Des Journées de la culture 2019 à l’enseigne de la rencontre
En fin de semaine, il n’y a pas d’excuse pour rester chez soi. L’organisme Culture pour tous vous propose des milliers d’activités gratuites les 27, 28 et 29 septembre dans le cadre des 23e Journées de la culture. Événement démocratique par excellence, 350 villes et villages y participent.
En cette époque où les médias sociaux qu’on consomme en solitaire prennent beaucoup de notre temps, et où les algorithmes qui les régissent ont le même effet que des œillères, Culture pour tous a eu l’idée de faire de la rencontre le thème de son événement.
La rencontre pour tisser des liens, bâtir des ponts; c’est la piste qui a été donnée aux artistes, artisans, municipalités, organismes culturels et enseignants qui souhaitaient inscrire une activité à la programmation des Journées de la culture.
Sans surprise, cet appel a été entendu par les communautés autochtones, qui ont vu là une occasion de partager différents aspects de leur culture. Par exemple, à Brossard, Mike Paul (Kwé kwat séw) parlera des peuples innus dans une conférence, tandis que Dominique (T8aminik) Rankin racontera sa vie de nomade dans les forêts du nord de l’Abitibi à La Conception, dans les Laurentides. Parmi les nombreuses propositions venant des Premières Nations, on peut aussi mentionner des ateliers pour découvrir les particularités des langues autochtones, l’art de faire le pain traditionnel amérindien (banique) ou les secrets de la conception d’un capteur de rêves.
La diversité de l’offre est impressionnante aux Journées de la culture. À Québec, vous pouvez choisir entre un atelier d’écriture avec l’historien-rappeur Webster, une visite des orgues de la Basilique-cathédrale de Québec et de la salle Raoul-Jobin du Palais Montcalm ou encore voir en réalité augmentée la célèbre murale de Jordi Bonnet au Grand Théâtre. Ce ne sont là que quelques choix parmi une multitude qui s’offre à vous.
À Montréal, je vous conseille la visite guidée du Quartier des spectacles, mais je serais personnellement aussi très curieux de faire la tournée de 45 minutes dans le quartier Pointe-Saint-Charles que la Société de transports de Montréal propose pour souligner le centenaire de la mise en service de son premier autobus. L’Institut Goethe, centre culturel de la République allemande situé angle Ontario et Saint-Laurent, souligne pour sa part le 30e anniversaire de la chute du mur de Berlin avec un parcours-exposition-performance qui semble prometteur.
À Sutton, pour ajouter à son exposition consacrée au cinéaste Pierre Falardeau, le Musée des communications et d’histoire a eu l’idée d’une séance de lecture de textes qui rappelleront les convictions de cet irréductible Québécois décédé il y a 10 ans.
Les activités sont parfois aussi simples qu’une conférence, une causerie ou une entrevue. C’est dans ce mode qu’on pourra entendre les auteurs Louise Portal à Saguenay, Patrice Godin à Rosemère et Saint-Jérôme, Francine Ruel à Larouche, Jean-Pierre Charland à Cowansville et Fred Pellerin à Shawinigan. De belles rencontres en perspective!
Je n’ai donné là qu’un petit aperçu de la programmation. L’offre complète se retrouve sur le site Web des Journées de la culture. La navigation y est très facile.
J’ai vu Amoureuses
Un mot en terminant sur Amoureuses qui prend l’affiche à Montréal, Québec, Trois-Rivières, Joliette et Sainte-Adèle en fin de semaine.
Ce documentaire nous parle de femmes qui ont choisi de consacrer leur vie à l’amour du Christ. La réalisatrice Louise Sigouin a réussi à convaincre les moniales de Berthierville de se laisser filmer dans leur intimité. On les voit prier, chanter, méditer, mais aussi s’occuper à des tâches domestiques et s’amuser entre elles, les sœurs aimant se taquiner et rire de bon cœur.
Ma grande surprise a été de constater à quel point l’ère du cloître fermé à la vie extérieure est révolue. Les grilles n’existent plus. Le monastère est ouvert aux visiteurs. Il y a même des religieuses qui ont des enfants nés avant qu’elles ne prennent le voile.
La réalisatrice a adopté une approche très respectueuse. Dans les entrevues, elle laisse ses sujets se dévoiler à leur rythme, sans brusquer les choses, ni leur mettre des mots dans la bouche. Cela donne souvent des réponses ésotériques ou nébuleuses qui nous laissent sur notre faim même si c’est un poème d’écouter ces femmes parler dans un français châtié. Le film d’à peu près une heure et quart se déroule au rythme de la maison, c’est-à-dire très lentement, mais ponctué de très belles images.
Il y avait dans l’idée de Louise Sigouin une volonté de garder une mémoire de cette communauté de moniales dominicaines francophones, la seule en Amérique du Nord depuis près d’un siècle. Pari réussi. Le document est d’autant plus précieux que le tournage s’est fait alors que les religieuses se préparaient à quitter le grand édifice historique de Berthierville où certaines d’entre elles ont passé toute leur vie adulte. Les images de la mise en vente de leur patrimoine, de l’emballage de ce qu’elles décident de garder et celles du déménagement nous montrent la fin d’un monde, la disparition d’une partie de notre culture, celle qui a été associée à la religion. Cela donne au final un film extrêmement touchant.