobre.



Feux follets, c’est comme une version XL des lanternes, avec des sculptures en soie géantes, certaines pouvant atteindre 15 mètres, réparties sur le vaste site d’Espace 67, cette nouvelle agora en plein air aménagée sur l’île Sainte-Hélène et inaugurée à la fin mai.

Pour cette première édition, les productrices de l’événement, les Montréalaises Stéphanie Lopez et Xianshu Susan Huang, ont choisi de mettre en lumière la culture chinoise, dont l’iconographie se prête particulièrement bien à ce genre de représentation.

Photo: Claude Deschênes

Stéphanie Lopez, qui a travaillé pendant une quinzaine d’années comme chargée de projet chez Loto-Québec, en plus de donner de son temps à la Fondation de la culture et des arts chinois de Montréal, a réalisé tous les croquis des sculptures. La fabrication s’est faite en Chine, et plus d’une trentaine de Chinois se sont déplacés à Montréal pour l’installation de ces structures gigantesques.

Stéphanie Lopez ne le cache pas, elle veut dépasser l’expérience des lanternes chinoises du Jardin botanique.

«L’achalandage monstre durant l’événement Jardins de lumière a rendu la visite du site difficile. Si bien que depuis l’an dernier, Espace pour la vie vend ses billets avec une heure fixe de visite. Nous, ce qu’on propose, c’est un site immense avec beaucoup d’espace entre les œuvres pour déambuler. Notre parcours est immersif, on peut rentrer dans certaines structures, se photographier à côté des sculptures. Et le public vient nous visiter quand ça lui adonne, nous sommes ouverts sept jours sur sept jusqu’au 31 octobre.»

Photo: Claude Deschênes

Stéphanie Lopez fait aussi valoir qu’il y a des spectacles vivants à Feux follets.

«S’il passe deux heures et demie sur le site, le visiteur aura droit à des prestations de danseurs, d’acrobates, de musiciens, à du théâtre d’ombres chinoises. On a aussi un volet technologique dans notre animation: des projections 3D sur écran et sur mur d’eau, et même un spectacle de drones. Conçu par la compagnie française Dronisos, ce spectacle utilise une centaine d’appareils volants pour créer dans le ciel un ballet de lumière qui va vous surprendre, parce que c’est vraiment une nouveauté.»

Photo: Claude Deschênes

Je confirme: ce ballet de drones est franchement surprenant, comme l’est l’ensemble de la proposition de mesdames Lopez et Huang. Et dire que je n’étais pas convaincu au départ! J’ai vu monter le site au cours des dernières semaines au gré de mes nombreuses promenades à vélo au parc Jean-Drapeau. Ce que je voyais se préparer à distance me rendait très sceptique. J’appréhendais quelque chose de totalement kitsch. Eh bien, le jeudi 12 septembre, soir d’ouverture officielle, j’ai été confondu.

Photo: Claude Deschênes

Ça a été une soirée parfaite. Je suis arrivé avant la brunante, les reflets du soleil couchant sur les sculptures donnaient déjà au site un côté féérique, avec en prime la ligne d’horizon de la ville de Montréal qui brillait de tous ses feux de l’autre côté du fleuve. Quand le ciel bleu, exempt de tout nuage, s’est obscurci, nous avons eu droit à un autre spectacle où la magie de la lumière a fait son œuvre. Impossible de ne pas être émerveillé devant ces dragons, palais, temples, portes chinoises, pandas, lanternes, fontaines, forêts qui s’illuminent. En prime, comme si ça avait été arrangé avec Confucius, on a eu droit à la pleine lune! Pour utiliser un nouveau mot à la mode, Feux follets est vraiment un événement «instagramable». Il va se faire là, c’est certain, des milliers d’égoportraits.

Photo: Claude Deschênes

Quand j’ai demandé à Stéphanie Lopez combien elle attendait de visiteurs à cette première édition, confiante, elle a répondu: «Au moins 300 000. Si les gens veulent voir ce qu’on a créé autour du thème de la Chine, c’est le moment ou jamais, car l’an prochain se sera complètement autre chose.»

En insistant un peu, elle a consenti à me dire que le thème de la prochaine édition sera inspiré de la fiesta mexicaine.

Photo: Claude Deschênes

Alors, si je vous ai convaincus, laissez-moi vous conseiller de vous y rendre en métro. Les portes de la station Jean-Drapeau sont à 200 mètres du site de Feux follets. Sachez qu’il est aussi possible de manger sur place, quelques restaurateurs du quartier chinois offrant leurs spécialités en version restauration rapide. Finalement, habillez-vous chaudement, car après tout, l’île Sainte-Hélène est au milieu du fleuve et il y a toujours un bon vent qui souffle sur la plaine d’Espace 67.

Photo: Claude Deschênes