La chronique Culture avec Claude Deschênes

Auteur(e)
Photo: Martine Doucet

Claude Deschênes

Claude Deschênes collabore à Avenues.ca depuis 2016. Journaliste depuis 1976, il a fait la majeure partie de sa carrière (1980-2013) à l’emploi de la Société Radio-Canada, où il a couvert la scène culturelle pour le Téléjournal et le Réseau de l’information (RDI). De 2014 à 2020, il a été le correspondant de l’émission Télématin de la chaîne de télévision publique française France 2.On lui doit également le livre Tous pour un Quartier des spectacles publié en 2018 aux Éditions La Presse.

Bien des choses à voir dans le ciel!

En fin de semaine, nous avons rendez-vous avec le ciel.



À compter de vendredi, les cinémas Beaubien et du Parc présentent Cielo, un documentaire poétique sur le désert d’Atacama au Chili, un des endroits les plus favorables au monde pour l’observation des étoiles. Et dimanche, place aux Perséides 2018! Voilà qui est de nature à faire mentir la chanson Y a pas grand-chose dans l’ciel à soir de Paul Piché.

Quand on habite en ville, on finit par perdre l’habitude de scruter le ciel délavé par l’importante pollution lumineuse. Mais il suffit d’une nuit noire à la campagne ou dans la forêt pour constater que la voûte céleste brille de mille feux, un rappel sans équivoque que nous sommes infiniment petits dans l’univers.

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Ça semble encore plus vrai dans le désert d’Atacama et cela pour trois raisons: l’aridité des lieux, son altitude et le fait que ce désert soit au sommet de l’échelle de Bortle, qui mesure le niveau de noirceur du ciel.

C’est pourquoi la réalisatrice Alison McAlpine s’y est rendue. Les images qu’elle a rapportées de son séjour sont à couper le souffle. Pas d’esbroufe, la voûte céleste est filmée tout simplement pour nous permettre d’admirer le spectacle du ciel qui brille à la fois dans la lenteur et la poésie. Le désert d’Atacama, qui a des airs de planète Mars, semble en dialogue avec les astres lointains. Un soin particulier a aussi été apporté à la bande-son, histoire de nous faire percevoir le silence sidéral et les bruits qui peuvent le rompre.

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Dans son film, Alison McAlpine va à la rencontre de personnages qui vivent dans ce désert d’Atacama, mais qui ont chacun un rapport différent avec le ciel. Pour le mineur Raul Adriazola, les étoiles sont comme sa famille. Il voit sa fille décédée scintiller dans la constellation d’Orion. Pour sa part, Mario Salas Schered appelle les extra-terrestres en leur faisant des signaux lumineux et il les photographie lorsqu’ils apparaissent dans la voûte étoilée. Casiano Ardiles, pêcheur d’algues, se fait rassurer par sa femme Lilian Rojas lorsqu’il s’inquiète que la rotation de la Terre lui fasse avoir la tête à l’envers la nuit venue. L’astrophysicienne Mercedes Lopez, qui travaille dans l’un des nombreux observatoires établis dans le désert d’Atacama, surprend en se décrivant comme une fourmi qui ne soupçonne pas l’immensité de l’univers dans laquelle elle vit.

Devant ce portrait, le spectateur est forcément appelé à s’interroger sur sa place dans l’univers. Devant une constellation, une étoile filante ou la Voie lactée, les problèmes de notre existence semblent bien relatifs. En tout cas, pendant 78 minutes, le film Cielo nous repose des turpitudes de la vie ici-bas.

Et si on allait voir les étoiles?

On dit que 2018 sera une bonne année pour les Perséides parce que la Lune sera nouvelle le 11 août et que le gros de l’activité se produira alors qu’il fait nuit. Les spécialistes prévoient qu’il pourrait y avoir dans le ciel jusqu’à 60 météores à l’heure. Souhaitons-nous juste que le ciel soit clair!

Les amateurs d’astronomie ont le choix de plusieurs endroits pour aller observer ce phénomène annuel. L’Observatoire du Mont-Mégantic est un chouchou des Québécois. Il célèbre son 40e anniversaire cette année. Il est situé à 1 100 mètres d’altitude et abrite un télescope de 1,6 m. C’est le quatrième en taille au Canada, mais un des plus performants en raison de la faible pollution lumineuse dans cette région du Québec. L’événement La Nuit des Perséides a lieu du 10 au 14 août et propose une présentation spéciale de 40 minutes sur la pluie d’étoiles filantes à l’ASTROLab, une observation à l’œil nu et au télescope et une montée à l’Observatoire populaire pour une observation dans le télescope public de 60 cm. On recommande de porter des vêtements chauds, car il fait froid au sommet.

Le domaine Saint-Bernard, dans les Laurentides, a aussi son festival des Perséides. La deuxième édition se tient vendredi 10 et samedi 11 août au pavillon Velan, qui est doté du deuxième plus gros télescope accessible au public au Québec. Les soirées sont animées par des astronomes amateurs et on propose même une observation du Soleil en journée.

La pourvoirie de St-Zénon dans Lanaudière et le Cégep de Trois-Rivières à Champlain possèdent également des observatoires qui accueilleront les amateurs de ciels étoilés.

Et à Montréal, le vendredi 10 août de 20h à 23h, il y aura une soirée d’observation du ciel et des Perséides à partir du belvédère Kondiaronk du mont Royal en compagnie d’animateurs du Planétarium de Montréal.

Photo: ASTROLab du parc national du Mont-Mégantic
Photo: ASTROLab du parc national du Mont-Mégantic

Si vous passez par là

Si vous allez dans le Vieux-Montréal cet été, ne manquez pas de voir l’œuvre Champs de mémoire, que Dominique Blain a créée pour commémorer le centenaire de la fin de la guerre 1914-1918. Dans le jardin attenant au Château Ramezay –  place De La Dauversière, en face de l’hôtel de ville –, l’artiste évoque avec son sens du dramatique l’horreur de ce conflit qui a fait 20 millions de morts et dont on disait qu’il fallait que ce soit la Der des Der (la dernière des dernières guerres).

Photo: Claude Deschênes
L’œuvre Champs de mémoire de l'artiste Dominique Blain a créée pour commémorer le centenaire de la fin de la guerre 1914-1918. Photo: Claude Deschênes

Cette installation est présentée dans le cadre de la 10e édition de Métis-sur-Montréal, une collaboration entre le Château Ramezay et les Jardins de Métis. En complément, le musée du Château Ramezay propose un retour en photos dans le Montréal des années 1914 à 1918. L’exposition gratuite est présentée à l’extérieur, sur les rues Le Royer et Saint-Claude, derrière les magnifiques jardins du Château.

Photo: Claude Deschênes
Photo: Claude Deschênes